A quoi pouvait bien penser Sisyphe ?
A quoi pouvait bien penser Sisyphe ?
Je me suis souvent demandé à quoi cela pouvait bien servir de vouloir œuvrer sans déterminer de perspectives. Cherchant à motiver mon envie d’y croire quand face au reflux de la mer, tenir une position devenait difficile.
Sisyphe, dont je rejoins régulièrement le destin, n’est il pas une leçon d’optimisme, d’espoir, de nécessité d’y croire ? Etait il stupide et vain ou gardait il secrètement l’envie de dépasser sa calamité ?
Personnage de la mythologie grecque, il avait déjoué la mort, trompant Thanatos afin de s’extirper de l’inéluctable. Se jouant des Dieu, il fût condamné à une éternité d’absurdité. Son châtiment serait de faire rouler un roche jusqu’en haut d’une colline, mais éternellement le rocher ne parviendrait pas au sommet pour redescendre, amenant Sisyphe à toujours renouveler l’action vaine.
Le mythe de Sisyphe est plus compliqué que la simple évocation de l’absurde ou même la vision du labeur interminable. Comment considérer la pensée de Sisyphe lui-même face à l’inéluctable sensation d’échec et de frustration ? Comment imaginer recommencer l’ascension après que le rocher fût revenu en bas de la colline ? A quoi pouvait il bien penser en remontant inlassablement le fil de son espoir sachant très bien qu’il conduirait à un nouveau désespoir.
Sisyphe croyait il qu’il finirait un jour à toucher le sommet ? Avait il la perspective de ce que ça pourrait représenter que d’accomplir ce qu’il savait pourtant vain ? S’entreprenait il résigné ou volontaire ?
Albert Camus y voit quelque chose de profond, le pourquoi de la vie, il explique dans le « mythe de Sisyphe » que le héros en proie à un destin sempiternellement absurde continue toutefois de vivre. Il exprime quelque chose que je considère comme l’ode à l’optimisme vain, car en décrivant Sisyphe dans sa condamnation comme une illustration du fait que la vie vaut la peine d’être vécue, il explique pour faire comprendre sa pensée : « il faut s’imaginer Sisyphe heureux ».
Ce dernier pouvait il vraiment l’être ? Cette question me hante souvent. Comprendre comment on peut trouver la force de toujours avancer malgré la chute. Se réjouissait il chaque fois se rapprochant du sommet, avait il l’espoir, était il résigné ? A quoi pouvait bien penser Sisyphe ?
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