Meubles et souvenirs

Bonjour, j'ai trouvé ce joli témoignage d'une belle valeur et je tenais à vous le faire partager. Il arrive souvent que nous héritions avec les meubles de nos histoires d'enfance. Mon papa avait un don. Lors de ses jours de congé il se transformait en menuisier. Il a fabriquer de ses mains un berceau balancier, une table de salon avec une roue de chariot, deux lits d"une personne et des chaises et un banc. Tous ces meubles c'est mon plus jeune frére qui en est le gardien. Mes deux derniers fréres ont dormit dans le berceau. Maman avait intégré tous ces meubles dans l'aménagement de notre logis. Nos connaissances étaient trés emballés pour ces meubles uniques.

Il arrive parfois que des meubles racontent une histoire, parlent d'une vie, d'une famille, contiennent des secrets, des trésors.

Ma bibliothèque est un trésor, je vais vous raconter pourquoi.

Petite fille, je passe une partie de mes vacances chez mes grands parents, ils ont une grande maison pleine de coins et de recoins, une cave, un grenier, un magnifique jardin rempli de fleurs, avec des lapins dans un clapier, et des poules dans un poulailler.

Et surtout, dans cette maison, il y a , pleins de livres, dans le bureau de mon grand père, ancien prof de latin grec

J'aime m'y glisser, et fouiller, quand l'après midi, mes grands parents font une petite sieste.

Dans cette bibliothèque, il y a toute l'enfance de mon père et de ses frères, une collection des aventures de Tintin, édition rare aujourd'hui parce que certains datent de 1947, un abécédaire religieux magnifiquement illustré et que j'ai toujours gardé, et bien d'autres livres encore.

C'est en fouillant dans cette bibliothèque que je vais faire connaissance avec un grand auteur, je me souviens des heures passées dans le silence de ma petite chambre sous les toits à lire Henri Troyat.

Les semailles et les moissons, peut être certains d'entre vous s'en souviennent, comme moi, je ne sais pas.

Une saga, qui raconte l'histoire d'une famille, avant la guerre de 14 et jusqu'à celle de 39 /45, une famille qui vient d'un petit village de Corrèze , comme la mienne.

Il y a aussi beaucoup de livres d'auteurs chrétiens, et du Nord comme moi, Maxence Van der Meersch et sa trilogie " la fille pauvre " , " Maria fille de Flandres ", des classiques, comme Zola, Maupassant ou Flaubert, les mémoires de guerre de Charles de Gaulle, des romans que l'on appelerait aujourd'hui des romans de gare comme " les Delly.

Il y a aussi , des traductions latines, un vieux dictionnaire Gaffio, et toute la collection des Lagarde et Michard .

C'est dans ce bureau , avec mon grand père, que je réviserais mon bac de latin ( je ne vous dirait pas ma note parce que vous allez vous dire que je me la pète grave ), mais je me souviens de son bonheur quand je lui ait annoncé les résultats.

Aujourd'hui mes grands parents ne sont plus de ce monde mais, comme disait Saint Augustin, que j'ai beaucoup lu, " les morts sont des invisibles, ils ne sont pas des absents".

J'ai chez moi, un buffet, une table, qui étaient leurs premiers meubles, quand ils se sont mariés, en 1937, et surtout, j'ai cette bibliothèque.

Certains de leurs livres s'y trouvent encore, et les miens sont venus au fil des années, garnir les étagères de bois.

C'est un bon vieux meuble solide, qui a résisté au temps, aux nombreux montages, et démontages, de mes déménagements successifs.

Elle n'est pas " tendance " cette bibliothèque, elle a le charme suranné des meubles des années 30, mais elle fleure bon , comme un parfum d'enfance.

Oui parfois les meubles racontent une histoire, c'est la mienne, que je vous livre ce matin.

Merci de ton partage émouvant

Oui les meubles racontent une histoire — des moments, des lectures, des périodes, des scènes, une atmosphère toute particulière... des histoires. C'est fascinant d'entendre la tienne!

J'ai vidé ma maison

S'asseoir en visiteuse sous la tonnelle rouillée,

Regarder sans ciller le jardin dévasté,

Prendre date du jour, signer et parapher,

Pour donner sans pleurer son congé au passé.

J’ai vidé ma maison mais pas mes souvenirs.

J’ai trié, évalué, classé et ordonné.

Donner, jeter, vendre ou garder ?

Disperser ou offrir, renoncer et choisir.

Bouts de ficelle, bibelots, broutilles,

Archives encombrantes, musée abandonné,

Amas brinquebalant de choses disparates,

J’ai pillé sans trembler l’âme de mes objets.

S’asseoir sous la tonnelle et écouter le vent,

Convoquer les années, en faire le bilan,

Enfouir sous la terre ce qui ne sera plus

Joies et peines envolées et à jamais perdues.

Doigts noirés de poussière et cœur orpheliné,

J’ai vidé ma maison au mitan de l’été.

Pendant que le soleil indifférent régnait,

J’ai tourné enfoncé le couteau dans la plaie.

J’ai vidé ma maison, vacances sans retour,

Refusé l’héritage, brisé la transmission,

Débalisé la piste, calciné les racines,

Et sous la peau d’hier fait naître un nouveau jour.

Sophie Terrade

c est un vide maison?il manque la liste des prix!

" Quand j'étais enfant, je croyais que tout ce qui se perdait se retrouvait sur la lune. Et puis les hommes ont marché sur la lune, et on m'a dit qu'il n'y avait pas d'objets trouvés sur la lune en provenance de la Terre. Ça voulait dire que sur la lune ne se trouvaient pas les rêves brisés, les promesses trahies, les illusions perdues... Alors, je pose la question, s'ils ne sont pas sur la lune, où sont-ils ?"

Eduardo Galeano

"Et ne restreignez pas la poésie au seul langage. La poésie est présente dans la musique, dans la photographie, voire dans l'art culinaire ; partout où il s'agit de percer l'opacité des choses pour en faire jaillir l'essence à nos yeux. Partout où ce qui est en jeu c'est la révélation du monde. La poésie est présente dans les objets ou les actions les plus quotidiens mais elle ne doit jamais, jamais, être ordinaire. Écrivez un poème sur la couleur du ciel, sur le sourire d'une fille si ça vous chante, mais qu'on sente dans vos vers le jour de la Création, du Jugement dernier et de l'éternité. Tout m'est bon pour peu qu'il lève un coin de voile sur le ciel et nous procure un frisson d'immortalité."

Le Cercle Des Poètes Disparus