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Le hasard subversif du commun des mortels


Jedino

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Elle est là, magnifique et passionnante. J'en patiente d'envie. Paraît qu'une chance, ça se saisit. En tout cas, maintenant, j'y suis.

- Alors comme ça vous travaillez dans le social, qu'elle me dit.

Moi je la regarde, un peu nigaud, l'air attendri. Mon dieu, qu'elle est jolie.

- Je ne sais pas si c'est mal, mais j'y perds ma vie, oui.

Au fond, ça se voit tellement, qu'elle réfléchit. Je me sens idiot, en étant ici. Je ne mérite tellement pas sa présence, son avis. Puis, je me demande si elle aime les souris.

- Et vous, donc, vous êtes dans quelle branche?

- Le marketing.

- Ah, oui, c'est chouette, ça.

Je m'en moque tant. Ses mots ne valent pas sa bouche. Son regard ne vaut pas ses yeux. Ou est-ce l'inverse? Je ne sais ce qui me plaît chez elle. Sûrement son innocence et ses manies.

- Je vous connais à peine, mais je vous aime déjà bien.

- Ah.

Quel con. J'aurais dû me taire. C'était évident. Quelle idée! On ne maîtrise que rarement sa bêtise, me direz-vous.

- Je prendrais bien un autre verre, qu'elle me fait, alors que je suis un peu beaucoup à l'ouest.

- Oh, oui, bien sûr.

Je fais la commande au patron. Je l'apprécie, ce mec-là. Un peu trop sérieux, parfois. On ne se refait pas.

- Et donc, vous disiez être dans les parages pour quelle raison?

Elle me fixe. Pas comme tout le monde le ferait. Vraiment, il y a un truc. Elle n'a même pas relevé ma connerie. J'aurais presque préféré. Ca me trouble. Ca m'attire, aussi. Je crois qu'elle sait s'y prendre, la môme.

- Je visite un peu le coin. C'est une belle région.

- Oui.

Une secousse. Tout tremble sous mes pieds et dans mes oreilles. Je la vois osciller. Je me réveille. Mon chien venait de me sauter dessus. Sacré bête que ces trucs-là. Appétissant de temps à autre, quoi que pratique quand personne n'est là. Non, rassurez-vous, je le chouchoute, mon doux petit amour. Je ne le promets cependant pas si je venais à devenir fou. Mais, ne l'étant pas, la question ne se pose pas.

Je me lève. Je n'ai que trop dormi. Sortir me fera du bien. J'enfile ma veste, m'en vais dans la rue. On se sent si différent à peine franchi le seuil de la porte. C'est passer de l'être à l'individu, rien que parce qu'on tend vers une socialisation.

Rien n'a changé, décidément. Le pavé est toujours aussi laid, les carrefours, aussi carrés, et les gens, aussi absents et pressés. Aller au parc. Là, au moins, on quitte un peu le monde de notre monde. Ca devient compliqué. Faut que j'arrête de rêver apprendre philosopher.

Bref, j'allais m'asseoir. Sincèrement, c'était en voie de se réaliser. Il a fallu pourtant que je finisse par la croiser. Elle était là. Merde. L'impression de la connaître. Je la connaissais. Elle aussi, si j'en croyais ce que je voyais. Est-ce que je délirais encore?

- Bonjour, me sort-elle.

L'insolente. J'avais fini par l'aimer.

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