A la faveur du néant
Le soleil se lève et avec lui ses rayons dardant
Déchirent la couche de rêve lovée derrière mes paupières.
Adieu la nuit, les étoiles, la lune et ses rayons d’argent.
Bonjour la lumière qui s’infiltre comme à travers une meurtrière.
En accord avec l’heure, j’ai l’humeur maussade
De qui se lève moins pour l’aurore que pour éviter le déclin d’une vie.
A mes côtés, la présence que j’ai adoré le temps d’une passade
Devient mon abhorrée pour ne pas être disparue avec la nuit.
Et soudain, j’ai l’impression d’être dévoré par un trou béant.
Comme si j’avais un estomac à la place du cœur.
Habité par Kronos et sa faim de titan,
Je me sens disparaître, englouti par un vide intérieur.
Délesté de toute pensée, j’œuvre de façon mécanique
A l’entretien des rouages insensés qui articulent le matin
Et je m’enfonce plus avant dans la suite arithmétique
Qui me promet que chaque pas de plus me rapproche forcément de la fin.
Et tandis que le temps passe, tandis que les heures meurent,
Je me blottis au cœur de l’impasse comme l’architecte en sa demeure.
Brûlant les minutes et les secondes dans mon infernal labeur
En priant pour que demain puisse survenir avant l’heure.
Ainsi la journée, triste goutte de poix, s’étire sans rien changer
A l’engourdissement de mon esprit fébrile.
Quel effroyable démon, avide de se venger,
A pu bien rendre le temps si stérile ?
Heureusement, il n’y a pas que les bonnes choses qui aient une fin.
Heureusement, les mauvaises compagnies se quittent aussi.
Et peu m’importe si plus jamais il n’y aura de demain,
J’embrasse avec bonheur le crépuscule d’une ancienne vie.
Comme si j’abritais en mon sein les confins du cosmos,
Tout a coup confronté aux errements du temps.
Telle l’étoile qui se recroqueville juste avant qu’elle n’implose,
Enfin, je vois tressaillir la lumière à la faveur du néant.
Modifié par Kégéruniku 8
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