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Et si l'avenir de nos enfants se jouait à l'école maternelle ?


miscookiyou

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Et si l'avenir de nos enfants se jouait à l'école maternelle ?

  |  Le 15 mars 2018
 

Même le ministre de l'Éducation, Jean-Michel Blanquer, veut «repenser» la «petite école». À l'heure de l'enfant roi et de la course à l'éveil, les parents sont devenus intraitables sur le choix de l'école maternelle de leurs enfants. Parce que leur avenir en dépend ?

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«Tout se joue avant 6 ans», professait le docteur Fitzhugh Dodson dans son best-seller sur l’éducation, publié en 1970. Tout, c’est-à-dire la marche, le langage, la propreté, la socialisation, la créativité, la conscience de soi, la confiance en soi... Avant 6 ans ? Peu ou prou entre la naissance et la rentrée au CP.

Si tous les psychologues ou presque ont depuis répondu que non, rien n’est définitivement joué avant la fin de la petite enfance, une chose est sûre : l’enfant devient un « grand » de plus en plus petit, au point de savoir (presque) tout faire avant 6 ans. Plus éveillé, plus mobile, plus mature affectivement, plus nourri intellectuellement. Abreuvé à chaque instant par l’ère numérique dans laquelle il est né et évolue. Victime, aussi (surtout ?), de la «course à l’éveil» imposée par ses parents. Résultat : il ne va plus à l’école maternelle pour apprendre à tenir une fourchette et tirer la chasse. Il sait déjà faire tout ça. À 4 ans, il est avide d’apprendre à lire et rêve d’écrire son prénom en attaché sans trembloter.

Conscient de ce boom à double tranchant (une pression trop précoce mettrait clairement certains élèves en échec), le ministère de l’Éducation a fini par rénover la maternelle, pour qu’elle ne soit plus ni une garderie ni un « petit CP ». Depuis la rentrée 2015, elle est donc un cycle à part entière, qui donne plus de place à la découverte, à la manipulation et au développement sensoriel, du corps et du langage. « À trois ans et demi, les enfants ont besoin de jouer, on ne peut pas leur demander d’être assis sur leur chaise six heures par jour», défendait alors M. Sihr, secrétaire général du SNUipp-FSU, premier syndicat du primaire. Mais alors faut-il s’inquiéter si les enfants préfèrent apprendre à compter que faire une poule en pâte à modeler ? Pire, les parents ont-ils raison de vouloir remplacer Monsieur Patate par M. Parfait ?

>> Lire aussi : La maternelle française n'est plus ce qu'elle était

Des enfants de plus en plus performants

Nous avons rencontré l’équipe de l’école primaire de Rocroy Saint-Vincent de Paul (Paris 10e), un établissement privé sous contrat de la maternelle jusqu’à la terminale, dont le lycée est accessoirement dans le top 10 des lycées parisiens. Et le constat des enseignantes est sans appel : d’une année sur l’autre, les parents mettent de plus en plus de pression à leurs enfants. «Dès la moyenne section, ils achètent les cahiers de vacances de l’année de CP, nous demandent comment ils peuvent faire travailler leurs enfants de 3 ans le week-end, nous pressent de leur apprendre à lire», décrit Julie Grange, 36 ans, enseignante depuis treize ans. Leur rêve ultime (et secret) ? Leur faire sauter une classe. «Ils viennent nous dire que leur fille sait lire, qu’elle s’ennuie, qu’elle veut écrire, qu’elle réclame de s’entraîner le soir. Cette même enfant qui a bizarrement des plaques d’eczéma sur les bras…», alerte Émeline Pereira, 35 ans, enseignante en double niveau, moyenne et grande section. Pour l’enseignante, la pression exercée par les parents entraîne malgré eux un grand stress chez les enfants, facilement découragés et souvent en déséquilibre. «On est face à des enfants qui ont des cerveaux très performants mais qui ne maîtrisent pas des gestes basiques. À 4 ans, ils connaissent l’association syllabique et la comptine numérique jusqu’à 30, mais ne savent pas zipper leur manteau !»

Tout découle, pour la psychopédagogue Brigitte Prot, de cette grande nouveauté qu’est l’élaboration d’une «stratégie scolaire» pour les enfants. «Les parents tirent les leçons de leurs propres vies professionnelles. Ils sont conscients de l’importance des diplômes, et plus encore de ceux obtenus dans des écoles prestigieuses. Ils savent que les premiers seront les premiers !» Une façon de les excuser, ces pauvres géniteurs, qui ne désirent finalement qu’une chose : mettre leurs progénitures le plus tôt possible sur la bonne voie, le plus tôt à l’abri de «la crise». Une crise qu’ils ont, eux, pris de plein fouet à leur sortie d’école.

Entre désir d'avenir et retour aux valeurs sûres

«Protéger est devenu l’une de leurs premières responsabilités», décode Monique de Kermadec, auteure de L’enfant précoce aujourd’hui(Albin Michel, 2015). «Partant du principe que la sécurité matérielle dépend de l’emploi qui dépend lui-même des études, les parents opèrent une sorte de compte à rebours pour leurs enfants : de la grande école, ils envisagent la meilleure classe préparatoire, le meilleur lycée, le meilleur collège et donc…la meilleure école maternelle.» On en est là. Sans tomber dans le délire éducatif, on projette son enfant de plus en plus loin, de plus en plus tôt.

Des propos nuancés par Anne-Elizabeth d’Hermy, directrice de l’école primaire de Rocroy Saint-Vincent de Paul. Si elle admet que oui, «les parents sont de plus en plus angoissés quant à l’avenir de leurs enfants», elle constate aussi qu’ils ont parfois, tout simplement, peur de l’éducation de demain. Plus qu’un désir de transformer leurs enfants en singes savants, elle observe chez les parents la volonté d’«un retour à des valeurs sûres et à un vrai cadre éducatif». «Dans un contexte de crise et d’insécurité, ils réclament naturellement un environnement attentif et bienveillant pour leurs enfants», assure cette chef d’établissement depuis cinq ans, pleinement impliquée dans son devoir d’accompagnement des familles. «Au-delà du résultat et de la bonne note, ils souhaitent que leurs enfants appréhendent le sens de l’effort et le goût de la tâche accomplie.» Une manière de les pousser à réussir, certes, mais de les pousser à trouver les clés pour le faire, surtout. «La petite section de maternelle est une mini-société. Les enfants sont là pour tisser leurs premiers liens sociaux, faire leurs premiers pas dans l’accomplissement de leur personne, devenir des êtres responsables et ouverts aux autres. Notre mission n’est pas d’en faire des petits ministres.»

Quand les maternelles ressemblent à des prépas

Certaines écoles, hors-norme, sont là pour ça. On les appelle les «maternelles prépas», ou «maternelles d’élite». À Paris, les plus connues sont l’École active bilingue Jeannine-Manuel (EABJM), dans le 15e arrondissement, et l’École alsacienne, dans le 6e. Chacune sa force, chacune son public. L’EAJBM mise sur l’excellence scolaire, l’Alsacienne sur l’excellent réseau. Dans la première, les élèves sont soumis à un examen d’entrée dès la moyenne section (rater le « test du bonhomme » devant le comité de recrutement devient le pire cauchemar des prétendants de 3 ans). Le prix à payer pour une année dans ses boîtes à minicracks ? Celui d’une école de commerce (entre 5 000 et 7 500 € - en demi-pension). Malheureusement, ni l’une ni l’autre n’a souhaité répondre à nos questions.

Parallèlement à ces établissements hors-norme, les écoles alternatives. Dans un article publié en juillet 2015, nous évoquions Montessori, Freinet, Steiner, Decroly… L’Hexagone compte aujourd’hui 352 écoles engagées dans des démarches d'innovation ou d'expérimentation et accompagnées par le ministère de l’Éducation nationale. Des structures qui séduisent de plus en plus de parents aisés — encore une fois, les frais de scolarité annuels frisent ceux de HEC. Des horaires plus souples, une sensibilisation à l’art, une partie des «cours» en anglais, un apprentissage à son rythme (censé favoriser les enfants précoces)… «Fondateurs de Google, d’Amazon, de Wikipedia… La plupart des géants de la Silicon Valley sont passés par l'école Montessori», illustre la psychopédagogue Brigitte Prot. Même George de Cambridge, le fils du prince William, a intégré le label, à Norfolk, début janvier. À 2 ans et demi.

Finalement Jacques Attali était peut-être visionnaire quand il écrivait, dans son rapport «Pour un modèle européen d'enseignement supérieur» : «L’essentiel des élèves reçus aux grands concours comme ceux de l’École Normale Supérieure ou de l’École Polytechnique viennent d’une dizaine de lycées. En poursuivant jusqu'à l’absurde, on pourrait même sans doute établir que la majorité des élèves des plus grandes écoles françaises ont commencé leur scolarité dans une ou deux centaines de classes maternelles !» Jusqu’à l’absurde, vous dites ?

 

 

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