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Savoir-faire anciens ou savoir fait-main


Ambre Agorn

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Ambre Agorn Membre 2 071 messages
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il y a 6 minutes, Ines Presso a dit :

Je sais à partir de la laine brute : carder, filer la laine au rouet, et ensuite tisser, 

Si tu as un souci avec le poids, la taille des photos, tu peux utiliser l’hébergeur du forum, Uploadfr, ce qui t’évteras d’avoir à redimensionner tes photos.

Ho! Super pour l'hébergeur! Je testerai ça demain...

Je peux vous poser des questions sur votre travail de la laine? (oui vous pouvez refuser, hein!)

C'est votre métier? Vous faites ça depuis longtemps? Vous filer de la laine de mouton ou autre fibre?

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Ce n’est pas mon métier, mais ça a faillit le devenir. Tout simplement,  j’ai passé la plupart de mon temps libre dans mon enfance et à l’adolescence dans un atelier de tissage. Naturellement, l’apprentissage s’est fait tout seul à force de présence et de voir le travail. Pour m’occuper un jour on m’a mise sur un métier de table pour m’essayer à faire une écharpe, coup réussi avec une régularité du tissage et des bordures, et voilà, j’étais lancée. Ensuite, je suis passée sur le grand métier, j’ai appris à filer au rouet, à faire le montage pour tisser et à tisser avec navette basique et navette sky. Jeune adulte, la question s’est posée pour que je reprenne l’atelier de tissage et de tricot ainsi que du crochet, mais comme il n’est pas toujours évident de gagner sa vie avec l’artisanat. Je n’ai pas repris l’atelier, mais j’ai hérité du métier à tisser que j’ai toujours, il est rangé démonté, vu sa taille, il réclame d’avoir une pièce dédiée, qu’il aura quand je serais à la retraite, et que j’aurais le temps de tisser. 
 

Photo trouvée sur le net du même métier et du même banc que je possède. Un Glimakra fabriqué en Suède en sapin du nord, le mien étant un peu plus large.
 

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Oui, je sais filer la laine sur un rouet traditionnel, ce n’est pas difficile, c’est juste un coup de main à étirer la mèche au bon rythme par rapport au pédalage avec le pied pour faire tourner la roue. Avec un peu d’entraînement on arrive à avoir un fil assez régulier et de différente grosseur suivant le besoin. Mais le tissage avec cette laine, c’était à la marge, pour le côté folklore, le principal étant avec de la laine ou du coton ou du lin etc du commerce..

De voir ton panier de laine, m’a rappelé beaucoup de bons souvenirs. :)

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Membre, 34ans Posté(e)
Ambre Agorn Membre 2 071 messages
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Voici donc la toute première étape: le triage de la laine. Je sépare les endroits trop sales, je récupère les mèches sur les parties trop feutrées, et je trie les longueurs et couleurs de poils.

 

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Membre, 34ans Posté(e)
Ambre Agorn Membre 2 071 messages
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Je carde une première fois la laine triée avec de grosses cardes

Je fais un premier lavage à l'eau froide et savon de Marseille, juste pour mieux voir les couleurs et enlever le suint.

Puis je fais un second cardage avec de petites cardes, et je fais un léger tri s'il y a besoin entre différentes longueurs et douceurs de poil.

Vient ensuite le filage, au rouet ou au fuseau, au rouet une pédale sur la photo.

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Membre, 152ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
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@Ambre Agorn

 

Je ne m’étais encore jamais intéressé au travail de la laine. Bien sûr il y a ces textes anciens sur la jeune femme qui file, le rouet, la quenouille...bref tout cet environnement concret qui n’était jamais là que pour mettre en exergue l’ennui ou l’attente de la belle.

Il se trouve que j’ai face à moi un jeune garçon qui a une capacité de compréhension hors du commun. Du coup je veux lui transmettre tout ce que je peux lui transmettre puisqu’il est intensément réceptif.

Notamment  lui transmettre, dans l’exposition des mouvements historiques, l’esprit qui guide les événements. 

J’en suis, quant à l’histoire ( je lui transmets aussi les maths et la saga des Hébreux depuis Abraham ) à la fin du XVII siècle. Je vais donc aborder la révolution industrielle. Comment la lui présenter ? 

J’ai ouvert un vieux livre de ma bibliothèque, la révolution industrielle au XVIII siècle de Paul Mantoux et j’étudie comment ça a commencé. Et ça commence avec le travail de la laine.
 

Du coup je suis obligé de disséquer chaque opération pour comprendre la dynamique du progrès technique. Je dois apprendre le cardage. Les cardes. Le filage, le tissage, comment sont fabriqués les métiers à tisser, la trame, la navette, puis le foulage, etc.
 

Il faut que je rentre dans les détails pour comprendre où ça bloque dans les moments de la production de masse naissante,  et comment on débloque, en inventant des machines qui permettent de produire de plus en plus. Puis après  la production la vente, le commerce, les marchands, les débouchés, et je vois lentement se déployer devant moi la naissance de l’ère  industrielle et celle du capitalisme.

Pourquoi un tel travail ? Parce que je veux transmettre. Avoir en face de soi de jeunes gens, de jeunes filles, conduit à toujours travailler, à toujours apprendre pour espérer transmettre l’esprit de l’histoire. Et de se dire : les générations qui viennent comprendront mieux que nous les arcanes de l’esprit du monde. Je ne transmets pas de théories, libérale, marxiste, etc. Non juste le descriptif le plus précis possible des événements afin que ces jeunes bâtissent eux mêmes de nouvelles théories plus puissantes encore que celles que nous avons pour le moment conçues. Bâtir les théories sur le concret.

Cette étude du travail de la laine m’oblige à remonter dans l’apparition de la technique et de son progrès. Je dois remonter jusqu’à la construction des premiers outils dans l’histoire de l’humanité  pour comprendre comment cela a commencé afin toujours de transmettre aux jeunes gens l’esprit de la création. 
 

Transmettre augmente en soi l’intensité de la vie et l’énergie de toujours apprendre, de toujours travailler pour pouvoir toujours léguer.
 

C’est étonnant pour moi de vous voir accomplir les gestes de nos ascendants par lesquels tout a commencé. Vous faites les gestes du commencement de l’histoire moderne.

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Membre, 34ans Posté(e)
Ambre Agorn Membre 2 071 messages
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Alors bien sûre, il y a l'évolution des cardes à mains (qui elles aussi sont une évolution de la carde végétale) qui est la cardeuse à rouleau. J'en aurai une à disposition, mais il faut que je la rénove pour pouvoir m'en servir. Pour le moment je n'en ai pas l'utilité: l'industrialisation ou la rentabilité n'étant pas mon but.

Les cardes ont différentes tailles et densité de pointes pour carder différentes fibres animales ou végétales.

Parfois la laine est aussi peignée, pour une plus grande douceur des fibres et surtout pour le mélange de différentes fibres et des couleurs. Je n'ai pas de peigne et ne suis pas encore assez riche pour m'en payer! J'aviserai quand j'aurai à faire des mélanges ou quand j'aurai des fibres qui vaudront le coup de peigne.

Aujourd'hui, je travaille exclusivement de la laine de mouton, fibre animale la plus répandue et utilisée dans le monde et les époques. C'est pour me faire la main, car le but est de pouvoir travailler, en plus du mouton, les fibres de chèvre mohair et alpaga de chez nous. J'ai aussi testé le coton, le poil de chien, l'alpaga et la mohair.

Pour en revenir à mon travail actuel:

Le fil doit être le plus régulier possible, et pour cela il faut prendre le coup de main pour étirer le ruban de laine cardée (autrefois installée sur un bâton et fixée par des rubans et appelé quenouille. Aujourd'hui on travail avec des rubans ou des nappes, et moi je file la laine au fur et à mesure que je la carde, et je n'ai donc qu'une ou deux grosses poignées d'avance, pas de ruban).

Le fil simple est tissé avec un sens de rotation qui sera à l'inverse de celui du doublage du fil. Je tourne mon fil dans le sens des aiguilles d'une montre et je double en sens inverse, rotation vers la gauche. Le fil tissé est toujours (ou presque) au moins doublé pour assurer la solidité et le maintien des fibres du fil. Pour le travail  (le hamac) que je veux faire, mon fil de taille assez fine pour de la laine (crochet n°2-3, aiguille n°3-4), et je le triple pour plus de solidité vu le poids qu'il devra soutenir. J'utilise sciemment les fibres longues et drues des toisons (en plus de rebut) pour ne pas prendre de risque au niveau de la solidité. Mon fil au final a une taille crochet 6-8 (je ne sais pas s'il existe une échelle de mesure pour la laine filée, il faudra que je cherche).

Une fois la bobine emplie au tiers (vu que je triple et que je n'ai qu'une taille de bobine sur mon rouet), je dévide ma bobine pour la mesurer et la mettre en écheveau. Je lave l'écheveau à l'eau chaude. Si la laine est un peu jaune (ce qui est fréquent sur ma laine, parce qu'elle est de mauvaise qualité), je la fais blanchir plusieurs jours au soleil. Une fois sèche, je mets en pelote l'écheveau de laine. Quand j'ai trois pelotes, je triple.

Donc, en photo voici le fil simple sur la bobine du rouet, la mise en écheveau pour la relaver et la mesurer, l'écheveau, le blanchiment de l'écheveau au soleil et la mise en pelote de l'écheveau (je n'ai pas de dévidoir, et j'avoue que parfois j'apprécierai!)

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Ambre Agorn Membre 2 071 messages
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A force de carder et filer, je suis confrontée à divers problèmes. La solution facile, dans ces cas-là, est d'aller chercher comment ces mêmes problèmes ont été résolus avant moi et de m'en inspirer, ou, encore plus simple, me procurer les instruments ou machines qui ont été pensés pour rendre la vie plus facile. Je fuis la facilité et il est exclu que je copie sciemment l'industrie du fil. Si je m'engageais dans cette voie, il n'y aurait plus de limite et je me retrouverai bouffée dans la spirale du "toujours plus et plus vite".

Quand je regarde un peu ce qui se passe, je me retrouve très souvent à en arriver à ce fait: les difficultés que je rencontre ont cette raison: je suis impatiente et veux que ça aille plus vite.

La recherche sur le travail de la laine ou du jardin ou de la danse, de la musique ou autre, n'est pas pour moi une façon d'acquérir une savoir qui me valoriserait. Ces travaux et recherches ont uniquement pour but la maîtrise de soi. L'impatience est un manque de maîtrise.

L'important n'est pas le but, mais l'implication et la qualité d'attention mis en œuvre.

Il y a tout de même des choses que je veux améliorer non pas pour un meilleur résultat (bien que l'un ne peut aller sans l'autre), mais pour une meilleure maîtrise du geste. J'ai tendance à être perfectionniste.

Le premier soucis fut celui-ci: la laine de mouton brute est couverte de "suint", sorte de liquide épais et gras qui est produit en même temps que la pousse du poil et rend ainsi l'animal mieux protéger du vent et de l'humidité. Il est plus facile de filer avec le suint, parce que les poils s'amalgament mieux et s'emmêlent moins. De plus, j'ai supposé que le résultat devrait s'en trouver différent en qualité de fil et surtout en qualité thermique d u produit fini. J'ai décidé de laver la laine avant de filer la laine et après le premier cardage, parce que certains exercices devaient être présentés à du public (qui n'a pas forcément envie de se salir les mains, ou juste, pour moi, pas forcément la possibilité de proposer de quoi laver leurs mains). Il faudra donc que je teste de filer la laine non lavée pour voir si le résultat final à un gros impact. J'ai déjà essayé de filer avec le suint et, en effet, il est plus facile de la filer surtout sur les poils les plus courts.

Second problème. C'est le soucis de la douceur du poil. Les poils sont classés par rapport à leur épaisseur et la mesure est le micromètre ou micron. La laine de mouton se situant au-dessus de 28 microns est ressentie comme piquante ("ça gratte!"). Plus la fibre ou le poil est fin et plus le nombre de micron est petit. En dessous de 25 microns la laine n'est plus piquante, mais douce et de plus en plus douce plus le micronage est petit (et plus c'est cher!). Le cheveu humain a environ 100 microns, et le mouton va de 30 à 80 microns sauf pour le mérinos qui lui va de 18 à 34 microns. Cela dit, j'ai remarqué qu'en filant, il y a forcément des fibres qui sont plus ou moins bien "rangées" dans le fil en lui-même. C'est pour cela que je fais au moins deux cardages et que je ne fais que très peu de quantité à la fois. Avec les cardes, je trie les fibres aussi en fonction de leur longueur et mets de côté celles qui font moins de 6cm de longueur. Malgré ces précautions, il reste des fibres "pliées" dans le fil et donc avec une incidence sur la douceur finale. Je ne m'en fait pas trop pour le travail que je suis en train de faire (fil pour un hamac) car il n'est pas destiné à être en contact avec la peau. Par contre je voudrai essayer le peignage de la laine pour me rendre compte si les poils sont mieux rangés et le restent lors du filage. Il faudra donc que je me fabrique un peigne fin à double rangée, non pas pour mélanger des fibres, mais pour faire un ruban avec les fibres toutes dans le même sens.

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Ambre Agorn Membre 2 071 messages
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Après tests et confrontations de diverses expériences avec ceux qui travaillent de la laine, il s'avère que je regarde un peu trop les détails...peut-être. En effet, le suint n'a aucune incidence sur la qualité technique du produit final. La seule chose que le suint apporte pour le travail de la laine, c'est une plus grande facilité pour le filage, car les fils s'assemblent mieux et gardent mieux, lors du filage, la position parallèle qui lui est donnée lors du cardage. Plus le poil est court, plus il est intéressant de garder le suint pour filer, les poils longs sont extrêmement faciles à filer et de plus pour un travail très fin (le seul problème est que les fibres les plus longues sont souvent celles qui sont aussi les plus épaisses). Cela dit, je garde l'idée de laver la laine avant de filer, déjà parce que c'est plus facile d'organisation en cas de contact avec du public, et ensuite, parce que la fibre d'alpaga est souvent courte et n'a pas de suint, il me faut donc m'entraîner en prenant en compte le travail que j'aurai à faire.

Pour ce qui est du cardage, je suis allée comment les autres faisaient, et comment ça se faisait en filature. Tout confondu, pour ce qui est de la qualité, je m'en sors vraiment bien. Pour ce qui est de la vitesse de production, je suis très loin...derrière la filature. Bon, la rentabilité n'étant pas ma priorité, je suis contente de trouver mon travail qui devient de plus en plus régulier, et que je gagne en dextérité. Je m'oppose totalement à l'utilisation de produits pour faciliter les étapes de fabrication comme en filature, tels des démêlants, des bains de solvants et d'adoucissants, et autre enrobage de fibre pour gagner en douceur.

Je me posais la question de savoir si je n'allais pas finir par me fabriquer un peigne pour peigner la laine une fois cardée. Il s'avère que mon cardage est d'une telle qualité que je fais, sur les cardes, ce que le peignage apporte à la laine, soit une meilleure parallélisation des fibres et le tri des fibres courtes et longues. C'est déjà ce que je fais et le passage au peigne ne m'est plus nécessaire, car le résultat que j’obtiens est similaire à un travail de laine cardée et peignée.

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  • 1 mois après...
Membre, 34ans Posté(e)
Ambre Agorn Membre 2 071 messages
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J'ai testé le feutrage à l'eau, mais aussi le feutrage à l'aiguille.

Voici quelques étapes de mon premier test de feutrage à l'aiguille

Laine de mouton pour le fond et la chèvre, laine d'alpaga pour les deux alpagas (oui, ce sont bien des alpagas que j'ai tenté de représenter: le feutrage n'est pas aussi facile que le crayon à diriger!)

 

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