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Buissonnière fut l’école de mes jeunes années


ISOTIS

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ISOTIS Membre 54 messages
Forumeur balbutiant‚
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Buissonnière fut l’école de mes jeunes années

M’éloignant de tout ce qui oblige à faire œuvre de géomètre,

Fuyant les diktats, je tiens à échapper au contrôle des mètres.

 

Désirant savoir ce que vaut un récit entièrement versifié,

Si la chose plaisait, cela me permettrais de me diversifier.

 

J’imagine que, pour celui qui bien l’y voit cela se conçoit,

Mais sais que, pour le virgilien, la chose ne va pas de soi.

 

Cela étant précisé, si se défaire des usages paraît déplacé,

Je pense que qui tout accepte, un jour, finira par se lasser.

 

Si rester muet comme carpe en ne pipant mot pose problème,

Il demeure que ce que l’on sème est souvent ce que l’on aime…

 

En rendant grâce à ceux qui me lisent de courtoises manières,

J’espère vraiment que cette première ne soit pas la dernière.

 

Autrement dit, à quoi me servirait d’avoir trop le bec-ouvert,

Puisque celui qui trop en fait fini très souvent nu comme ver.

 

Alors, si je me nourris en fuyant nombre de mes souvenirs,

Cela veut dire qu’entre eux et moi il n’y a point d’avenir.

 

Je n’inviterai personne à prendre cette petite histoire au sérieux,

Sans dire que le ciel sera bleu quand viendra le jour de l’adieu.

 

Puisque pour me consoler aucune entité célestielle n’est venue,

À quoi sert la vertu si à aider âme perdue elle n’est plus tenue !

 

Avancer en gardant une juste ligne n’est point chose facile,

Surtout lorsque l’on veut à se défaire de ses délires imbéciles.

 

Aussi, pesant et malvenant serait de ne parler que de moi,

Quand mon désir est d’abord de me faire connaître de toi.

 

N’étant pas de haute lignée et guère plus habile d’esprit,

J’ose dire que le savoir des érudits ne m’a que peu apprit.

 

Je ne dirais pas que buissonnière fut l’école de mes jeunes années,

Si à faire le passe-moi l’outil toute l’année je n’étais pas condamné.

 

J’ai beau n’avoir n’y fortune, n’y certificat et n’y diplôme aucun,

Je sais que l’important n’est pas d’être mais, de devenir quelqu’un…

 

Riche de savoir, comment se fait-il qu’un lettré sur son piédestal posé,

Ne sache pas encore que, couleuvre avalée, l’ouvrier n’est plus disposé !

 

Né d'une mère désolée de voir et de compter les ivresses d’Aquitaine,

A fait que je ne me baigne et ne boit que l’eau des claires fontaines.

 

Et si à demeurer haut perché fut une absolue nécessité,

C’était sûrement pour faire un pied-de-nez à l’adversité.

 

Pour ce qui est de ce savant qui s’étonne de ne me jamais voir,

Entendra-t-il un jour que je n’ai rien à faire à la table du savoir.

 

Fuir les lieux où l’on s’ennuie avec élégance, assurément courus,

Ne m’a jamais empêché d’aimer mes amis et mes chers disparus.

 

Si je ne dis plus que c’est dans mon cœur que logent maman et papa,

C’est parce que, dit-on, les aimer en pareil endroit cela ne se fait pas.

 

L’en voulant savoir davantage, on me questionne, on me bouscule,

Il s’en trouve même qui disent que pareille attitude frise le ridicule.

 

Bigre ! Ridicule ou pas ridicule, sur quoi repose leur avis,

Puisque nous sommes tous accrochés à la patère de la vie.

 

Excédé, j’objecte que si de l’absurde, j’en ignore le goût,

C’est parce que de l’intolérance grand est mon dégoût.

 

Destiné à être transbahuté de partout, c’est à l’âge de dix-huit jours,

Que sans enfant, tante Yvonne pour ma frimousse fut prise d’amour.

 

Si tu interrogeais mes culottes usées par les berges du canal St-Martin,

Je sais qu’elles te diraient que j’étais un gamin dur à réveiller le matin…

 

Plus tard, follement amoureux de mon beau Paris et de ses faubourgs,

L’aimant sans détour, c’est au pied d’une tour, que j’ai connu l’amour.

 

Aussi, quand fut venu le temps des prouesses dues à ma prime jeunesse,

Le jouvenceau frais moulu que je fus, n’a-t-il pas montré sa hardiesse ?

 

Je me souviens des billets doux et des rencontres sans lendemain,

Ou filles et garçons enlacés s’osèrent enfin se prendre par la main.

 

Que sont devenues ces attirantes midinettes aux cœurs désolés,

Qui, seul un baiser doux sur bouche déposée les pouvait consoler.

 

Pourquoi tairais-je qu’aux émois des troubles qui toujours affolent,

Mes éveils amoureux ne duraient que le temps d’une étreinte folle !

 

Évoquant, sans fierté, ce que furent mes furtives rencontres,

Est-ce indécent d’ajouter qu’à aimer fort je n’étais pas contre.

 

M’osera-t-on reprocher d’avoir été un ardent câlineur,

Après m’avoir dit qu’amour était une source de bonheur !

 

Douloureux est de repenser à la fille de la gérante du Familistère,

Qui, de sa vénusté et de son besoin d’aimer ne faisait pas mystère.

 

Cela étant sciemment évoqué, je ne sortirais pas grandi,

En me refusant d’avouer, qu’un jeudi, sur le coup de midi,

 

Celle que j’aimais, en la personne de la belle épicière,

M’informa vouloir quitter Paris pour raison financière.

 

Ma peine était d’égale valeur de ce que j’hésite à te dire,

Et que, côté cœur, il ne me pouvait rien arriver de pire.

 

Ne parvenant pas à accepter une aussi désagréable nouvelle,

L’en sortir seul ne pouvait se faire qu’en agitant ma cervelle.

 

Entendu, qu’entre nous, se dressait une infranchissable barrière,

Et n’oubliant pas que sa décision excluait tout retour en arrière.

 

Victime d’un vil abandon sans nom qui me laissa sans voix,

Je savais que pour qui mal fait, la loi, aucune peine ne prévoit.

 

Au sens humain du mot, peut-on encore qualifier de couple,

Quand, sans raison, deux amants, plus jamais, ne s’accouplent !

 

Quand elle disait qu’il faut se séparer dès que l’on se déçoit,

Peiné, j’objectais que la mort est préférable au chacun chez-soi.

 

Lui avouant qu’immense serait ma déveine de ne la plus voir,

Elle m’assura qu’un ignare sans savoir ne peut pas tout avoir.

 

Vu que deux êtres pour se connaître n’ont besoin que d’un jour,

Pourquoi ces mêmes seraient-ils contraints de s’aimer toujours ?

 

Lui disant qu’une étreinte forte ne vaut que lorsque paraît un enfant,

Je pense, que riant de cela, elle s’est privée du plus beau des diamants.

 

En admettant que mieux vaut vivre seul que mal accompagné

Personne ne dit que c’est dans l’opprobre qu’il faut se baigner.

 

Après avoir un peu trop pleurniché sur ma petite personne,

Je ne m’étonne pas qu’à ma porte, plus personne ne sonne.

 

Comme cela ne suffit pas, prouvant qu’en moi il n’y a rien de méchant,

Il se fait, qu’aucune belle ne me borde quand vient l’heure du couchant.

 

Si, comme je l’espère, tu aspires à ce que vite j’oublie mes revers,

Ne t'éloigne pas sans avoir lu l’entièreté de ces huit derniers vers…

 

Quand l’on me dit que les mots sont faits pour notre seul plaisir,

Je réponds qu’ils ne se gênent pas de m’empêcher de dormir…

 

Plus tard, puisque indigent serait de ne parler que de moi,

Pour éviter cela n’hésite pas à me dire si tout va bien pour toi.

 

Venant juste de noircir ma dernière feuille de papier,

C’est à regret que je vais te quitter sur la pointe des pieds.

 

Si tu tiens à ce que perdure ce moment, je t’engage à me le dire,

Car, plus fort que la soupe, c’est parler s'écouter qui nous fait grandir.

 

Ayant fait au mieux, pour au mieux me décrire,

J’espère qu’aussi résolu sera ton désir de m’écrire.

 

Il se fait tard, puisque l’heure est venue de se quitter,

Sache qu’à parler vrai je pense vraiment m’être acquitté.

 

Cela étant dit, lorsque l’on me demande l’âge que j’ai,

Je réponds que ce qui doit rester secret ne se dit jamais.

 

Aussi, si tu souhaites d’autres plus tard dans la veine de ce soir,

Avant un adieu où un au revoir, je te prie d’accepter mon bonsoir,

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