Aller au contenu
  • billets
    110
  • commentaires
    754
  • vues
    445 171

Dans les films


Jedino

513 vues

Dans les films, t'as toujours deux méchants : le méchant, qui est méchant, et le gentil, qui est, bah, gentil. Seulement voilà, le gentil est parfois méchant en voulant être gentil. C'est pourquoi il en vient à tuer le méchant alors qu'il est gentil. Et pourtant, malgré ça, il reste le gentil. Pourquoi? Parce que tuer et tuer, ce n'est pas la même chose. Un méchant qui tue, c'est mal. Un gentil qui tue, c'est bien. Autrement dit, les gentils et les méchants ne sont pas égaux face à la mort. Loin de là.

Cependant, il arrive qu'un film se veut plus complexe. Quelle idée saugrenue que de vouloir faire un film où tu ne comprends plus rien. Il existe différentes sortes de complexités : deux méchants, deux gentils, un méchant gentil, un gentil méchant, voir deux méchants dont un méchant et un gentil, deux gentils dont un méchant et un gentil, etc... Remarquez, les possibilités sont nombreuses. Ce genre de films là, ils sont souvent plus "intellectuels", parce qu'il faut savoir compter jusqu'à deux, plutôt que un. Mais au fond, cela ne change rien : le seul point essentiel est de reconnaître facilement qui sera le méchant, et qui sera le gentil. Rien de plus facile grâce à l'ambiance, à la musique, et au visage généralement sombre, méchant et taré du méchant.

Bon, c'est mal de caricaturer. En cela, je suis un méchant. Et puis, c'est un peu pareil dans les livres qui se lisent. De ce côté-là, le théâtre innove, puisqu'il y a plutôt les pièces où il faut pleurer, et celles où il faut rire. Elles sont plus rares, celles où on doit s'énerver. Pour une autre raison que le fait que ce soit chiant à mourir, je veux dire.

N'empêche, depuis, les temps ont changé. Les réalisateurs et écrivains jouent de ces idées biens fixées. Faire passer le méchant pour gentil, et le gentil pour méchant, afin de brouiller les pistes, par exemple. Ou alors, on fait passer les actes de deux méchants pour ceux d'un seul. Du coup, paf! On est super surpris à la fin, et on se dit "ça, c'est une histoire qui déchire".

Seulement, le ciment est toujours le même. La marque ne change pas, loin de là. Ca fait vendre. Les auteurs et cinéastes s'en foutent pas mal, après. La recette est facile pour gagner des millions : un peu de pleurs, deux ou trois blagues, quelques combats ou altercations violentes, une belle fin qui finit joyeusement bien. Et hop! Dix millions. Minimum. Quoi que le dernier point tend à être moins vrai. Mode oblige.

Je lance donc un appel pour une collaboration équitable, cela va de soi, pour la réalisation d'une oeuvre cinématographique dont le scénario approcherait le suivant : "Alan, un jeune adolescent ayant une vie banale, rencontre, par le plus grand des hasards, l'homme qui modifiera le court de sa vie à tout jamais. Il se retrouvera rapidement dans le milieu de la drogue et des excès sous l'influence de ce personnage mystérieux, malgré l'inquiétude de ses parents et de sa copine, Alicia..."

Il est important de tourner ça de façon à garder une part de mystère, donc de suspens. Idéalement, on pourrait ajouter une dose de science-fiction ou de fantastique, très en vogue actuellement. Cela donnerait plutôt : "Alan, un jeune adolescent ayant une vie banale, rencontre, par le plus grands des hasards, l'homme qui modifiera le court de sa vie à tout jamais. En effet, ce personnage singulier est fait de crocs et de poils démesurés, se transformant la nuit en une créature fascinante et dangereuse. Il se retrouvera rapidement emporté dans une course contre le temps pour sauver son nouvel et mystérieux ami, malgré l'inquiétude de ses parents et de sa copine, Alicia..."

Les ingrédients restent, mais l'histoire se voit modifiée pour s'adapter à un univers tout à fait différent. Ici, notre héros tente désespérément de sauver un être sombre et repoussant, faisant preuve d'un courage sans limite et d'une volonté sans faille.

Essayer d'enlever l'amour, les conflits, et les supercheries idiotes plus immenses que les villas de milliardaires, et vous aurez les films que personne ne connaît, et qui n'intéresse personne.

J'ai tourné ça à la raillerie à deux balles, mais il faut admettre que les points communs sont que trop évidents, et qu'ils témoignent largement de nos centres d'intérêts et de notre tendance à devenir des consommateurs, alors que nous devrions être des amateurs. Je trouve ça dommage, et j'ai sûrement tort. Néanmoins, je crois que les choses que l'on juge chiantes seront les choses qui pourront nous enrichir. Ce que nous connaissons et ce que nous apprécions sont deux bastions très prisées pour nous éviter l'ennui et la difficulté. C'est une erreur monumentale.

D'ailleurs, tout ne devient qu'un morceau d'un morceau d'un ensemble plus grand. Tout, même, et surtout, les formes protestataires, devient une mode exploitée par l'industrie du loisir et du divertissement. En fait, la seule façon qui resterait de contrer ce phénomène, ce serait de prôner l'ennui et la dépression, la souffrance et la misère. S'asseoir religieusement sur une pierre est une belle manière de concevoir ce truc-là. Encore que, je suis persuadé qu'il y a moyen d'exploiter ça aussi. Certains films et livres s'en sont déjà inspirés.

De plus, les points communs sont loin d'être exhaustifs. Les acteurs moches se font rares. Par exemple. Je crois qu'il y aurait presque une notion de fantasme à glisser là-dessous. Quoi que je ne tiens pas à partir dans un délire.

Ce texte n'a pas pour ambition de dénoncer. Ce serait m'incruster dans le groupe des pseudo-insurgés contre la société. En réalité, ce texte n'est rien.

Mais, gardez toujours à l'esprit que même la marginalité tend à se banaliser. Décidément, faire original devient très compliqué.

4 Commentaires


Commentaires recommandés

Décidément, faire original devient très compliqué.

Disons qu'il y a eu Ian Flemming. Puis John au carré tapis Le Carré.

Bernard Tapie a dû se faire ces réflexions, peux pas m'empêcher de penser.

Les James Bond sont en effet super complexes, et d'ailleurs, le dernier "mission impossible" hormis les effets spéciaux..

De la fraîcheur et du vrai dans votre texte.

Lien vers le commentaire

Les effets spéciaux, effectivement, et la 3D, sont des moyens techniques très appréciés.

Je n'ai pas vu les derniers James Bond, donc je ne saurais pas vraiment les juger, mais il existe des films très complexes et intéressants (souvent, ce sont ceux inspirés de livres, mais pas toujours).

Merci d'avoir lu! J'avais un peu peur que la longueur ne fasse fuir! :o°

Lien vers le commentaire

Je songeais à celui où on voit "le requin" ; en surnom comme ça, le mec a des dents de requin.

C'est dans les premiers je crois.

'avais un peu peur que la longueur ne fasse fuir

c'est un peu chiant à lire un certain paragraphe, mais je parie que vous savez lequel, donc bon.

De nada.

Lien vers le commentaire
Invité
Ajouter un commentaire…

×   Collé en tant que texte enrichi.   Coller en tant que texte brut à la place

  Seulement 75 émoticônes maximum sont autorisées.

×   Votre lien a été automatiquement intégré.   Afficher plutôt comme un lien

×   Votre contenu précédent a été rétabli.   Vider l’éditeur

×   Vous ne pouvez pas directement coller des images. Envoyez-les depuis votre ordinateur ou insérez-les depuis une URL.

Chargement
×