Le coup de Jarnac

Guy Chabot de Saint-Gelais, deuxième baron de Jarnac -il y aura donc eu un premier, peut-être même un troisième baron dans l'affaire, François Mitterrand qui sait ? Si quelqu'un a fait la rencontre du troisième type qu'il contacte le numéro vert- ;  Guy Chabot de Saint-Gelais donc, était l'époux de la sœur de la maîtresse du roi François 1er : Anne de Pisseleu, promue duchesse d'Etampes pour sa hardiesse au plumard.

il donne un peu d'air à François Mitterrand de Jarnac lui aussi, non ?

A l'époque les intrigues et les potins allaient bon train -comme maintenant- sauf qu'on ne badinait pas avec l'honneur et que ça se terminait souvent par un duel: le premier rédacteur en chef de France Dimanche périt transpercé jusqu'à la garde par une star de la Renaissance, dit-on.

Guy Chabot en fit les frais à cause des fringues que lui payait sa belle-mère : toujours la grande classe !

Cela parvint très vite aux oreilles du dauphin Henri, lequel ne pouvait pas blairer la maîtresse de son père, en rivalité constante avec sa propre maîtresse Diane de Poitiers.

Comme Chabot était du camp de la duchesse d'Etampes, Henri fit courir le bruit que si sa beldoche était si généreuse avec lui, c'était parce qu'il se la tapait.

Pas de quoi fouetter un chat me direz-vous, et pourtant notre Chabot s'en trouva vexé comme un pou. En plus ça a foutu le bordel chez lui parce que le daron a pris la rumeur au pied de la lettre, et que le fils a galéré pour le convaincre que c'était pas vrai.

Qu'à cela ne tienne: et Chabot d'exiger réparation ! Un procès à l'américaine ? C'est pour les ventres mous ! Un combat donc, mais impossible de provoquer Flipper le dauphin en duel, alors ce sera son ami François de Vivonne, seigneur de La Châtaigneraie, qui devra s'y coller à sa place.

Ne manque plus qu'à solliciter du roi sa permission pour venger l'honneur: s'il a pas le temps un sms de sa part suffira !

Mais François 1er refusera jusqu'à la fin, c'est à dire un peu après qu'il sera "mort à la cause des femmes".

"Allons Guy, lui aurait dit le souverain, ce ne sont là que des querelles de petites pétasses jalouses. Tu ne vas tout de même pas risquer ta peau pour des ragots à la con, si chaque fois il fallait se battre il n'y aurait plus grand monde en France (etc).

Chabot s'en tient là mais, il est rancunier, si bien qu'à l'avènement d'Henri II, après avoir si longtemps rongé son frein, il renouvelle sa requête.

Henri roi est d'accord: il ne se fait pas de souci pour son pote La Châtaigneraie qui est une machine à tuer en tant que bretteur.

Chabot n'est pas sans le savoir et il prend les devants: des cours du soir avec un spadassin italien.

Le professeur d'escrime lui file sa botte secrète: un coup de revers derrière la cuisse ou le genoux. Il lui recommande aussi, puisque son élève aura le choix des armes, un équipement qui gênera les mouvements de son adversaire.

Le 10 juillet 1547, le duel commence dans un champ clos près du château de Saint-Germain-en-Laye.

Le roi et sa cour sont au spectacle: le seigneur de La Châtaigneraie vs le baron de Jarnac, on entend ding ding ding et ça y est: on croise le fer !

Au départ les duellistes se portent des coups sans se toucher, c'est ennuyeux, les commentateurs peinent à commenter, puis soudain pfuitt: coup de Jarnac ! En plein dans le jarret, ça fait mal.

Parce que à compter de là, la botte secrète d'un prof d'escrime italien devient officiellement LE coup de Jarnac !

La Châtaigneraie terrassé, Chabot s'en remet au roi: "Ai-je oui ou non satisfait à l'honneur, sire ?"

Henri II se dit que le bougre fait décidément chier avec son honneur. Il en discute avec son meilleur pote Anne de Montmorency (c'est pas une maîtresse c'est un mec. Bah oui il y avait des mecs qui s'appelaient Anne).

A cet instant tout va très vite: profitant de cet intermède de parlotte la Châtaigneraie, qui a l'impression d'y avoir perdu ses châtaignes de perdre contre un bleu, se remet sur pieds en serrant les dents, prêt à frapper encore. Jarnac le désarme et s'apprête à le pulvériser. Henri II jette in extremis son bâton par terre en signe de hola. Jarnac est déclaré vainqueur: standing ovation !

La Châtaigneraie grièvement blessé est pris en charge par le SAMU. Dans l'ambulance on lui fait des pansements que, de rage, il arrache. Du coup ça s'infecte et il meurt le lendemain, lui qui s'était attendu à remporter le duel en deux coups de cuillères à pot ! Même qu'il avait prévu une méga-teufé pour la suite.

Le roi fut si touché par sa mort qu'il fit savoir que plus jamais il ne permettrait de duels publics. Il périra lui-même douze ans plus tard dans un combat singulier comme l'avait prédit Nostradamus qu'il aurait mieux fait d'écouter.

L'expression coup de Jarnac, au départ synonyme d'habileté, prit une connotation péjorative au XVIIIème siècle à cause d'un dictionnaire publié par les Jésuites: tout ça parce que le baron de Jarnac était protestant !

Rétablissons le coup habile et pas moins loyal pour autant: Chabot, le baron de Jarnac qui n'arnaqua jamais personne ne l'a-t-il pas mérité ?

SOURCE

Présentation très moderne.

C'est vrai avec moi c'est toujours un peu rock n'roll  A bas le sérieux ! 

couper le jarret de l'adversaire ,au nom de l'honneur ,ce n'est pourtant ,pas trés sport !!

shocking , dirait les anglais !