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Le fruit de mon esprit


Naluue

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Membre, 21ans Posté(e)
Naluue Membre 1 071 messages
Forumeur expérimenté‚ 21ans‚
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Il s'arrêta un instant avant de fermer les yeux, joignit ses mains devant son visage et fronça légèrement les sourcils. Comme s’il eut reçu une dose de concentration massive, je ne l’entendis plus pendant quelques minutes. Ne sachant vraiment à quoi il put penser, je supposai qu’il réfléchissait à ses activités prochaines. Je songeai à l’interpeller, « qu’est ce que tu fais ? » aurait été bien… Mais la sonnette retentit empêchant toute initiative. Surpris dans mon observation je le quittai des yeux et ne me rendit pas compte que son visage s’était tourné vers moi, interrogateur. Je jetai un œil à la fenêtre et aperçu le facteur qui repartit sans attendre.« Ce n’est que le courrier ». Je m’accoudai à la fenêtre en fermant les yeux, le soleil m’éblouit à travers mes paupières et l’herbe mouillée me rappela la pluie. J’entre-ouvris les yeux après un moment pour me tourner vers lui, je fus surpris ne pas le voir, il n’avait fait aucun bruit.

« Émeric ! Je sursautai avant de me pencher à la fenêtre, Descends ! Je veux te montrer quelque chose. »

Je descendis les escaliers quatre à quatre curieux de voir mon ami passif s’enthousiasmer, enfin. Je remarquai sur son dos un sac noir bien remplit ; alors qu’ils sortait nos vélos je regardai aux alentours un peu perplexe.

« J’ai un endroit à te montrer, j’espère que tu es accroché on en a pour une bonne heure.

- C’est à dire que… Il m’interrompit.

- Prends deux ou trois affaires avec toi et ferme la porte à clé.

- Quoi ?

- Je t’attends. Dit-il un sourire taquin aux lèvres. »

Ne me laissant pas le temps pour réfléchir ou m’inquiéter, je montai dans ma chambre où je pris un pull vert kaki un peu vieillot et le livre que j’avais entamé. Légèrement intrigué je m’arrêtai un instant, « est ce qu’il est sérieux ? », bon, que pouvait-il arriver ? Je fermai la porte à clé m’assurant d’avoir fermé toutes les fenêtres d’un coup d’œil, de toute manière il n’y avait jamais personne par ici. Déjà sur son vélo il tint le mien d’une main jusqu’à que je monte dessus, il commença à rouler sans me consulter et je le suivis. Je le regardai un instant avant de finalement le questionner.

« Tu comptes aller où ?

- Je connais un endroit près d’un lac, tu verras c’est très beau. »

Je ne répondis rien. Le ciel ne tarda pas avant de perdre de son éclat, cela faisait bien trois quart d’heure que nous roulions et nous nous tûmes tout du long pour profiter de la tranquillité du paysage. La chaleur devint moins pesante au fur et à mesure que le soleil se rapprocha de l’horizon. Lorsque nous arrivâmes à la fin du trajet, les arbres nous encerclèrent et se confondirent presque avec le ciel, il tourna brusquement à gauche sur un sentier étroit, au bout de celui-ci je pus apercevoir le lac dont il parlait plus tôt. Il descendit de son vélo sans le freiner et je fis de même, nous les adossâmes contre un arbre avec nos deux sacs. Il jeta un regard rapide sur moi comme pour s’assurer de ma présence, et s’avança au bord de l’eau où je l’y suivit. Malgré sa discrétion, j’aperçus un sourire sur ses lèvres. Un gargouillis de mon ventre brisa le silence ; il avait pris avec lui quelques tranches d’ananas, leur goût acide me fit grimacer un instant, cet ananas n’était visiblement pas assez mûr. Alors que je commençai à trouver cela ennuyeux de rester là sans rien faire, je l’entendis prendre son souffle pour me parler.

« Tu sais, je tiens à toi.

- Ah ? Merci. C’est étrange d’entendre ça, c’est…

Je fus stoppé net dans mes pensées.

- Tu entends ce grésillement ? Tu as pris une radio avec toi ? »

Le visage en sueur, je me tournai pour le voir, et à ma grande stupeur je ne vis personne, mais avec qui étais-je ? Au fur et à mesure que le grésillement s’amplifiait, je sentis l’angoisse s’étendre en moi, le décor auparavant si apaisant devint flou et mon corps lourd m’empêcha de respirer… Mais avec qui étais-je ?

Dans un sursaut je bondis sur ma radio et en un coup violent l’arrêta. « Foutu réveil ». Je m’allongeai à nouveau dans mon lit face au mur, « Bien sûr… il n’y a pas le moindre lac à des kilomètres à la ronde ». Je m’approchai de ma fenêtre, pas de facteur, pas de pluie, pas… d’ami. Je descendis les escaliers lentement pour rejoindre ma cuisine, dans celle-ci le vide résonnait depuis des années maintenant. Je m’assis comme si plus un seul de mes muscles ne fonctionnait, fixant mon regard à l’unique source de lumière je prononçai ces mots : « je ne tiens à personne ».

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