L'ours qui aimait les femmes

          Longtemps, l'ours a été perçu comme une créature lubrique, un coureur de jupons mi-homme mi-bête.

Lors des sabbats, il arrivait même que le diable prenne son apparence pour s'accoupler avec les sorcières à la fin d'un gueuleton cannibalesque et bien arrosé...

Bon nombres d'histoires ont circulé à ce sujet... Tiens, comme par exemple celle-là :

          Au tout début du XVII° siècle, dans la vallée de la Tarentaise, en Savoie, vivait Antoinette Culet (j'ose espérer que son frère ne s'appelait pas Jean).

Antoinette Culet, fille de paysan aisé, a 16 ans et est d'une beauté remarquable.

En attendant d'être mariée, elle aide à la ferme.

Au printemps, elle se fait bergère et mène les brebis paître.

Un soir d'avril, elle ne rentre pas.

On organise une battue pour la retrouver, en vain. On en vient à se demander si elle n'a pas été la proie d'un loup, sauf que les loups s'attaquent plus volontiers aux brebis et que le troupeau est intact : pas une seule bête blessée, pas une seule bête manquante !

          Trois ans s'écoulent sans nouvelle aucune de la disparue. Puis, en 1605, trois villageois partis couper des sapins plus loin que d'habitude entendent des appels au secours. Les cris proviennent d'une caverne fermée par une grosse pierre : c'est Antoinette ! Elle est prisonnière là-dedans.

On la délivre, on la rend à sa famille.

Dans un état épouvantable, elle est lavée, tondue, soignée, habillée. Après seulement, elle peut raconter ce qui s'est passé : elle a été victime d'un rapt.

C'est un ours qui l'a enlevée !

Il l'a enlevée au pâturage pour l'emporter dans son antre où il a abusé d'elle. Il n'a plus voulu s'en séparer par la suite.

Tombé amoureux comme une pâquerette, pendant ces trois ans il s'est comporté en vrai mari, partant faire sa tournée le jour, ramenant des vivres à la jeune fille le soir, l'aimant la nuit.

Ils ont même eu un enfant ensemble, mi-humain mi-animal, mais qui n'a pas survécu aux rudes câlins de sa brute de père.

Les habitants du village sont sceptiques. Le bruit circule qu'Antoinette a menti, qu'en vérité elle a fait une fugue et que cela a mal tourné. Certains la croient possédée, aussi un exorcisme est envisagé.

Or le curé de la paroisse n'aura pas le temps de s'occuper de ça puisque la nuit même, l'ours descend de ce pas de sa montagne pour aller hurler comme un fou sous les fenêtres des Culet : qu'on lui rende sa petite femme, c'est tout ce qu'il demande !

Harvey Weinstein, qui prend ses vacances dans le coin, lui tapote l'épaule : "Laisse tomber, vieux, ça va mal finir ! J'en sais quelque chose."

Mais l'ours n'écoute rien et son cirque d'amoureux transit va se reproduire encore deux autres nuits.

La troisième nuit, il est mis à mort à coups d'arquebuse. Bilan de l'affrontement : trois morts (deux hommes, un ours).

La pauvre Antoinette ne pourra jamais reprendre une existence normale après tout ça et s'en ira vivre dans un couvent, loin de sa vallée.

Consigné par un prêtre du diocèse de Moutiers, l'évènement n'a pas fait la une du Nouveau Détective mais sera néanmoins imprimé à Lyon, puis à Chambéry quinze ans plus tard, sous le titre "Discours effroyable d'une fille enlevée, violée et tenue près de trois ans par un ours dans sa caverne".

(Bibliographie : L'Ours, histoire d'un roi déchu ; Michel Pastoureau, éditions Points)

Belle histoire. En ce moment je suis en train d'hiberner dans ma caverne, lumière tamisée, musique douce,Stan Getz, Miles Davis. alors une oursonne ou autre qui vient te prendre le chou avec mon guzi-guza, tu viens faire bunga-bunga, on verra au beaux jours. les ours cela fait ça au printemps.

Oh ce n'était sûrement pas un ours, sûrement pas Choubaka non plus même si on pourrait le suspecter : en effet Choubaka est incapable de parler, hors le coupable a clairement dit qu'il voulait qu'on lui rende sa petite femme. Le coupable était sans doute un homme atteint d'hypertrichose, vivant dans une caverne car rejeté par les siens à cause de son étrange maladie.