Mince
Il paraît qu'il faut parfois sonder son âme pour comprendre ce qui nous échappe immédiatement, ou simplement pour déceler cette paix qui file rapidement entre les doigts de ceux qui la cherchent fébrilement. Du coup, je me suis dit : "pourquoi pas"? Malheureusement, je me suis heurté à un problème plutôt conséquent : si j'en ai une, où est-elle, déjà, et comment saurais-je que je m'y trouve bien? On a beau se connaître, apparemment, nous n'en restons pas moins des espaces à ce point vastes que nous ignorons où chercher pour parvenir à notre fin. Et puis, je dois m'y prendre comment pour la visualiser, mon âme? M'imaginer tel un bonhomme se promenant au sin de mon corps? Chercher consciencieusement dans ma concentration la clef y menant directement à travers le labyrinthe de mes croyances et de mes pensées? Courir maladivement jusqu'à jouir d'une éventuelle chance? Vous comprenez mon désarroi : je me suis paumé avant même d'avoir commencé mes recherches. C'est pour vous dire.
Bien logiquement, j'ai abandonné. Trop complexe, trop difficile, trop loin, trop tout, trop rien. Je ne vais pas me mettre à quêter quelque chose dont l'existence ne m'est pas même assuré! Autant me consacrer à la Vérité ou au Bonheur, sinon. J'en serais pas moins idiot. N'empêche, le peu de temps que j'ai passé dans ma caboche m'a suffit à voir à quel point ça y est le bordel. Pour peu je m'aurais cru être à la foire, avec ces marchands voulant à tout prix vendre, vendre, et vendre encore, ces acheteurs prêts à marchander jusqu'au milliardième de centimes, et ces promeneurs innocents et passagers, les plus nombreux, marchant ici surtout pour marcher et ajouter de leur présence quelques grouillements méthodiques à une foule aux chemins chaotiques. Forcément, quand chacun veut aller dans une direction différente, on ne peut pas s'entendre, on ne peut pas se comprendre : borné comme ils sont tous, mieux vaut écraser l'autre en face que se décaler à moitié pour continuer tranquillement. Oui, mes pensées se montrent un tantinet ainsi : folles et provocantes, allant vers le conflit, pour le conflit, et ceci, malgré ma philosophie.
Naturellement, j'en viens à me questionner sur mon incapacité à maîtriser ma propre essence. Peut-être que la raison pour laquelle mes pensées m'échappent lors de mes tentatives de contrôle est qu'elle ne sont pas miennes? Non qu'elles ne soient pas en moi : cela me semblerait très ardu à démontrer. Juste que si je n'en puis rien faire, c'est que, quelque part, j'en sois la victime, et non le propriétaire. Bien sûr que c'est délirant, comme idée : se croire esclave de soi-même! Vraiment, ce n'est pas raisonnable! Et pourtant! Si ce n'était pas ainsi, je devrais être libre d'en choisir outre le continu, c'est-à-dire l'arrêt "total". Or, mis à part l'influence sur son contenu, je ne peux le mettre en pause.
Peut-être que la pensée représente la mouvance de notre esprit? Qu'elle sonne comme la dernière arme face à l'ennui? Oui, c'est sûrement cela : elle est programmée pour ne jamais cesser afin de ne jamais souffrir du vide, de l'absence de toutes choses. Elle nous sauve de notre misère.
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