Lecture partagée - Trop vite

Cet ouvrage de Nabilla et le ton léger qui l'inspire est un bon choix en cette période difficile.

Remercions les users qui en ont eu l'idée   

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Nabilla explique dans son récit à quel point tu t'envoles, t'es à côté de tes pompes mais tu t'envoles, tout le monde te veut, le téléphone sonne sans cesse, overbooked, tout le monde te connaît, t'a connue, veut te connaître. 

Son attachée de presse va devenir son agent, et Thomas la rejoint à Genève.

Extrait : T'es portée. Le trac s'envole, t'es bien, t'as chaud sous la lumière. Beau souvenir. "Le Grand Journal", bingo. Tout le monde est content, Nabilla aussi. Ca s'est arrêté là, grosso modo. Ensuite chaque apparition télé a ouvert des blessures pas faciles à refermer. Sous la pression, les secrets de ma vie ont tous explosé comme une boule de cristal. 

Une journaliste exhibe en plateau devant Nabilla son extrait de casier judiciaire. 
Extrait : aucun journaliste n'a jamais infligé l'exhibition d'un soi-disant extrait de casier judiciaire, déterré une connerie de jeunesse, sous les yeux d'un artiste. Mais je ne suis pas une artiste et mon agent ne peut pas me protéger de tout malgré son affection et ses précautions. En fait, je n'ai aucun statut, et sans statut tu deviens vite un paillasson - c'est bien connu,
demandez aux stagiaires des boîtes de prod. 

Il faut le reconnaître, Nabilla a raison. Sous le préjugé de "la petite starlette qui entrave que dalle de toute façon", on lui a tout fait. Je ne sais même pas si un seul journaliste l'a respectée. Elle va avoir droit en plateau à la surprise d'un enregistrement de son père parlant aux journaliste, elle va avoir droit à la réflexion obscène d'un journaliste de Canal qui lui fait remarquer qu'elle a fait toutes les émissions en clair de la chaîne, sauf "le journal du hard", et qu'elle aurait peut être du commencer par là. 

Extrait : "Bon appétit la France. Qu'est ce que je fous là ? Ils ont raison, au fond."

Nabilla et Thomas vont se terrer dans une chambre d'hôtel en face de la maison de la radio. Ils sont au coeur des médias, sur place. Mais ils ne sortent pas, ne s'affichent pas, ne se rendent même pas au restaurant. Des esclaves dans une cage dorée. Ils commencent à se disputer, de plus en plus souvent, de plus en plus violemment. Les médias ont tout sapé. 

Pourtant il y a des moments de rêves, une robe de Jean-Paul Gaultier porte le nom de Nabilla, elle va défiler, Catherine Deneuve est là. Nabilla est émerveillée et pleine de respect. Elle va saluer Catherine Deneuve, à deux reprises, mais la grande actrice ne lui répondra pas. Et petit à petit, Nabilla va se rendre compte que la réalité met son rêve en lambeaux. 

Nabilla va décrocher la réalisation d'un show en famille. Oui, avec sa grand-mère, Thomas. Elle voulait devenir la Kardashian française..
Extrait : Susciter le désir des hommes me dégoûte. Je me suis payé mes seins pour me plaire à moi, et éventuellement à mon mec. Et pour exister, oui. Sans la séduction, j'ai peur de ne pas exister, de n'être rien. Mais que des hommes soient dingues de moi sexuellement m'horrifie. Je suis pas Clara Morgane. Peut-être est-ce incompréhensible, ce que je raconte. Je comprends que ce dégoût puisse paraître étrange, vu mon look. J'aime plaire, j'ai aimé séduire quand j'étais plus jeune - moins maintenant. L'excitation des hommes me donne la nausée. Je veux bien qu'on me trouve mignonne, pas "bonne". En général, les mecs lourds ne m'emmerdent pas. Ces mecs-là sont lâches et n'osent pas s'en orendre à une fille dont ils supposent qu'elle leur sautera à la gorge en cas d'irrespect. 

[...] Ce ne sont pas les insultes qui m'ont rendue malheureuse, mais des gens. Des anonymes, hommes, mères de famille, ados, dans toutes les villes, de tous les milieux. Une foule informe planquée derrière ses téléphones portables, photos et caméras. La masse de tous ceux qui me volent mon image, en loucedé, vaguement conscients d'une perversité, d'un réflexe sans pitié pour moi. Je ne suis presque jamais reconnue, je suis toujours volée. 

Je la trouvais sympa, attendrissante et pas conne, ça se confirme...

Son parcours familial et personnel est rude. Ce qu'elle a vécu n'a pas été facile. Quand je vois ce qu'elle devenue après tous les coups durs, je dirais "presque" respect. 

Nabilla va intégrer l'équipe de chroniqueurs de "Touche pas à mon poste". Ca aussi, c'est un "jeu", et Nabilla va y perdre beaucoup. Son image va être exploitée au maximum, ça ne va pas plaire à Thomas. Mais son rôle est d'allumer le plateau, elle le sait, elle le fait, même si elle se sent mal à l'aise en pensant à Thomas regardant l'émission. Et Thomas ne se gêne pas pour lui reprocher son attitude,  à grands coups de textos. Tout ça dégénère rapidement... Les disputes entre eux vont devenir tellement violentes que Nabilla commettra l'irréparable : elle poignarde Thomas Vergara à la poitrine. 

A ce moment-là du bouquin Nabilla revient sur leur histoire d'amour. On dirait deux adolescents, c'est mignon mais explosif. Nabilla relate qu'elle voulait sa montgolfière privée. Quelle idée..
Mais c'était impossible, alors elle écrit :"comme quoi, on ne peut pas tout avoir dans la vie, même en payant cash". 
Elle fait des caprices niais, et Thomas aime ça. Nabilla n'a jamais regardé personne d'autre que Thomas, c'est son premier amour et vu ce qu'on en sait, ce sera peut être le dernier. C'est touchant ce qu'elle écrit, qu'il lui a tout appris, qu'elle était une "chatte de gouttière dans un bain moussant" avant lui.

extrait : Nabilla, la connasse, le vide, le "fléau", la "bêtise  crasse", la dinde, la salope, cette fille, tu lui parles "c'est pareil que de parler à une bouteille de Coca vide" selon un chanteur naze...
Nabilla, "le désert contemporain", selon le philosophe Alain Finkielcrotte, vieux bonhomme triste, qui ne m'a même jamais vue en vrai... Partout, à la télé, à la radio, des mots, des histoires déformées, les jolies choses transformées en saletés... Dans cette tempête, Thomas ne pouvait plus me quitter.

Mais Nabilla poignarde Thomas en pleine poitrine. Nabilla bobarde les pompiers et la police. "On s'est fait agresser...". L'état de Thomas, qui part dans une ambulance, n'est pas préoccupant. 
Nabilla elle, est emmenée par la police, interrogée, et enfermée. Les caméras de surveillance ont parlé, il n'y a eu aucune agression. Mais Nabilla n'en démordra pas, pendant des heures : c'est une agression. 
Identification, empreintes, photos, et elle est renvoyée devant un juge d'instruction. Elle se dit que la deuxième photo prise par un policier va faire le tour des magazines people : bien vu. Malheureusement. Le flic a été viré, mais ça ne consolera pas Nabilla. 
La juge d'instruction pousse Nabilla dans les cordes, elle change de version : il s'est fait ça tout seul. 
 

Finkielcrotte  

Elle raconte qu'il voulait la maîtriser, en tirant son bras contre lui. Et donc... C'est bien elle qui tenait l'arme. Elle est confondue, c'est fini, elle s'écroule. 
- Madame s'il vous plaît, ne me mettez pas en prison. 
- Je vous demande de placer Nabilla Benattia en détention. Je réclame un mandat de dépôt.

Trouble majeur de l'ordre public, tentative d'homicide, violence aggravée, intention de donner la mort...

Nabilla est écrouée à Versailles. Le chauffeur a eu du mal à sortir du palais sans écraser de paparazzi..
Arrivée sur place, elle pense à sa famille. "Mémé va en mourir quand elle saura..." 

Extrait : Mon cerveau bugue, sans pouvoir accepter où j'ai dégringolé. Je ne suis plus dans mon corps, comme pendant un accident. Je veux crever. Je me suis arraché mes extensions. Arraché mes faux-cils aussi. 

Finalement y a une sensation de voyeurisme assez désagréable...

il y a 18 minutes, Dzag a dit :

Finalement y a une sensation de voyeurisme assez désagréable...

Quand c'est un voyeurisme contrôlé par la personne elle même.... chacun est libre de regarder ou pas 

il y a 7 minutes, Misery a dit :

Quand c'est un voyeurisme contrôlé par la personne elle même.... chacun est libre de regarder ou pas 

Sensation..... 

J'ai encore le droit, ou pas ? 

il y a 5 minutes, Dzag a dit :

Sensation..... 

J'ai encore le droit, ou pas ? 

T'ai je empêché de quoi que ce soit ? 

Tu t'exprimes, j'en fais autant 

Finalement y a une sensation de voyeurisme assez désagréable......

Pas de voyeurisme pour moi, sinon chaque bio, chaque récit, témoignage, personne ne devrait les lire. La responsabilité incombe à l'auteur initialement, pas au lecteur. Et les auteurs veulent être lus, dans le cas qui nous occupe, on comprend bien pourquoi !! C'est heureux qu'elle ait décidé de raconter de quelle façon elle, elle a ressenti tout ça. Franchement, ça remet les choses à leur place. C'est un bouquin que je n'aurais jamais imaginé lire, et pourtant ! Je pourrais en dire des choses, mais je vais rester là dessus : c'est pas demain la veille que je vais, comme j'ai pu le faire par le passé, me payer la tête de Nabilla. 

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Pendant un bon moment Nabilla ne va pas comprendre qu'elle est en prison pour y rester, elle demandera régulièrement si "elle peut rentrer chez elle". Gavée de somnifères et de tranquillisants, elle tourne quand même en rond dans sa cellule, à l'isolement, en VIP. Very Important Pourriture. 
Le hashtag LibérezNabilla la rassérène, mais ne la fait pas libérer. 

Elle appelle les surveillantes, les harcèle "je vais me suiciiiider !" On lui répond "vas-y, ça nous fera des vacances". 

Extrait : La cellule individuelle est un cauchemar, la solitude y est trop pénible. La cellule à deux, le top, est surnommée : la Gold. Dans celle à quatre, la promiscuité devient un enfer, bonjour le bordel. 

Nabilla sera placée au bout de dix jours en "Gold' avec une indienne adepte de la méditation et du silence ou de la prière, qui lui demandera de se taire..
 

Je te rejoins là dessus, cette lecture me permet de la découvrir sous un nouveau jour. Même réaction : je me moquais d'elle de ce que je lisais sur elle

Je ne le ferais plus

il y a 4 minutes, January a dit :

 j'ai pu le faire par le passé, me payer la tête de nabilla.

On va pas se mentir, a la base, on pensait se foutre un peu de sa gueule. Pas forcement méchamment, mais c'était un peu l'idée du départ. Moi le premier. Nabila c'est une gentille fille. Bien plus polie et agréable que pas mal de gens plus talentueux qui ont pourtant la sympathie du public dans sa grande majorité.

Évidemment quon est pas voyeur quand on lit ce qu'un autre a estimé bon d'écrire.  Mais fait bien admettre quon s'est fait prendre à notre propre jeu. 

Jai lu quelques pages de ce que tu as écris. Certaine mont laissé une sensation désagréable. Le mot voyeurisme était sans doute mal choisi.

Oui, on s'est fait prendre à notre propre jeu, je suis complètement d'accord avec toi. Bien fait pour nous ! 

Mais c'est là qu'on réalise à quel point, parce-que tous les médias ont décidé d'en faire une gourde (pour être polie), tout le monde s'est mis à la mordre de tous les côtés. On lui a vraiment tout fait, je ne me souviens pas que des journalistes aient été aussi dégueulasses avec qui que ce soit d'autre, pas à ce point. Côté public, il y avait (et il y a toujours) beaucoup de jalousie je pense. Oui, ce qui lui est arrivé est inespéré, c'est un rêve moderne de petite fille finalement. Qui n'a jamais aspiré à la célébrité ? Un moine bouddhiste au fond d'une jungle peut être. Alors il va y avoir ceux qui vont la regarder émerveillés, et ceux qui vont la mettre en morceaux. C'est comme ça depuis que le monde est monde...

Je ne savais pas que j'étais un moine bouddhiste

Laissez moi méditer sur ce propos