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L'homme qui conversait avec son âme


Jedino

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Elle me disait à quel point j'avais raison dans mes choix, que je devais poursuivre ainsi si je voulais réussir. Je me sentais grandi, enfin valorisé par quelqu'un. Vous savez, nous avons tous un peu tendance à créditer d'importance ceux qui semblent nous pousser à aller au bout de nous-mêmes, à faire confiance à ces personnes-là alors qu'elles peuvent être en train de nous tromper. Il est difficile de sortir de cet engrenage censé nous laisser dans l'illusion qu'il a effectivement de l'intérêt pour nous, qu'il se préoccupe vraiment de ce que nous souhaitons. Il manipule nos envies pour mieux contrôler nos désirs.

Va-y ! Va-y ! Pourquoi tu hésites ? Pourquoi tu ne te lances pas à corps perdu dans ce qui t'attire tant ? Tu sais que tu le veux, tu sais que tu le feras. Ne te frustre pas à le contenir, tu perds ton temps et ne fais que l'exacerber. Laisse-la... Laisse-la s'exprimer. Cette bête qui est en toi. Cette bête qui n'attend qu'une chose : se réveiller.

Il, elle. Je ne sais pas trop ce qui convient le mieux. Ce n'est pas tant que je ne sache pas à quoi cette personne ressemble, c'est simplement que je ne sais pas qui, de ces pronoms, reflète parfaitement ce qui m'a longuement convaincu de me dépasser. A vrai dire, je crois qu'il m'a réalisé, me libérant de toutes ces contraintes qui pourrissaient mon âme. Cela m'importait peu, au départ : comme chacun, je restais sceptique face à sa proposition, ne croyant pas en de telles paroles, en ces promesses qui résonnaient comme des mensonges. Je faisais erreur.

Ainsi elle a pris forme, dévorant les malheureux qui croisent sa route. Son atout majeur est de paraître endormie en dehors. Elle peut alors épier sa proie doucement, l'amenant dans un piège dont elle ne pourra s'extirper. Elle s'infiltre, pénètre les pores de sa conscience, et empoisonne de toute sa noirceur ce qui peu avant était encore en vie. Maintenant, ce n'est plus qu'une apparence. Une apparence qui masque l'agonie ineffable et inaudible. La sienne.

Elle m'avait expliqué que je devais guider les autres, que sans moi ils ne pourraient pas quitter cet état d'ignorance dans lequel ils gisaient depuis toujours. Elle me répétait chaque instant que j'étais l'élu, l'être choisi pour briser les chaînes qui les étouffaient. Que tout ça, je devais le faire. Grâce à elle, grâce à sa voix. Les amener sur sa voie, pour qu'elle se charge de les sauver. Je ne sais pas si j'avais raison ou tort de l'écouter, mais je sais qu'aujourd'hui je ne souffre plus de mes fautes : elle a complètement avalé mes souffrances en avalant mon âme.

Viens, approche-toi ! Ne crains rien, je suis le rédempteur. Abandonne-toi à moi et tu seras sauf. Refuse, et tu connaîtras l'éternel enfer. Celui du souvenir et du regret. Viens, que j'entre en toi ! Mon travail est de travailler pour toi. Tu es mien. L'un parmi d'innombrables. Je peux te chuchoter ce que tu ne sais, te montrer ce que tu ignores. Avec moi, tu ne rêveras plus de vérité : tu la prêcheras. Il te suffit de t'approcher. Lentement. Très lentement.

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