Les leçons de l'histoire économique : l'exemple nippon
Bien souvent pour mettre en exergue l'importance de la crise actuelle, on la compare très souvent à la crise de 1929 (le but logique serait de relier notre situation à une grave crise dans l'imaginaire collectif
) mais en regardant de plus prés l'histoire des crises économiques on peut s’apercevoir que la crise du système bancaire qu'a connu le Japon est un meilleur cas pour faire
. Ainsi dans les années 90, le Japon a dû faire face à une crise très importante qui allait durer pendant près d'une décennie (et encore je ne parle que d'une stabilisation :().
Le point de départ est le même, l’accès au crédit est quasiment illimité ! (politique monétaire expensive) : la banque centrale maintient les taux directeurs bas
(pour ceux qui dorment au fond de la salle : c'est important puisque les taux directeurs déterminent le niveau des autres taux
)
, et comme les banques ont la possibilité d'avoir de l'argent à moindre cout et bien que font-elles ? elles achètent et placent leurs billes dans le marché de l’immobilier, ce qui va créer une bulle spéculative car les taux de rendement sont supérieurs aux taux qu'elles pourraient obtenir en prenant de plus en plus de risque tant que la situation est bonne (le risque étant, je le rappelle, l'élément rémunérateur). Et conséquence logique : le prix de l'immobilier flambe ... d'un coté nous avons dans le bilan des entreprises des dettes et des créances douteuses venant soit du marché de l'immobilier soit des marchés financiers, et de l'autre coté, bah vous avez des actifs avec des prix "volatiles"
(c'est pas une histoire d'oiseau
, c'est juste que si la bulle pète bah la valeur de l'actif s’effondre )
. Et manque de bol, l'illusion s'évapore et "la décennie perdue" entre dans l'histoire ...
Alors je tente de vous expliquer cela de façon simpliste mais la première idée c'est de comprendre que les deux crises ont des point communs, ensuite la deuxième idée est de bien analyser et comprendre l'importance de l’intervention publique :
Source:
Michel RIVAUD ET Michaël SICSIC,"La crise américaine d’aujourd’hui comparée à la crise japonaise des années 1990", Economie & prévision, 2010
Et dans le cas du japon elle fut très longue (c'est un euphémisme ! ) quand on compare avec la réaction de la FED face à la crise : 6 mois à la FED pour baisser ses taux directeurs, pour la BoJ ? 4 ans ... sans parler ensuite du temps qu'il aura fallut pour assainir les bilans des banques et des entreprises ... En plus d’être en retard, la politique monétaire a été au final peu efficace jusqu’à se retrouver dans une situation (bien connue des keynésiens) de trappe à liquidité.
Ajoutez à cela dans le cas du Japon des problèmes exogènes comme une crise des pays asiatiques faisant baisser la demande mondiale (ce qui dans le cas d'une économie exportatrice comme le Japon est un tantinet gênant
) et bah vous vous ramassez une spirale déflationniste après avoir subit une crise du système bancaire fragilisant de fait l'économie.
Tout cela pour vous dire que dans le cas de la crise actuelle, la volonté est clairement affichée de ne pas laisser un cycle déflationniste s'installer
et vivre ce que le Japon a vécu en conséquence de la crise qu'il a connu.
A postériori on peut voir que la FED a fait un travail de compréhension de cette crise et a retenu des leçons : avoir une politique monétaire "agressive" et nettoyer le plus rapidement possible les bilans des banques par le rachat des "produits toxiques".
Que conclure de tout cela ?
Oui parce-qu’avec tout ça je suis gentil mais je n'ai pas répondu a la question !
Mais alors que se passe-t-il quand l’investissent est en berne et que la demande s'effondre ? bha il y a un réajustement à la baisse des marchés comme nous l'avons vu dans le cas du Japon. Si le ralentissement est assez prolongé les prix vont donc logiquement baisser mais que se passe-t-il si la baisse est pressentie comme régulière ? et bien vous reportez votre achat puisque vous savez pertinemment que le prix sera plus faible ! vous comprenez alors immédiatement l'idée de la spirale qui s'autoalimente par les anticipations des agents (on retrouve souvent l'idée de prophétie auto-réalisatrice en cas de panique et de crise : la crise alimente la crise).
Sauf que dans le cas d'un cycle déflationniste, la politique monétaire peut devenir complément inutile : il est impossible de jouer sur les taux puisque sont taux est au plus bas possible (politique du taux zéro) et que de ce fait les taux réels sont alourdis. Enfin dernier point, compte-tenu des taux bas, la monnaie pouvant être obtenue a bas cout, cela participe à ce qu'on appelle le "Quantitative easing" (ou assouplissement quantitatif :cool:): en gros on fait marcher la planche à billet (comme cela s'est produit au Japon
).
Finalement il est très compliqué de sortir d'une telle spirale, il est temps de tirer la sonnette d'alarme !
Alors maintenant réfléchissez a deux fois avant de demander la baisse des prix !
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