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Marignan 1515 : quelle est l'importance de cette bataille ?


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Marignan 1515 : quelle est l'importance de cette bataille ?

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À la fin du XVe siècle, la France est le royaume le plus puissant d'Europe. L'Angleterre émerge de la guerre des Deux Roses, le Saint Empire germanique est une entité politique très morcelée, l'Espagne est divisée en plusieurs royaumes et l'Italie constitue un ensemble de petits États dont la seule unité est linguistique et culturelle. Dans un tel contexte, aucun État ne peut rivaliser seul avec la France, ce qui incite le roi Charles VIII, en 1494, à partir conquérir le royaume de Naples, occupé par le roi Ferdinand d'Aragon.

L'origine des revendications françaises sur Naples remonte au XIIIe siècle, lorsque le frère de Saint Louis, Charles d'Anjou, s'empare du royaume napolitain ; il en est cependant chassé par une révolte en 1282. La maison d'Anjou estime, depuis cette date, avoir des droits sur le royaume de Naples et elle est incorporée au domaine royal de Louis XI en 1481, après la mort de René d'Anjou. Louis XI ne s'intéresse pas à l'Italie et c'est Charles VIII qui va reprendre pour la couronne de France, la question des prétentions angevines sur Naples.

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Portrait du roi de France Charles VIII, école française XVIe siècle.

Charles VIII entre dans Naples avec son armée en mai 1495 mais l'expédition est un véritable échec puisqu'il se retrouve face à une alliance entre le pape, la puissante ville de Venise, l'empereur germanique Maximilien de Habsbourg et Ferdinand d’Aragon. Son successeur, Louis XII, souhaite s'impliquer politiquement et militairement dans le nord de l'Italie car il estime avoir des droits sur le duché de Milan, par la succession de sa mère. En 1498, Louis XII se proclame duc de Milan et son armée part à la conquête du Milanais en 1500, puis du royaume de Naples l'année suivante (à nouveau perdu en 1503).

Louis XII se fait piéger par les subtilités de la diplomatie italienne et le pape Jules II l'entraîne d'abord dans une guerre contre la république de Venise. Puis, en 1511, Jules II crée la Sainte Ligue, alliance entre la papauté, les cantons suisses, Venise, Ferdinand d'Aragon, puis le roi d'Angleterre Henry VIII et l'empereur germanique Maximilien (en 1512), pour chasser les Français d'Italie. Après la difficile victoire de Ravenne en avril 1512, l'armée de Louis XII est battue à Novare en juin 1513 et doit évacuer le duché de Milan. 

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Le roi de France Louis XII en armure, campagne d'Italie entre janvier et mai 1507 ; enluminure extraite du Voyage de Gênes par Jean Marot. 

Le rêve italien

François Ier succède à Louis XII en janvier 1515 et manifeste rapidement son intention de récupérer le duché de Milan. La première étape est celle de la diplomatie : en reconnaissant et en réglant les dettes de la France au roi d'Angleterre, François Ier neutralise Henry VIII. Les choses sont nettement plus délicates avec l'empereur germanique Maximilien qui souhaite récupérer le duché de Bourgogne pour son petit-fils Charles (futur Charles Quint) alors que le territoire est intégré au domaine royal français depuis 1482. En mars 1515, est signée une promesse de mariage entre Charles et Renée de France, fille de Louis XII : le mariage ne se fait pas et il y a dédommagement territorial par la livraison de plusieurs villes du nord de la France à la maison des Habsbourg.

Les préparatifs militaires débutent au mois de mai 1515 ; François Ier réussit à sceller une nouvelle alliance avec la république de Venise et traverse les Alpes à la tête de l'armée royale début août. Cependant, des négociations avec les Suisses, le pape et le royaume de Naples se poursuivent et un projet de traité est même élaboré début septembre. Devant l'échec des négociations et la division des troupes suisses, François Ier dirige l'armée vers Milan.

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Armure équestre de François Ier, réalisée par un armurier autrichien vers 1540 (le roi ne l'a donc pas portée à Marignan). Exemplaire exceptionnel conservé au musée de l'Armée, Hôtel des Invalides, Paris.

François Ier a mobilisé une armée de 60.000 hommes, composée également de mercenaires allemands et d'alliés vénitiens. En face, les Suisses et les Milanais sont soutenus par la papauté. Le camp français est établi à Marignan, à une dizaine de kilomètres au sud-est de Milan. Marignan est l'une des premières batailles où l'artillerie militaire est utilisée de manière décisive. La combinaison des trois armes - cavalerie, infanterie et artillerie - est un vrai succès face aux troupes adverses essentiellement composées d'unités de fantassins. Malgré les difficultés d'utilisation (lenteur, lourdeur, positionnement), les canons sont dévastateurs : la bataille fait près de 16.000 morts.

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Bataille de Marignan par le Maître de la Ratière, XVIe siècle. Les soldats suisses sont à droite, blasons des treize cantons en arrière-plan ; en avant-plan au centre, on devine le roi de France (parure fleurs de lys sur fond bleu) sur son cheval au milieu de la bataille. Musée Condé, château de Chantilly. 

Les conséquences de Marignan

La victoire de Marignan, le 14 septembre 1515, demeure dans les mémoires du fait de ses conséquences territoriales, politiques et culturelles. C'est un grand succès diplomatique pour le roi et pour la France. François Ier prend rapidement le contrôle de la Lombardie qu'il conserve jusqu'à la défaite de Pavie en 1525. En août 1516, François et Charles signent le traité de Noyon qui confirme pour François Ier, la possession du Milanais. Le 13 octobre, il signe le traité de Viterbe avec le pape : Léon X reconnaît l'autorité du roi de France sur le duché de Milan et lui offre Parme et Plaisance, en échange de son soutien contre Venise.

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La bataille de Marignan par Alexandre Evariste Fragonard en 1836. Château de Versailles, Galerie des Batailles. 

François Ier signe la « Paix perpétuelle » de Fribourg, le 29 novembre 1516, avec l'ensemble des cantons suisses (ils sont treize) ; ce traité reste en vigueur jusqu'à l'invasion de la Confédération helvétique par l'armée révolutionnaire française en 1792. Il oblige les Suisses à ne jamais s'engager militairement dans une alliance hostile à la France. Le roi octroie 700.000 écus d'or de dédommagements aux cantons helvétiques.

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Traité de Paix perpétuelle de Fribourg, signé en 1516 entre les treize cantons suisses et le roi de France. Exemplaire en latin conservé aux Archives nationales de France.

Suite de l'article.

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Membre, Forumeur confit, Posté(e)
Enchantant Membre 18 023 messages
Forumeur confit,
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il y a une heure, goods a dit :

Marignan 1515 :

Déjà la date est facile à retenir, c'est de bon augure pour s'en souvenir ?:D

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Membre, 75ans Posté(e)
boeingue Membre 23 346 messages
Maitre des forums‚ 75ans‚
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j'en mange aussi ,des dattes  !!

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Membre, Forumeur confit, Posté(e)
Enchantant Membre 18 023 messages
Forumeur confit,
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il y a 13 minutes, goods a dit :

1539?

24 ans après Marignan. :sleep:

Signature de l'ordonnance de Villers Cotterêts, première étape de l'usage de la langue française.

La naissance de l'état civil

Les articles 50 à 55 établissent les registres d'état civil pour recenser les naissances et décès. Aussi les baptêmes doivent être inscrits sur des registres paroissiaux (avec «le temps et l'heure de la nativité») ainsi que les sépultures. Cette ordonnance est à l'origine de ce qui deviendra l'état civil… et une mine pour les historiens.

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Membre+, Posté(e)
goods Membre+ 35 581 messages
Posté(e)

Et 24 ans après que s'est-il passé en royaume de France ?:sleep:

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  • 2 semaines après...
Membre, 47ans Posté(e)
Maxence22 Membre 8 799 messages
Forumeur accro‚ 47ans‚
Posté(e)

Les conséquences de cette victoire sont aussi militaire, notamment sur le matériel. C'est la première bataille où les canons (des bombardes ils me semblent) font leur apparition sur le champs de bataille. D'un autre côté, il s'agit surtout de la victoire de Louis de La Trémoille plutôt que du roi. François Ier cherchait surtout à participé au combat (il adorait la castagne). À noter aussi que le chevalier Bayard participa à la bataille.

Cependant, comme Azincourt pour les Anglais, cette bataille eu un énorme bénéfice à court terme mais n'influença pas le résultat finale des guerres d'italie.

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Membre+, Posté(e)
goods Membre+ 35 581 messages
Posté(e)
il y a 14 minutes, Maxence22 a dit :

Les conséquences de cette victoire sont aussi militaire, notamment sur le matériel. C'est la première bataille où les canons (des bombardes ils me semblent) font leur apparition sur le champs de bataille. D'un autre côté, il s'agit surtout de la victoire de Louis de La Trémoille plutôt que du roi. François Ier cherchait surtout à participé au combat (il adorait la castagne). À noter aussi que le chevalier Bayard participa à la bataille.

Cependant, comme Azincourt pour les Anglais, cette bataille eu un énorme bénéfice à court terme mais n'influença pas le résultat finale des guerres d'italie.

François 1er a t'il été blessé lors de cette bataille ?

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Membre, 47ans Posté(e)
Maxence22 Membre 8 799 messages
Forumeur accro‚ 47ans‚
Posté(e)

Je ne suis pas sûr, mais il ne me semble pas qu'il ait été blessé à cette bataille.

Ou alors ce ne sont pas des blessures importantes.

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Membre+, Posté(e)
goods Membre+ 35 581 messages
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Peut-être pas dans celle-ci mais dans un autre contexte il a bien failli perdre la vie .

6 janvier 1521 : François Ier est blessé à la tête par un tison enflammé.

Un accident faillit débarrasser Charles Quint de son rival, le 6 janvier 1521. Dans son Histoire de France depuis les temps les plus reculés jusqu’en 1789, Henri Martin rapporte que comme la cour était allée fêter les Rois à Romorantin, en Berry, le roi, « sachant que M. de Saint-Pol [frère du duc de Vendôme Charles de Bourbon, qui était le chef de la branche cadette des Bourbons et qui fut le grand-père de Henri IV. Le comté de Vendôme avait été récemment érigé en duché-pairie, et le comté de Saint-Pol était passé par mariage de la maison de Luxembourg dans la maison de Bourbon] avait fait un roi de la fève en son logis », envoya défier « le roi de M. de Saint-Pol ».

Le roi de France alla assiéger le roi de la fève : les assiégés se défendirent avec des pelotes de neige, armes convenables à la saison ; enfin, les munitions manquant et les assaillants forçant la porte, « quelque mal avisé » jeta par la fenêtre un tison, qui tomba sur la tête du roi. François fut grièvement blessé, et, pendant quelques jours, les chirurgiens « ne purent assurer de sa santé ».

Source.

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