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Croyance en Satan et double contrainte


existence

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Si je dis que je crois en Satan, c'est pas bien. Si je dis que je ne crois pas en Satan, c'est pas bien non plus. En psychologie, on parle de double contrainte. Il me semble que l'on peut résoudre ce paradoxe en évitant précisant le sens des expressions "croire en" ou "ne pas croire en".

On pourrait paraphraser "Je crois en A" par exemple par "Je crois que A m'apporte des choses essentielles, me permet d'orienter ma vie et d'avoir du soutien". En d'autres termes, ce n'est pas tant l'existence de A dont il est question mais de l'utilité de A dans ma vie.

Alors si je dis que je crois en Satan, cela veut dire je ne veux pas nécessairement insister sur la notion d'existence du Diable mais exprimer que le Diable est un concept qui oriente ma vie. Comme pour un croyant le Diable a de mauvaises intentions, il réagit a une telle affirmation en disant que c'est du satanisme.

Et si je dis que je ne crois pas en Satan, cela veut dire que je pense qu'il n'existe pas. Alors un croyant réagit en me dit que si Satan existe, etc. puisqu'il croit qu'il y a Dieu et Satan.

Si j'insiste que Satan n'existe pas, un croyant dira probablement que précisément Satan a pour objectif de faire croire qu'il n'existe pas. Notez que si Satan ne veut pas qu'on sache qu'il existe, alors Satan est opposé au satanisme. En effet, vouer un culte à Satan suppose qu'on considère que Satan existe.

Cela est donc contradictoire d'avoir peur du satanisme et dans le même temps d'avoir peur d'un Satan qui ne veut pas qu'on sache qu'il existe. Soit Satan veut qu'on lui voue un culte et alors il veut qu'on sache qu'il existe, soit il ne veut pas qu'on sache qu'il existe et il ne chercher pas a ce qu'on lui voue un culte.

Pour éviter les malentendus, il est plus simple de dire a un croyant que Satan n'existe pas. Ou bien de lui demander si lui pense que Satan existe. Cela dit, on voit alors qu'il y a la définition de Satan et de ce qu'il veut. Le fait qu'on utilise des mots autant utilisés que Satan ou Dieu fait qu'il y a une confusion sur ce que l'on veut dire par la.

Une façon de réduire l’ambiguïté est de se référer aux textes religieux ou bien aux images artistiques véhiculées au sujet de la religion. Le Diable avec la peau rouge et un style sadomaso, éventuellement qui joue du hard rock, voila des images culturellement construites au fil des siècles. Et les textes religieux comme la Bible et la Torah ont été écrits sur plusieurs siècles également. Le fait qu'ils soient figés aujourd'hui, notamment du fait de la fiabilité de l'imprimerie, n’empêche pas que ce soit des processus d'accumulation culturelle. Le Coran aussi, même s'il a été écrit sur une période de temps plus courte, se réfère aux textes précédents et participe donc de l'accumulation culturelle.

Pour compliquer les choses, chaque personne a son interprétation, et la plupart des gens n'ont pas lu en détail les livres religieux ni cherché à en faire une image cohérente avec tous les textes et images artistiques.

Il est sans doute plus simple de dire ce que l'on croit plutôt que ce que l'on ne croit pas. En effet, si l'on parle de ce que l'on croit, on est en mesure de répondre, de donner plus d'informations sur la croyance en question. En tout cas, on peut avoir une exigence de cohérence et de définition de ce que l'on veut dire. Tandis que l'on parle de ce que l'on ne croit pas, on n'a pas de prise sur le sens qui est donné a ces croyances.

Quand je dis que je ne crois pas en Satan, en quelle version, quelle image artistique, etc. est-ce que je ne crois pas ? Puisque Satan est un objet culturel, avec toutes son imprécision, il m'est impossible d'exiger que la définition soit précise. Si je veux être compris, il me faut préciser de quel Satan je parle. Et l'on voit alors que cela est un peu comme une passoire, un croyant peut toujours revenir avec une définition alternative et me dire que cette définition-la, je n'en ai rien dit.

Et si je dis que je ne crois a aucune version de Satan, alors on peut me faire dire ce que l'on veut puisqu'il y a sans doute une interprétation du concept de Satan que je ne contredirais pas. Par exemple, si l'on entend par Satan le fait qu'une personne puisse être malveillante, eh bien je ne vais pas nier cela. D'ailleurs, un personne peut être tentée de se justifier de sa malveillance envers moi justement pour me prouver que l'on peut être malveillant ! Je serais alors obligé de reconnaitre que la malveillance existe, ce qui serait entendu par Satan existe, puisque c'est le mot utilisé pour commencer.

Il est alors beaucoup plus clair de dire que Satan est une construction culturelle et que l'on en croit pas aux êtres surnaturels.

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