Lecture partagée - La cité perdue du dieu singe

Du chocolat  finalement je vais rester plus longtemps, je vais peut être même vivre ici  

le cacao ,miam ,je comprends !!

mais s'il n'y a plus d' or ,je vais étre grincheux !!!!!!!

personne !! bigre ,ils sont tous perdus dans la jungle !!!!!!!

Dans la jungle, terrible jungle, tout le monde est parti ce soir 

Bye Boeingue   

Notre groupe repart sur site pour continuer l’exploration. Douglas Preston nous décrit le paysage en descendant la rivière : « A mesure que nous progressions, ce cours d’eau inconnu se révéla l’un des plus beaux que j’avais jamais vu : une eau cristalline courait sur un lit de galets ponctué de bancs de gravier, de zones ensoleillées regorgeant de fleurs, de rapides, de biefs et, ici et là, d’une petite chute d’eau. Par endroits, de gigantesques arbres ou plantes diverses s’arquaient au-dessus de la rivière, qu’ils transformaient, l’espace d’un instant, en un tunnel de verdure hanté par le bruit de l’eau. Chaque méandre dévoilait un surprise : des rapides scintillants, un tronc d’arbre drapé de fougères, un bassin profond luisant de poissons argentés, des aras rouges et des aigrettes neigeuses s’élançant de la cime des arbres. Je regrettai de ne plus avoir d’appareil photo pour immortaliser ce spectacle ».

S’il n’a plus d’appareil photo, c’est que Douglas Preston a chuté dans la rivière un peu plus tôt, et son Nikon ne s’en est pas remis. Il a seulement pu récupérer les photos déjà prises depuis la carte mémoire…

Mais je suis là et j'ai un appareil photo  

Les découvertes se multiplient, encore des autels en pierre, des esplanades et des talus en forme de bus. De retour au camp, l’ambiance est tendue, il pleut sans discontinuer et dans ces conditions, c’est très difficile de maintenir au sec le matériel de tournage, le matériel informatique, photographique…

Les soldats sont affairés à couper des bambous pour confectionner des caillebotis qui nous permettront de circuler malgré la boue de plus en plus profonde. Woody essaie d’allumer un feu en creusant un trou dans le sol et en imbibant d’essence un rouleau d’essuie-tout. Il empile des bûches humides dessus, le feu prend, timide, juste avant que le trou ne se remplisse d’eau et éteigne les malheureuses flammes.

Un désaccord couve au sujet de ce qu’il faut faire avec la cache d’artefacts. Le site risque fortement d’être pillé. La déforestation sévit à moins de quarante kilomètres de là, le sauvetage de cette cache est temporaire. Plus inquiétant que ça, les soldats avaient reperé la construction dans la jungle d’une piste d’atterrissage destinée au trafic de drogue. Les narcotrafiquants ont de l’argent et des avions, ils dévaliseraient le site à la seconde où nous partirons.

Certains membres de l’équipe estiment qu’il faut ramener un objet pour prouver la découverte et s’en servir pour lever les fonds à l’organisation de fouilles rapides sur le site. Mais Chris Fisher est intransigeant : « Le monde entier va avoir les yeux rivés sur ce que nous faisons ici ». Il est catégoriquement opposé à la mise au jour hâtive ne serait-ce que d’un seul objet. Premièrement nous n’avons pas de permis de fouilles. Deuxièmement la valeur des objets réside dans leur contexte et non dans chaque pièce individuelle. Chris Fisher annonce que si quelqu’un exhume quoi que ce soit maintenant, il démissionne.

« Ce n’est pas notre pays, c’est le patrimoine national du Honduras. C’est leur site et leur choix de fouiller ou non. »

Et puis les Saqueadores (les pilleurs) cherchent des sites plus accessibles. Quant aux narcotrafiquants, ils ne vont pas prendre la peine de piller, leur commerce est bien plus lucratif.

A la fin, Chris Fisher l’emporte, on décide de tout laisser en l’état.

L’équipe est probablement à côté avec cette décision. C’est l’avis de Sully : « Je connais bien les soldats. J’en ai été un autrefois. Le danger ne vient pas des narcotrafiquants ou des pilleurs de l’extérieur. Il vient de là. Ils réfléchissent déjà à la façon de s’y prendre. Là, ils marquent les coordonnées GPS de tous les sites. En aval de la rivière, ils sont en train d’agrandir leur zone d’atterrissage. Les militaires ne vont pas laisser les pillards dévaliser le site parce que ce sont eux, les pillards. Quand nous partirons, tout aura disparu en une semaine. J’ai vu ce genre de corruption partout dans le monde. C’est exactement comme ça que ça va se passer. »

Il est temps d’explorer la deuxième cible, T3. Mais la pluie incessante rend tout beaucoup plus difficile. Nous partons avec un lidar terrestre protégé dans une boîte en plastique, il coûte 120 000 dollars, avant de le positionner sur son trépied, il faut qu’il cesse de pleuvoir.

Au bout de plusieurs heures le lidar est enfin opérationnel pour procéder à un balayage du site qui dure…onze minutes. Et la pluie reprend de plus belle. Le lidar est mis à l’abri et laissé sur place pour continuer demain.

Il pleut toute la nuit, les tentes s’enfoncent dans la boue et l’intérieur est inondé. Les caillebotis s’enfoncent dans la vase dès qu’on pose le pied dessus, ils sont engloutis.

En fin de matinée le ciel se dégage un peu, assez pour nous laisser effectuer une rapide reconnaissance de T3. Steve Elkins nous décrit l’endroit : « La vallée de T3 est beaucoup plus douce et ouverte que T1, une immensité semblable à un parc, sillonnée par des cours d’eau longés de plages de sables. Les rivières sont entourées de champs recouverts d’une épaisse couche d’herbe, haute de plus d’un mètre quatre-vingts, interrompus par des bouquets d’arbres gigantesques. Il n’y a pas de signes d’habitations humaines, rien que de la forêt et des prairies à perte de vue ».

(Ce ne sera que l’année suivante qu’Elkins se posera sur le site et découvrira une vallée bien plus immense que T1, des esplanades partout, des monticules, des places. Mais à l’heure où est écrit le livre que nous lisons, T3 reste inexplorée.)

et nous ,notre expédition part quand !  

Le 27/10/2018 à 11:46, January a dit :

Toujours Woody, avec le fer de lance : 

 

C'est plus un fer de lance...  c'est un javelot !

Le 27/10/2018 à 20:38, January a dit :

 y a des bêtes dans l’eau vous croyez ?
 

Non ! Juste des piranhas : c'est bon pour la cellulite....

C’est la nuit. Et Dave Yoder (photographe) prépare son matériel photographique ainsi que des spots et il charge tout ça sur son dos. Il n’est pas content des clichés qu’il a pris de la cache. La lumière du jour ne parvient pas à traverser les arbres et elle est trop laiteuse. Il va donc faire du light painting. C’est une technique de prise de vue difficile qui consiste à laisser ouvert l’objectif de l’appareil photo, fixé sur un trépied, pendant que le photographe balaie des objets avec des rayons lumineux depuis différents angles pour mettre en valeur des détails particuliers et donner aux photos un effet dramatique et mystérieux.

« Vous êtes timbrés ! Vous partez dans l’obscurité la plus totale, avec les serpents, la pluie, embourbés jusqu’aux bijoux de famille, pour escalader la colline avec une tonne d’équipement dans une valise que vous transportez sur votre dos ? Vous allez vous tuer ! »

Mais Dave Yoder s’en va.

Le matin du 24 février se lève, radieux, enfin, le soleil perce la cime des arbres. Des soldats ont vu des pétroglyphes en aval de la rivière, alors nous allons voir de plus près. Après une dépose en hélicoptère, nous suivons à pied le cours de la rivière. Nous traversons un pré et nous regagnons à nouveau la rivière, un arbre est tombé en travers du cours d’eau et il grouille de redoutables fourmis rouges. Elles se servent de l’arbre comme d’un pont. Nous nous faufilons précautionneusement entre les branches pour ne pas déranger les fourmis. C’est une chance d’avoir pu le faire sans que personne n’ait été victime d’une pluie de ces agressives bestioles rouges, cela aurait nécessité une hospitalisation, voire, une évacuation.

Nous suivons les soldats et comme d’habitude, nous ne voyons pas où nous mettons les pieds, quand un superbe serpent corail se présente, ondulant dans l’herbe. Son venin est puissant et neurotoxique, mais contrairement au fer de lance, il est timide et peu enclin à attaquer. Nous le laissons derrière nous.

Une piste d’animaux à peine perceptible longe la rivière et les soldats identifient des excréments de tapir et de jaguar. La rivière coule maintenant à grande vitesse, nous devons franchir des rochers escarpés et c’est là que Steve Elkins après une glissade sans conséquence pour lui perd son iPhone dans l’eau. Il le retrouve, mais il est grillé, il a perdu toutes les photos de cette expédition qu’il a mis vingt ans à monter.

De retour au camp Woody nous prévient : le mauvais temps va revenir, il décide que nous partirons un jour plus tôt. Notre vol est prévu dans une heure !

Nous avons eu de la chance de voir tout ça, nous décollons et bientôt les flancs défrichés des montagnes apparaissent à l’horizon, criblés de volutes de fumée, de fermes aux toits de zinc, de chemins, de routes et de pâturages parsemés de bétails. Nous retrouvons la « civilisation ».

On est bien obligé de penser que pour construire ces villes les gens qui les ont faites avaient certainement entièrement défriché ces régions. La forêt en a donc repris totalement possession en quelques 600 ans...

A part ça, la découverte était très intéressante Merci January !

j'espère que c'est pas fini ?

Oh non ce n'est pas fini ! Il y a encore plein de choses à raconter  

Nous allons poursuivre le récit en compagnie de Douglas Preston. Le soir de son arrivée à Catacamas, il dîna avec Virgilio (vous vous rappelez ? L’aéroport) qui lui déclara : «  Le gouvernement hondurien  s’engage à protéger cette zone, mais il n’a pas les fonds. Nous devons de toute urgence obtenir le soutien de la communauté internationale. »

Ce qui  ne se fera (presque) pas attendre, l’année suivante. L’ONG Conservation International étudierait la vallée comme projet de préservation potentiel. C’est l’un des organismes les plus efficaces au monde dans ce domaine. Trond Larsen, biologiste de CI, fut acheminé sur place. Il fut impressionné par cette forêt vierge immaculée, intacte, habitat idéal pour beaucoup d’animaux tropicaux sensibles.

Il y a quelqu’un d’autre qui fut très impressionné par les clichés que rapporta Larsen : le vice-président de CI. Et qui c’est d’ailleurs ? C’est incroyable, vous ne devinerez jamais !

Dis nous qui c'est, ne nous fait pas languir  

il y a 2 minutes, Kâli a dit :

Dis nous qui c'est, ne nous fait pas languir  

Blaquière ? Non, je rigole !

(Au quel cas ça serait mal barré !)

C'est lui : 

 Vrai de vrai hein ? C'est Harrison Ford