La Terre, notre habitat ?
Cela peut passer inaperçu, mais on entend de temps en temps parler de la Terre comme étant notre habitat, ou bien une maison. Je me souviens d'une conversation avec des témoins de Jéhovah qui faisaient le parallèle entre être propriétaire d'une maison, et la Terre dont le propriétaire Dieu, et donc qu'il aurait autorité sur nous. Et donc il faut se soumettre à la Bible, etc.
Comment fonctionne ce tour de passe-passe ? En fait, c'est assez simple, la Terre n'est pas notre habitat. Un habitat est un lieu où l'on vit et qui devient notre territoire. Territoire personnel, de couple, familial, etc. En d'autres termes, il désigne généralement un lieu privé qui est délimité. On peut avoir un espace public à l'intérieur d'un espace privé, par exemple si on invite des gens chez soi, ou si l'on a un magasin. Mais l'inverse n'est pas vrai. On ne peut pas étendre son espace privé au-delà dans l'espace public, et par exemple, affirmer que la rue nous appartient, ou bien qu'une place nous appartient. Encore moins que la forêt nous appartienne.
Considérer que la ville est notre habitat est une confusion entre public et privé. Une rue est publique, une place appartient à tout le monde. Ce n'est pas notre territoire, parce qu'il est partagé. C'est là qu'intervient le tour de passe-passe. En affirmant par exemple qu'une ville est une maison, on affirme qu'elle appartient à une personne ou à une famille. Quand bien même la ville aurait un chef unique, par exemple le maire, la ville ne lui appartient pas pour autant.
Concernant une forêt, ce n'est même pas un espace qui appartient à tout le monde, mais plutôt un espace qui n'appartient à personne. Il s'agit de l'interface avec la nature sauvage. On gère cette interface, et on gère les forêts. Tout le monde peut s'y promener, c'est donc un espace public, mais on ne peut pas revendiquer un territoire, à moins d'y construire une cabane et d'y vivre. Un arbre est plutôt le territoire d'un écureuil ou bien d'un quelconque animal ou insecte.
Ainsi, quand on parle de la Terre comme d'une maison, c'est une erreur, parce qu'il y a des espaces que l'homme ne fait que gérer comme les forêts, il y a des espaces public qui appartiennent à tout le monde comme les places publiques, et il y a des endroits où les humains ne vont pas, ou bien ne font généralement que passer (comme en mer ou bien dans les airs en avion).
La Terre n'a donc pas de propriétaire. Elle contient d'innombrables territoires appartenant à d'innombrables êtres, humains ou animaux, et des zones partagées, publiques ou bien sauvages, voire complètement inhabitées. L'habitat est juste la surface au-delà de notre corps, et qui ne va pas très loin au-delà. Les empereurs qui ont des énormes bâtiments sont une exception, et à mon avis, c'est une aberration du fait d'un ego démesuré. Le principe d'un Dieu qui possèderait tout ne me parait pas plus sympathique qu'un empereur affirmant que ma maison est sur son territoire et qui revendiquerait de me dominer à ce titre.
Parce que finalement, c'est bien le problème. En affirmant que la Terre est le territoire d'une ou plusieurs divinité, on affirme non seulement que les temples seraient leur territoire personnel, mais en plus, que leur territoire irait au-delà, phagocytant tous les territoires. Ce serait un envahissement pur et simple, et une réduction à l'état de locataire, voire à l'état d'esclave si on revendique son obéissance.
Imaginez un instant vivre sur le territoire d'un inconnu, qui vous ordonne de le glorifier et d'obéir à ses commandements, sous peine de vous torturer. Voilà exactement le contenu de la religion monothéiste, à l'échelle planétaire.
Cela ne veut pas dire qu'il ne faille pas gérer l'environnement, mais selon moi, cela devrait être fait démocratiquement, que ce soit le fruit d'une concertation et d'une connaissance réelle des enjeux. Tout le monde ne s'intéresse pas à l'écologie, mais que ceux qui s'y intéressent se prennent pour des petits dictateurs, là, il y a un problème.
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