Chacun sa place à table

Oui, nous avions nos places. Mon père, en face la TV. Ma mère la plus proche de la cuisine. Ma sœur à ses côtés quand elle était petite puis elle l'a gardée et moi en face de ma mère, et à côté de mon père, parce que ça paraissait logique (j'allais pas me mettre en face de mon père, sinon, il ne voyait plus la sainte TV et je n'allais pas m'isoler en me mettant en face ma sœur. Donc les places se sont attribuées par logique.

Chez moi, nous avons encore nos places. En fait, j'ai aussi celle la plus proche de la cuisine et mon mari en face la TV (même si j'ai des mauvais souvenirs de la TV des repas de mon enfance et je préfère qu'elle soit éteinte pendant que nous mangeons, où alors pour regarder des trucs légers qui permettent de discuter sans être accaparés par l'écran).

Enfant, c'est pareil, il ne fallait pas parler. Les infos étaient beaucoup plus importantes : résumé des infos locales ; infos régionales ; info nationales : de 6h50 à 8h45 ! Heureusement il y avait les dessins-animés pour couper un peu (Il était une fois l'homme ; Ulysse 31 ; Jayce et les conquérants de la lumière).

Sur le canapé, pas d'importance et au lit, je suis la plus proche de la porte. Encore par logique puisque je suis celle qui se lève le plus tôt.

Quand j'étais môme, lorsque l'âge était venu de manger avec les adultes, nous était attribuée une place à table. Malheur à celui ou celle qui allait s'asseoir ailleurs qu'à "sa place". Le plus jeune arrivé était toujours placé à côté du chef de famille, autant de temps qu'il le fallait pour l'éduquer à bien se tenir, et il était ensuite relégué au plus loin. Ce sont le plus souvent les parents qui déterminent l’organisation autour de la table. Chaque place a une puissante portée symbolique et permet de comprendre la répartition des rôles de chacun. 

-C'est la une description d'une famille toute à fait classique, un père, une mère, des enfants et un corpus de règles un peut rigides, tu veux dire que ça à bien changer maintenant ? Personnellement je pense que je partage pas totalement ton vécu familiale puisque moi il y avais pas de père, ceux qui n'est pas négligeable dans l'équation. 

J'ai lu que pour beaucoup d’enfants, il est structurant et rassurant d’avoir toujours la même place. Ca fait partie des rituels familiaux. 

- je pense que avoir des choses attitrés  participe au développement de l'individualité, puisque c'est à moi et non à nous ou au autre.