Nuit d'été

~ Nuit d’été ~

    Tout ce temps où tu n’as pas été là, j’ai oublié cette sensation qui soulageait mes peines lors de tes courtes nuits.

   Quand les lanternes s’allumaient, je me faufilais discrètement dans le salon, près de l’œil endormi de mon grand-père, et delà j’empruntais la porte-fenêtre menant au jardin. Chacune de ces insomnies remplies de tristesse me piquait le cœur en épargnant mes yeux des pleures intérieures. Je partais m’allonger dans l’herbe froide pour me sentir apaisée, pour ressentir que quelque part je n’étais pas vide. Alors je m’imaginais tomber dans le ciel sombre en face de moi, comme si le sol n’était plus mon centre de graviter. Je comptais les étoiles, en vint. Parfois, un chat blanc et peu sociable passait par-là en gardant ses distances. Puis la peur d’être vu me faisait rentrer, le regard peiné, mon corps était contraint de me ramener avec lourdeur là où je ne pouvais que me sentir seule.

     C’est le souvenir qu’il me reste de ces années noircies par la haine de l’amour. Et j’ai vu approcher une chaleur heureuse cette année, pourtant je retrouve plaisir à m’étendre sur la pelouse sans rien y faire d’autre que penser. Et malgré un équilibre retrouvé je ne cesse de me sentir étrange à la vue d’un moment solitaire. Comme si je ne pouvais pas être simple, comme si j’avais toujours en moi l’envie de ressentir des sentiments compliqués, beaux comme laids. La nostalgie des gens, et la beauté des moments, les souvenirs par procuration, la vie qui m’est si chère, et tout ce que je ne saurais montrer à ceux que je souhaite soigner.

"La haine de l'amour". Voilà un bel oxymore.