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L'Homme fait de la métaphysique comme il respire


Invité Quasi-Modo

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Le 12/06/2021 à 10:46, Quasi-Modo a dit :

Je pense que ce mot d'Emile Meyerson contenu en titre n'a jamais été aussi parlant qu'aujourd'hui et qu'il permet, contre les assauts Nietzschéen ou Kantiens de remettre la métaphysique au goût du jour en montrant que nous en faisons tous.

En effet, tout jugement de la forme "Ceci n'existe pas." est la marque d'un positionnement métaphysique, car une inexistence ne se prouve pas.

Par exemple le hasard n'existe pas. Dieu n'existe pas. Les couleurs n'existent pas. etc. etc.

La question reste de savoir s'il est possible de croire à toutes les existences de tous les êtres dont nous avons le concept sans sombrer dans la folie ?

Les licornes, les fées, les trolls, le bigfoot etc., pourriez-vous décemment dire que vous croyez à leur existence ?

Sauf à confondre le concept et la réalité, ce qui semble complètement délirant, nous formulons tous des jugements de la forme "Ceci/cela n'existe pas." donc nous sommes tous des métaphysiciens, que nous le voulions ou non, que nous l'assumions ou non.

Ainsi la question de savoir quelle métaphysique se justifie mieux que l'autre se pose pleinement, et sans aborder la question du sexe des anges, nous en sommes, en quelque sorte, tous à ce point là de compréhension de la réalité.

En fait lorsque par exemple il est dit que Dieu n ' existe pas , cela à largement été démontré et argumenté encore et encore exactement comme pour la croyance en l ' âme ...

Ce qui devrait être simple à comprendre ne l ' est pas dans l ' esprit d ' individus qui finalement n ' espèrent pas avoir de réponses à ce genre de questions ...

Cela les regarde évidemment ...

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Invité Quasi-Modo
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Prenons ne serait-ce que la question du réalisme : la réalité existe-t-elle comme objet indépendant et extérieur à nous ?

De manière naïve nous allons tous penser que oui.

Dire le contraire suppose une forte justification philosophique.

Mais le réalisme, pourtant si naturel chez l'être humain, qui consiste donc je le rappelle, à dire qu'il existe une réalité extérieure et indépendante de l'observateur, est une position métaphysique.

C'est d'ailleurs une position assumée par les sciences de façon générale, sans davantage de preuves, tandis que la physique quantique permet d'ailleurs de mettre en cause cette "évidence".

Idem pour les couleurs : il n'existe pas de cônes dans votre oeil permettant la perception du jaune ou du magenta. Donc ce que vous percevez alors n'existe pas, vous obligeant à distinguer réalité et perception et vous méfier de vos sens en faisant donc de la métaphysique (chercher la vérité).

Pour faire le moins de métaphysique possible, il faudrait être un réaliste naïf qui pense que le monde est exactement tel qu'on le perçoit (ce que la première illusion d'optique démentira) et ne s'est jamais posé de questions philosophiques sur la nature de la réalité : et encore, supposer que la réalité existe de façon extérieure, indépendante et fidèle à notre perception, c'est encore faire de la métaphysique sans en avoir l'air, car c'est supposer pour acquis des énoncés tels que l'existence externe et l'indépendance du réel, qui ne vont pas de soi du tout lorsqu'on analyse le réel à l'aide des sciences.

Donc on y échappe pas. Idem lorsque vous cherchez une cause d'un phénomène : vous appliquez le principe de raison suffisante et vous considérez qu'elle existe cette cause, mais que vous ne la connaissez pas et que vous devez la trouver. Vous pourriez très bien considérer que le phénomène dont vous cherchez à élucider la cause est spontané et n'admet aucune cause efficiente, et est arrivé par hasard par exemple. Mais vous ne le faites pas car vous croyez au principe de raison suffisante et faites donc de la métaphysique.

Il y a donc 1001 exemples qui montrent que nous sommes obligés de postuler l'existence de propriétés ou d'objets inobservables pour évoluer dans notre quotidien. La métaphysique se cache dans les recoins des plus ordinaires et banals des réflexions de nos quotidiens.

Le 18/06/2021 à 17:04, Nutkin a dit :

 

Citation

En fait Dieu c'est le service minimum de la pensée métaphysique : c'est l'être en tant qu'être. Si on fait de la métaphysique on est forcé de croire en Dieu dans ce sens.

Ce raisonnement tient-il si l'on imagine l'existence de plusieurs dieux ?

Alors on sort de la définition que je propose de Dieu (à savoir l'être en tant qu'être) car clairement il y a unicité de l'être en tant qu'être, car la vérité est une et non multiple selon le principe de non contradiction. On rejoint Parménide et son opposition être et non-être.

Le 18/06/2021 à 17:04, Nutkin a dit :

 

Citation

Cela reviendrait à identifier le nécessaire et le possible, le concept et la réalité quand la simple expérience de notre conscience prouve via notre imagination que nous pouvons inventer un concept intégralement (p.ex. je mélange cheval et homme et j'obtiens le centaure).

Et serait-ce moins bien/intéressant/intelligent/important d'aimer mélanger, ou encore désidentifier, "nécessaire et possible", "concept et réalité" ?

Ce serait surtout un manque de lucidité car comme je te le mentionnais, nous sommes capables d'inventer des concepts de toutes pièces.

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Invité Quasi-Modo
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Invité Quasi-Modo
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Le 20/06/2021 à 18:04, deja-utilise a dit :

Bonjour Quasi-modo,

 

Je n'ai pas lu autre chose que l'intitulé de ton sujet, j'ignore donc les réponses qui t'ont été adressées ensuite.

 

Ce que je peux t'écrire, c'est que ce n'est pas tant " l'inexistence " que l'on ne peut pas prouver intrinsèquement, que le problème soulevé par Popper en définitive: il est plutôt facile de montrer qu'une chose est fausse, et à l'inverse quasiment impossible de montrer/prouver absolument qu'elle est vraie ! ( hormis en logique pure )

 

Par exemple, il n'y a pas encore si longtemps, on pouvait penser/croire que les " martiens " existaient, mais il faut bien se rendre à l'évidence aujourd'hui, si des créatures martiennes peuvent être vivantes, elles seront microscopiques, donc très loin de ce que l'on avait pu entendre ou imaginer comme habitants à l'époque. On peut donc conclure, si par martiens on entendait quelque chose proche de ou similaire à l'Homme, que non, les martiens n'existent pas. Si alors on peut être certain qu'il n'y pas de vie analogue aux animaux supérieurs terrestres sur Mars, il n'en va pas de même pour le reste du cosmos, car il faudrait explorer chaque planète de l'Univers, ce qui est impossible, c'est donc une sorte d'indécidable puisque l'on ne peut ni prouver leur existence par l'exhibition d'un - seul - individu, ni observer leur absence totale.  

 

Il ne faut pas oublier le versant empiriste de toute affirmation, y compris ontologique, dire par exemple qu'il n'existe pas d'humain de 200 ans d'âge, est amplement " démontré " dans le mesure où un tel personnage n'a jamais existé et n'existe pas, au moins jusqu'à maintenant. De même que peut-être un jour on saura " fabriquer " des répliques de dinosaures par un procédé inconnu actuellement ou toute autre chimère comme une licorne ou Cerbère, vu ce que l'on peut voir dans les labos de Recherche, cela pourrait aller plus vite qu'on ne le pense, il pourrait donc exister un jour en chair et en os de telles créatures pour le moment légendaires, ce qui ne les empêche pas tout de même " d'exister " dans la tête de ceux qui les pensent, car notre cerveau en dernière analyse ne traite que de l'information, donc dans une certaine mesure la réalité extracorporelle n'est que des " datas " traitées par notre cervelle, au même titre que n'importe quelle imagination chimérique ou rêverie, d'un point de vue solipsiste tout se vaut, en revanche il sera difficile de percevoir via nos sens et donc par des sensations émanent de l'extérieur ces projections informationnelles, il nous manquera une partie de la ligne causale sensorielle, autrement dit d'en faire l'expérience, nous et/ou les autres, objectivement ( relatif à l'objet ).

 

À défaut d'être des êtres métaphysiciens par nature, nous sommes en revanche tous enclins, et ce sans arrêt, à l'interprétation et à la recherche de sens, ces dernières expliquant largement nos illusions, notre mysticisme, nos croyances, nos mythes, nos contes, nos " connaissances ", les histoires rétrospectives, nos introspections, etc...

 

Mais il est vrai que le quidam n'a que faire de ce genre de considérations, ce qui l'intéresse c'est vivre sa vie comme il l'entend, enfin plutôt dans la parfaite réponse - inconsciente - à ses décharges permanentes et sporadiques hormonales ! La méta-cognition étant le cadet de ses soucis, tout comme celui de la vérité, utilisée toujours comme un moyen accessoire et non pas comme une fin en soi.

Bonjour déjà-utilisé,

Pour reprendre ton exemple de Mars et des martiens, il faut, pour admettre la démonstration, admettre aussi tout un tas de théories philosophiques et scientifiques faisant foi d'un certain nombre d'inobservables qui permettent de démontrer l'absence d'humanoïdes martiens. Ne serait-ce que le réalisme qui suppose que Mars existe comme réalité extérieure et indépendante de nous. Ou l'ensemble des objets théoriques des théories physiques et scientifiques étant impliquées dans la démonstration que Mars ne rassemble pas les conditions de possibilités de la vie.

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Invité Quasi-Modo
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La nature humaine implique de distinguer réalité, vérité et perception, et donc de faire de la métaphysique.

A chaque fois qu'un être humain, implicitement ou explicitement, fait cette distinction, et donc qu'il se méfie du donné des sens, il fait de la métaphysique de façon active. Mais même si il croit fermement tout ce que ses sens lui apportent comme informations, et qu'il l'identifie à la réalité, et qu'il fait comme si ce donné était tout ce qu'il pouvait avoir à apprendre sur le réel, il suppose encore le réalisme comme postulat d'existence et d'indépendance d'une réalité extérieure à lui, ce qui est une position métaphysique.

CQFD.

Pour comprendre cette toile de Magritte, il faut distinguer réalité et représentation, accéder à la sphère du symbole et de l'abstraction, et donc faire de la métaphysique :

5066937697_65693fe6e8_b.jpg

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Membre, Doctor feel good, 60ans Posté(e)
brooder Membre 5 285 messages
60ans‚ Doctor feel good,
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"L'homme fait de la métaphysique comme il respire" et à force les seules personnes que ce monde ne rend pas fous, ce sont les fous eux-mêmes !

 

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Invité Quasi-Modo
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Un excellent résumé de l'état des lieux de la philosophie sur cette question du réalisme métaphysique : https://encyclo-philo.fr/le-realisme-metaphysique-a

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 6 039 messages
If you don't want, you Kant...,
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Bonsoir Quasi-modo,

Le 26/06/2021 à 19:42, Quasi-Modo a dit :

Pour reprendre ton exemple de Mars et des martiens, il faut, pour admettre la démonstration, admettre aussi tout un tas de théories philosophiques et scientifiques faisant foi d'un certain nombre d'inobservables qui permettent de démontrer l'absence d'humanoïdes martiens. Ne serait-ce que le réalisme qui suppose que Mars existe comme réalité extérieure et indépendante de nous. Ou l'ensemble des objets théoriques des théories physiques et scientifiques étant impliquées dans la démonstration que Mars ne rassemble pas les conditions de possibilités de la vie.

peut-être que je ne comprends pas exactement ce que tu soulèves, et ce dès le départ, il ne semble pas il y avoir de difficulté fondamentale sur ce que j'ai avancé sur la vie " développée " ou " supérieure " sur Mars, pas plus que si on me dit que Miguel est dans mon salon et qu'après avoir regardé attentivement, il n'y était pas.

Encore une fois, on peut assez aisément montrer qu'une chose est fausse, mais beaucoup plus difficilement qu'elle est vraie, surtout et spécifiquement si cet " objet " n'existe pas à proprement parler, en effet si donc il n'existe purement et simplement pas, il sera impossible de montrer son absence, c'est-à-dire son inexistence par la présence de quelque chose qui prouve sa non existence ! À l'inverse, soutenir que telle entité est présente quelque part à tel moment, peut être vérifié, car la localisation spatiale et/ou temporelle permet de lever les doutes résiduels qui pourraient toujours se nicher dans un ailleurs ou un autre moment. 

Ainsi, si une chose existe, elle doit nécessairement se manifester d'une manière ou d'une autre, il suffit d'indiquer où et quand par exemple. A contrario, si une autre chose est tout-à-fait inexistante dans le monde physique, on voit mal comment on pourrait ou prouver son absence ou sa présence, car nous n'aurions aucun critère, aucun indice, aucune propriété sur lesquels jeter notre dévolu et notre investigation, en effet on ne peut logiquement pas exhiber la présence d'une chose non-présente, et l'on ne peut pas exhaustivement et physiquement s'assurer que depuis le Big-Bang et en tous lieux de l'Univers que cette chose n'y a jamais été et n'y est pas, si toutefois nous avions le moindre crible discriminatoire en poche. En revanche soutenir la présence des licornes serait quelque chose de plus falsifiable que celle d'un Dieu, quand bien même ni l'un, ni l'autre n'aurait aucune influence d'aucune sorte sur nos vies, ce serait une hypothèse superflue que de l'introduire, à l'inverse du pari de Pascal, mieux vaut privilégier le principe de parcimonie, comme en toute science, mais il est vrai que dans la vie de tous les jours, le quidam ne se comporte absolument pas comme un scientifique, cela se saurait si tel était le cas, d'ailleurs c'est malheureusement aussi vrai des scientifiques eux-mêmes - au moins - dès qu'ils ont quitté leur rôle de savant et qu'ils endossent celui de madame ou monsieur tout-le-monde, c'est tout le problème de notre fonctionnement catégoriel ou situationnel avec des parois étanches les unes par rapport aux autres, ( i.e. un individu lambda n'est pas Un mais multiple dans son fonctionnement intellectuel, dit autrement: inconsistant ).  

 

L'ontologie des objets de quelque nature que ce soit n'est pas tant affaire de preuve, que de fonctionnement psychologique, car nous avons une propension naturelle irrépressible à interpréter chaque évènement, ce que M. Gazzaniga appelle le " module interprète " de notre cerveau et qui est également évoqué par N.N. Thaleb dans Le cygne noir. Nous nous sentons obligés de donner du sens aux évènements, en lien avec notre histoire, notre pedigree, nos croyances, notre éducation, etc..., le tout mis en mouvement par la peur de l'inconnu - mais pas exclusivement, on remplace donc allègrement ce dernier par des constructions basées sur du connu, sans autre formalisme vis-à-vis de la vérité, uniquement dans une perspective première d'une cohérence suffisante avec notre consonance psychologique... Raison pour laquelle un " platiste " est en phase avec son inclination complotiste et un religieux voit les manifestations de son Dieu là où il lui sied de les voir, quitte à redoubler de foi quand la déception se fait jour, pour ce dernier point on peut lire L'échec d'une prophétie de L. Festinger, transposable à tous les prosélytes en puissance.

 

Nous sommes avant toute chose, soi-même, notre plus grand obstacle à la compréhension, car nous avons une cécité sur nos biais, et ignorons complètement ce que nous ignorons sur nous-même comme sur le Monde, plus proches finalement du nouveau-né que du sage, en effet, si la somme des connaissances potentielles est infinie, toute mesure finie sur celle-ci est ridiculement petite, infinitésimale devant l'infinité de notre ignorance...

Autrement dit, ne pas être conscient de ses propres volitions profondes ( e.g. Pour quoi et pourquoi croire en ceci ou en cela, à ceci ou à cela ? Le ceci ou le cela étant tout-à-fait secondaire in fine ! ), est déjà être dans l'erreur.

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@deja-utilise : Ce que je voulais dire c'est que tout jugement de la forme "Ceci n'existe pas." ou encore "Ceci existe." est un jugement avec des présupposés métaphysiques.

Spontanément, l'être humain est un réaliste naïf : il pense que la réalité est telle qu'elle lui apparaît, en tant que réalité extérieure et indépendante. Mais penser ainsi ne va pas de soi et d'autres possibilités sont envisageables, tandis que c'est une position métaphysique qui s'ignore, bien que naïve.

Toute alternative théorique serait aussi argumentée à l'aide d'une métaphysique alternative. Un humain qui ne ferait pas de métaphysique n'existe pas car nous avons tous à l'occasion le besoin de distinguer réalité et apparence. On ne peut pas se contenter d'une théorie de la perception sans considérations métaphysiques : ne serait-ce que l'exemple de la paille qui apparaît brisée dans un verre d'eau puis à nouveau entière lorsqu'on l'en retire, oblige à distinguer réalité et apparence, sauf à penser que la paille se brise à chaque fois puis se répare par je ne sais quelle magie lorsqu'on la retire du verre.

L'instrumentalisme ne tient pas face à la réalité car il suppose toujours une forme de réalisme naïf (distinction entre "observables" et "inobservables") qui n'en reste pas moins une idée métaphysique, dont seul le réalisme épistémologique plus élaboré constitue la continuité. Les sciences opèrent dans le prolongement de la perception naturelle et habituelle de l'être humain, en mettant en jeu les processus d'apprentissage de notre espèce, allant d'ailleurs au final complètement contre le sens commun, si bien qu'il se dit que la physique explique le réel par l'impossible et qu'on ne voit pas bien ce qu'il resterait à sauver du réalisme naïf de notre enfance.

Rien de moins intuitif que le principe d'inertie de Galilée par exemple. Ou que la physique quantique. Ou encore que l'idée que la Terre est ronde et qu'elle tourne autour du soleil. Mais ces réalités dérivent directement de l'observation directe et des déductions successives qu'elles auront permis de faire.

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La science ne fait que découvrir ce qu'un Homme, porteur de l'intelligence de toute notre espèce, et d'un temps de vie infini, serait capable de dire sur la réalité de notre monde.

Les philosophies selon lesquelles l'Être n'est pas et le non-Être est ne peuvent rien construire de solide et selon celles-ci, nous sommes tous aussi ignorants maintenant que le jour de notre naissance : selon ces philosophies nous n'apprendrions jamais rien à proprement parler, mais nous ne ferions que vivre des expériences sans rien véritablement comprendre du monde qui nous entoure, parce qu'il n'y aurait rien à comprendre et "qu'on ne se baignerait jamais deux fois dans le même fleuve" (Héraclite). Toute la sagesse humaine ne vaudrait pas mieux que les pensées d'un nouveau-né, qui d'ailleurs pourrait prétendre à la sagesse aussi bien que quiconque.

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 6 039 messages
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Bonjour Quasi-modo

Il y a 16 heures, Quasi-Modo a dit :

Ce que je voulais dire c'est que tout jugement de la forme "Ceci n'existe pas." ou encore "Ceci existe." est un jugement avec des présupposés métaphysiques.

Je ne suis pas sûr de pouvoir te suivre dans cette direction, la véracité de toute proposition ne repose pas nécessairement sur des considérations métaphysiques, mais sur des compétences à la fois innées et acquises par l'expérience, à travers nos sens en premier lieu.

Mais il est vrai que dans la chaine de causalité, si l'on cherche un pourquoi à chaque cause identifiée d'un effet, et que l'on prenne cette première pour un effet lui-même d'une cause antérieure, il arrive forcément un point où nos savoirs atteignent une limite ou une frontière, à partir de laquelle on bascule dans la métaphysique si on cherche à continuer à remonter le courant toujours plus avant. C'est quand nous allons au-delà de nos connaissances établies que l'on bascule dans la métaphysique, on peut donc fort bien rester en deçà si on s'en tient à ce que l'on sait solidement et que l'on s'en contente, c'est-à-dire sans vouloir expliquer les connaissances elles-mêmes, un peu comme en Mathématiques avec l'axiomatisation et la logique, en Science il y a des principes, des lois et des postulats, ou dans la vie de tous les jours des expériences accumulées et maintes fois répétées depuis notre enfance la plus reculée font office de référence ou de cadre de pensées.

Rien n'est donné a priori, tout est a posteriori question d'expérimentation ( C.f. Quine ), Kant avait tort, même si il existe un substrat biologique inné, il n'est que le BIOS minimal nécessaire pour construire tous les autres programmes empiriques.  

 

Citation

Spontanément, l'être humain est un réaliste naïf : il pense que la réalité est telle qu'elle lui apparaît, en tant que réalité extérieure et indépendante. Mais penser ainsi ne va pas de soi et d'autres possibilités sont envisageables, tandis que c'est une position métaphysique qui s'ignore, bien que naïve.

Oui le réalisme naïf a été confirmé dans nombre d'expériences en psychologie, comme toutes nos autres propensions à l'erreur, tels les biais, les heuristiques, les affects, les habitus, etc...

Ce qui ne va plus de soi, c'est quand on est passé de l'autre côté du miroir si j'ose dire, que l'on sait et que l'on a pris conscience de ce fourvoiement, au même titre que n'importe quel apprentissage scolaire, une fois que l'on est déniaisé de son erreur et qu'on l'a effectivement comprise, dans son essence, alors on ne peut guère la refaire, si ce n'est par étourderie, inattention ou fainéantise.

 

Citation

Toute alternative théorique serait aussi argumentée à l'aide d'une métaphysique alternative. Un humain qui ne ferait pas de métaphysique n'existe pas car nous avons tous à l'occasion le besoin de distinguer réalité et apparence. On ne peut pas se contenter d'une théorie de la perception sans considérations métaphysiques : ne serait-ce que l'exemple de la paille qui apparaît brisée dans un verre d'eau puis à nouveau entière lorsqu'on l'en retire, oblige à distinguer réalité et apparence, sauf à penser que la paille se brise à chaque fois puis se répare par je ne sais quelle magie lorsqu'on la retire du verre.

 

Encore une fois, c'est l'expérience qui permet d'aller au-delà des apparences, et de surcroit le couplage avec d'autres moyens d'investigation, par exemple pour la bâton brisé dans l'eau, on peut glisser sa main dans le liquide et " sentir " que la bâton est toujours bien rectiligne, de même une fois l'optique géométrique en poche, on se rend compte que c'est le vecteur informationnel, en l'occurrence les rayons lumineux qui sont courbés, non l'objet physique lui-même, ainsi en multipliant les expériences via des procédures différentes mais convergentes, on peut sortir de l'illusion. Il en irait de même avec l'effet Doppler sonore, si l'on écoute une source sonore venir à nous puis repartir, on aura l'impression d'un changement de fréquence, et croire que c'est la source qui vibre différemment en fonction de la direction, mais si l'on peut monter dans le véhicule portant la source bruyante et que l'on repasse au même endroit, on pourra constater que cette variation n'existe pas, on peut aussi se faire aidé d'un assistant pendant que l'un reste au sol et l'autre est embarqué pour garantir les données perçues par chacun et les comparer, il s'avèrera que la vibration se modifie par l'entremise du support qu'est l'air, cette fois encore, c'est le vecteur/support informationnel qui nous aura trompé.  

C'est justement tout l'objectif des sciences expérimentales que de confirmer ou d'infirmer des explications/hypothèses, et à nouveau il sera assez aisé de trouver/prouver celles qui sont fausses que celles qui résistent soient les bonnes.

 

 

Citation

L'instrumentalisme ne tient pas face à la réalité car il suppose toujours une forme de réalisme naïf (distinction entre "observables" et "inobservables") qui n'en reste pas moins une idée métaphysique, dont seul le réalisme épistémologique plus élaboré constitue la continuité. Les sciences opèrent dans le prolongement de la perception naturelle et habituelle de l'être humain, en mettant en jeu les processus d'apprentissage de notre espèce, allant d'ailleurs au final complètement contre le sens commun, si bien qu'il se dit que la physique explique le réel par l'impossible et qu'on ne voit pas bien ce qu'il resterait à sauver du réalisme naïf de notre enfance.

La plupart des choses que nous savons, du moins de manière théoriques/abstraites viennent de notre formation ou éducation, mais malheureusement nos savoir-faire et nos décisions eux se basent sur nos expériences concrètes vécues pendant une courte fenêtre temporelle de notre enfance, jusqu'à 7/8 ans environ, l'esprit est déjà sacrément formaté par l'influence socio-culturelle dès ce moment là, et il sera excessivement difficile par la suite d'y remédier, il va se produire un étrange effet, un cloisonnement des compétences, d'un côté les savoirs abstraits, et de l'autre, les savoirs incarnés, si bien que dans une situation bien spécifique, comme un chercheur dans son labo qui va utiliser son bagage académique pour travailler, sera prompt en-dehors à se comporter comme monsieur tout-le-monde, laissant de côté sa culture scientifique, ceci a été mis en évidence à plusieurs reprises.

Le réalisme naïf et tout autre schéma cognitif acquis très tôt demeurent prêts à l'emploi dès que l'occasion se présente, il n'y a que lors d'un effort conscient et soutenu, ainsi qu'une condition situationnelle favorable, que l'on peut éventuellement déjouer une telle inclination naturelle. L'introspection n'étant pratiquement d'aucun secours, c'est un peu comme celui qui tente de se relire après une dictée ou l'écriture d'un texte quelconque, si il ne connait pas les règles à appliquer, il ne pourra pas se corriger, quand bien même il prendrait consciencieusement le temps de se relire N fois, ou comme l'avait dit Coluche, chacun se croit suffisamment intelligent, vu que c'est avec ça que l'on se juge ! Il y a une exception notable pour l'efficience de l'introspection, c'est pour ceux qui sont suffisamment ouverts d'esprit, honnêtes, et qui font preuve de méta-cognition, autrement dit, un infime pouième de la population.

Dit autrement, c'est notre façon de penser primaire qui opère continuellement et en premier, plutôt que celle dite élaborée tout au long de notre existence, et ce, quel que soit le niveau glorieux ou prestigieux atteint en cours de route, certains - rares - auteurs n'hésitent pas à reconnaitre se tromper, parfois lourdement, dans leur propre domaine qui traite justement de la cognition/décision et de tous ses travers, c'est-à-dire, que même un spécialiste de l'irrationalité peut être tout aussi enclin à se prendre les pieds dans le tapis d'une mauvaise appréciation Irl !

 

Une des tendances actuelles en Science est justement l'interdisciplinarité, pour favoriser la robustesse et la fiabilité de nos connaissances, multiplier les angles d'attaque ne peut être qu'une bonne chose pour garantir notre compréhension du monde, plus il y aura de ramifications, de connexions dans cet immense réseau, moins il sera possible d'emprunter une mauvaise voie.   

 

 

Citation

Rien de moins intuitif que le principe d'inertie de Galilée par exemple. Ou que la physique quantique. Ou encore que l'idée que la Terre est ronde et qu'elle tourne autour du soleil. Mais ces réalités dérivent directement de l'observation directe et des déductions successives qu'elles auront permis de faire.

Ce qui est intéressant de noter c'est que par exemple, le système de Ptolémée ou celui de Copernic sont équivalents d'un point de vue des résultats, depuis un observateur terrestre, du moins en première approximation, pourtant leur cadre théorique sont différents, les implications divergentes.

Ce sont bien souvent les explications que l'on donne qui n'arrivent pas à s'entendre dans un premier temps, plus que les mesures elles-mêmes, y compris à partir de modèles différents.

De nos jours, il n'y a pratiquement plus d'approche dite directe, elles passent toutes par des " instruments " - y compris en sciences sociales, et donc une dose d'interprétation de lecture, qui est liée au modèle théorique, quand ce n'est pas ce dernier qui dicte les données à mesurer, il y a un rétro-bouclage entre les deux, c'est devenu incontournable. Il n'y a donc plus aucune donnée objective en science, uniquement des données interprétées dans un cadre théorique défini, même un phénomène nouveau est dans un premier temps compris dans la théorie existante, quitte à l'y faire rentrer au chausse-pied, voire aux forceps, ce n'est que dans un deuxième temps qu'une alternative explicative est recherchée - si la première est trop récalcitrante, si tant est qu'un adepte puisse se faire entendre par ses collègues plus classiques dans leur approche, expliquant l'inertie considérable parfois pour " découvrir " ce qui crève les yeux à un profane, d'où à nouveau aussi l'intérêt de l'interdisciplinarité, avec un regard extérieur, non-académique, non formaté à/par une culture disciplinaire.

 

À mon sens aujourd'hui, nous ne faisons plus que de la Science descriptive, voire prédictive, et non plus celle explicative à proprement parler, on traite en large et en travers du comment, rarement du pourquoi, depuis au moins l'avènement de la mécanique quantique, les scientifiques semblent avoir jeté l'éponge de trouver des explications - fondamentales - aux choses. On prend les faits comme ils sont, et on tente de les connecter les uns avec les autres par corrélations ou causalité, ni plus, ni moins. Bien qu'en Physique paradoxalement les spéculations vont bon train, on se retrouve dans ce domaine à peu de choses près avec ce qu'il se faisait en Philosophie il y a encore peu, on multiplie les inférences et les théories au-delà du raisonnable ou du nécessaire, d'autant plus que l'on se focalise obstinément et hérétiquement sur l'augmentation de la précision ou de la cohérence du connu, qui pourtant ne représente que 2% de toutes les formes d'énergies possibles de l'Univers observable ! ( e.g.: Lost in Math, de Sabine H. )

 

 

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