L'opération

L'opération

 

Merde ! Merde ! Et merde !

Je vous jure !

Il m'en est arrivé une de pas "pitée" des vers cette nuit !

On devait m'opérer...

Et je me retrouvais donc seulement vêtu de ce genre de blouse blanche jusqu'à mi-cuisse, sans rien dessous... Vous voyez ?

Mais j'étais où ? Dans une grande salle. Avec plusieurs personnes, autour de moi. Sans doute des infirmiers et des infirmières ?

Et j'ai pensé :

"Puisque on va m'endormir, il vaudrait mieux que je pisse avant ?!! Ça la foutrait quand même mal qu'une fois inconscient je me fasse dessus. Ou plutôt dessous...

J'en fis part autour de moi et il me revint comme réponse :

-- C'est une bonne idée !

D'ailleurs si je me souviens bien plusieurs infirmiers en ont profité pour en faire autant.

En suite, je réalisais que ce ne serait peut être pas suffisant. Car disons les choses tout crûment : Reste-on maître de son sphincter une fois endormi ? Que nenni ! J'ai donc alerté mon aréopage :

"Bon, pour chier, là vous me laissez seul !"

[Non sans avoir tergiversé. car chier est grossier, mais comment dire ? "Faire la grosse commission" eut été ridicule ! S'imagine-t-on aller faire une quelconque commission en aussi légère tenue ? Alors un mix des deux ? "Chier la grosse commission" deviendrait carrément nauséabond ! Non, "chier" finalement est le bond mot ! (1)]

Ce qu'ils firent de bonne grâce. (De me laisser seul.)

Ainsi m'escrimais-je un moment sur la cuvette sans ne rien voir venir... ni descendre ni tomber, ni se noyer sans l'eau de la dite cuvette.

Bah ! M'affligeais-je, puis me raisonnais-je. S'il n'y a rien à venir, endormi ou pas, sphincter relâché ou pas rien ne m'embarnissera ! (2)

Me voilais donc allongé sur le billard...

D'où j'aperçus ma mère sortant de la salle en pleurant :

-- Mais maman l'interpelai-je ne t'en fais pas ! Je vais m'endormir et quand je me réveillerai je ne me serai rendu compte de rien...

Ce qui me fit tout de même un peu réfléchir, car si je ne me réveillais plus ?... Bon je n'en saurais rien, alors... calmos !

Je vis alors arriver un grand bonhomme en blouse blanche avec un tuyau ou quelque chose du genre à la main. C'était pour me poser le caténaire. Ah non, ça c'est pour les trains ! Le cathéter ! (3) Ce truc qu'on vous pose à demeure pour pas avoir à bous piquer chaque fois et par lequel on peut vous injecter n'importe quelle cochonnerie dans le sang !

Il me l'a mis à l'épaule exactement où on m'avait fait le vaccin l'année dernière !

Puis un autre est arrivé avec l'anesthésique dans une énorme seringue. Un liquide bien jaune en tout cas. Mais la vache, je ne sais pas s'il a raté le cathéter, il m'a fait un mal !

Et il m'a dit

-- Comptez à rebours à partir de 10 vous dormirez avant zéro !

Donc, moi :

-- Dix !

-- Neuf !

-- Huit !

-- Sept !

-- Six !

-- Cinq !

-- Quatre !

-- Trois !

-- Deux !

-- Un !

-- ZÉRO !

-- EH! JE DORS TOUJOURS PAS !

-- Moins UN !

-- Moins DEUX !

-- Moins TROIS ! ...

 

Là, le chirurgien est venu pour m'explique l'opération :

-- Quand vous allez vous réveiller, vous sentirez votre corps changé, différent ! Plus léger !

-- Vous allez m'enlever quelque chose ?

-- Oui ! surtout du gras ! Sur le ventre par exemple !

-- Mais il me plaît comme ça mon corps ! Bien sûr quand j'étais plus jeune il était plus beau, mais là, comme ça il me convient encore bien !

-- Mais ça va vous alléger !

-- Oh pas de blague, hein ? Dedans vous touchez rien ! Vous m'enlevez ni le cœur, ni le foie, rien d'important ! Dedans vous y touchez pas !

-- Moins TRENTE ET UN !

-- Moins TRENTE DEUX !...

L'anesthésiste est revenu :

-- Bon sang ! On vous a injecté une dose de cheval et vous ne dormez toujours pas ?

Puis il est ressorti et il est revenu avec un second anesthésiste !

Chacun tenait à la main une seringue énorme d'au moins trente centimètres de long ! Des cylindres dont on n'aurait pas pu faire le tour d'une seule main ! Le genre de truc pour donner un lavement à un cheval !

Mais moi vous me connaissez ?!!!

Je ne suis pas du genre à me laisser faire ! Et vu que (comme Michel Strogoff !) , je suis d'une "force peu commune", j'ai arraché les liens qui me retenaient à ma couchette et maîtrisé l'un des anesthésistes en un tour de main ! Je lui ai confisqué sa seringue et ai pu, armé de celle-ci faire face au second anesthésiste !

S'en est suivi un duel à la seringue en bonne et due forme !

Tierce, quarte, tierce, quarte !...

Il faut dire que l'escrime n'a aucun secret pour moi vu que mon arrière grand père était Maître d'Armes... Nous nous sommes alors retrouvés dans cette fameuse situation que l'on voit si souvent au cinéma et où les deux épées seringues sont croisées presque poing contre poing...

Je forçais, forçais...

Voyant la pointe de la seringue de mon adversaire se rapprocher de ma main... se rapprocher...

........

Et voilà que soudain je me suis... réveillé !

Peut-être que la première injection "de cheval" avait fini par faire son effet ? Ou alors que le duel s'était achevé à mon désavantage ? Et que j'avais eu droit à une autre injection ?

Le fait est que l'opération était terminée !

Le chirurgien est venu me voir...

-- J'en a profité pour vous enlever les deux seins !

Cela m'a rendu immédiatement furax ! Furax de chez furax !

-- Mais je ne vous ai jamais demandé de faire ça ! De quoi je vais avoir l'air maintenant ?

Et j'ai regardé mon torse : J'étais tout lisse ! Même plus un poil ! Rien ! Je ressemblais exactement à un robot !

-- C'est votre mère qui a demander de faire ça !

-- Ah non ! Ça ne va pas se passer comme ça ! Vous n'y couperez pas ! (Ou plus !)

Direct, je vais porter le pet !

 

Mais d'où peut bien me venir cette expression ?

... D'un cousin, Roland qu'il s'appelait. Il était sportif, blond, souvent en short et avait les jambes très poilues. Le genre toujours dans le coup et quand il disait "Il faut porter le pet" on était sûr que ça allait faire pas mal de grabuge !

 

 

 

 

 

(1) Au travers de ces hésitations dont je n'édulcore aucune des subtilités les plus scabreuses, et l'invitant à cette valse du vocabulaire, j'espère que le lecteur réalise la chance qu'il a de se trouver ainsi ici, en direct et de plein fouet au centre de la création littéraire.

 

(2) Embarnisser : depuis la langue d'oc ; équivalant du français "barbouiller" mais avec une nuance nettement plus quantitative...

 

(3) C'est quand même beau le français avec des mots qui se ressemblent et qui n'ont aucun rapport mais qu'on range quand même à côté dans le cerveau ! Enfin, aucun rapport, aucun rapport, la circulation sanguine et la ferroviaire n'en sont pas moins, les deux, des circulations...

L'opération

 

Merde ! Merde ! Et merde !

Je vous jure !

Il m'en est arrivé une de pas "pitée" des vers cette nuit !

On devait m'opérer...

Et je me retrouvais donc seulement vêtu de ce genre de blouse blanche jusqu'à mi-cuisse

Ben voila, on a peut-être le droit d'être dans la Lune quand on offre un peu une vision de la Lune, à notre insu. 

J'ai un peu lu mon histoire à ma femme...

Elle m'a dit :

-- Mais qu'est-ce qu'elle vient faire là ta mère ?

 Je sentais un peu comme poindre un soupçon de jalousie dans sa remarque ! Une autre femme ! Vous pensez ! 

Mais je suis innocent ! Ai-je choisi la "distribution" de mon rêve ?

Sans doute ! Même si pas consciemment !... D'ailleurs je me souviens que si je savais bien qu'il s'agissait de ma mère, elle ne lui ressemblait pas vraiment... En fait il fallait que ce soit elle. (Et je l'ai un peu oubliée puisqu'elle est morte en 1981, la pauvre*). Donc pourquoi la retrouver, là ? Parce que vers l'âge de 14 ans (je me souviens) on m'a effectivement opéré ! D'un kyste, un truc du genre.  Et je me souviens d'une scène à la clinique...

C'était une jeune fille qui faisait le ménage.... Elle venait "passer la pièce" dans ma chambre. Elle était jolie. Et moi jeune, 14 ans pas moche non plus ! Et ma mère présente dans ma chambre venait de m'apporter ma Guitare Electrique Rouge... (flambant neuve !) pour me faire passer le temps. Autant dire que j'étais à mon avantage !...

Je me souviens très bien que lorsque la jeune et jolie chambrière est arrivée, ma mère m'a fait un clin d'œil pour que je comprenne bien qu'elle me laissait seul avec la jolie fille et s'est éclipsée dans le couloir...

Inversons la situation et imaginons que je sois une fille et que ce soit mon père qui soit là dans ma chambre... Je ne jurerais de rien, mais je crois bien que ce père si quelque beau jeune homme venait faire le ménage dans ma chambre, il ne me laisserait probablement pas seule avec lui !

Me trompé-je ?

Ma mère fière que je me comporte en homme avec une... soubrette ? (J'en rajoute !)

C'est un fait  indiscutable !

Dès lors, qu'elle demande qu'on m'enlève les seins n'est plus si étrange !

Le fait d'avoir une poitrine fût elle plate comme d'une limande ne rend-il pas un homme moins homme ?

 

"Je me demande !"  

 

 

* Bien sûr que je ne l'ai pas oubliée du tout, ma mère, alors pourquoi je fais mon malin, là ?!

 

Modifié le 20 août 2023 par Blaquière

Bonjour,

Je n'aime pas trop la vulgarité, mais nous ne sommes pas toujours maître de nos rêves, ni de nos cauchemars d'ailleurs!

En tout cas, tu as l'art de nous faire rire de tout!