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La vie d'un autre


Jedino

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Ils m'ont empoisonné la cervelle avec leurs conneries. Regarde-toi, tu parles, te comportes et espères comme eux. Regarde toutes ces fantaisies malsaines qui dansent et courent devant toi. N'y vois-tu donc pas le malin ? Ma parole, tu es même tombé dans le social. Et pourquoi pas les aimer, non plus ? Où sont donc passés tes plans et tes rêves, ceux d'un avenir incendié, crucifié au pilori des bizarres ? C'est pathétique. Franchement pathétique. Tu comptais refaire le monde, et voilà que tu ne cherches qu'à faire ta vie. Une vie bien morne, condamnée à quelques quêtes ridicules typiquement animales. Où elle est, cette folie qui te caractérise ? Cette fougue qui te rend incompris ? Tout ça pour ça. Pour en arriver à une soupe de pseudo-combats passifs. T'aurais mieux fait d'être nihiliste. Vaut mieux ça qu'attentiste.

Et puis écrire ! Oh, écrire. Tu ne connais plus. Tu t'es trouvé deux ou trois velléités passionnelles, et c'en fait un décrochage. Une vraie tête de politique tant tu considères tes convictions. Et puis là, c'est quoi le programme ? Tu vas finir banquier, si déjà ? Quitte à s'enculer, autant y aller profond.

Mais écrire tu ne sais plus, abruti. Non, tu ne le sais plus. T'es pas fait pour ça, de toute façon. Ni pour ça, ni pour le reste. Juste bon à récurer les chiottes des relations. Hahaha ! Comme si tout cela avait de l'importance, crois-tu. Tu n'es rien de plus qu'un pion mouvant. En dehors, tu n'es pas même un souvenir. Au mieux, tu seras ce "mec", dans quarante ans, dont on ne saura plus rien, sinon qu'il était là. Un spectre, en somme. Et qu'il est vain, pour un spectre, de se penser vivant.

Tu sais quoi ? Débrouille-toi. Mais ne t'inquiètes pas, quand tu seras redevenu qu'une insignifiance, je serai là pour te passer la corde. T'as pas de quoi faire davantage. Et même ça, tu serais en mesure de le rater.

Au fait, j'ai pris soin de placer un flingue dans l'armoire. Au cas où t'aurais envie de reprendre un peu ta vie en main. Parce que si tu forces pas la mémoire des gens un peu, la seule chose qui restera, c'est qu'il ne restera rien. Quoi que, tu me diras, cela te correspond assez. Pauvre type.

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