Bien sûr, ce geste brusque, peu romantique et peu élégant, ne plut pas à Claire, qui rêvait aux poèmes romantiques que lui avaient promis Navyd. Les poils de Navyd, qui ressentait un triomphe à l'avoir dominé, lui firent mal. Elle pensa même que sa peau fragile était meurtrie mais c'était l'atmosphère
bon enfant
qui finissait par gagner le parc
après tout
. Certes, ce geste brutal n'était pas attendu, mais il put détendre l'atmosphère. Navyd, qui regardait Claire avec des yeux qui la brûlaient, lui murmura,
dans les oreilles , comme elle aimait,
une phrase, d'un ton humoristique:"je savais que mes poils de la joue droite te faisaient mal car tu ne donnais , à la fin, que des bisous qu'à la joue droite."
Il avait le sourire au coin des lèvres, comme aimait Claire, attendrie par cette camaraderie. Ce n'était qu'avec ses "plaisanteries brusques" qu'il allait changer, pensa Claire,admirant les petites pommettes de Navyd s'esquisser .
L'étang glacé, comme suspendu dans le temps, paraissait reluire subitement aux yeux de Claire. Des lueurs peu à peu s'infiltraient dans ce coin naturel préservé et mythique. Navyd et Claire semblaient comme de bulles, isolées du monde scolaire, des élèves un peu bruyants et inintéressants, et de ce milieu économique, froid, obsédé par les calculs, les taux d'intérêts. Claire finit alors par sourire de la situation, qui parut drôle après réflexion. Mais ce n'était un de ces sourires anodins. Alors que le soleil, de l'autre côté du lac, semblait les bercer intimement et les encercler, Claire lui lança l'un des plus beaux sourires. Ses dents blanches, légèrement écartées, étaient d'un tel éclat. Elles semblaient briller de la même intensité que celle du soleil.
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