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William Penn, les quakers et le Nouveau Monde


sovenka

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Membre, Oiseau de nuit, pays Union européenne, 42ans Posté(e)
sovenka Membre 8 500 messages
42ans‚ Oiseau de nuit, pays Union européenne,
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WILLIAM PENN

(1644-1718)

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William Penn, qui était-il

Il était fils et petit-fils de marins anglais. Son grand-père était corsaire, qui fut nommé consul au Maroc après avoir arraché plusieurs milliers d'esclaves anglais aux barbaresques. Il avait aussi un oncle qui était un riche marchand installé en Espagne et qui épousa une catholique. Dénoncé à l'Inquisition, l'homme fut arrêté, emprisonné, dépouillé de ses biens et torturé. Il ne dut son salut qu'à un échange de sa personne contre un prince espagnol fait prisonnier sur un bateau au large de l'Irlande.

Le jeune William fut très marqué par les récits de son oncle sur l'Inquisition.

Plus tard, il rencontrera Thomas Loe, un négociant quaker qui l'impressionnera profondément.

A l'âge de 17 ans, William est étudiant à Oxford. Il en sera expulsé en raison de ses sympathies pour le quakerisme. Envoyé à la cour du Roi Soleil, en France, il devient un gentilhomme élégant.

De retour en Angleterre, c'est un beau jeune homme vêtu à la française. Il débute des cours de droit à Lincoln Inn's, une formation qui complètera sa vaste culture et lui sera d'un très grand secours lors de ses nombreux combats pour la liberté de conscience, et ultérieurement pour l'élaboration de la Constitution de la Pennsylvanie.

1665 est l'année de la Grande Peste à Londres, 1666 celle de son Grand Incendie. Deux évènements meurtriers en lesquels William Penn voit un appel à changer de vie. Son père, confondu par cette nouvelle crise mystique, croit bien faire en l'envoyant en Irlande. Or c'est justement là-bas que William retrouve le quaker Thomas Loe. Il assiste à une réunion de sa communauté dont le thème est "Il y a une foi qui vainc le monde et il y a une foi qui est vaincue par le monde". Le jeune homme a trouvé sa voie !

Arrêté suite à sa conversion, puis chassé par son père de la maison familiale, il est plongé dans l'enfer de la répression qui s'acharne contre les quakers. C'est le point de départ de sa mobilisation au service de la liberté de conscience.

A 24 ans, il entreprend sa première longue démarche en faveur de quakers emprisonnés. Ses écrits l'envoient tout droit à la Tour de Londres pour 8 mois. Cela ne l'empêche pas de continuer à écrire. Il est l'auteur, entre autres, d'un classique de la littérature anglaise : No cross, no crown (Sans croix, point de couronne). C'est-à-dire que la vertu confère une noblesse supérieure à celle du sang.

Sa fermeté lui attire l'estime du roi, qui le libère.

Le débat sur la liberté de conscience est ouvert, mais les représailles se poursuivent. Heureusement pour lui, il connaît très bien les lois et sait se défendre.

Après la mort de son père, il se retrouve à la tête d'une fortune considérable, qu'il consacre à ses coreligionnaires persécutés.

Déchargé de préoccupations matérielles, il commence une existence de prêcheur itinérant.

Un jour, deux Amis (ainsi s'appellent les quakers entre eux) frappent à sa porte : ils reviennent d'Amérique où ils ont acquis un grand domaine et proposent de le partager avec la communauté. William Penn est enthousiaste, brûlant d'aller expérimenter la démocratie outre-Atlantique.

Il élabore un plan de constitution autour de 3 idées phares : souveraineté du peuple, suffrage élargi, liberté de conscience.

Il achète aux enchères une partie de ces terres à la mort d'un de ses propriétaires et, en 1680, propose au roi Charles II de lui accorder le droit de fonder une colonie sur un vaste territoire appartenant à la couronne à l'ouest du New Jersey, ceci en remboursement des sommes considérables que l'Etat devait à son père avant qu'il n'en hérite.

Le roi accepte. Ce territoire est nommé d'après Penn, en hommage du roi au père de William, et de sylvania pour ses forêts : c'est la Pennsylvanie.

Pour apporter aux colons de coutumes et de langues différentes une constitution unificatrice, Penn rédige un document précurseur, à un siècle de distance, de la Constitution des Etats-Unis et de la Déclaration des Droits de l'Homme. Il étend le champ des libertés au-delà du cercle de la religion dominante. Liberté de conscience, inviolabilité de la personne et de la propriété établiront l'égalité des droits entre les individus parce qu'ils sont humains avant d'être catholiques, protestants, quakers ou païens.

Penn est résolu à ne tolérer ni armes, ni soldats, ni forteresses sur l'étendue du nouvel Etat -soutenir le pouvoir en respectant le peuple, protéger le peuple contre l'abus de pouvoir- et tient d'ailleurs à négocier l'achat du sol à ceux qu'il considère comme ses légitimes propriétaires : les Indiens.

Ceux-ci appellent William Penn "Onas", ce qui signifie "plume", comme "pen".

En 1693, victime des tensions politiques qui agitent le monde de son époque et ont abouti à la confiscation de la Pennsylvanie au profit du gouverneur de New-York, Penn consacre sa vie de semi-clandestin à la rédaction de son fameux Essai pour rendre la paix de l'Europe solide et durable. Il y préconise la création d'une société des nations, véritable parlement européen chargé d'arbitrer les conflits et doté de pouvoirs exécutifs.

En 1694, il est rétabli dans ses droits, la Pennsylvanie lui est rendue.

En 1699, enfin, il y débarque sous les acclamations.

Il s'installe avec sa famille dans une belle demeure au bord du fleuve Delaware. Une grande maison qui devient très vite familière aux Indiens, lesquels s'y rendent parfois par milliers pour débattre de questions d'intérêt commun.

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Membre, Oiseau de nuit, pays Union européenne, 42ans Posté(e)
sovenka Membre 8 500 messages
42ans‚ Oiseau de nuit, pays Union européenne,
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LA PENNSYLVANIE

William Penn baptisa sa capitale Philadelphia - la cité de l'amour fraternel- sur l'emplacement d'un amphithéâtre où les chefs indiens tenaient leurs assemblées : Shackamaxon, la place des rois.

C'est là qu'en 1683, à l'ombre d'un orme demeuré célèbre, Penn -qui parle plusieurs dialectes amérindiens- conclut avec ces rois indiens le Grand Traité visant à permettre une excellente cohabitation entre peuples.

Quakers et Indiens vivent en harmonie. Philadelphia devient peu à peu une grande ville : la renommée de prospérité, de liberté, de paix et de confiance réciproque entre Européens et Amérindiens dans cette province attire toujours plus de nouveaux arrivants, aussi l'immigration y va bon train.

Beaucoup de ces arrivants ne sont cependant pas quakers et ne partagent pas forcément les valeurs pacifistes et non-violentes des Amis. De là une dégradation progressive des relations avec les Indiens.

L'un des fils de William Penn -Thomas- rompra comme bien d'autres enfants de quakers avec les idéaux parentaux et s'emparera malhonnêtement de terres appartenant aux Indiens, contribuant au ralliement de ces derniers avec les Français, puis à une guerre.

Après le décès de son fondateur, en 1718, la Pennsylvanie restera l'héritage des Penn jusqu'à l'Indépendance, en 1776.

La province se banalisera. Mais on ne tue pas un idéal...

(Ci-dessous, statue de William Penn à Philadelphie)

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Membre, Oiseau de nuit, pays Union européenne, 42ans Posté(e)
sovenka Membre 8 500 messages
42ans‚ Oiseau de nuit, pays Union européenne,
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LES QUAKERS

En 1649, en Angleterre, le républicain Cromwell arrive au pouvoir. C'est la consécration pour les puritains réformistes à la recherche d'une religion épurée, se divisant en baptistes presbytériens, indépendants et "chercheurs" en quête de liberté d'esprit et de culte.

C'est parmi ces derniers qu'apparaissent les premiers quakers.

George Fox (1624-1691) est le fondateur de cette communauté : après bien des pérégrinations en quête de vérité, il trouva un beau jour l'illumination sur le mont Pendle Hill.

Quaker est un sobriquet signifiant "trembleur". Peut-être en raison du saisissement devant Dieu, à moins que le terme n'ait pris racine la fois où George Fox conseilla à un juge de trembler devant Dieu.

Entre eux, les quakers s'appellent Amis.

Ils influencèrent discrètement mais durablement l'Histoire.

Voltaire fut leur grand admirateur. Une colonne du temple de la philosophie érigé près du tombeau de Jean-Jacques Rousseau à Ermenonville est dédiée à William Penn.

C'est parmi les quakers qu'a germé le courant abolitionniste : en 1775, le quaker français Antoine Bénezet (également fondateur d'une école pour sourds-muets) fonda la Société de secours aux Noirs illégalement maintenus en servitude. En 1776, la Société des Amis déclara qu'il n'était pas possible d'être à la fois quaker et propriétaire d'esclaves. Ils contribuèrent activement à aider des fugitifs sur l'Underground railroad (chemin de fer clandestin), un réseau de routes clandestines pour se réfugier au-delà de la ligne Mason-Dixon -ligne de démarcation entre Etats abolitionnistes du Nord et Etats esclavagistes du Sud- et jusqu'au Canada, où les attendait la liberté.

(D'après "William Penn et les quakers, ils inventèrent le Nouveau Monde, Gallimard)

 

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Membre, 65ans Posté(e)
pila Membre 18 571 messages
Baby Forumeur‚ 65ans‚
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Membre, Oiseau de nuit, pays Union européenne, 42ans Posté(e)
sovenka Membre 8 500 messages
42ans‚ Oiseau de nuit, pays Union européenne,
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HUGH !

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