Virages

De retour dans sa ville natale, Olivier le narrateur, se souvient.

1. Nouveau lycée.

2 juillet, les résultats sont tombés : j'ai raté mon bac. J'ai toujours été un élève moyen. De ceux qui ont toute l'année entre 10 et 12, toujours dans la moyenne. Parfois 14, plus rarement 16. Mais ça n'aura pas été le cas pour le bac, il m'a encore manqué quelques point à l'issue de la repêche. 

Mes parents sont furieux. Moi qui voulait faire dentiste ça commence très mal sans le bac en poche. Mon père décide de m'envoyer dans une école catholique privée en contrat avec l'Etat qui a d'excellents résultats : 100 % de réussite au  bac. Je ne dois pas me planter une seconde fois. La direction de l'établissement ne veut pas me prendre. Ils ne prennent pas de redoublants venant du public, ça pourrait faire chuter le taux de réussite de l'établissement. Mon père décide d'user de ses relations pour force à la main au directeur et me faire inscrire à la prochaine rentrée. Résultat : le 5 septembre j'intègre ce lycée privé. 

Mon copain Sébastien lui aussi a raté son bac. Ayant appris mon admission au sein de ce nouvel établissement il en parle à sa mère. Elle ne comprend pas comment j'ai fait pour y être admis et pas son fils. Elle tente elle aussi de le faire inscrire et use également de ses relations. Quelques jours après la rentrée le voilà lui aussi à mes côtés pour redoubler sa terminale S. Il a l'air si content de me retrouver. On ne connait personne, on passe à côté en cours. On est les deux pistonnés du lycée que je déteste déjà. Tout est vieux, moche, vétuste, en mauvais état. Il n'y a que des fils de bourges, des fils et filles de notables du coin. Leurs parents également ont fréquenté cet illustre établissement. 

A suivre...

Intermède musical: Duteil/virages....

2. Sébastien.

4 septembre, rentrée des classes, 9h du matin : je suis avec les autres élèves de ma classe pour ce premier cours. On attend dans le couloir que le prof arrive. C'est Monsieur TMT notre prof d'économie. Il a l'air con, l'année commence bien. Il nous demande d'entrer. Tout le monde se rue tel un troupeau de moutons dans la salle pour prendre les meilleures places. Je m'assois du côté de la fenêtre, j'adore être à côté de la fenêtre car je peux regarder dehors ce qu'il se passe dans la cour quand je m'ennuie en cours. Personne n'est venu s'assoir à côté de moi. J'ai l'impression que tous les autres sont par deux. Soudain arrive Sébastien. Il me demande s'il peut s'assoir  à côté de moi, je lui réponds que oui, tout content que quelqu'un se mette à mes côtés. Voilà comment s'est passé notre première rencontre. 

Il n'était pas du coin. Ses parents étaient juristes tous les deux et avaient été mutés dans un grand cabinet juridique de la région. De grands bourgeois, mélomanes, amateurs d'arts. Ils avaient trois enfants : Sébastien, une soeur plus jeune et un frère étudiant d'échange, actuellement aux Etats Unis pour un an. Il ne voulait pas être interne alors ses parents lui avaient pris en location un petit appartement en face du lycée. 

Une après-midi après les cours, il me proposa d'aller chez lui pour me montrer sa guitare. Il m'avait expliqué qu'il en jouait depuis longtemps maintenant, qu'il prenait des cours régulièrement et il voulait me faire écouter ce qu'il savait jouer. 

Son appart était situé dans une petite rue en face du boulevard situé le long du lycée. Cinq minutes à pied et nous étions déjà au pied de l'immeuble. L'appartement était situé au 1er étage. L'entrée donnait sur un séjour cuisine à l'américaine. A droite il y avait une chambre et la salle de bain. Tout était meublé. Pour un jeune étudiant c'était vraiment un appart super cool. Avec lui je me sentais bien, il était très bavard, moi peu, il parlait pour moi et me racontait sa vie sans que j'ai à poser trop de questions. 

J'ai passé une heure l'écouter jouer. Je n'y connaissais rien en guitare électrique mais j'étais sidéré, stupéfait par la qualité de son jeu. Le matériel était beau et de qualité, l'interprétation également. Le jeu incroyable. Tout était beau. On sentait qu'il pratiquait depuis de nombreuses années, qu'il avait l'habitude de jouer et qu'il connaissait très bien son matériel. 

Les années lycée, les plus belles années de la vie, celles avant les tracas d'adultes et du monde du travail. J'ai revu Sébastien il y a peu de temps. Il est devenu avocat spécialisé en droit du travail. 

A suivre...