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Il y a 80 ans... le drame de mai 1940 (5) :


Gouderien

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Gouderien Membre 34 682 messages
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Le 22 mai, Weygand s’embarque sur un torpilleur, qui le ramène à Cherbourg. De là, il prend le train pour Paris, où il arrive à 9h30. Il retrouve Paul Reynaud à Vincennes, où Churchill ne tarde pas à les rejoindre. Weygand lui demande d'engager à fond la RAF dans le ciel français. Churchill s'y refuse, mais il garantit malgré tout un soutien aérien accru.

Le général Blanchard prend la tête du 1er groupe d'armées à la place de Billotte. Mais il ignore les décisions prises à l'issue de la conférence d'Ypres. Le temps qu'il les apprenne, et les Allemands se seront renforcés. En effet, depuis le 20, des unités d'infanterie et d'artillerie portée sont venues appuyer les Panzerdivisionen, qui approchent maintenant de Boulogne et de Saint-Omer.

A Londres est votée la "United Kingdom Emergency Power Act" (loi sur les pouvoirs au Royaume-Uni en cas de crise grave).

Le 23 mai, le général Billotte meurt à l’hôpital d’Ypres. C’est aussi le jour où l’écrivain et essayiste Paul Nizan est tué au front, près de Dunkerque.

Des combats très durs se déroulent aux portes de Boulogne. Pour la première fois depuis le début de la campagne, la Wehrmacht se heurte à une résistance farouche. Dans la soirée, les Allemands commencent l'attaque de Calais en bombardant la ville. Quant aux tentatives de percée franco-anglaises, si elles n'ont rencontré qu'un succès partiel, non décisif, elles n'en ont pas moins inquiété les Allemands.

Le 24 mai, Les Allemands annoncent la prise de Gand et de Tournai, en Belgique orientale, et de Saint-Omer. Boulogne résiste toujours, ainsi que Calais. Au matin, les Panzers attaquent Gravelines. Deux divisions blindées et le régiment SS "Leibstandarte Adolf Hitler" ne sont plus qu'à une vingtaine de kilomètres de Dunkerque. C'est alors que se produit un miracle pour les Alliés : Hitler arrête l'avance de ses chars. Il envoie aux Panzerdivisionen l'ordre de ne pas traverser l'Aa, ajoutant : "La Luftwaffe se chargera de Dunkerque"...

Cette décision, qui privera les Allemands d'une victoire totale et se révèlera avec le temps comme la première des erreurs fatales qui ont conduit le IIIe Reich à la catastrophe, est encore mal expliquée aujourd'hui. Les généraux allemands ont voulu en faire endosser l'entière responsabilité à Hitler ; en fait, eux aussi, en particulier von Rundstedt, jouèrent leur rôle en cette affaire. Les contre-attaques alliées des jours précédents, surtout celle d'Arras, les avaient fâcheusement impressionnés, et ils étaient maintenant favorables à un certain ralentissement du rythme de la progression. Mais le Führer, qui se souvenait de sa campagne dans les Flandres pendant la guerre de 14-18, était persuadé que cette région était impropre aux manœuvres des chars, et il alla plus loin que ne le souhaitaient ses généraux, en stoppant purement et simplement les Panzers. D'autres raisons ont également été invoquées pour expliquer cette décision. Peut-être faut-il y voir un désir d'Hitler de ménager l'orgueil des Anglais, en leur permettant de rembarquer leur armée, ceci afin de faciliter des négociations de paix ultérieures. Peut-être est-ce plutôt le résultat d'une intervention de Göring, qui, jaloux des victoires que venait de remporter l'armée de terre, aurait voulu avoir sa part de lauriers. Le plus probable est que tous ces éléments se sont combinés pour pousser Hitler à prendre cette décision qui, en tous cas, a largement contribué à sauver le Corps expéditionnaire britannique...

Au cours de la nuit du 24 au 25 mai, le front belge cède entre Menin et Desselghen. Cela oblige lord Gort à rappeler les deux divisions anglaises qui avaient soutenu les tentatives de percée françaises au sud, dans la région d'Arras, afin de colmater la brèche créée dans le dispositif allié. Dès lors tout espoir de rompre l'encerclement allemand doit être abandonné. Ne reste qu'une seule issue : la mer...

La situation de l'armée belge est critique. Les troupes de Léopold III se battent dos à la mer. Seule une portion de plus en plus réduite du territoire belge demeure libre. Les réfugiés civils s'entassent dans cette étroite bande de terre, soumise aux bombardements de la Luftwaffe et de l'artillerie allemande. Les opérations ont déjà fait 7.000 morts et 20.000 blessés.

Dans la matinée, le roi et ses quatre ministres demeurés en Belgique, Pierlot, Spaak, le général Denis et Vanderpoorten, se réunissent au château de Wynendaele. La rencontre est orageuse. Le roi, chef des armées, qui est persuadé que la victoire allemande est acquise, craint que l'honneur de l'armée n'ait déjà que trop souffert de ces deux semaines de retraite. Ses quatre ministres, en revanche, font confiance aux troupes franco-britanniques pour rétablir la situation. Le comte Hubert Pierlot, Premier ministre, tente de dissuader Léopold III de capituler, et lui propose l'exil. "Malgré tous les conseils opposés, je préfère suivre le sort de mon armée et demeurer avec mon peuple", répond le roi. La rupture est consommée, sur le front militaire comme sur le front politique.

 Dans la journée, Boulogne capitule. Les Allemands accordent les honneurs de la guerre aux Français vaincus : leur résistance a immobilisé la 2e Panzerdivision pendant deux jours. De son côté, Calais résiste toujours aux assauts de la 10e Panzerdivision.

En raison de son action énergique pendant la bataille de Montcornet, le colonel de Gaulle est nommé général de brigade à titre temporaire.

A cause des désastreux événements qui se déroulent en France et en Belgique, il est décidé de retirer le corps expéditionnaire franco-britannique de Norvège. Cependant, afin que le rembarquement se passe dans les meilleures conditions possibles, une attaque contre Narvik est maintenue pour le 28 mai.

Weygand présente à Paul Reynaud un mémorandum défaitiste, laissant entendre qu'il faudra informer les Anglais du fait que l'armée française devra vraisemblablement abandonner le combat. Pétain félicite le généralissime.

En France comme en Angleterre, l'approche de l'ennemi se traduit, ainsi que cela s'était produit en 1914, par un nouvel élan de ferveur religieuse. Dans l'espoir que le ciel renouvelle le miracle de la Marne, les Français multiplient les processions. Les effigies des saintes protectrices de la France, sainte Odile, sainte Thérèse, mais surtout sainte Geneviève et sainte Jeanne d'Arc, sont promenées par les rues, enfants de Marie, bannières et musique en tête.

Cependant des millions d’habitants de Belgique et du nord de la France déferlent sur les routes et fuient vers le sud.

Au cours de la matinée du 26 mai, le général Blanchard - qui, rappelons-le, remplace Billotte à la tête du 1er groupe d'armées - a un entretien avec lord Gort. Tous deux se mettent d'accord sur la nécessité de battre en retraite vers l'ouest. Mais ils ne précisent pas ce qu'ils feront après, ce qui va créer un fâcheux malentendu : car si, pour Blanchard, ce repli doit être le dernier (après quoi on résistera "sans esprit de recul", suivant l'expression consacrée), pour Gort, il ne s'agit que de préparer le rembarquement, qu'il juge maintenant inévitable...

Vers 13h30, von Brauchitsch arrache à Hitler l'annulation de l'arrêt des forces allemandes sur l'Aa, près de Dunkerque. L'offensive reprendra le lendemain. Mais beaucoup de temps a été perdu, qui ne sera jamais rattrapé...

A 16 heures, Calais tombe.

Le commandement britannique prend l'ultime décision : le 26 mai à 18 h 57, l'Amirauté transmet l'ordre de commencer le rembarquement. L'opération "Dynamo" va débuter.

C'est depuis une cave du château royal de Douvres que le vice-amiral Bertram Ramsay a donné le signal de l'évacuation des troupes britanniques encerclées à Dunkerque. L'opération porte le nom de "Dynamo", car ce qui sert de PC à Ramsay fut pendant la Grande Guerre une salle où fonctionnait un groupe électrogène.

Depuis le 20 mai, Ramsay a fait rassembler une flotte immense et disparate : des cargos, des yachts privés et même les navires de la brigade des sapeurs-pompiers de Londres ont été réquisitionnés, ainsi que 40 caboteurs néerlandais. Avant même le début officiel du rembarquement, la Royal Navy avait déjà rapatrié 27.000 hommes. Au 26 mai, il y a 400.000 soldats alliés dans la "poche de Dunkerque". Les responsables de l'opération, le vice-amiral Ramsay et le capitaine de vaisseau Tennant, espèrent parvenir à évacuer 45.000 hommes en deux jours.

Alors que quinze généraux français ont été limogés, le général Weygand commence à organiser la défense de la ligne Somme-Aisne. Il écrit dans un "Ordre Général" :

"La bataille dont dépend le sort du pays sera livrée sans esprit de recul sur la position que nous occupons actuellement. Tous les chefs, jusqu'aux chefs de section, doivent être animés du désir farouche de se battre jusqu'à la mort."

Le vice-amiral Bertram Ramsay.

Ramsay.png

        Images de l'exode.

exode.png

exode2.jpg

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Gouderien Membre 34 682 messages
72ans‚ Obsédé textuel,
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Un petite précision. J'écris que le coup d'arrêt l'Aa fut la première des erreurs fatales de Hitler. On pourrait m'objecter que la première de ces erreurs fut de se lancer dans cette guerre. Certes. Mais une fois celle-ci déclarée, autant se donner les moyens de la gagner - et les Allemands, après tout, ne sont pas passés si loin de la victoire. Les erreurs qui les ont amenés à la catastrophe de 1945 peuvent être résumées ainsi :

1) Le coup d'arrêt de Dunkerque;

2) L'entreprise folle qui aboutit à la bataille d'Angleterre; tenter un débarquement en Angleterre aurait été moins insensé;

3) Ne jamais avoir tenté de prendre Gibraltar, un site stratégique de première importance;

4) Avoir attaqué l'URSS; pire, avoir attaqué l'URSS sans prévoir des équipements d'hiver;

5) Ne pas s'être emparé de Leningrad;

6) Avoir changé de plan au milieu de l'opération "Barbarossa";

7) Avoir renoncé à la prise de Malte (opération "Hercule");

8) Ne pas avoir donné les moyens à Rommel d'atteindre Alexandrie et Suez;

9) Avoir changé de plan au milieu de l'offensive à l'Est de 1942, et s'être entêté à vouloir prendre Stalingrad ET le Caucase;

10) Avoir confié la conquête de Stalingrad à un général incompétent, Paulus;

11) Avoir obligé ce même Paulus à résister à Stalingrad au lieu de tenter une percée;

12) Être intervenu massivement en Tunisie, alors qu'il n'y avait plus guère de chances de vaincre en Afrique;

13) Avoir attaqué le saillant de Koursk, au lieu de privilégier une tactique de défense souple;

14) D'une manière générale, avoir forcé l'armée allemande à appliquer une tactique de résistance rigide à l'Est;

15) Avoir attaqué en décembre 1944 dans les Ardennes, au lieu de concentrer le maximum de forces à l'Est;

16) Et bien entendu avoir traité les populations de l'URSS occupée comme des chiens, et ne pas avoir cherché à se les concilier. C'est d'ailleurs valable pour tous les pays occupés, mais les populations de l'URSS en avaient vraiment marre du stalinisme, et auraient été prêtes à se rallier à un pouvoir allemand, pour peu qu'on les traite humainement. Mais cela ne cadrait pas avec les plans nazis...

Cette liste vaut ce qu'elle vaut, sachant qu'on pourrait établir ce genre de liste pour chaque pays. Après tout une guerre n'est qu'une succession d'erreurs de la part de chaque participant, et au final c'est celui qui commet le moins d'erreurs qui gagne - à moins de bénéficier d'un rempart naturel comme la Manche pour l'Angleterre en 1940, ou de disposer des immenses ressources de l'empire soviétique en 1941-42.

Enfin, passé juillet 1943 (mois où se produisent le débarquement allié en Sicile, la chute de Mussolini, l'échec de l'offensive de Koursk et le bombardement de terreur sur Hambourg), n'importe quel gouvernement allemand digne de ce nom aurait dû chercher à négocier la paix.

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Condorcet Membre 10 257 messages
Baby Forumeur‚ 66ans‚
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Il y a 22 heures, Gouderien a dit :

Un petite précision. J'écris que le coup d'arrêt l'Aa fut la première des erreurs fatales de Hitler. On pourrait m'objecter que la première de ces erreurs fut de se lancer dans cette guerre. Certes. Mais une fois celle-ci déclarée, autant se donner les moyens de la gagner - et les Allemands, après tout, ne sont pas passés si loin de la victoire. Les erreurs qui les ont amenés à la catastrophe de 1945 peuvent être résumées ainsi :

...

Cette liste vaut ce qu'elle vaut, sachant qu'on pourrait établir ce genre de liste pour chaque pays. Après tout une guerre n'est qu'une succession d'erreurs de la part de chaque participant, et au final c'est celui qui commet le moins d'erreurs qui gagne - à moins de bénéficier d'un rempart naturel comme la Manche pour l'Angleterre en 1940, ou de disposer des immenses ressources de l'empire soviétique en 1941-42.

Enfin, passé juillet 1943 (mois où se produisent le débarquement allié en Sicile, la chute de Mussolini, l'échec de l'offensive de Koursk et le bombardement de terreur sur Hambourg), n'importe quel gouvernement allemand digne de ce nom aurait dû chercher à négocier la paix.

Hihi, j'adore cette liste à la Prévert. Je vais me permettre de commenter.

1) Le coup d'arrêt de Dunkerque;

Oui, grosse polémique entre spécialistes. Je penche pour les raisons politiques (ménager les anglais pour une paix rapide). Bien que des raisons militaires existent (les 1,2 et 10 pzd ont perdu la moitié de leurs chars et la pause de deux jours a permis une certaine réorganisation). Quand on lit les mémoires de Churchill et bien qu'il faille se méfier et donc recouper quoi que ce soit qu'il affirme, il aurait pu sauter en cas de désastre total et d'invasion devenue possible de l'île. Mais Hitler ne le savait pas (la détermination de Churchill et sa situation politique vacillante au Royaume Uni). A noter que Göring aurait affirmé pouvoir en finir avec la poche (400 000 hommes tout de même) rien qu'avec l'aviation, Hitler l'a peut être cru. Par ailleurs, l'affrontement aérien (les allemands bombardent les bateaux et les chasseurs anglais les attaquent) préfigure la bataille d'Angleterre, à savoir que les allemands auront plus de pertes). 

2) L'entreprise folle qui aboutit à la bataille d'Angleterre; tenter un débarquement en Angleterre aurait été moins insensé;

Je crois que la bataille d'Angleterre était préalable au débarquement. Pas d'opération sans maîtrise de l'air. Des auteurs prétendent que la bataille d'Angleterre a changé la face du monde (l'erreur de bombarder Londres au lieu des terrains d'aviation par exemple). Je ne suis pas d'accord. Même avec une maîtrise de l'air allemande, les anglais auraient sacrifié destroyers et croiseurs qui avant de se faire couler se serait retrouvés littéralement au milieux des barges allemandes. Un carnage. Preuve en est que malgré la supériorité écrasante de la Luftwaffe, pas un navire d'invasion n'a atteint la Crête, tous par le fond.

3) Ne jamais avoir tenté de prendre Gibraltar, un site stratégique de première importance;

C'est grâce à franco qui sachant que la visite du Furhrer (peu avant la rencontre de Montoire avec Pétain) consistait à lui demander un renvoi d'ascenseur l'a submergé d'un flot de paroles élogieuses sans discontinuer afin qu'Adolphe ne puisse pas en placer une. Pour une fois c'est lui qui s'est fait rouler dans la farine. Il aurait déclaré "il parle tout le temps, je préfère me faire arracher 3 dents plutôt que de le revoir un jour..."

4) Avoir attaqué l'URSS; pire, avoir attaqué l'URSS sans prévoir des équipements d'hiver;

Victoire rapide, sinon c'est perdu. L'Allemagne n'a rien pour s'engager dans une guerre longue.

5) Ne pas s'être emparé de Leningrad;

Peut être. Je ne suis pas sûr des effets militaires. Le groupe d'armées nord était le parent pauvre. C'est la stratégie du ghetto dans cette guerre d'extermination. La grosse connerie a été d'envoyer von Manshtein l'été 42 plutôt qu'à Stalingrad (du moins dans les opérations sud).

6) Avoir changé de plan au milieu de l'opération "Barbarossa";

Peut être. Pour prendre Moscou ? Cependant c'est cette opération (bifurcation vers le sud) qui a provoqué le plus grand encerclement militaire de tous les temps. Les allemands ont peu de perte en rapport. Néanmoins ils y ont perdu le bien le plus précieux : le temps.

7) Avoir renoncé à la prise de Malte (opération "Hercule");

Tout à fait d'accord. Rommel en paiera le prix. Hitler était traumatisé par les pertes des parachutistes lors de la prise de Mâlte.

8) Ne pas avoir donné les moyens à Rommel d'atteindre Alexandrie et Suez;

Les emmerdements militaires s'enchaînent comme des dominos pour les forces de l'axe. Mussolini attaque la Grèce en douce si on peut dire. La Wehrmacht doit intervenir dans les Balkans. Les anglais interviennent. Les allemands sont obligés de mettre le paquet jusqu'en Crête. Barbarossa prend un mois de retard. Malte ne sera jamais prise. Rommel mal ravitaillé.

9) Avoir changé de plan au milieu de l'offensive à l'Est de 1942, et s'être entêté à vouloir prendre Stalingrad ET le Caucase;

Tout à fait. Croyant Stalingrad presque tombée Hitler divise à nouveau ses forces, alors qu'au sud du Don il y a d'importantes tête de pont russe et qu'à l'ouest de la Volga (au sud de Stalingrad), il y a carrément deux armées russes, dans des zones marécageuses. C'est une sorte de pat face aux blindés de la IVème armée de Hoth qui bloque ces armées.

10) Avoir confié la conquête de Stalingrad à un général incompétent, Paulus;

Hum, même pas sûr qu'un commandant plus compétent aurait agit différemment. Ceci dit Paulus était effectivement un général d'état-major, sans expérience du front. 

11) Avoir obligé ce même Paulus à résister à Stalingrad au lieu de tenter une percée;

Tout à fait. Hitler n'avait qu'un mot à la bouche, tenir et ne pas reculer. Parfois ça marche, le plus souvent non (alors que le replis est justifié). Paulus aurait put tenter une percée désespéré à la rencontre de Von Manstein venu le secourir. Toutefois n'ayant qu'une voie de chemin de fer pour ravitailler la VIème armée, les logisticiens ont décidé d'amener les chevaux au foin plutôt que le foin au chevaux. Les chevaux qui restaient ont été mangés. Bref l'artillerie hippomobile aurait du être abandonnée lors d'une ruée à l'ouest ce qui fendait le coeur à nombre de généraux. C'est un point de détail parmi tant d'autres.

12) Être intervenu massivement en Tunisie, alors qu'il n'y avait plus guère de chances de vaincre en Afrique;

Tout à fait. C'est incompréhensible de mettre à ce point le paquet alors que ça n'a pas été fait avant pour Rommel. Il convient de rappeler qu'il y a eut plus du double de prisonniers en Tunisie qu'à Stalingrad, deux mois plus tôt. Ce salopard de Staline continuer à pleurnicher au sujet d'un second front cependant.

13) Avoir attaqué le saillant de Koursk, au lieu de privilégier une tactique de défense souple;

C'est encore Adolphe qui fout la merde alors que von Manstein préconisait d'attaquer beaucoup plus tôt lors d'opérations réduites. Hitler mets précisément en place le contraire de ce qui a fait les succès de la Wehrmacht. Il attaque là où on l'attend sur des positions fortifiées et où le défenseur est supérieur en force à l'attaquant. 

14) D'une manière générale, avoir forcé l'armée allemande à appliquer une tactique de résistance rigide à l'Est;

Oui.

15) Avoir attaqué en décembre 1944 dans les Ardennes, au lieu de concentrer le maximum de forces à l'Est;

C'est sûr que si les blindés perdus avaient été disposés en positions défensives statiques c'est été une autre paire de manche pour les détruire un à un. Concernant la bascule vers l'est, ce n'est pas la première fois. C'est le rêve d'Hitler de mettre une raclée aux américains. Ça a commencé par la Tunisie. Plus tard l'ampleur des forces blindées en Normandie. Et le clou fût la bataille des Ardennes.

16) Et bien entendu avoir traité les populations de l'URSS occupée comme des chiens, et ne pas avoir cherché à se les concilier. C'est d'ailleurs valable pour tous les pays occupés, mais les populations de l'URSS en avaient vraiment marre du stalinisme, et auraient été prêtes à se rallier à un pouvoir allemand, pour peu qu'on les traite humainement. Mais cela ne cadrait pas avec les plans nazis...

Oui, si plus d'un million d'ukrainiens ont contribué à l'effort de guerre allemand (certain forcé dans le cadre de différents statuts), c'eut pu être des millions si les allemands s'étaient révélés plus corrects. Cela provenait du racisme généralisé allemand qui traitaient de façon inepte même leurs alliés. Lors d'une des retraites de Rommel, les allemands volent les camions des italiens pour s'enfuir et laissent ces dernier à l'ennemi. A Stalingrad, les allemands n'ont pas daigné donner aux Roumains faisant face à la pince nord des armes antichar alors qu'ils en avaient pléthore...

 

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Gouderien Membre 34 682 messages
72ans‚ Obsédé textuel,
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il y a une heure, Condorcet a dit :

Hihi, j'adore cette liste à la Prévert. Je vais me permettre de commenter.

1) Le coup d'arrêt de Dunkerque;

Oui, grosse polémique entre spécialistes. Je penche pour les raisons politiques (ménager les anglais pour une paix rapide). Bien que des raisons militaires existent (les 1,2 et 10 pzd ont perdu la moitié de leurs chars et la pause de deux jours a permis une certaine réorganisation). Quand on lit les mémoires de Churchill et bien qu'il faille se méfier et donc recouper quoi que ce soit qu'il affirme, il aurait pu sauter en cas de désastre total et d'invasion devenue possible de l'île. Mais Hitler ne le savait pas (la détermination de Churchill et sa situation politique vacillante au Royaume Uni). A noter que Göring aurait affirmé pouvoir en finir avec la poche (400 000 hommes tout de même) rien qu'avec l'aviation, Hitler l'a peut être cru. Par ailleurs, l'affrontement aérien (les allemands bombardent les bateaux et les chasseurs anglais les attaquent) préfigure la bataille d'Angleterre, à savoir que les allemands auront plus de pertes). 

2) L'entreprise folle qui aboutit à la bataille d'Angleterre; tenter un débarquement en Angleterre aurait été moins insensé;

Je crois que la bataille d'Angleterre était préalable au débarquement. Pas d'opération sans maîtrise de l'air. Des auteurs prétendent que la bataille d'Angleterre a changé la face du monde (l'erreur de bombarder Londres au lieu des terrains d'aviation par exemple). Je ne suis pas d'accord. Même avec une maîtrise de l'air allemande, les anglais auraient sacrifié destroyers et croiseurs qui avant de se faire couler se serait retrouvés littéralement au milieux des barges allemandes. Un carnage. Preuve en est que malgré la supériorité écrasante de la Luftwaffe, pas un navire d'invasion n'a atteint la Crête, tous par le fond.

3) Ne jamais avoir tenté de prendre Gibraltar, un site stratégique de première importance;

C'est grâce à franco qui sachant que la visite du Furhrer (peu avant la rencontre de Montoire avec Pétain) consistait à lui demander un renvoi d'ascenseur l'a submergé d'un flot de paroles élogieuses sans discontinuer afin qu'Adolphe ne puisse pas en placer une. Pour une fois c'est lui qui s'est fait rouler dans la farine. Il aurait déclaré "il parle tout le temps, je préfère me faire arracher 3 dents plutôt que de le revoir un jour..."

4) Avoir attaqué l'URSS; pire, avoir attaqué l'URSS sans prévoir des équipements d'hiver;

Victoire rapide, sinon c'est perdu. L'Allemagne n'a rien pour s'engager dans une guerre longue.

5) Ne pas s'être emparé de Leningrad;

Peut être. Je ne suis pas sûr des effets militaires. Le groupe d'armées nord était le parent pauvre. C'est la stratégie du ghetto dans cette guerre d'extermination. La grosse connerie a été d'envoyer von Manshtein l'été 42 plutôt qu'à Stalingrad (du moins dans les opérations sud).

6) Avoir changé de plan au milieu de l'opération "Barbarossa";

Peut être. Pour prendre Moscou ? Cependant c'est cette opération (bifurcation vers le sud) qui a provoqué le plus grand encerclement militaire de tous les temps. Les allemands ont peu de perte en rapport. Néanmoins ils y ont perdu le bien le plus précieux : le temps.

7) Avoir renoncé à la prise de Malte (opération "Hercule");

Tout à fait d'accord. Rommel en paiera le prix. Hitler était traumatisé par les pertes des parachutistes lors de la prise de Mâlte.

8) Ne pas avoir donné les moyens à Rommel d'atteindre Alexandrie et Suez;

Les emmerdements militaires s'enchaînent comme des dominos pour les forces de l'axe. Mussolini attaque la Grèce en douce si on peut dire. La Wehrmacht doit intervenir dans les Balkans. Les anglais interviennent. Les allemands sont obligés de mettre le paquet jusqu'en Crête. Barbarossa prend un mois de retard. Malte ne sera jamais prise. Rommel mal ravitaillé.

9) Avoir changé de plan au milieu de l'offensive à l'Est de 1942, et s'être entêté à vouloir prendre Stalingrad ET le Caucase;

Tout à fait. Croyant Stalingrad presque tombée Hitler divise à nouveau ses forces, alors qu'au sud du Don il y a d'importantes tête de pont russe et qu'à l'ouest de la Volga (au sud de Stalingrad), il y a carrément deux armées russes, dans des zones marécageuses. C'est une sorte de pat face aux blindés de la IVème armée de Hoth qui bloque ces armées.

10) Avoir confié la conquête de Stalingrad à un général incompétent, Paulus;

Hum, même pas sûr qu'un commandant plus compétent aurait agit différemment. Ceci dit Paulus était effectivement un général d'état-major, sans expérience du front. 

11) Avoir obligé ce même Paulus à résister à Stalingrad au lieu de tenter une percée;

Tout à fait. Hitler n'avait qu'un mot à la bouche, tenir et ne pas reculer. Parfois ça marche, le plus souvent non (alors que le replis est justifié). Paulus aurait put tenter une percée désespéré à la rencontre de Von Manstein venu le secourir. Toutefois n'ayant qu'une voie de chemin de fer pour ravitailler la VIème armée, les logisticiens ont décidé d'amener les chevaux au foin plutôt que le foin au chevaux. Les chevaux qui restaient ont été mangés. Bref l'artillerie hippomobile aurait du être abandonnée lors d'une ruée à l'ouest ce qui fendait le coeur à nombre de généraux. C'est un point de détail parmi tant d'autres.

12) Être intervenu massivement en Tunisie, alors qu'il n'y avait plus guère de chances de vaincre en Afrique;

Tout à fait. C'est incompréhensible de mettre à ce point le paquet alors que ça n'a pas été fait avant pour Rommel. Il convient de rappeler qu'il y a eut plus du double de prisonniers en Tunisie qu'à Stalingrad, deux mois plus tôt. Ce salopard de Staline continuer à pleurnicher au sujet d'un second front cependant.

13) Avoir attaqué le saillant de Koursk, au lieu de privilégier une tactique de défense souple;

C'est encore Adolphe qui fout la merde alors que von Manstein préconisait d'attaquer beaucoup plus tôt lors d'opérations réduites. Hitler mets précisément en place le contraire de ce qui a fait les succès de la Wehrmacht. Il attaque là où on l'attend sur des positions fortifiées et où le défenseur est supérieur en force à l'attaquant. 

14) D'une manière générale, avoir forcé l'armée allemande à appliquer une tactique de résistance rigide à l'Est;

Oui.

15) Avoir attaqué en décembre 1944 dans les Ardennes, au lieu de concentrer le maximum de forces à l'Est;

C'est sur que si les blindés perdus avaient été disposés en positions défensives statiques c'est été une autre paire de manche pour les détruire un à un.

16) Et bien entendu avoir traité les populations de l'URSS occupée comme des chiens, et ne pas avoir cherché à se les concilier. C'est d'ailleurs valable pour tous les pays occupés, mais les populations de l'URSS en avaient vraiment marre du stalinisme, et auraient été prêtes à se rallier à un pouvoir allemand, pour peu qu'on les traite humainement. Mais cela ne cadrait pas avec les plans nazis...

Oui, si plus d'un million d'ukrainiens ont contribué à l'effort de guerre allemand (certain forcé dans le cadre de différents statuts), c'eut pu être des millions si les allemands s'étaient révélés plus corrects. Cela provenait du racisme généralisé allemand qui traitaient de façon inepte même leurs alliés. Lors d'une des retraites de Rommel, les allemands vole les camions des italiens pour s'enfuir et laissent ces dernier à l'ennemi. A Stalingrad, les allemands n'ont pas daigné donné aux Roumains faisant face à la pince nord des armes antichar alors qu'ils en avaient pléthore...

 

Pas trop de commentaires à faire, sauf sur la bataille d'Angleterre. Les Allemands (comme les Anglais et les Américains, beaucoup moins les autres belligérants) croyaient aux théories du général italien Douhet, qui avait écrit au début des années 20 deux choses importantes :

1) Les bombardiers passeront toujours;

2) Une forte aviation de bombardement peut gagner une guerre à elle-seule.

La première idée s'est révélée partiellement vrai (effectivement les bombardiers arrivent presque toujours à passer… mais si c'est pour balancer deux ou trois petites bombes, ça ne va pas changer grand-chose). La 2e idée s'est révélée fausse à 90 % (il a fallu attendre le conflit du Kosovo, à la fin des années 90, pour voir un pays - la Serbie - capituler uniquement suite à une campagne aérienne). Donc à l'été 40 les Allemands ont sincèrement cru qu'ils pouvaient mettre la Grande-Bretagne au tapis uniquement grâce à l'aviation. Ils n'avaient pas une chance. En plus l'Allemagne attaque en août, après avoir laissé un mois et demi aux Anglais pour bien préparer leurs défenses! Il fallait garder l'aviation pour le jour du débarquement, et tenter celui-ci comme un passage de rivière en force. Seulement voilà, Hitler le reconnaissait : "Sur terre je suis un héros, sur mer je suis un pleutre". Hitler n'a jamais envisagé sérieusement de débarquer en Angleterre. Et sans même attendre le résultat de la campagne aérienne, fin juillet 1940 il avait déjà décidé d'attaquer la Russie!

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Condorcet Membre 10 257 messages
Baby Forumeur‚ 66ans‚
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Oui, tu me coupes l'herbe sous le pied en évoquant la guerre du Kosovo, seule fois où l'aviation règle le problème, mais ça ne marche qu'avec une dissymétrie extrême des puissances belligérantes en particulier sur le plan technologique.

Oui les bombardiers passent toujours... à l'aller. Je crois que les pragmatiques anglais avaient vite compris que les bombardiers ne feraient pas tout, surtout lorsque certains raids de leurs Bristol Blenheim subissaient 50% de pertes lors d'un raid.

C'est Bomber Haris (surnom du commandant britannique des forces de bombardement) qui s'est trouvé dépité en apprenant après la guerre que les aviations anglo-saxonnes n'auraient tué que 600 000 civils. Pour lui éviter une dépression ses collaborateur lui montrèrent des photos de monceaux de cadavres de Dresde. 

Concernant la controverse entre les tenants du tout aviation et leurs contradicteurs, une blague circulait tant dans les couloirs de l'Otan que ceux du Pacte de Varsovie :

  • Deux généraux de char russes se retrouvent à Paris :
  • Au fait, sais tu qui a gagné la bataille aérienne ?
  • Pas la moindre idée, répond son collègue...

 

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Membre, Obsédé textuel, 72ans Posté(e)
Gouderien Membre 34 682 messages
72ans‚ Obsédé textuel,
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Il y a 12 heures, Condorcet a dit :

Oui, tu me coupes l'herbe sous le pied en évoquant la guerre du Kosovo, seule fois où l'aviation règle le problème, mais ça ne marche qu'avec une dissymétrie extrême des puissances belligérantes en particulier sur le plan technologique.

Oui les bombardiers passent toujours... à l'aller. Je crois que les pragmatiques anglais avaient vite compris que les bombardiers ne feraient pas tout, surtout lorsque certains raids de leurs Bristol Blenheim subissaient 50% de pertes lors d'un raid.

C'est Bomber Haris (surnom du commandant britannique des forces de bombardement) qui s'est trouvé dépité en apprenant après la guerre que les aviations anglo-saxonnes n'auraient tué que 600 000 civils. Pour lui éviter une dépression ses collaborateur lui montrèrent des photos de monceaux de cadavres de Dresde. 

Concernant la controverse entre les tenants du tout aviation et leurs contradicteurs, une blague circulait tant dans les couloirs de l'Otan que ceux du Pacte de Varsovie :

  • Deux généraux de char russes se retrouvent à Paris :
  • Au fait, sais tu qui a gagné la bataille aérienne ?
  • Pas la moindre idée, répond son collègue...

 

J'aime pas du tout "Bomber" Harris, mais on lui prête une phrase tout à fait pertinente : "Les nazis ont eu l'illusion enfantine qu'ils pourraient bombarder tout le monde, mais que personne n'allait les bombarder, eux." C'est exactement ça.

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