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Chapitre Premier - Le Voyage #3


latin-boy30

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Ce fut assez exténué que le petit groupe de voyageurs débarqua dans l'ancien Sultanat d'Oman. Céline, Romain et Kate furent laissés un instant par Hans et Lars qui prirent la peine de discuter à l'écart dans le hall de l'aéroport.

-A l'arrivée, on devra se battre, dit Lars.

-Mais bien entendu, si tu croies que j'avais l'intention de faire trop copain avec eux... bien sûr, on se battra tous les deux en priorité pour aller sur l'île. Et plus vite on y sera, mieux ce sera.

Après un voyage en tramway de trois quart d'heures jusqu'au port commercial de Mascate, ils embarquèrent à bord d'un vieux paquebot de croisière, au timonier saoudien, mais avec ses deux seconds australien et birman.

Prenant leurs quartiers dans de petites couchettes dans les hauteurs du navire, ils montèrent sur le pont. La vue sur le palais royal de Mascate était magnifique, cet ancien petit royaume ultra-conservateur était issu de la dislocation de l'Empire Ottoman. Jusque dans les années 2030, soit plus d'un siècle après sa création, il avait été une monarchie radicale sur le plan religieux et politique, puis la démocratie dura une vingtaine d'années, avant la révolution. Des insurgés venus d'Inde, d'Afrique et de Turquie avaient ravagé la région et exproprié les grands propriétaires terriens.

Hans et Lars occupaient à eux deux une cabine avec deux couchettes dans les quartiers de vie du Transindian. C'était rudimentaire et parfois mal entretenu, la révolution ayant balayé certaines bonnes manières en matière d'accueil. Ils jouaient aux échecs durant leurs journées, et lisaient fréquemment. Ils réfléchissaient longuement à leur arrivée sur Concordia. Kate lisait également, Céline et Romain préféraient s'entretenir dans une salle de sport située dans les bas étages du paquebot.

Le voyage devait durer une semaine. Long. Après environ quarante-huit heures, l'escale à Bombay dura trois heures. Un peu plus de deux jours après, ce fut une escale à Rangoon, où le Transindian se rechargea en carburant. Le voyage dura encore quatre jours, après deux escales à Singapour et Jakarta. A l'approche de l'Australie, de plus en plus de voyageurs montaient à bord. Cela inquiétait les futurs concordians, qui craignaient de devoir se battre pour accéder à l'île.

A huis-clôts dans leur cabine, les deux danois observèrent la carte fournie par Céline par Internet avant le voyage. Concordia devait mesurer environ quinze kilomètres de large, dix-huit en prenant en compte les barrières de coraux. Elle formait un atoll, et en son centre une moyenne montagne avec un cratère en son sommet traduisait un volcanisme révolu depuis. Concordia était située au large de Brisbane, un peu au sud de la Nouvelle-Calédonie, mais au nord de la Nouvelle-Zélande. La capitale concordianne, Libertas, était située au nord de l'île, elle comptait déjà selon la carte environ huit cents habitants. Au sud, un petit village, Providence Harbor, en comptait environ deux cents.

Au bout de quelques jours, ils débarquèrent sous le soleil de Perth, dont les biuldings avaient été sérieusement endommagés par la révolution. Les beaux quartiers avaient été réquisitionnés et certaines villas de luxe, saccagées avec sauvagerie, bien que toujours habitables. Les insurgés chinois et indonésiens qui étaient venus effectuer la besogne comptaient détruire le caractère luxueux de ces vastes demeures, tout en conservant leur fonctionnalité élémentaire.

Ils dormirent tous les cinq une nuit à Perth, dans un hôtel-restaurant collectif tenu par un argentin. Le lendemain matin, ils attrapèrent un train à sept heures tapantes pour Sydney. Une fois montés à bord, ils devaient attendre dix-huit heures pour l'arrivée à Sydney, puis deux heures de train supplémentaires pour rallier Brisbane, grande ville australienne la plus proche de Concordia Island.

Hans avait terminé sa lecture d'un essai français sur la dictature de Nicholson aux Etats-Unis. L'essai prédisait que le régime ne serait pas éternel. En effet, une partie de la population américaine commençait à exprimer son ras-le-bol et le général Nicholson ne pouvait contenir toute la population de ce pays de presque 400 millions d'habitants. Lars jouait à des jeux d'adresse sur son WorkPod tandis que leurs trois autres compagnons dormaient alors que les paysages australiens ne changeaient qu'avec une lenteur assez importante, le pays étant en superficie, bien plus vaste qu'un ancien état européen, surtout le Danemark.

Le lendemain midi, ils étaient arrivés à Brisbane. Ils se réunirent tous les cinq dans un bar sur le port afin de décider de la stratégie à adopter pour gagner Concordia. Et surtout, par où faudrait-il pénétrer sur l'île...

-Il faudra nécessairement détourner le navire ou l'avion que nous emprunterons, présenta Hans. Par la mer serait plus sûr. Et encore faut-il être sûr de la localisation de l'île.

-Qu'on atteigne Libertas, la capitale, affirma Céline, sera le plus souhaitable. Cela sera le plus avenant vis-à-vis des autorités de l'île.

-Reste qu'il ne faudra pas se rater, dit Lars. Si nous échouons, notre entreprise sera sanctionnée par la justice post-révolutionnaire océanique. Nous encourrions alors cinq ans en camp de travaux forcés dans le désert australien.

Tous les autres mesurèrent avec sérieux l'étendue du problème.

Ils ne devront pas échouer. Ce sera Concordia, et pas autre chose.

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