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Attention : Condescendance et bénévolat ne font pas bon ménage !


Gillet Guy

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Membre, 65ans Posté(e)
Gillet Guy Membre 143 messages
Baby Forumeur‚ 65ans‚
Posté(e)

Au préalable, que peut bien signifier la condescendance ? C'est faire preuve envers autrui d'une attitude trop paternaliste tout étant animé aussi par un sentiment de supériorité jusqu'à parfois tenter d'infantiliser un individu et c'est bien ce qui peut, s'il n'y prend pas garde, guetter le bénévole qui donne de son temps dans une association. N'étant pas parfait, je serais un menteur si je disais que jamais je n'y ai succombé dans mon engagement car cette tendance, s'incrustant de manière vicieuse, fait partie des risques majeurs encourus si on ne prend pas le temps d'analyser notre pratique au fil des mois ou des années. Nous pouvons être animés par les meilleures intentions du monde et pourtant commettre de terribles erreurs qui blesseront les êtres humains que nous sommes censé aider.

Ce sentiment de supériorité se voit notamment lorsqu'on évoque par exemple notre action en Afrique car, du simple fait que nous apportions de l'argent ou du matériel pour monter un dispensaire, une école, une pouponnière..., nous pensons que nous possédons une certaine vérité sur toute chose laquelle serait à imposer à tous. Dès lors, nous oublions une règle essentielle qui facilite pourtant la rencontre, les échanges et donc la confiance, à savoir que nous devons mener toute action bénévole non par POUR mais bien AVEC les personnes ou communautés. Alors, les méprises, les incompréhensions et même les tensions arrivent du fait que nous faisons table rase de la culture, de la tradition et des règles locales ancestrales de tel pays visité, ce qui peut être vu comme une agression. Mettons-nous un instant dans la situation où des inconnus, pourtant dévoués, débarqueraient chez nous en fanfare avec une louable intention de nous aider, mais décideraient à leur guise de tout transformer jusqu'à notre façon de vivre et de penser, que dirions-nous alors, ne serions-nous pas choquer ?!... 

Ce genre de condescendance peut aussi se voir dans notre pays où des personnes croient bien faire en tenant littéralement par la main des êtres humains en souffrance à cause de la pauvreté, de la maladie, du handicap ou de la solitude. Envers certains, on tombera dans cette erreur magistrale de n'avoir que de la pitié, de la sensiblerie mal placée, alors que ces êtres en difficultés ne demandent que de la compréhension, de l'écoute et du naturel dans les rapports pour les aider à s'en sortir par le haut tout en les acceptant tels qu'ils sont, cela s'appelle aussi la dignité ! D'autres encore, parce qu'ils sont pauvres, n'auraient pas le droit à la parole, devraient se contenter de ce qu'on leur donne et seraient même coupables à long terme de se complaire dans une forme d'assistanat en montrant soi-disant un manque de volonté évident de ne pas chercher à s'en sortir. On les accuserait même de profiter des aides diverses comme des rapaces vivant au crochet de la société alors que d'autres, plus pauvres qu'eux, ne se plaindraient jamais. Là, c'est pire que la condescendance, car on tombe dans le jugement de personnes vulnérables qui dépendent en quelque sorte de notre bon vouloir, nous ne sommes plus dans une démarche de secours aux personnes, mais bien dans le dénigrement ni plus ni moins !

Pratiquer le bénévolat est une magnifique mission dans l'existence et j'ai pu rencontrer, dans ma modeste et imparfaite action de terrain, de magnifiques personnes qui ont donné bien du temps au service de leurs prochains en souffrance. Mais le bénévole doit en permanence se rappeler quelle a été la motivation première et prioritaire ayant déclenché son engagement, à savoir l'aide inconditionnelle envers des êtres humains traversant des situations difficiles, c'est une exigence absolue pour ne pas dériver ! Toute personne en souffrance est aussi douée comme nous d'intelligence, de sentiments et de talents, il faut en tenir compte et mettre tout cela en valeur, ce qui demande une approche psychologique très fine. De plus, notre position d'aidants ne doit pas nous faire croire que les êtres humains traversant des épreuves difficiles nous sont redevables en quoi que ce soit. Celles-ci nous apportent autant que ce qu'on peut leur donner et ce qui compte avant tout, c'est la rencontre, les échanges au quotidien, c'est cela qui donne du sens ! Tout cela fait partie de l'éthique que doit respecter le bénévole, d'où, je le redis ici, l'importance de relire nos pratiques en dépassant le côté simplement organisationnel mis en place pour s'attacher à respecter avant tout une certaine vison humaniste. C'est une question de sincérité envers nous-mêmes et envers ceux qu'on soutient et donc au final source d'espérance et de joie pour tout le monde !


Guy GILLET
Blog d'éditos sur :
http://echangessolidaritefraternite.centerblog.net/

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Membre, Talon 1, 78ans Posté(e)
Talon 1 Membre 22 880 messages
78ans‚ Talon 1,
Posté(e)

"Les maux d'autrui sont lourds à porter.

Ce ne sont pas les pauvres qui sont dangereux, ce sont les humiliés et les offensés.

Il n'est pas facile de pardonner aux malheureux le pouvoir qu'ils ont sur nous.

 

Toute vertu périrait dans l'existence assurée.

 

Le sage demanda au marin comment étaient morts ses parents et ses grands-parents.

  • En mer, répondit-il.

  • Et vous continuez d'embarquer.

Le sage demanda au terrien comment étaient mots ses parents et ses grands-parents.

  • Dans un lit, répondit-il.

  • Et vous continuez à vous coucher."

Alain

 

 

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Membre, 65ans Posté(e)
Gillet Guy Membre 143 messages
Baby Forumeur‚ 65ans‚
Posté(e)

Que veut dire cela Talon 1 en rapport avec l'édito bien-entendu !

Autrement, oui les maux d'autrui (ces emmerdes, sa pauvreté, sa détresse morale) sont lourds à porter pour le bénévole et il ne le peut pas de toute façon entièrement, il n'est là que pour lui tendre la main afin de ne pas être seul ! Par-contre, le bénévole doit y mettre les formes et traiter l'accueilli d'égal à égal, sans le juger ou se croire supérieur, sinon le bénévole ne fait pas un bon travail. Tout est une question d'équilibre dans les rapports humains et le bénévole doit toujours respecter la dignité de celui qu'il aide, c'est exigeant mais c'est bénéfique pour tout le monde !

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