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Conte édifiant et hautement éducatif.


Exo7

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Conte édifiant et hautement éducatif.

 

Il y a bien longtemps, chacun "produisait" avec sa famille ce dont il avait besoin pour vivre. Certains chassaient mieux que d'autres, d'autres étaient plus doués pour la pêche et fabriquaient mieux (pourquoi pas ?) des haches de pierre. Les bons chasseurs avaient besoin de bonnes haches et aimaient varier leurs repas. Parallèlement, les pêcheurs expérimentés et qui, par surcroit, fabriquaient les haches les plus solides désiraient quelques cuissots de sanglier... 

Nos aïeux comprirent très vite qu'en échangeant entre eux certains biens ils amélioraient leur ordinaire. Au sein des petits groupes humains primitifs, où chacun se connaissait, se faisait mutuellement confiance, l'échange d'un produit contre un autre produit était relativement facile. L'échange était la manifestation d'un sens élevé de la solidarité et de l'entraide que nous avons perdu.

Malheureusement, le troc (l'échange d'un produit contre un autre produit) devint rapidement (enfin, après quelques dizaines de milliers d'années) difficile. En effet, nos ancêtres, à force d'ingéniosité (ils étaient sacrément intelligents), avaient inventé des techniques nouvelles. Les haches de pierre furent remplacées par des haches de bronze, puis de fer. L'agriculture remplaça la cueillette, l'élevage compléta la chasse et la pêche.

Nos grands ancêtres (avec tant d'intelligence et de sens de l'entraide, ils ne pouvaient qu'être grands) purent ainsi vivre mieux et maîtriser les aléas de la vie en satisfaisant de manière plus régulière leurs besoins. Ils comprirent aussi, peu à peu, qu'au fur et à mesure que leurs techniques se complexifiaient ils avaient avantage à se diviser le travail, à se spécialiser. Si chacun ne s'occupait que de ce qu'il produit avec la plus grande efficacité, au total, la production serait plus grande.

Certains devinrent alors forgerons, d'autres cultivateurs ou éleveurs, tandis que quelques-uns continuèrent à être chasseurs ou pêcheurs. La dépendance de chacun vis-à-vis de tous les autres grandit. L'échange n'était plus une manière d'améliorer l'ordinaire, il devenait une nécessité.

Les bon vieux troc ne facilitait malheureusement pas les choses. Pour fonctionner, il suppose que celui qui possède ce que vous désirez, désire ce que vous possédez et que chacun estime que ce que possède l'autre vaut ce qu'il possède (ouf !). Certes, la confiance arrangeait bien des choses. On pouvait différer l'échange dans le temps : "tu me donnes une hache aujourd'hui et je te donnerai un beau sanglier demain... enfin après demain..."

Vous devinez à quelles palabres ce genre de propositions devait donner lieu. Afin d'éviter les discussions sans fin et de sortir des limites imposées par le troc, nos ancêtres, toujours aussi ingénieux, inventèrent la monnaie.

La monnaie, un bien choisi d'un accord mutuel et désiré aussi par tous, permet de diviser le troc en deux opérations distinctes. Dans un premier temps, on échange contre de la monnaie les biens que l'on a produits. Dans un second temps, on échange de la monnaie, ainsi gagnée, contre les produits dont a besoin. La monnaie se présente comme un bien intermédiaire, dont la valeur, reconnue par tous, permet non seulement de décomposer les échanges mais de comparer la valeur des biens entre eux (par exemple : X unités de monnaie = un sanglier = une hache de bronze). 

Comment diable nos ancêtres sont-ils parvenus à trouver un bien qui soit à la fois un moyen d'échange (de paiement) et un étalon général de mesure ? Il suffisait d'y penser. Ils prirent des biens que tout le monde désirait, qui se conservaient bien et pouvaient aisément être divisés en petits morceaux (ou, ce qui revient au même, en petites quantités). 

De l'or aux coquillages, désirés par les femmes déjà coquettes, en passant par le sel et les animaux d'élevage, diverses solutions sont possibles. Avec le papier des billets de banque et les signes magnétiques des disques d'ordinateur, nous en avons inventé quelques autres. Cela n'est pas sans poser quelques problèmes, mais n'anticipons pas.

Tel est le conte que nous racontent, avec plus ou moins de termes compliqués, un grand nombre d'économistes de toute tendance. On le retrouvera dans les rouages de l'économie nationale, qui fut notre premier ouvrage d'économie.

...

Jean-Marie Albertini, des sous et des hommes. Ce que vous n'avez jamais osé demander à un économiste.

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