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La lutte des classes existe-t-elle encore ?


Docteur CAC

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La question me taraude quand un ministre de gauche dit n'y avoir jamais cru (ce n'est pas le fait qu'il n'y croit pas qui me pose un problème c'est qu'il ne propose rien en contrepartie :hu:). Oui parce-qu’à moins d'avoir vécu 30 ans dans une caverne on peut quand même au moins s'interroger sur la conflictualité de la société. Bien-sur le concept de lutte des classes est souvent rattaché au marxisme mais ce sont les libéraux qui ont inventé le concept (là j'imagine un peu votre tête : shok.gif). Oui, oui je sais c'est étonnant et ça ne remet pas en cause l'importance de la contribution de Marx. Il y a une appréciation différente des libéraux sur la lutte des classes : c'est son importance dans les rapports sociaux et l'organisation sociale. Le but de cette réflexion sera de donner des éléments de la théorie marxiste pour nous permettre de répondre à cette question. Pour être clair dès le départ je partirai de la base mais je n'expliquerais pas tout non plus c'est impossible mais pour ceux qui veulent aller plus loin je proposerais des textes à lire pour bien comprendre l'idée du machin parce-que je sais bien par expérience (pour avoir lu le manifeste et le capital notamment) que Marx est difficile à appréhender. Dans le cas ou vous maitrisez les concepts marxistes et parétiens je vous propose de toute de suite passer à la partie intitulée "Mais que faire de toutes ces théories ?".

L'analyse marxiste des effets de l'industrialisation

Si vous avez déjà lu un de mes articles, d'une part je vous en remercie
thumbsup.gif
et d'autre part, vous savez alors que j'apprécie contextualiser les choses et Marx n’y échappera pas !

Lui-même n'a pas eu l'idée de développer ses concepts par hasard, le XIX
ème
est une époque de grands changements à plusieurs niveaux : les rapports de production, les rapports sociaux, et les structures politiques (Il a même pour le coup était contemplatif).

Ces changements sont la conséquence de l'industrialisation des économies qui va faire naitre la classe laborieuse (la classe ouvrière), le salariat. De même Marx est au départ un philosophe qui va d'abord s'intéresser aux rapports sociaux. Il étudie par exemple la Commune de Paris et les évolutions politiques de la France.

Ce développement du salariat a pour conséquence de pousser un bon nombre d'ouvriers dans la misère, ce qui pousse Marx à penser qu'il y a une profonde injustice puisque l'ouvrier par son travail est la vraie force productive de l'économie, comment cela a-t-il pu arriver ? Il va revenir à l'essence de la science économique pour répondre aux questions posées par ce nouveau monde.

Le concept de la valeur-travail fondateur de la philosophie de Marx

Aux prémices de la science économique il y a bien souvent la question de la valeur des marchandises, de la richesse et de son partage. Vous êtes en train de vous dire "Mais pourquoi se poser cette question avant toutes les autres ?
:hum:
", et la réponse est simple : c'est le point de départ de toutes les théories économiques puisque l'économie est fondée d'abord sur la compréhension de l'échange créateur de richesse.
On retrouve déjà cette idée chez Adam Smith, Ricardo et tous les économistes classiques (oui, oui je viens de dire que
Marx partage la même base que les libéraux classiques
, ainsi Marx est souvent surnommé "le dernier des classiques").
Ainsi pour Marx, c'est la quantité de travail qui détermine la valeur de la marchandise :

Comme les valeurs d'échange des marchandises ne sont que les fonctions sociales de ces objets et n'ont rien de commun avec leurs qualités naturelles, il faut tout d'abord nous demander : Quelle est la substance sociale commune à toutes les marchandises ? C'est le travail.

Pour produire une marchandise, il faut y appliquer, y faire entrer une quantité déterminée de travail. Et je ne dis pas seulement de travail, mais de travail social.

Un homme qui produit un objet pour son usage personnel immédiat, en vue de le consommer lui-même, crée un produit, mais non une marchandise. En tant que producteur subvenant à lui-même, il n'a rien de commun avec la société.

Mais pour produire une marchandise, il faut que cet homme produise non seulement un article qui satisfasse à quelque besoin social, mais il faut encore que son travail soit un élément ou une fraction de la somme totale du travail utilisé par la société. Il faut que son travail soit subordonné à la division du travail qui existe au sein de la société. Il n'est rien sans les autres subdivisions du travail et à son tour il est nécessaire pour les compléter.

Lorsque nous considérons les marchandises en tant que valeurs, nous les regardons exclusivement sous le seul aspect de travail social réalisé, fixé ou, si vous voulez, cristallisé en elles. Sous ce rapport, elles ne peuvent se distinguer les unes des autres que par le fait qu'elles représentent des quantités plus ou moins grandes de travail: par exemple, on emploie une plus grande quantité de travail pour un mouchoir de soie que pour une brique.

Mais comment mesure-t-on la quantité de travail ?

D'après le temps que dure le travail, en mesurant le travail à l'heure, à la journée, etc. Naturellement, pour se servir de cette mesure, on ramène tous les genres de travail au travail moyen, ou travail simple considéré comme leur unité.

Nous arrivons donc à cette conclusion: une marchandise a une valeur parce qu'elle est une cristallisation de travail social. La grandeur de sa valeur ou sa valeur relative dépend de la quantité plus ou moins grande de cette substance sociale qu'elle contient, c'est-à-dire de la quantité relative de travail nécessaire à sa production. Les valeurs relatives des marchandises sont donc déterminées par les quantités ou sommes respectives de travail qui sont employées, réalisées, fixées en elles. Les quantités de marchandises correspondantes qui peuvent être produites dans le même temps de travail sont de valeur égale. Ou encore, la valeur d'une marchandise est à la valeur d'une autre marchandise comme la quantité de travail représentée dans l'une est à la quantité de travail représentée dans l'autre.

Marx ici prend toute sa dimension Hégélienne : le travail permet de se réaliser, il est socialisant. Il est fait dans un but précis et découle d'une véritable réflexion, en cela l'Homme se distingue donc de l'animal. Mais l'organisation de la production héritée de l'industrialisation dépossède l'ouvrier de son propre travail, il ne peut plus en jouir et ne vise plus uniquement la satisfaction d'un besoin, il devient en ce sens une aliénation. On assiste à ce que Marx appelle
la mortification de l'ouvrier
.
On retrouve ce "vol" du travail de l'ouvrier dans
le principe de la plus-value
qui représente le travail non payé :
La plus-value, c'est-à-dire la partie de la valeur totale des marchandises dans laquelle est incorporé le surtravail, le travail impayé de l'ouvrier, je l'appelle le profit.

L'Homme est ainsi dans le capitalisme une marchandise comme une autre et la force du travail à son prix :
La valeur de la force de travail est déterminée par la quantité de travail nécessaire à son entretien ou à sa reproduction, mais l’usage de cette force de travail n’est limité que par l’énergie agissante et la force physique de l’ouvrier.

Pourquoi la lutte des classes ?

Dans lutte des classes, il y a quoi ? vous allez me répondre
"bhinnnnn lutte et classes"
et je vous rétorque alors
"très bien ! C'est exactement cela pas besoin de chercher compliqué dès le début"
. De prime abord, on peut se dire que la lutte est un combat, une confrontation et la classe est un groupe d'individus.

et pas un groupe d'enfants sauvages avec un pauvre adulte au milieu de tout ça, heu
:mouai:
.... bon passons
:o°

Marx accorde à la lutte des classes une importance historique et même plus une importance élémentaire qui fonde notre société (c'est
le matérialisme historiqu
e) :
L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes de classes.

Pour Marx, il y a une opposition entre ce qui a appelé
la bourgeoisie
(propriétaire du capital, de l'outil de production) et
le prolétariat
(usant de sa force travail). Cette opposition est systématique, violente et surtout déséquilibrée …

L'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire de luttes de classes. Homme libre et esclave, patricien et plébéien, baron et serf, maître de Jurande et compagnon, en un mot oppresseurs et opprimés, en opposition constante, ont mené une guerre qui finissait toujours soit par une transformation révolutionnaire de la société tout entière, soit par la destruction des deux classes en lutte.

Dans les premières époques historiques, nous constatons presque partout une organisation complète de la société en classes distinctes; une échelle graduée de conditions sociales. Dans la Rome antique, nous trouvons des patriciens, des chevaliers, des plébéiens, des esclaves ; au Moyen Age, des seigneurs, des vassaux, des maîtres, des compagnons, des serfs et, de plus, dans chacune de ces classes, une hiérarchie particulière.

La société bourgeoise moderne, élevée sur les ruines de la société féodale, n'a pas aboli les antagonismes de classes. Elle n'a fait que substituer de nouvelles classes, de nouvelles conditions d'oppression, de nouvelles formes de lutte à celles d'autrefois.

Cependant, le caractère distinctif de notre époque, de l'époque de la bourgeoisie, est d'avoir simplifié les antagonismes de classes. La société se divise de plus en plus en deux vastes camps ennemis, en deux grandes classes diamétralement opposées : la bourgeoisie et le prolétariat [...].

La bourgeoisie a joué dans l'histoire un rôle éminemment révolutionnaire.

Partout où elle a conquis le pouvoir, elle a détruit les relations féodales, patriarcales et idylliques. Tous les liens variés qui unissent l'homme féodal à ses supérieurs naturels, elle les a brisés sans pitié pour ne laisser subsister d'autre lien, entre l'homme et l'homme, que le froid intérêt, les dures exigences du «paiement au comptant». Elle a noyé les frissons sacrés de l'extase religieuse, de l'enthousiasme chevaleresque, de la sentimentalité petite-bourgeoise dans les eaux glacées du calcul égoïste. Elle a supprimé la dignité de l'individu devenu simple valeur d'échange; aux innombrables libertés dûment garanties et si chèrement conquises, elle a substitué l'unique et impitoyable liberté de commerce. En un mot, à l'exploitation que masquaient les illusions religieuses et politiques, elle a substitué une exploitation ouverte, éhontée, directe, brutale.

À mesure que grandit la bourgeoisie, c'est-à-dire le capital, se développe aussi le prolétariat, la classe des ouvriers modernes qui ne vivent qu'à la condition de trouver du travail et qui n'en trouvent que si leur travail accroît le capital. Ces ouvriers, contraints de se vendre au jour le jour, sont une marchandise au même titre que tout autre article de commerce; ils sont exposés, par conséquent, de la même façon à toutes les vicissitudes de la concurrence, à toutes les fluctuations du marché. [...]

De toutes les classes qui, à l'heure actuelle, s'opposent à la bourgeoisie, seul le prolétariat est une classe vraiment révolutionnaire. Les autres classes périclitent et disparaissent avec la grande industrie; le prolétariat, au contraire, en est le produit le plus authentique.

Souvent on l’oublie mais Marx n'était pas non plus totalement idiot et on peut trouver ça très beau mais comment expliquer alors certaines classes se mobilisent et d'autres non ? Marx a répondu avec cet exemple :

Les paysans parcellaires constituent une masse énorme dont les membres vivent tous dans la même situation, mais sans être unis les uns aux autres, par des rapports variés. Leur mode de production les isole les uns des autres, au lieu de les amener à des relations réciproques.

Cet isolement est encore aggravé par le mauvais état des moyens de communication en France et par la pauvreté des paysans. L'exploitation de la parcelle ne permet aucune division du travail, aucune utilisation des méthodes scientifiques, par conséquent aucune diversité de développement, aucune variété de talents, aucune richesse de rapports sociaux. Chacune des familles paysannes se suffit presque complètement à elle-même [...] La parcelle, le paysan et sa famille; à côté, une autre parcelle, un autre paysan et une autre famille. Un certain nombre de ces familles forment un village et un certain nombre de villages un département. Ainsi, la grande masse de la nation française est constituée par une simple addition de grandeurs de même nom, à peu près de la même façon qu'un sac rempli de pommes de terre forme un sac de pommes de terre.

Dans la mesure où des millions de familles paysannes vivent dans des conditions économiques qui les séparent les unes des autres et opposent leur genre de vie, leurs intérêts et leur culture à ceux des autres classes de la société, elles constituent une classe. Mais elles ne constituent pas une classe dans la mesure où il n'existe entre les paysans parcellaires qu'un lien local et où la similitude de leurs intérêts ne crée entre eux aucune communauté, aucune liaison nationale ni aucune organisation politique. C'est pourquoi ils sont incapables de défendre leurs intérêts de classe en leur propre nom.

On parle aussi du passage de
la classe en soi à la classe pour soi
qui est le moment où la conscience de classe apparaît chez les individus composants cette classe. De la même manière, Marx n'est pas naïf sur l'individu et il conçoit qu'il faut une motivation pour entrer en classe :
Les individus ne constituent une classe que pour autant qu'ils ont à soutenir une lutte commune contre une autre classe ; pour le reste, ils s'affrontent en ennemis dans la concurrence.

À partir du moment où il y a conscience de classe, il y a un intérêt de classe à défendre contre une classe antagoniste et nous bouclons la boucle puisque nous revenons à la lutte des classes. La lutte des classes est donc une dynamique sociale historique.

Vilfredo Pareto une autre façon de voir

D'autres auteurs ont réfléchi sur cette problématique, je peux vous présenter une autre façon de voir les rapports sociaux, celle de Vilfredo Pareto. Pareto est assez ambitieux puisqu’il tente d’avoir une approche générale( une science générale de la société), ce qui le rapproche de Marx. Marx et Pareto appartiennent à l’
école du soupçon
: le discours de l’Homme est trompeur, les mobiles, les significations des actes, les significations des pensées ne sont pas celles que veulent avouer les acteurs. Chez Freud, on a une idée
du conscient et de l’inconscient
. Chez Marx, nous avons dit que le mobile est l'intérêt de classe. Chez Pareto, ce sont des sentiments qu’il appelle « instincts » qui se trouvent un nombre de justification rationnelle.

Pareto distingue ce qu’il appelle les actions logiques, et les actions non logiques : il faut partir de l’idée que les acteurs engagent des moyens en vue de certaines fins. Ceci dit, l’utilisation des moyens ne conduit pas automatiquement aux fins liées.

Pourquoi ?
il n’y a pas nécessairement un équilibre dans la combinaison entre la fin et les moyens, c’est-à-dire certaines fois les buts peuvent être improbable et les moyens inadéquats (Exemple : les sacrifices humains). A ce moment là on a affaire à des actions non rationnelles. Pareto partage une certaine philosophie occidentale dominante depuis plusieurs siècles : le monde peut être rationnel et les individus peuvent être aussi rationnels.

Comment expliquer les actions logiques et non logiques ?

Cela révèle que les individus sont gouvernés par les instincts mais aussi par la raison. Les instincts sont nommés par Pareto,
résidu.
Pour passer des instincts aux résidus il y a un
phénomène de dérivation
. Les dérivations sont les discours que va produire l'individu pour justifier ses instincts.

L’individu pour paraître rationnel, va avoir un discours (même trompeur) car il n’a ni un but atteignable ni les moyens adéquats. Il existe plusieurs formes de résidus : notamment l’instinct de combinaison qui est la tendance des Hommes à établir des rapports entre les choses et les idées. C’est ce que Pareto appelle le
résidu du développement intellectuel et culturel.

Exemple : les institutions sont le résidu de l’ordre social.

Les dérivations sont des explications verbales (la doctrine) qui vont enrober les actes non logiques. Cela nous indique que les raisons de nos actes ne sont pas celles que l’on s’avoue, il faut donc démarquer les buts de la pensée. Autre concept chez Pareto c’est l’idée d’
hétérogénéité
: il y a un fait fondamental, la société humaine n’est pas homogène
« les Hommes sont différents physiquement, moralement, intellectuellement »
. Cette hétérogénéité prend plusieurs facettes, et cela se traduit par un fait fondamental pour toutes les sociétés : c’est une séparation ou une opposition entre la masse des individus gouvernés et un petit nombre d’individus de gouvernant.

Cela va conduire vers une société hiérarchisée en 2 couches :
  • Couche supérieure (les gouvernants) ;
  • Couche inférieure (les gouvernés).

La nature de cette élite va dépendre d’instinct et si l’élite à des
instincts de combinaison
, l’élite utilisera la ruse si en revanche c’est
l’instinct de persistance
qui domine, il n’y aura pas beaucoup de développement économique.

Cette élite a deux moyens : la ruse et la force, c’est-a-dire soit les moyens de contrainte, soit l’art de convaincre ou l’art de la tromperie. Un gouvernement peut être légitime s’il persuade la masse d’obéir au petit nombre. L’idée c’est que l’on a toujours des aristocraties qui se succèdent (pour Pareto l’histoire est toujours aristocratique).

Enfin, les élites meurent de 2 façons : soit par
transfert interne
, soit par
rupture violente
.

Avec le temps l’élite perd de son énergie, les héritiers vont profiter de leur naissance et être atteint par le résidu de
« première classe »
(l’esprit critique et scientifique). Autres raisons qui peuvent faire circuler les élites : les décadences sociales, et biologique, cela exclus une harmonie durable entre les dons des individus et les positions qu’ils occupent. La masse des gouvernés est un « monton » et ne connais pas les règles du jeu (ce sont les élites qui imposent les règles).

Mais que faire de toutes ces théories ?

Oui parce-que la je n’ai fait que présenter deux théories qui ont des divergences et des convergences bien visibles et notre question n'est pas pour l'instant réellement abordée ! Mais au moins nous avons les mêmes outils de réflexion maintenant.

Alors bien sur, d'aucuns diront que de toute façon tout ceci n'est qu'un ramassis de bêtises et que seul l'individu est important, je suis toujours assez étonné de ce discours qui se coupe de toute dynamique sociale.

Alors qu'en penser ? Bien sûr le monde a changé et les 30 glorieuses et le New Deal ont justement travaillé à effacer les antagonismes et répartir équitablement la richesse créée. Pendant cette période on a cherché à dépasser cet antagonisme. Ce n'est qu'une question personnelle (et annexe) ici, mais le capitalisme n'a-t-il pas été plus équitable lorsque l'idéologie économique et politique lui été disputé par le communisme ?

C'est sur cette période a anesthésié la conscience de classe et pas pour de mauvaise raison : la mobilité sociale a été encouragé, la plus-value mieux partagée. Et jusqu’à maintenant le capitalisme a muté lors des crises. Mais cet équilibre depuis quelques décennies est rompu et les vieux antagonismes se sont réveillés.

Ou trouver cet antagonisme aujourd'hui ?

On peut le retrouver car il semble que
, les antagonismes entre le capital et le travail, et une mauvaise répartition de la richesse et de la plus-value. Dans cet environnement la paix sociale est rompue et le salarié prend la place de l'ouvrier tentant de lutter contre le capitaliste mondialisé. Surtout que se grouper pour défendre un intérêt est maintenant très mal vu (c'est du corporatisme ! des dangereux !).

D'un point de vue marxiste l’aliénation continue : pour produire, il faut se sédentariser c'est une des conditions élémentaires, mais le capitaliste est mobile.

La lutte des classes est présente mais diffuse dans ses revendications qui ne sont plus strictement économiques. Mais peut-être que le non recours à la classe sociale s'explique par l'incapacité à créer un intérêt commun et même plus largement une vue collective à un projet commun (on n'y est plus habitué depuis le temps !). Et la classe dominante en tout cas on est sûr qu'elle existe, qu'elle a un intérêt commun et qu'un antagonisme se creuse. Le fait que la conscience de classe a diminué ne veut pas forcément dire que les classes sociales n'existent pas (ou plus), elles ne sont pas mobilisées ce qui est différent. Après on ne peut pas non plus négliger le fait que classe ouvrière (porteuse dans la philosophie marxiste de changement) n'a plus la même importance qu'auparavant du fait de la tertiarisation de l'économie française. De même que la
moyennisation
de la société (la définition de la classe moyenne et sans doute l'impression qu'on y appartient tous), il y a même ici un sacré paradoxe : on sait qu'elle existe mais on peine à la définir aussi bien sur le plan économique que sociologique.

C'est ce qu'il y a de plus dangereux la non-mobilisation, l'exclusion citoyenne qui découle de la désillusion (à tort ou à raison) de la dimension politique. Au lieu de se grouper (d'avoir un réflexe de classe) l'individu s’écarte et se met en marge de la société et se centre sur sa dimension individuelle. Cela n'a l'air de rien mais de ce fait là l'extérieur est souvent perçu comme au mieux un envahissement et au pire une agression.

Proposition(s) bibliographique(s) :

Philippe Corcuff
,
Marx XXI
e
siècle, coll.petite encyclopédie critique, textuel
, 2012, p. 191

Henri Pena-Ruiz, Marx quand même, Plon, p.385

6 Commentaires


Commentaires recommandés

Je trouve que lire Marx est tres interessant, par contre le penser d'actualite est surement moins evident. D'autres philosophes/sociologue ont approches cette question a partir d'une definition de classe plus correcte. Je ne doute pas, cependant, que le monde dans lequel Marx vivait etait beaucoup plus clairement fracture que celui dans lequel on vie actuellement, ou les classes sont definies par un ensemble de facteurs, tel que les capitaux (capital social, culturel, humain...)

Mis a part ce petit commentaire pour foutre la merde, tres bon article, vraiment bien explique et juste ;)

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Par contre tu lies le capitalisme "equitable" avec le communisme. Il suffit de prendre l'exemple des Etats-Unis, dans lequel le communisme est considere comme l'un des plus grand demons, pour voir que cette ideologie n'a rien avoir avec le capitalisme modere.

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Je trouve que lire Marx est tres interessant, par contre le penser d'actualite est surement moins evident. D'autres philosophes/sociologue ont approches cette question a partir d'une definition de classe plus correcte. Je ne doute pas, cependant, que le monde dans lequel Marx vivait etait beaucoup plus clairement fracture que celui dans lequel on vie actuellement, ou les classes sont definies par un ensemble de facteurs, tel que les capitaux (capital social, culturel, humain...)

Mis a part ce petit commentaire pour foutre la merde, tres bon article, vraiment bien explique et juste ;)

Oui c'est évident heureusement que les sociologues ont travaillé entre temps. Le seul problème est que discourir de Durkheim ou Weber n'est pas trop le propos aussi, mais sur le principe vous avez raison.

Le but n'ets pas forcément de faire coller parfaitement la théorie marxiste mais de dénoncer le dédin que beaucoup ont a son égard, ce qui est profondément injuste. Marx a au moins eu le mérite de vouloir conceptualiser la société de son temps, il serait intéressant de savoir ce qu'il penserait de notre société.

Par contre tu lies le capitalisme "equitable" avec le communisme. Il suffit de prendre l'exemple des Etats-Unis, dans lequel le communisme est considere comme l'un des plus grand demons, pour voir que cette ideologie n'a rien avoir avec le capitalisme modere.

Je pense que vous faite référence quand je pose ma question personnelle : je ne désigne pas de méchant ou de gentil, je ne fais référence qu'à un équilibre qui permettait au capitalisme de se sentir assez menacer pour mieux répartir sa richesse.

En tout cas content que cela puisse intéresser des personnes :bo: Je risque de remanier mon article dans les jours a venir j’éclaircirais les zones d'ombres.

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