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La vie d'un carambar


Jedino

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J'ignorais comment j'étais véritablement arrivé ici, mais je sais que nous étions tous là, enfermés, attendant qu'Ils viennent nous chercher. Personne ne savait vraiment ce qui se passait une fois qu'Ils nous emmenaient. Nous savions seulement que personne n'en revenait jamais. Bien qu'enfermés, notre situation n'était pas tant à plaindre : nous avions de quoi manger, de quoi se mouvoir, de quoi discuter. Mais cet espace était restreint, une cage qui nous étreint avec oppression avec le temps.

J'allais me servir à manger quand Il débarqua. Des cris de protestations se manifestèrent partout, chacun tentant vainement de mieux se cacher que les autres, c'est-à-dire derrière les autres. Il nous regardait, nous épiait, jugeant sûrement de son choix selon des raisons qui nous échappaient. Il entra davantage, et il me semblait qu'à ce moment-là, les plaintes montaient crescendo. Je ne comprenais pas bien si c'était de peur ou de dérangement. L'un, le plus courageux d'entre nous, se risqua à une velléitaire défense en tentant de lui asséner un coup. En vain. Il l'écarta violemment, décidant que ce ne devait pas être lui aujourd'hui.

Moi-même je hurlais à pleine voix, sachant bien que cela ne servait à rien, sinon à en ajouter à l'affolement déjà général. Une, désespérée, décida de s'avancer, de se donner en sacrifice à l'inconnu qui enlevait des gens pour ne jamais les ramener. Il l'ignora. Peut-être même ne l'avait-Il pas remarqué. Il s'avançait vers moi, et dès lors je saisissais, lentement, vers qui Il venait. Je cherchais à reculer encore, plus loin, inutilement. Il mît à l'écart les autres, m'empoigna fermement et me traîna en dehors. Jusque là, j'appartenais toujours à ceux qui se sentaient soulagés de ne pas avoir été choisi. Plus maintenant.

Dehors, il me tira jusque dans le bâtiment où l'on racontait que ceux qui y entraient disparaissaient. Il ne s'émouvait nullement de mes tentatives de défense. Ce qui était pour lui une routine se vivait par la terreur au bout de ses doigts. Peu lui importait.

Une fois entré, il ne me lâcha pas, ne m'accorda pas un regard, continua son chemin dans des allées plus étroites et plus sombres. Je ne me débattais plus, ou seulement pour l'image. Je n'existais déjà plus, mais j'espérais encore finir ailleurs, dans un autre endroit où les autres qui n'étaient plus là attendaient les nouveaux. Peut-être m'emmenait-il, oui, vers un meilleur.

Il n'en était rien. Il me posa sans aucune retenue sur la table qui puait la mort et les boyaux, me serra vivement et sans peine à elle. Sa puissance était divine. Puis, plus rien. Tout s'éteignît.

Et le coq en perdît la tête.

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