Mado

D 'une chasteté extrême , la sévère Madeleine dite "Mado" ne vivait que pour la vertu.  A 60 ans bien sonnés , elle n'avait embrassé que le crucifix du curé , détestant aussi maladivement les enfants que les hommes , bien  que son chignon baroque et quelques autres détails de sa toilette pussent laisser supposer que si elle n'avait pas représenter cette infâme bigotte à marier , elle aurait été la plus parfaite incarnation de la vieille putain;

Avec ses allures de coquette bien ridée , son air strict  , ses souliers immodestes , son rouge à lèvres  "criard"  que venait contredire son corsage hermétiquement , radicalement  clos , ses ongles vernis au reflet vulgaire contrastant avec ses chapelets austères  oscillant entre gouffre et ciel , elle évoque autant la maquerelle que la sainte.

Jouant sur l'ambiguïté des apparences  ,  Madeleine aimait semer le doute chez certains pour mieux faire triompher la vérité , entre  guillemets "vérité". La vertu son credo , ses journées de femme entretenue employées à faire grandir cette flamme suspecte se résumait à des missions de surveillance de ses voisins et pour tout dire , le village entier de temps  à autre aimait rôder autour du cimetière.Une cause suprême la tourmentait , tournait à l'obsession et même à la rage haineuse ; sa chasteté. Elle se glorifiait cependant de son ignorance de l'ivresse charnelle.

Toutes les occasions étaient bonnes  pour se vanter de ses moeurs irréprochables . Même les funérailles de ses vieilles amies servaient de prétexte à l'expression publique de sa bonne conduite.L'éloge funèbre des défuntes tournant rapidement à l'éloge d'elle-même et sa pseudo vertu demeurait intacte aux yeux même de sa propre famille. Tout ce qui pouvait faire songer à un phallus la troublait , aussi détournait-elle honteusement le regard devant les cierges de la messe , certaines cucurbitacées voire tel champignon chez son moustachu d'épicier. 

Les gros cigares que fumait le prêtre de la paroisse qu'elle trouvait séduisant  dans sa robe noire. La clé à molette du musculeux cantonnier , sa terreur du symbole viril  sans ailes ,  dans le refus de cette horreur comme elle disait trahissait comiquement ses irrépressibles attirances.

Un jour ,  sur le chemin menant à l'école de son village ,   Gilbert  le clochard du village lui montra ce qu'elle n'aurait  voulu souhaiter ne jamais voir , et ce qu'elle vit la toucha et la retourna était si énorme si impie qu'elle se convertit. Madeleine s'est débarrassée de ses missels , chapelets , crucifix et autre signe de fausse honnêteté ayant si longuement alimenté sa vanité. Aujourd'hui Devenue "Mado" , elle se consacre  avec sincérité au bien-être des hommes , préoccupée du sort de ses prochains , aimée de tous.

Représenté.