Marcel Gauchet-Cynthia Fleury : guérir la démocratie contre elle-même

Marcel Gauchet : Le résultat des dernières élections législatives correspond, au final, au scénario le plus probable, celui du statu quo. En démocratie, lorsqu’il y a confrontation avec l’inconnu, le connu tend à l’emporter. Car c’est le régime conçu pour permettre aux gens de poursuivre leur existence dans la paix. Sauf situation exceptionnelle, le risque et l’aventure tendent à être rejetés. Le paradoxe est que le statu quo ouvre sur une plus grande incertitude. La coexistence de trois blocs qui refusent des alliances crée une situation de blocage. On voit mal ce qui peut en sortir.

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M. G. : Selon moi, le RN incarne une droite autoritaire, nationale et populiste, et non plus l’extrême droite totalitaire du passé. Il en vient par ses origines dans la collaboration et les convulsions de la décolonisation, mais, comme en Italie avec les Fratelli d’Italia directement rattachés au fascisme, il est devenu autre chose. Marine Le Pen a compris qu’elle avait intérêt à s’aligner sur ses électeurs qui l’utilisaient comme outil de leur protestation contre l’alternance de la gauche et de la droite « de gouvernement ». Or cet électorat n’a plus rien à voir avec les troupes des mouvements totalitaires des années 1920-1930. Ces mouvements se caractérisaient par trois traits : une idéologie radicalement antidémocratique, une organisation de masse avec encadrement paramilitaire et la soumission à un leader objet de culte. Aucun de ces traits ne se retrouve dans le RN actuel. C’est un parti sans militants, avec une idéologie attrape-tout. Et Marine Le Pen est dépourvue de charisme, au sens de la capacité d’entraîner les foules. Si de fortes suspicions subsistent sur une partie minoritaire de l’électorat, restée xénophobe, le RN est un parti populiste à caractère autoritaire et nationaliste. Ce diagnostic conditionne une sortie de crise par le haut. Soit on répond à cet électorat en faisant place à ses préoccupations dans un esprit de compromis, soit on fait barrage en l’excluant par principe du cadre démocratique, avec le risque pour le principe démocratique que cela comporte. Dans les deux cas, on est sur une ligne de crête. 

https://www.philomag.com/articles/marcel-gauchet-cynthia-fleury-guerir-la-democratie-contre-elle-meme?amp
 

Répondre à ses préoccupations dans un monde qui ne peut que le renvoyer à une forme inévitable de perte d’influence , et à plus court terme peu propice à la coopération et à l’empathie , est-ce possible ?

Faut-il céder à une trumpisation qu’elle soit de gauche ou de droite pour se vacciner une nouvelle fois pour quelques décennies ?

La manière de poser ce problème est restée identique à celle de 2002.

Et la manière d'y répondre continue de me stupéfier.

Le fait est que se positionner par rapport au RN soit pour composer avec lui, soit pour faire un front républicain de pacotille, soi même pour le faire imploser comme suggéré plus tard dans l'article...

Masque le réel problème 

A savoir le manque...total...d'identité d'une gauche modérée dite sociale démocrate et le manque ... total ... d'identité d'une droite modérée plus libérale.

Le PS et l'UMP n'ont eu besoin de personne pour imploser et perdre toutes leurs valeurs et tous leurs repères 

Le problème démocratique n'a pas à tourner autour du RN...

Il est qu'aucun projet identitaire ne soit suffisamment crédible ni fort pour s'appuyer sur ses valeurs et séduire pour rassembler 

Voir le RN dans le problème démocratique, c'est toujours et encore ne se poser aucune bonne question sur soi même 

Alors c'est vrai...aujourd'hui l'électeur a tellement été pris pour ce qu'il est devenu...un imbécile...qu'imaginer lui expliquer les enjeux en pragmatique sera moins vendeur qu'agiter les peurs et les bouc émissaire