Donne moi des ailes

Les ados ont parfois des idées assez bizarres qui ne sont pas toujours bienvenues. C’est comme ça que Thomas va avoir une idée chelou : faire écouter sa musique aux œufs de la couveuse… Il colle un de ses écouteurs sur un œuf. Au début, il ne remarque rien, mais au bout de quelques instants, on jurerait que la coquille vibre d’excitation. Amusé, il monte le son et décolle légèrement l’écouteur. L’œuf oscille ! A croire qu’il suit la pulsation rythmique !

Thomas se dit que le funk rock n’est peut être pas super adapté à la situation quand…c’est trop tard : la coquille se fissure sous ses yeux.

- Merde !

En quelques secondes, il repense à tout ce qu’il a appris depuis une semaine : l’extinction des oiseaux, le massacre des chasseurs, et les sept oies naines… Il s’élance dehors chercher son père.

 il a tué une oie  

Des fois les ados c'est pas très malin   On va bien voir si le père peut sauver le poussin ou pas.. 

Je suis pessimiste 

Tu ne devrais pas

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« Désolé, p’pa… Il y a un œuf… Je crois que je l’ai cassé. »

Christian se précipite à l’intérieur, soulève l’œuf délicatement et l’observe avec minutie.

«  Qu’est ce que t’as fabriqué ?

- J’ai voulu lui faire entendre ma musique. Pour… pour le changer de la tondeuse.

- Non mais je rêve ! »

Christian humecte délicatement la coquille à la recherche de traces de sang. Il redépose l’euf sous la lampe, de façon que la fêlure soit exposée à la chaleur.

Thomas tremble : « C’est grave ? »

En guise de réponse, son père prend un couteau très pointu et perce un trou dans la lézarde qui zèbre la coquille. Juste à côté, un deuxième œuf s’est mis à osciller. « Papa, lui aussi ! Regarde ! » L’adolescent est consterné. Christian éclate de rire : « Ils sont à terme ! On va être parents ! 

- Non mais sérieux tu pouvais pas l’dire au lieu de me laisser flipper ?!

- Vite, ils faut qu’on enfile nos tenues. Je finirai de coudre ta capuche ce soir mais pour l’instant, on reste couverts dès qu’on est en contact avec nos naines.

- Même dehors ?

- Partout ! Il va falloir t’y faire. Allez, ne t’inquiète pas, je ne posterai aucune photo !

- Ha ha, très drôle… »

Ouf n'empêche il mériterait bien une photo ridicule sur le net

il y a 2 minutes, Kâli a dit :

Ouf n'empêche il mériterait bien une photo ridicule sur le net

Ouais  idiot !

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Christian a fermé toutes les portes et les fenêtres pour éviter les courants d’air. Il est penché sur la couveuse et murmure : « ka… ka… ka… ka… ». Par instants il donne de légers coups de cornet à poire, un simple klaxon de vélo. Il se tourne vers son fils : « Tu veux essayer ? » Celui-ci recule en secouant la tête. Mais Christian sait le convaincre et il se met à murmurer cette étrange berceuse pour oies. Un œuf craque, un petit bec apparaît. Le père incite le fils à aider l’oisillon. Thomas, l’œuf en mains, est bouleversé. Une à une, délicatement, il enlève les esquilles.

Après s’être dégagé entièrement, l’oisillon respire, les yeux mi-clos, et sa tête semble peser très lourd au bout de son cou. Thomas l’emmaillote : « Je le prends contre moi ?

- Oui, et tu peux lui souffler dessus, lui apporter de la chaleur, mais doucement hein. Tu es la première personne à lui montrer de l’attention.

- Alors c’est ça, l’imprégnation ?

- Exactement. Et ça signifie que, techniquement, tu es son père. »

Thomas sursaute et lui rend l’oisillon : « Y a pas moyen ! C’est toi son père ! »

Le duvet noir est si fourni qu’on dirait qu’il hésite encore entre fourrure et plumes, les pattes sont grandes, presque translucides. L’oisillon est placé dans une boîte garnie de polaire. L’éclosion des vingt œufs peut prendre deux ou trois jours pour les plus paresseux. Avant trois semaines, il ne sera pas possible de déterminer leur sexe.

Je ressors une photo prise lors d'une journée passée au Pays Bas, à Zélande, d'une oie bernache et ses petits 

« Donne lui un nom mon garçon.

- Mais je ne sais pas si c’est un mâle ou une femelle.

- Laisse venir l’inspiration.

- Akka. Elle s’appelle Akka.

- OH ! Toi tu as lu le Voyage de Nils pas vrai ? »

Thomas rougit. Oui, il a lu le livre qu’il a trouvé dans la bibliothèque de son père.

«  Si on appelait l’autre Poulidor ?

- C’est qui ?

- Un ancien cycliste qui arrivait toujours deuxième au tour de France.

- Mais comment on va faire pour se rappeler tous les prénoms ?

- A force de les chouchouter, ça viendra tout seul.

Thomas se sent heureux, mais inquiet. Quelque chose le gêne, il va devoir repartir, alors que cette grande aventure commence seulement…

Les oisillons ont perdu leur aspect gluant pour revêtir un duvet jaunâtre qui leur donne des allures de petites boules soyeuses. Chaque matin depuis l’éclosion, Thomas compte les jours qu’il lui reste à passer auprès des oies. Il en profite un maximum, il va même les voir la nuit. Le matin il les libère et elles se pressent contre lui, grimpent sur ses jambes pendant qu’il chantonne « Akakakak… ».

Akka est facilement reconnaissable, elle est plus grande que les autres. C’est sa préférée. C’est Son oie. Il se garde d’être trop démonstratif en présence de son père, mais Thomas a du mal à accepter la séparation à venir.

Son père avait raison, on arrive très bien à les distinguer. Poulidor et Pokémon, les gros paresseux, Sailor le bagarreur, Jack et Bianca inséparables, Saturnin le froussard, que sa petite protégée aime bien embêter.

Quand son père faire irruption dans la pièce, Thomas interroge son oie : « Y avait quoi à bouffer dans ton œuf, Akka ? Tu trouves pas qu’elle est différente papa ?

- C’est vrai, oui. »

Un soupçon surgit dans l’esprit de Christian. « Bordel, c’est pas vrai !

- Quoi ?

- Bjorn, il s’est gouré, il a mélangé les œufs. Ton Akka n’est pas une oie naine ! Il s’agit d’une Bernache Nonette !

- Et alors, qu’est ce que ça change, c’est pas grave, c’est une oie.

- Si. C’est grave. Je ne veux pas les mélanger.

il y a 6 minutes, January a dit :

Bernache Nonette

      Doux jésus !                                 

- Papa tu peux pas la virer ! C’est du racisme !

- Je suis ornithologue, bonhomme, je suis désolé, mais il vaut mieux l’extraire du groupe. On ne mélange pas les espèces, pas pour ce voyage. Déjà que certains collègues vont m’agonir de critiques, je ne tiens pas à leur fournir des raisons supplémentaires de désavouer ma méthode.

- C’est mort ! Jamais je la laisserais ! »

Thomas se jette dans l’escalier en envoyant bouler Akka et sans se soucier des pépiements de panique. Les oisons forment aussitôt un cortège en désordre et foncent derrière lui, mais butent sur la première marche.

« Thomas..Attends !

- Je vais me recoucher !

- Je peux peut être y réfléchir..

- Tu dis ça pour m’embrouiller ?

- Non. Moi aussi je l’aime bien. Allez… Tu peux continuer à faire des papouilles…maman, je vais préparer le petit déjeuner. »

Son père sorti, Thomas s’empare d’un tube néon et gesticule au dessus de Akka en criant de façon guturrale : « Akkaaaaa ! Je suis ton pèèèère ! » L’oison le fixe, ahuri, et Thomas se demande si cette imprégnation pas vraiment réglementaire influencera son comportement, un jour…

Christian entraîne son fils vers le hangar, les oisons vont dehors maintenant, Thomas patiente avec eux au pied des marches pour éviter d’avoir à les porter un par un. Son père réapparaît avec une aile d’un bon mètre d’envergure, qui imite grossièrement la voilure de l’ULM.

«  Je veux que tu ailles te promener avec cette aile, tu la porteras comme une ombrelle. Et tu prends le magnéto avec toi.

- T’es sérieux ? Je vais faire l’ULM humain c’est ça ?

- Tout pigé ! Bientôt tu sauras expliquer le projet « Odyssée » mieux que moi. »

Thomas enclenche le bourdonnement familier qui semble ravir la troupe d’oisons. Il se met en marche. Aussitôt, Akka et Sailor se placent en tête de cortège, tous les autres à leur suite.

Pourquoi Christian part-il en Combi Volkswagen ? Eh bien parce que les oiseaux reconnaissent comme lieu d’origine l’endroit où ils volent la première fois. Pas l’endroit où ils naissent. Dans l’idéal, il aurait du aller en Norvège pour l’éclosion des œufs. Mais il n’avait pas les moyens de le faire. C’est pour ça qu’il rejoindra Bjorn dans le Boulonnais pour partir ensemble pour la Norvège. Sa destination est un parc immense, une sorte de réserve naturelle où la chasse est interdite. Il partira d’un lac et suivra la côte le long de la Baltique. Pour l’hivernage, il a trouvé un endroit protégé.

Ce n’est pas possible de les ramener au mas, en Camargue. Ce n’est pas leur milieu naturel. Tout ça, Christian l’a expliqué à Thomas qui commence à comprendre qu’il ne verra pas voler les oies. Et le pauvre, en ayant compris ça, il a bien peur de se mettre à chialer comme un morveux…

Ne pas finir son année au collège, partir voler en Norvège avec des oies ? Il va falloir convaincre Paola…

« Thomas, je vais préparer le Voyager II, lui remettre ses roues. Et tu vas le conduire de façon à ce que les oies te suivent.

- Tu me laisses piloter l’ULM ??

- Attention, je n’ai pas dit t’envoler, j’ai dit rouler. Ce n’est pas compliqué et moi ça va me permettre d’étudier le comportement des oies et de repérer les meneurs ou les peureux pour affiner ce qui peut l’être.

- Et nous, on vole quand ?

- C’est le fait du démon de se hâter, et celui de l’homme de savoir patienter.

- Non mais pitié pas de citation !

- Quoi ? C’est un proverbe turc du XIXe siècle.

- Bon, je vais chercher la tondeuse. »

Christian le regarde s’éloigner. Le cortège des oisillons compose une drôle de traîne soyeuse, qui piaille et se dandine pour ne pas se laisser distancer. Il emmènera son fils voler demain, juste pour le plaisir. Les oisillons peuvent bien rester une heure dans leur enclos.

Il est temps de mettre les oisons au bain. Christian a repéré une petite plage limoneuse dans le marais. Les oisons sont surexcités, on dirait qu’ils ont deviné que quelque chose se préparait. En respirant les effluves saumâtres à l’approche du rivage, la bande se met à piailler et caqueter d’impatience, avant de se lancer dans un sprint effréné. Les oisons ont gagné en puissance, et les marches quotidiennes ont développé les muscles de leurs pattes. L’ornithologue a beau avoir l’habitude, il s’émerveille chaque fois devant la perfection de la nature.

Paola et Julien stationne au bout du chemin de terre, devant le mas. Une pancarte est plantée là : « Obligation de porter une robe de bure » et deux tenues pendouillent dessus. Oui, ils doivent les mettre. Julien le prend bien « Allez, c’est plutôt marrant, regarde, je plane ! » dit-il en écartant les bras.

Paola et Julien en ont longuement discuté, et la décision a été prise de laisser Thomas avec son père.

Quand Paola arrive dans la cour, elle voit son fils juché sur l’ULM et hurle : « Thomas, descends de là !! » ce qui affole tous les oisons. Après que Christian se soit précipité vers elle pour lui expliquer, et mis à part le bruyant moteur de l’ULM et les oisons qui ont compris le signal de la promenade et s’impatientent, le calme revient.

Christian ouvre l’enclos, l’ULM commence à rouler et Paola reste bouche bée : « C’est hallucinant ! Elles le suivent ! » Julien est lui aussi subjugué.

Le spectacle suivant est la baignade, les deux citadins n’en reviennent pas. Paola comprend qu’avant même qu’elle prenne une décision, à Paris, il se nouait ici quelque chose contre laquelle il lui serait difficile de lutter.

Elle s’adresse à son ex-mari : « Bon, dis lui qu’il sorte de l’eau, ce serait dommage qu’il attrape une pneumonie avant de partir en Norvège, non ? »

Victoire !

Bou Diou January quel travail tu fais sur ce fil !

Tu ne retranscris pas littéralement le livre j'imagine?

Il y a 8 heures, chanou 34 a dit :

Bou Diou January quel travail tu fais sur ce fil !

Tu ne retranscris pas littéralement le livre j'imagine?

Ah non c'est interdit ça  Je dois tout réécrire et résumer autour de ce qu'on appelle "de courtes citations". 

Tu n'avais Jamais suivi de lecture partagée Chanou ? Décidément je ne me fais pas assez de publicité 

Janu' c'est notre reader digest à nous...mais en beaucoup mieux !