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Apocalypse


lalibulle

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Le monde se meurt, tous le savent. L’humanité entière regarde, autour d'elle, se briser les dernières illusions du sujet victorieux. Le sujet présent à lui-même et au monde qui l'entoure contemple désormais le chaos qui le nargue. Le "moi" existentiel devient pour tous théâtre du doute.

L'homme qui croyait s'être trouvé pleure, bouche amère, regard perdu, agenouillé dans la terre sale et noire. Des questions l’oppressent. Le cognent., le blessent., le transpercent ! S'envolent de toutes parts de son être vers le ciel, hurlantes et rageuses. Formant une masse rouge sang, grouillante sous les nuages, terrifiante vu de la terre.

Mais l'homme ne le voit pas. Il rate le spectacle effroyable qui se joue autour de lui. Ignore les corps sans vie qui tombent, les cris et les soupirs des mourants. Il contemple sa béatitude. Il existe. Une coquille enveloppée dans le brouillard rassurant de la bêtise. Ses membre sont collés au sol humide. Il s'y accroche. Les ongles crades, la gueule en délire, il ricane. Ses larmes coulent, son corps misérable fond sous elles. Et plus il pense, plus le sang se déverse. Un flot s'envole.

Autour de lui les morts s'entassent. Le vent les touche, il n'est pas sûr. Il n'a jamais vu ça. Il en rit. C'est si horrible ; cela devient drôle. Évidemment. La valeur du jugement s'éloigne. Les échelles se taisent. Le monde a juste été retourné. Par sa fin. Ou sa faim ? La terre remue un peu, et sens sur elle rouler les débris d'une Humanité ravagée. Détruite. Exterminée. A son tour elle sourit. Le cosmos, amusé, jette un œil. Bientôt l'hilarité générale prend possession de l'Univers. Et il résonne en spasmes assourdissants.

Les lois physiques et métaphysiques s'allient pour donner naissance à cet Univers mutant. Cet enfer qui s'acharne. Sur sa victime. Sa dernière victime. Elle la dégustera jusqu'au bout.

L'homme, toujours aveugle se rassure. Il sent sa vie. Il sent les ondes de peur et d'arrogances qui le traversent. Il sent le froid qui le glace. Il sent sa pisse qui le brûle, son corps affolé qui implose. Il ne sent pas sa médiocrité, jamais.

Quand il voudra se redresser, immaculé et agonisant, il lèvera les yeux vers son intégrité. Qui le quitte.

Et la terre soulagée reprendra ses esprits.

L'augure interrogeait le flanc de la victime,

La terre s'enivrait de ce sang précieux...

L'univers étourdi penchait sur ses essieux,

Et l'Olympe un instant chancela vers l'abîme.

Nerval, Les chimères, le Christ aux oliviers V, quatrain 2.

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