Cette ancienne version sauvage du football a des règles comme « pas de meurtre » et est toujours jouée aujourd'hui

Ashbourne, Royaume Uni:

Chaque année, des milliers de personnes se rendent dans une petite ville de la campagne anglaise pour assister à un match de football de rue de deux jours qui, pour un observateur occasionnel, pourrait facilement être confondu avec une émeute.

Il s’agit du Royal Shrovetide, un jeu de balle vieux de plusieurs siècles joué à Ashbourne, dans le Derbyshire, et qui, franchement, ne ressemble en rien au sport le plus populaire au monde.

Ou à n’importe quel autre jeu d’ailleurs.

Cette ancienne forme de football a pour règle d’interdire aux joueurs de s’entretuer.

Il réunit des centaines de joueurs formant deux équipes qui s'efforcent de marquer un but à chaque extrémité d'un secteur de cinq kilomètres pouvant traverser des rivières, des haies, des rues principales... n'importe quel endroit à l'exception des cimetières et des lieux de culte.

Le ballon est lancé dans une foule qui se déplace comme un troupeau géant. Les règles sont limitées, mais « pas de meurtre » était une des premières stipulations du jeu qui remonte au moins aux années 1600.

Disputé chaque année le mardi gras et le mercredi des Cendres, cet événement a reçu l'approbation royale et est une source d'immense fierté pour les habitants d'Ashbourne, dans le Peak District du Derbyshire.

Considérée comme tradition unificatrice, elle prend racine en réalité sur la division de la ville en deux moitiés entre les « Up’ards » et les « Down’ards », déterminées par le fait que les joueurs sont nés au nord ou au sud de la rivière Henmore.

Ashbourne, à environ trois heures de route de Londres, est en temps normal une petite ville calme et pittoresque, avec une rue principale bordée de boutiques d'antiquités, de cafés et de pubs traditionnels. Les visiteurs sont des randonneurs, des cyclistes et des campeurs.

Evidemment tout change pendant les deux jours du Shrovetide: 

De grandes planches en bois sont clouées pour protéger les devantures des magasins. Les entrées sont barricadées.

Des panneaux « Play Zone » sont fixés aux lampadaires, avertissant les automobilistes de ne pas se garer là de peur d’endommager les véhicules, qui peuvent être poussés hors de la voie par les hordes de joueurs.

Des banderoles colorées sont tendues d’un bâtiment à l’autre et les fêtards se rassemblent, mangent et boivent comme s’il s’agissait d’une fête de rue. Les parents avec des bébés dans des poussettes regardent à distance. Les vacances scolaires de la région ont depuis longtemps été décalées pour coïncider avec le festival.

Le jeu commence par une cérémonie d’ouverture sur un parking au centre de la ville. L’hymne national et « Auld Lang Syne » sont chantés. On rappelle aux concurrents : « Vous jouez le jeu à vos propres risques. »

Une balle en cuir, de la taille d’une grosse citrouille, remplie de liège et peinte de manière décorative, est lancée dans ce qu’on appelle un « câlin » de joueurs.

Et c’est parti.

Les spectateurs se tiennent debout sur les poubelles, les murs et les bancs du parc, tendant le cou pour regarder dans les ruelles afin d'essayer d'avoir une meilleure vue.

Les joueurs portent leurs propres vêtements – comme des maillots de football ou de rugby aléatoires – plutôt que des uniformes assortis. Dernièrement -c'était mardi-, il a fallu 45 minutes pour sortir le ballon du parking.

Le jeu peut être frénétique, les joueurs courant après un ballon perdu où qu'il les mène, plongeant dans la rivière et remontant de l'autre côté. Si la force est nécessaire pour le saisir, la vitesse est requise de la part des coureurs si le ballon se libère.

À la fin, les buteurs (ceux qui marquent des buts) sont portés sur leurs épaules, promenés dans la ville et célébrés comme des héros. Ils ont le droit de conserver les ballons, qui sont repeints et deviennent des objets de famille précieux.

SOURCE:

https://apnews.com/article/royal-shrovetide-ashbourne-ancient-soccer-murder-880658c923b33288df42af109d25e458

Très bonne description de ce jeu tel qu’il est pratiqué à Ashbourne. Mais il aurait été plus près de la réalité en baptisant le post : « Ancienne version du rugby » plutôt  « qu’Ancienne version du football ».

En fait la tradition d’Ashbourne reprend un jeu qui se pratique en France depuis le Moyen-Âge Central, et qui selon que cela se passe au-dessus ou au-dessous de la Loire, c’est-à-dire en Occitanie ou en France,  s’appelle la Soule ou la Choule.

Le jeu consistait en ce que les jeunes d’un village aillent déposer un objet, ballon de cuir depuis le XIX° siècle, devant le portail de l’église de l’autre village. Tous les coups étaient permis. Et la partie pouvait mettre la journée entière avant que l’un des villages n’ait gagné. Comme cela a été repris ailleurs, à Asbourne en l’occurrence, mais dans de nombreuses autres régions ou pays.

Une fête suivait la partie et les mentions d’époque disent que cette fête était surtout l’occasion pour les jeunes des différents villages de se rencontrer.

Ce jeu s’est pratiqué couramment un peu partout.  Il était en vigueur dans les mouvements de jeunesse français jusqu’à la dernière guerre. Et même après, dans les colonies de vacances catholiques. Et quiconque a fréquenté depuis la guerre  les unités para des bataillons de  Choc de nos armées, ou les c mmandos, a le plus souvent commencé la « mise en forme » des exercices physiques par ce jeu de la Soule ou de la Choule.

Ce sont les enfants de la bourgeoisie anglaise qui l’on repris au XIX°  sous la forme de partie de Rugby « fort », en en faisant une fête, et en mettant un point d’honneur à ce que les participants ne sortent pas du jeu avant qu’ils n’aient prouvé leur courage et leur audace. Et que cela se voit sur la figure des intéressés.

Chez ces joueurs, il convenait d’être fiers des traces des coups reçus à cette occasion. Comme les étudiants allemands de bonne famille se devaient de porter la cicatrice d’au moins un coup d’épée  ou de sabre reçu dans un duel.

Dans le style il y a le calcio florentin tout droit venu du XVIème siècle