faut-il préférer une vérité qui dérange ou une illusion qui réconforte?

@hbou

Merci pour ces précisions.

Je crois que je comprends de mieux en mieux ce que vous tentez de me dire.

La vérité est un concept. C'est une constatation, une mathématique pure. Elle n'est pas pour autant une ligne de conduite.

Il y a 8 heures, Ambre Agorn a dit :

@hbou

Merci pour ces précisions.

Je crois que je comprends de mieux en mieux ce que vous tentez de me dire.

La vérité est un concept. C'est une constatation, une mathématique pure. Elle n'est pas pour autant une ligne de conduite.

Je parlerais plutôt de logique que de mathématique. Ce n'est effectivement pas une ligne de conduite. Il pourrait alors sembler que la connaître ne sert pas à grand chose. Le problème de l'être humain est qu'il n'a pas besoin de la connaître (de la penser) pour agir selon la vérité et qu'il vit en communauté. Cela fait des milliers d'années que nous cherchons la vérité dans les faits, pour imposer une ligne de conduite aux autres. Tous les conflits humains proviennent du fait que nous imposons n'importe quoi par la loi, par la morale... Il y a des voleurs parce que la loi impose "sa vérité" du vol qui n'est pas la vérité du vol. Aussi, elle permet à certains de voler en interdisant à d'autres de le faire.

Imaginons que vous soyez en conflit avec quelqu'un. La vérité n'est pas dans les faits. Cela ne sert à rien de chercher si c'est parce que l'un a fait ceci ou dit cela, car chacun peut agir comme bon lui semble. Il faut chercher la vérité dans ce qui se déduit des agissements (j'appelle quelqu'un au téléphone), mais cela suppose que nous la connaissions (que le téléphone cause la voix à distance). Or, il n'y a pas de raison de conflit, car la vérité ne s'impose pas, seul le "non-sens" s'impose. Et il n'y a pas d'autre façon que la force pour imposer le "non-sens". Même en utilisant la ruse ou le mensonge ou la propagande, nous ne pouvons l'imposer que par la force, car cela reste une agression. Celui à qui nous imposons une ligne de conduite devra se soumettre ou se révolter. Nous n'acceptons pas qu'il puisse le faire ou pas, car nous supposons qu'il pourrait y avoir une vérité dans les faits.

Si vous comprenez cela, il devient plus simple d'appréhender l'origine de la vérité. Un homme politique, pas plus que quelqu'un d'autre, ne peut dire la vérité, car ce qu'il cherche c'est à nous faire adopter une ligne de conduite. Or, comme ce n'est pas la vérité, il ne peut pas savoir où cela mène. Les gens adhéraient à l'un ou à l'autre, parce que les hommes politiques arrivaient à les convaincre par la rhétorique, puis les gens constataient quelques mois plus tard que ce n'était pas la vérité. L'homme politique était alors parfois assassiné, parfois destitué. Mais, nous pourrions aussi le constater des milliers d'années plus tard, sauf que plus personne ne sait à quoi nous avons été incités, plus personne ne sait pourquoi il y a des voleurs, des disparités sociales, des luttes sociales, des guerres, des conflits individuels (car nous cherchons leur vérité dans les faits)... Aussi, les premiers philosophes cherchaient si ce que disaient les hommes politiques étaient la vérité. Aristote a inventé la logique qui permet de le savoir, mais n'a pas compris l'implication, car personne ne dit la vérité, ce que fait remarquer Wittgenstein, sans pour autant rien en déduire, car lui croyait que la vérité était dans les faits, qu'elle était divine. Aussi, depuis des milliers d'années, nous cherchons la vérité dans les faits, tout en sachant que nous ne pouvons pas la trouver, que c'est une illusion (car elle n'est pas les faits). Nous croyons alors que la seule façon de vivre est de se battre contre ou de se soumettre à "la vérité" des autres ou de faire semblant (en leur mentant) de le faire, ce qui conduira également à des conflits, alors que la vérité est ce qui ne s'impose pas. S'il faut envoyer la police pour imposer une vérité ou s'il y a des conflits, c'est justement parce que ce n'est pas la vérité.

Personne ne peut savoir ce que vous devez faire, seulement ce que vous pouvez faire.