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Les Irlandais de Paris : une histoire d'amitié avec la France.


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Les Irlandais de Paris : une histoire d'amitié avec la France.

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Cartes postales (1900) à l'occasion de la Saint-Patrick. La feuille de trèfle est l'emblème national de l'Irlande.

La célébration du saint patron de l'Irlande est une coutume lointaine. En 1896 déjà,  les Irlandais de Paris respectaient ce rituel festif: «Il y a un banquet populaire avenue de Clichy et un autre au centre de la capitale» précise le journal. L'immigration irlandaise en France remonte au XVIIe siècle. C'est sous Jacques II (1633-1701) que les Irlandais persécutés débarquent en France et à Paris. Ils trouvent refuge dans des «collège irlandais» fondés essentiellement dans l'Hexagone. Louis XIV accorde sa première résidence permanente aux Irlandais au Collège des Lombards. C'est une véritable pépinière pour tous ceux qui se prédestinent à l'état ecclésiastique. Un siècle plus tard, l'acquisition d'un hôtel particulier dans la rue du Cheval vert (future rue des Irlandais) permet de s'agrandir. Sous la Terreur, les prêtres et étudiants irlandais perdent leur résidence. Après cet épisode douloureux, le collège est organisé par Napoléon, ce qui permet sa survie. Suivent différentes occupations de l'établissement: hôpital pour soldats blessés sous la Commune, séminaire polonais... jusqu'à l'inauguration du Centre culturel irlandais de Paris en 2002.

Frères d'armes

Les Irlandais combattent aux côtés des Français. Les soldats irlandais dits les Oies sauvages rejoignent la France au lendemain de la défaite de la Boyne (1690). Les armées françaises forment alors la brigade irlandaise. Elle devient une unité d'élite de l'armée française. Ce régiment se fait remarquer dans d'importantes batailles sous les règnes de Louis XV et de Louis XVI (Philippsbourg en 1734 ou Fontenoy en 1745). Plus tard, lorsque la France entre en guerre contre la Prusse, les Irlandais se mobilisent pour la soutenir. En Irlande, des comités se mettent en place recevant un grand nombre de dons de particuliers. Certains Irlandais s'enrôlent individuellement: on trouve ainsi des figures du mouvement nationaliste révolutionnaire qui combattent lors du siège de Paris.

La «Jeanne d'Arc» de l'Irlande

Le public français est sensible aux revendications nationalistes. C'est ainsi que la patriote irlandaise, et par ailleurs actrice, Miss Maud Gonne, séjourne de nombreuses fois à Paris dès 1891: elle tente de faire connaître aux Parisiens «les malheurs des habitants de l'Irlande, les souffrances des prisonniers politiques injustement séquestrés» (Le Figaro du 24 mai 1918). La jeune femme prêche la doctrine de l'indépendance. Les journaux de l'époque souligne qu'elle est devenue une authentique amie de la France.

Relisons ce billet de 1896 où résonnent tous ces noms d'origine celte: O' Callaghan, O'Connel ou Mac Swenney qui ne sont pas sans nous rappeler que Mac Mahon devenu président de la République française en 1873 est un des descendants de ces vieilles familles irlandaises. La France et l'Irlande sont assurément fortement liées.

Les Irlandais à Paris

Il est assez difficile d'établir, à propos de la mise en liberté de Tynan*, la statistique exacte des Irlandais habitant parmi nous. Au bureau des étrangers, à la Préfecture de police, ils sont inscrits parmi les Anglais. Je doute qu'ils en soient flattés.

Nous savons bien qu'il y a, dans la capitale, cinq Dahoméens et un Nubien, mais nous ne connaissons que le chiffre approximatif des Irlandais. Ils sont un millier au maximum. Sous l'Empire, ils étaient beaucoup plus nombreux. C'était pour eux l'époque, des temps héroïques, et les temps héroïques sont passés. L'heure n'est plus ou la France pouvait tendre la main à tous les peuples opprimés.

Les Irlandais se sont tournés de préférence vers l'Amérique, tout en gardant leurs vives sympathies pour notre pays où on les aime et on les plaint.

À Paris, l'Irlande officielle est représentée par un séminaire sis non loin du Panthéon et qui fut fondé par Louis XIV.

À Paris, l'Irlande officielle est représentée par un séminaire sis non loin du Panthéon et qui fut fondé par Louis XIV. C'est là que se rendent les évêques irlandais quand ils viennent dans la capitale, et c'est pendant leur séjour que sont faites les ordinations.

Prêtres et évêques sont des amis passionnés de la France, comme le chanoine Curtin, par exemple, qui est attaché à la paroisse de la Madeleine.

Parmi les principales familles irlandaises de Paris, il faut citer les O'Connell, dont le chef est le comte O'Connell, qui habite avenue du Bois de Boulogne; les Standish, les O'Callaghan, les O'Keenan, les Mac Dermot, les Mac Sweeney, etc., etc., C'est l'élite de la colonie de Paris.

Dans les journaux qui s'éditent ici en langue anglaise, comme le New York Herald, les compositeurs sont en majorité irlandais. Ce sont d'excellents ouvriers, qui ne songent pas du tout à jeter des bombes pour obtenir l'indépendance de leur pays. Ils sont cependant nationalistes, et l'un d'eux, Patrick Casey, qui, je crois, est rentré maintenant en Irlande, fut un des plus passionnés home-rulers**. Il était quelque peu frondeur, et ne se trouvait jamais si heureux que lorsqu'il pouvait être désagréable à l'Angleterre. Il y a quelques années, le maharajah Dhuleep Singh, de passage à Paris, désirait se rendre, en Russie pour aller voir le Tsar. Le Maharajah avait besoin d'un passeport. Comme il était alors en révolte contre l'Angleterre, il lui était impossible de l'obtenir de l'ambassade. Patrick Casey sollicita un passeport à l'ambassade pour lui-même et le délivra avec joie au Maharaja.

Les Irlandais de Paris, sans oublier leur pays d'origine, ont adopté nos habitudes et nos mœurs.

Une, fois l'an, le 17 mars, les Irlandais de Paris se réunissent pour fêter la Saint-Patrick. Il y a un banquet populaire avenue de Clichy, suivi de bal, et un autre banquet dans le centre de Paris, auquel assistent les principaux membres de la colonie. Mais peu à peu la fête a perdu de son caractère primitif. Ce n'est plus l'ardeur, l'enthousiasme d'autrefois. Les Irlandais de Paris, sans oublier leur pays d'origine, ont adopté nos habitudes et nos mœurs. Ils partagent nos douleurs et nos joies. En 1870, ils ont combattu dans les rangs de notre armée; le 30 juin 1878, pendant l'Exposition, ils ont pris part à l'allégresse générale; pendant les fêtes russes ils n'ont pas été les derniers à acclamer le Tsar.

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Maud Gonne (1866-1953) jeune et vaillante nationaliste irlandaise, séjourne souvent à Paris.

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Quentin Durward. J'ai oublié le nom de l'auteur.

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