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L'épouvantail du relativisme moral


existence

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Une critique de base des gens hors d'un dogme est de les accuser de relativisme moral. Cela donne l'impression que les gens non dogmatique vont interpréter la morale selon leurs caprices, de façon contradictoire, etc. Le relativisme moral est donc un synonyme d'arbitraire moral. D'un point de vue plus philosophique, le relativisme moral est la position selon laquelle il n'est pas possible d'ordonner les valeurs morales.

Mais la religion affirme qu'il faut se soumettre à un dogme et aux ordres divins, parce que ceux-ci seraient par définition le Bien. C'est une forme d'arbitraire. D'ailleurs, selon les textes monothéistes, Dieu demande un jour à un père de tuer son fils, et l'autre jour interdit de tuer qui que ce soit. Il semble bien que la position morale du Dieu dépeint dans la Bible soit capricieuse et contradictoire. Elle est contradictoire aussi bien dans le temps que selon le contexte, puisqu'un martyr sera considéré comme faisant une bonne action de se faire tuer pendant que celui qui le tue sera considéré comme faisant une mauvaise action. Pourtant, si considère la situation dans sa globalité, un même événement ne peut être à la fois positif et négatif.

En fait, la seule chose qui n'est pas relativiste dans un dogme, c'est sa volonté d'être appliqué par tout le monde. En effet, si tout le monde y obéit, la morale ne dépend plus de la personne. C'est donc la loi du nombre. Plus de gens appliqueraient une règle morale, plus cela prouverait qu'elle est juste. Or la majorité peut se tromper. D'ailleurs, si l'on retrace l'histoire de la moralité, on voit bien des changements dans l'opinion de la majorité, par exemple au sujet de l'esclavage, trouvé normal pendant l'Antiquité et que personne n'oserait de nos jours défendre.

Si l'on peut tirer une leçon de la Bible, mais aussi des régimes totalitaires et des expériences de Milgram, c'est que les humains sont capables d'obéissance au-delà de toutes leurs conceptions morales. Le terme Dieu devrait donc nous rappeler qu'il faut savoir désobéir à une autorité si ses ordres sont trop contraires à notre conception de la morale, qu'il ne faut pas se laisser illusionner par le principe de l'autorité. Cela s'applique aussi aux totalitarismes athées comme le bolchévisme.

Que cela plaise ou non, les valeurs morales se discutent, elles résultent d'une construction collective, d'un consensus. Qu'il n'y ait pas d'absolu à ce niveau ne veut pas dire qu'on puisse faire tout et n'importe quoi, affirmer comme moral quelque chose de clairement immoral. Simplement, ces questions sont plus complexes à expliciter avec des mots qu'il n'y parait. Parfois, les conséquences nombreuses d'une même action rendent difficile son évaluation d'un point de vue moral.

8 Commentaires


Commentaires recommandés

Eh bien il me semble qu'on ne peut pas se passer d'une notion de morale, on ressent de façon naturelle des notions comme la justice, les bonnes actions, les mauvaises actions. Il me semble donc qu'on ne peut que transformer de façon rationnelle notre discours sur ces notions. C'est en quelque sorte une gestion de nos pulsions sociales.

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Sauf les psychopathes, en quelque sorte, qui peuvent "s'en passer", ou la changer, enfin bref. Tout ça pour poser le "problème" suivant : si eux en sont capables, est-ce parce qu'ils retrouvent un état animal, ou au contraire, parce qu'ils dépassent la morale? Peut-être est-ce ce que tu entends par pulsion sociale?

En fait, pour vraiment te dire le fond de ma pensée, j'ai l'impression que la morale, comme je la vois et la connais, n'est pas aboutie, et tend plus à nous bloquer qu'à nous préserver, ou sauver, c'est selon, des "mauvaises" choses.

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ou peut-on devenir psychopathe sans l'être à la base, mais à cause de traumatismes vécus ?

(sinon les "vrais" paraît qu'ils s'insèrent à merveille dans la société, pour l'excellente raison -ça se conçoit du moins- que ne ressentant aucune émotion ils assimilent plus aisément les règles..):8):

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Apparemment, ils ne sont pas tous trop d'accords sur les deux termes. Et cela importe peu ici, je pense. L'essentiel est qu'on comprenne de quoi je veux parler^^'

Mais, merci du détail. Au début, j'hésitais à préciser. Puis, finalement, c'était le matin, et, non.

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Je comprends ce que tu veux dire à propos du blocage par la morale. Je suis d'accord avec toi, on assimile à morale des normes sociales paralysantes, ce qui donne envie de se passer en tout cas du mot "morale". Dans ce cas-là, on peut parler d'éthique. Cela dit, je pense qu'au fond, c'est plus un problème de parasitage de la morale par des conceptions arbitraires, parce que par exemple les émotions de justice et d'injustice, sont très fortes, et il ne s'agit pas simplement d'un conditionnement normatif. Voilà pourquoi je parle de pulsions sociales.

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