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Le peuple des rats - Patrick Saint-Paul


January

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Modérateur, ©, 107ans Posté(e)
January Modérateur 59 911 messages
107ans‚ ©,
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A côté des bâtiments du XXe siècle au formes austères et quasi soviétique, les métropoles chinoises ont vu se multiplier ces deux dernières décennies les innovations architecturales.

[…] Quelque peu débordé par tant de modernité, cherchant à imposer les canons esthétiques staliniens, le président Xi Jinping a appelé à stopper l’essor des « architectures bizarres et grotesques », dans un pays où prolifèrent les curiosités urbaines. Grand admirateur de Mao Tsé-toung et dirigeant chinois le plus puissant depuis le Grand Timonier, Xi Dada (Oncle Xi), ne résiste pas à la tentation de tout contrôler, jusqu’à la production culturelle et le visage de la ville nouvelle.

[…]

Il est dix-huit heures et les mingong aux gueules burinées s’apprêtent à dîner à la cantine du chantier, alors que leur longue journée de labeur vient de s’achever. Ils participent à la construction d’un nouveau gratte-ciel haut de 150 mètres, qui abritera un hôtel international de luxe et des galeries commerçantes. […] Les ouvriers employés pour bâtir l’hôtel international sont l’élite des mingong. Choyés par leurs patrons, ils sont logés dans de confortables baraques de chantier en préfabriqué avec balcons. Conscients de leur chance, ils rechignent à évoquer leurs conditions de travail.

Un jeune garçon de 21 ans explique que c’est son premier job, il gagne 5000 yuans (715 euros) et travaille de 8 heures à 18 heures. C’est son père, lui-même ancien employé d’un grand groupe de BTP, qui lui a permis d’obtenir ce travail. Le guanxi..

Certains ouvriers sont fatigués de cette vie de nomades, ils vont de chantiers en chantiers, éloignés de leurs familles, ils travaillent sept jours sur sept et sont souvent rappelés le soir pour des heures supplémentaires.

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Modérateur, ©, 107ans Posté(e)
January Modérateur 59 911 messages
107ans‚ ©,
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80 % des ouvriers migrants employés n’ont pas signé de contrat de travail. Dans certaines villes, la proportion peut même atteindre 90 %. Ceux qui ont un contrat n’ont bien souvent pas reçu de copie du document. Beaucoup d’entre eux  ne touchent pas la moindre compensation s’ils se blessent au travail. Les ouvriers les plus âgés (plus de 55 ans) sont contraints d’accepter les tâches dangereuses. On peut ainsi voir des « papis » suspendus à de simples balançoires en bois pour laver les vitres des gratte ciel vertigineux. La corde casse parce-qu’elle est usée ? Et bien non, c’est qu’il était mal attaché si l’ouvrier est tombé, il n’y a dans un cas comme  celui-là aucune compensation versée par le patron à la veuve laissée sans aucun revenus.

Il y a maintenant de plus en plus de révoltes. Avec 650 millions de chinois connectés, des « rebelles digitaux » dénoncent les patrons corrompus, couverts par des dirigeants locaux du parti communiste. Un site est ainsi dédié exclusivement à la dénonciation des montres de luxe portées par les camarades du parti.

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Modérateur, ©, 107ans Posté(e)
January Modérateur 59 911 messages
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Jian travaille depuis dix ans sur les chantiers à Pékin. Au début il était logé dans des dortoirs des sous-sols loués par ses patrons et situés à proximité du lieu de travail. Quand sa femme et sa fille sont arrivées, le salaire de sa femme aidant, ils ont pu loger dans le réduit à l’entrée, équipé d’un soupirail et d’une pièce supplémentaire de 5 m².

« Grâce à la petite fenêtre, nous avons de l’air frais. C’est meilleur pour la santé de ma fille. »

A Pékin, la densité de particules fines dépasse les niveaux préconisés par l’OMS les deux tiers de l’année. En janvier 2015, la densité de particules de 2,5 microns de diamètre, les plus dangereuses, a atteint le seuil de 671 microgrammes par mètre cube, selon l’ambassade américaine. Un niveau 27 fois plus élevé que le plafond préconisé pour une exposition de vingt-quatre heures.

Bienvenue à Pékin :

 

La Chine consomme  la moitié du charbon dans le monde et en tire plus de 70% de son énergie. Les chinois suffoquent, ils assistent à l’explosion des cancers du poumon dans les zones urbaines.

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Modérateur, ©, 107ans Posté(e)
January Modérateur 59 911 messages
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Jian, lui, pense qu’il a beaucoup de chance de vivre dans cette époque, parce qu’il y a beaucoup de constructions et de chantiers partout. Le travail ne manque pas…

Sa fille de 5 ans est en maternelle. Sans hukou, il ne sera pas possible de l’inscrire à l’école. La fillette sera donc renvoyée dans son village pour vivre chez ses grands-parents. Comme ceux-ci sont trop âgés pour s’occuper seul de l’enfant, la femme de Jian devra donc partir aussi. Jian trouve que c’est injuste. « Les mingongs ne peuvent pas vivre en famille à Pékin, alors que ceux qui travaillent dans la construction apportent une contribution plus importante à Pékin que les pékinois de souche. On apporte plus qu’eux à la ville et on ne reçoit rien en échange ».

Rencontre avec Zhao, qui termine son travail sur le chantier d’un immeuble. Il est sûr que c’est un immeuble de bureaux de luxe. « Non seulement ils installent 10 ascenseurs pour un immeuble de 14 étages, mais en plus ce sont des ascenseurs japonais. C’est du super-luxe. »

Zhao loge au sous sol. Il explique qu’il est interdit de cuisiner en bas, si le patron l’apprend, c’est l’amende, voire l’expulsion. Alors on doit soudoyer le gardien. « En Chine, tout fonctionne à coup de pots-de-vin. Pour obtenir une promotion au travail, il faut payer son supérieur hiérarchique. Si on commet une faute au travail, ça se répare avec une enveloppe. Les riches paient pour que leurs enfants aient de bonnes notes à l’école et pour qu’ils entrent dans les bonnes universités. Et ensuite, ils auront les relations et l’argent pour décrocher les meilleurs jobs. »

La femme et le fils (11 ans) de Zhao habitent au village. Sa femme s’échine de l’aube au coucher du soleil dans une usine de textile et n’a pas le temps d’élever leur enfant, ce sont les grands-parents qui s’en occupent. Zhao les retrouve au village trois fois par an, pour une dizaine de jours…

« Mais tu parles régulièrement à ton fils au téléphone.

- La plupart du temps, il refuse de prendre le téléphone pour me parler. La vérité, c’est que je l’ai abandonné. Cet enfant a grandi sans son père et je suis un étranger pour lui. […] C’est comme si on m’avait volé mes meilleures années. Mais je n’ai pas eu le choix. C’est injuste. Il me faut économiser au moins 500 000 yuans (70 000 euros) pour marier mon fils.»

Sa femme, enceinte de trois mois, porte leur deuxième enfant…

« Je suis très heureux de devenir père une fois encore, admet-il. Mais je ne peux que prier pour que le second enfant soit une fille. Un second garçon, ce serait une condamnation à la misère. Je devrais travailler jusqu’à la fin de mes jours pour payer une deuxième dot de 500 000 yuans. Mais je ne me fais pas trop d’illusions. Les pauvres attirent la pauvreté et font plus de garçons que de filles."

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Animatrice, Fille infréquentable, 82ans Posté(e)
Kira Animatrice 27 587 messages
82ans‚ Fille infréquentable,
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C'est d'une tristesse à lire 

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Modérateur, ©, 107ans Posté(e)
January Modérateur 59 911 messages
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Chapitre 10 – Une nuit chez les rats

Patrick Saint Paul tente l’immersion, et passe une nuit chez Zheng, au sous-sol.

A 18 heures il est devant l’entrée du bâtiment pour attendre Zheng. Dans son sac, une bouteille du redoutable alcool de sorgho, quelques effets de toilettes, une lampe de poche, une bouteille d’eau et des tongs. Descente dans l’escalier sombre, lumière pâle, cafards, et l’odeur d’excréments et d’ammoniaque. Zheng fait la cuisine : épinards et champignons noirs, poulet doré aux cacahuètes. Après le repas, Zheng n’est pas très loquace, épuisé par sa journée de travail. Après quelques verres de Baijiu (alcool de sorgho), c’est l’heure de se coucher.

Patrick Saint Paul ne dormira pas, assailli par la soif (le baijiu) et la migraine (toujours le baijiu), puis par une envie pressante. Une fois revenu des sanitaires, la nausée ne le lâchera plus, il finira la nuit en imaginant la douche qui l’attend quelques mètres plus haut et un coca glacé. A 5h30 le réveil de Zheng sonne et délivre le journaliste qui prétexte sa forte migraine pour échapper au petit déjeuner (un bol de nouilles et des gousses d’ail).

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January Modérateur 59 911 messages
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Chapitre 11 – Roitelets et rois chez les rats

Altercation dans les sous-sols du complexe de Zhjiang Luzhou, avec une propriétaire qui loue ici une soixantaine de « chambres » :

« C’est moi la reine ici, proclame-t-elle avec sa tête de poupée Barbie à l’air mauvais. Il est interdit de parler aux locataires. […] Je suis la reine. Ici c’est moi qui décide […] Vous importunez le monde avec vos questions. Tout passe par moi ici. Si vous vouliez parler à des gens, il fallait me demander la permission avant. Maintenant il est trop tard. Et de toute façon j’aurais dit non parce que c’est interdit.

- Qui l’interdit et pourquoi ?

- Le gouvernement local interdit aux étrangers de visiter les logements souterrains et de parler avec les gens qui y habitent. Ca fait perdre la face à notre pays. Les gens qui vivent ici ne sont pas contents de loger dans ces conditions. Mais ils n’ont pas le choix parce qu’ils n’ont pas les moyens de vivre ailleurs. Ce n’est pas une bonne solution, mais ça arrange tout le monde. Et vous, les étrangers, vous cherchez à noircir le tableau, pour affaiblir la Chine.

- C’est une réalité qui existe et que nous cherchons simplement à mieux comprendre.

- Dégager maintenant ! Remontez par là où vous êtes descendus, vous connaissez le chemin. Vous êtes indésirables ici. Retournez fouiner dans la merde de votre pays et foutez-nous la paix ! »

Les rois, reines et roitelets sont les principaux obstacles à nos recherches. Redoutant qu’une mauvaise publicité n’entraîne la « fermeture administrative » de leurs locaux, ils cultivent la plus grande discrétion autour de leur commerce peu reluisant.

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January Modérateur 59 911 messages
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Rencontre avec Liu Qing, un « propriétaire » qui accepte de livrer quelques détails sur la location des souterrains. Il loue trente chambres, le loyer moyen est de 700 yuans (98 euros) mensuels, soit un revenu annuel de 252 000 yuans (35 500 euros). Il verse 25 000 (3 526 euros) yuans annuels au gouvernement local pour avoir le droit d’exploiter le sous-sol. Il vit lui-même au sous-sol, il surveille les écrans de contrôle et fait des rondes régulières (toute infraction de locataire, c’est de l’argent supplémentaire).

« Je suis bien obligé de continuer à vivre ici, confie-t-il d’un air pincé. Sinon je devrais embaucher un gardien et mon business ne serait plus rentable. »

Zhou Zishu, un jeune architecte, a signé un contrat de deux années avec Liu Qing pour aménager de façon plus confortable les souterrains. Après  récolte de fonds auprès d’anciens membres de la tribu des rats qui ont réussi, il repeint, équipe de meubles en bois, crée des salles communes dont une salle de cinéma, modernise les systèmes d’aération. Quelques mois plus tard, le souterrain est fermé, l’affiche estampillée du tampon de la défense civile indique qu’il a été fermé pour des raisons de sécurité.

« Liu Qing était un vrai escroc, déplore Zhou Zishu. Nous avions signé un contrat de deux ans mais à l’époque, il n’avait déjà plus l’autorisation pour louer ici. Ce sous-sol devait servir de modèle à reproduire à travers Pékin. J’ai tout perdu. Il a pris l’argent et plié bagage. Je ne sais comment le retrouver. »

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Le gouvernement a entrepris de fermer certains tunnels, mais ce n’est pas une solution. Le gouvernement devrait assumer ses responsabilités et protéger les droits de cette communauté  et lui proposer des logements sociaux à prix abordables. La loi du marché a fait exploser les loyers à Pékin. Selon le gouvernement, il faut au moins 5 m² par personne pour un logement décent. Mais ces critères sont loin d’être respectés. La plupart des rats travaillent dans des restaurants, comme vendeurs, gardiens, ouvriers sur des chantiers ou coursiers. Sans leur contribution essentielle, la ville de Pékin ne pourrait pas fonctionner normalement, elle serait paralysée. Le système de permis de résidence est un obstacle pour cette communauté. A terme, il faudra changer les règles (Lu Hiutin, professeur de sociologie à l’université de Pékin).

 

Vous imaginez n'empêche ? Vous vivez à combien dans combien de mètres carrés ?  :snif: Ici on est deux pour 100 m².. Ici en France il est interdit de louer une pièce qui fait moins de 9 m² (sauf si son volume est égal à 20 m3).

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January Modérateur 59 911 messages
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Autre quartier, autre gérant de sous-sol qui possède une centaine de chambres qui lui rapporte 55 000 yuans par mois, soit 93 000 euros de revenu annuel.

« Parfois les services du gouvernement nous imposent des sanctions et nous demandent de payer plusieurs milliers de yuans, mais ce n’est pas grand-chose par rapport aux revenus. Bref, on peut toucher le pactole avec ce boulot. »

Ce propriétaire explique que beaucoup de loueurs viennent de la même région, du Fujian, où les habitants sont réputés pour leur sens des affaires. Il existe donc une solidarité entre eux, quand des nouveaux arrivent, ils peuvent emprunter de l’argent aux loueurs déjà établis pour se lancer dans le business des sous-sols. Après avoir réglé eux-mêmes le loyer aux autorités, il est obligatoire de verser de généreux pots de vin aux responsables des services municipaux, et à tous les intermédiaires, pour ne pas être visé par une fermeture administrative.  Au bout de la chaîne, le patron du souterrain devra s’acquitter d’une somme colossale , inabordable sans la solidarité des anciens qui louent déjà.

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January Modérateur 59 911 messages
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Chapitre 12 – Artistes sortis du trou

Rencontre avec Cao Yunjin, 35 ans, un des maîtres les plus populaires du xiangsheng, un art comique ancestral. Cao est sorti de son trou il y a dix ans, parti de moins que rien, de ces entrailles fétides de Pékin, il est devenu riche et il s’apprête à remplir les 1500 places du Poly Theater de Pékin pendant trois jours avec son one-man show.

Cao Yunjin a quitté son village à 18 ans et il a commencé à suivre des cours de xiangsheng. A l’époque, la vie de bohême pour les jeunes artistes se résume à 6 m² dans un sous-sol. L’homme raconte qu’il garde de très mauvais souvenirs de cette période, les conditions d’hébergement, les maladies, la faim.

« Je n’en parle jamais, dit-il avec un air de dégoût, le regard noir. Ce sont les médias qui me parlent constamment de cette vie de rat que je m’efforce d’oublier. […] C’est fatigant. Et pour moi, c’est d’autant plus délicat que le gouvernement nous incite à parler des expériences positives. L’essentiel est de s’en sortir. […] Mon exemple peut donner de l’espoir aux gens. »

Le comédien estime que le surnom de « tribu des rats » n’est  ni insultant ni péjoratif.

« C’est une expression que les gens utilisent pour se moquer gentiment d’eux-mêmes, afin de se donner du courage. »

Le xiangsheng : https://fr.wikipedia.org/wiki/Xiangsheng

 

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January Modérateur 59 911 messages
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Le peintre Zhang Siyong pense quant à lui que ces années passées dans les entrailles de Pékin font partie des meilleures années de sa vie : celles qui lui ont permis de créer son œuvre. Zhang a vécu huit ans sous terre. Artiste, collectionneur et patron d’une galerie de peinture dans la plus prestigieuse zone d’art contemporain de Pékin, Zhang a vendu cette semaine une toile pour 250 000 yuans (37 000 euros).

Il estime qu’il a créé ses plus grands « chefs d’œuvre » lorsqu’il était sous terre. A l’époque, 6 m² de chambre et un petit atelier de 18 m² dont il laissait toujours la porte ouverte, pour ne pas être étourdi par l’odeur de la peinture à l’huile. Ses toiles ne séchaient pas à cause de l’humidité. Eclairé par la lumière des néons, il devait reculer jusque dans le couloir pour avoir une vue d’ensemble de ses œuvres.

« L’image n’était pas stable, je ne voyais pas très clairement, mais je me débrouillais. J’étais très pauvre à l’époque. […] Certains jours, je ne savais même pas comment je trouverais à manger pour le soir ou le lendemain. J’étais souvent malade, je me sentais seul. »

Il vendait ses tableaux dans la rue pour une bouchée de pain, pas assez d’argent parfois pour payer le loyer. Heureusement, une vieille voisine le dépannait : elle était de la même province que lui.

« J’ai un caractère plus solide grâce à mon expérience sous terre. Ces épreuves ont contribué à construire mon succès. »

Sa peinture ne reflétait pas le monde des rats, au contraire Zhang imaginait un monde explosant de couleurs, censé refléter ses vrais sentiments, sa soif de vie et de lumière, son désir d’amour.

« Dans ma peinture, il y a toujours de l’eau, des saisons, des rivières ou des fleurs. »

http://www.artlinkart.com/en/artist/wrk_sr/c1eezxu

 

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January Modérateur 59 911 messages
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Patrick Saint-Paul évoque le peintre Zhang Siyong auprès d’un ami artiste pékinois qui s’exclame : « Ce type est un salopard. J’ignorais totalement son histoire, mais je peux te dire que c’est un vrai rat. » Zhang avait proposé à cet artiste de l’exposer dans sa galerie. Les toiles avaient été sélectionnées et la date fixée. Mais quelques semaines avant le vernissage, Zhang s’était volatilisé, faisant dire par la galerie qu’il était parti en province pour une affaire urgente.

« C’est très chinois. Il n’a pas voulu me faire l’affront de m’avouer qu’il avait trouvé autre chose de plus vendeur à exposer. Et il a tout bonnement disparu le temps que je comprenne tout seul que je m’étais fait avoir comme un bleu. »

Patrick Saint-Paul se souvient ici de Zhang lui montrant une collection de photos en compagnie de célébrités et il pense qu’il aurait pu flairer l’ambitieux personnage.

Il se souvient aussi de la façon de Zhang d’évoquer le régime en place. En privé, il en dit tout le mal possible. En public, il reprend la dialectique de Xi Jinping en souscrivant même à l’initiative du président d’envoyer les artistes  à la campagne pour y être « rééduqués »… Sans cela, sa production serait peut être censurée. Xi Jinping a dénoncé la « vulgarité » de certaines productions artistiques, invitant les créateurs à promouvoir les « valeurs socialistes », le patriotisme et à « servir le peuple ».

« Moi je viens de la campagne et je n’ai jamais coupé les liens avec elle, plaide Zhang avec une sincérité douteuse. La demande de Xi concerne les artistes officiels, auxquels le gouvernement verse un salaire fixe, leur offrant ainsi des revenus stables. Pour eux, il est indispensable de se faire rééduquer auprès des paysans. Il y a 500 millions de campagnards. On ne peut pas les ignorer et se contenter de faires des œuvres pour les gens des villes. »

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Membre, Posté(e)
LouiseAragon Membre 14 351 messages
Baby Forumeur‚
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Le 08/04/2017 à 09:51, January a dit :

Rencontre avec Zheng, 62 ans, à la retraite depuis deux ans, il est contraint ainsi que sa femme de continuer à travailler à cause du très faible niveau des pensions (voir zéro pour certains, la corruption à l’œuvre). La Chine est confrontée à un vieillissement rapide de la population, problème amplifié par la politique de l’enfant unique. Des réformes sont prévues, mais tardent à se faire…

Zheng gagne 1800 yuans (255 euros) et il avoue que le couple aurait pu vivre – chichement certes – dans leur village de Huangang en continuant de cultiver la terre pour se nourrir et arrondir les fins de mois. Mais cela n’a pas été possible à cause de leur deux garçons, âgé de 26 et 27 ans. […] Zheng et sa femme sont venus à Pékin pour payer leur dot. Dans la tradition chinoise, le futur époux doit offrir à son épouse un appartement, des bijoux ou de l’argent, et parfois une voiture. Sans l’assurance d’un confort matériel minimum pour la promise, la mariage est inenvisageable.

« A Huangang, il faut acheter un appartement pour la mariée et lui donner 200 000 yuans (29 000 euros), peste Zheng. En Chine, on n’épouse pas une femme, on l’achète. »

[…] Leurs enfants sont confrontés à l’humiliation de ne pouvoir se marier. Mais n’éprouvent-ils pas une honte au moins équivalente de voir leurs parents s’éreinter au travail en vivant sous terre ?

« Ils nous ont rendu visite une seule fois en deux ans, parce que c’est très difficile pour eux de voir nos conditions de vie, lâche Zheng. Ils ont pitié de nous, mais ils savent que nous n’avons pas le choix. »

Les jeunes qui travaillaient pour Apple en Chine étaient payés 0,70 dollars de l'heure. Certes c'est plus que Bolloré dans ses plantations au Cameroun qui paie 1,50 dollars la journée mais c'est quand même un salaire d'esclavagiste.
Si Steve Jobs a été particulièrement médiatisé ces dernières années en raison des suicides dans ses usines chinoises qui ont fait la une des journaux, il n'est pas le seul à mettre en esclavage les chinois.

Toutes les grosses entreprises multimédias américaines installent leurs usines de fabrication en Chine et paient des salaires d'esclavagistes.
 

"Les conditions de travail dans les usines du secteur de l'électronique en Chine sont "inhumaines". Voilà le constat de l'organisation de défense des droits des travailleurs China Labor Watch (CLW), qui publie mardi 12 juillet un rapport sur dix entreprises travaillant pour des grandes marques mondiales.

Ces usines produisent des ordinateurs et d'autres produits électroniques pour Dell, IBM, Ericsson, Philips, MicrosoftApple, HP et Nokia, entre autres." Le Monde
 
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January Modérateur 59 911 messages
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C'est terrible parce-que (et on le verra dans le chapitre suivant) ça arrange tout le monde, même les mingong :(  C'est tellement injuste... 

*******************************

Zhang Siyong a la dent dure avec son ancienne tribu : « Bien sûr qu’il y a de la misère au sein de la tribu des rats. Mais ils ne dorment pas dans la rue. Ce n’est pas si terrible. Et pour beaucoup d’entre eux c’est provisoire. Personne ne les a forcés à venir à Pékin pour vivre sous terre. C’est leur choix. En France vous avez des allocations pour les pauvres et c’est bien. En Chine, c’est impossible car le pays est trop peuplé. »

On peut imaginer les défis que représente la gestion d’une population de 1,3 milliards d’individus. Mais c’est aussi un prétexte largement utilisé par le Parti pour justifier une multitude de manquements. En premier lieu, l’absence de démocratie et le strict encadrement de la société, privée de certaines libertés élémentaires.

 

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January Modérateur 59 911 messages
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Chapitre 13 – Le milliardaire et les rats

Quelques étages seulement séparent l’univers rythmé par le soleil de la surface de celui des galeries habitées par les rats. Mais la distance entre les deux semble parfois se mesurer en années-lumière.

C’est le cas les soirs de week-end où la jeunesse dorée de Pékin s’adonne à son sport favori : faire aboyer les moteurs V8 ou V12 de leurs bolides italiens. Les « m’as-tu-vu » pékinois ne délaissent pas non plus Rolls Royce ou Bentley et se retrouvent dans les lieux branchés au style « club anglais ». Les « Princes rouges » eux, héritiers pourris-gâtés des dirigeants du Parti, préfèrent les vastes salons privés où ils s’adonnent à des séances endiablées de karaoké arrosées de Cognac Hennessy ou de Dom Pérignon ou de Moutai (liqueur fine prisée par les élites).

Obnubilés par les plaisirs matérialistes que leur procure leur fortune éclair, certains ultra-riches chinois n’ont pas eu le temps d’acquérir les codes, ni les manières policées de la haute société.

Voici ce que ça donne :

Ayant rendez-vous avec un jeune milliardaire, Patrick Saint-Paul est reçu par une assistante ultra sophistiqué, élégante, « équipée » (oui, euh : sac Vuitton, i-phone, Macbook etc..). Elle s’adresse au journaliste : « Veuillez excuser le patron, il sort d’une longue réunion. Il est allé pisser. Mais il ne va pas tarder. »

Ou encore, Patrick Saint-Paul arrive à la réception d’un hôtel de luxe où il est accueilli par une employée manifestement choisie pour son physique et sa prestance avantageux sauf qu’à un moment du check-in, elle se baisse prestement sous le desk et crache bruyamment dans la poubelle avant de se redresser comme un ressort.

Ou encore, dans un restaurant de luxe, quand un sommelier tente d’ouvrir une bouteille de champagne…à l’aide d’un tire-bouchon.

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January Modérateur 59 911 messages
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La Chine compte plus de milliardaires que l’Amérique du Nord. Les 1000 chinois les plus riches sont nantis de 1,4 milliard de dollars en moyenne. La plupart spéculent dans l’immobilier, malgré les efforts du gouvernement pour limiter les achats de propriétés et la flambée des prix. Le président Xi Jinping a lancé fin 2012 un programme d’austérité et une campagne anti-corruption qui ont frappé durement la caste des ultras-riches qui doit sa  fortune à ses liens  avec le pouvoir et s’est donc faite plus discrète. Mais ils continuent de s’enrichir évidemment.

En Chine, 1% des ménages les plus fortunés détiennent plus d’un tiers de la richesse de tout le pays. Pendant que 25% des ménages les plus pauvres ne possèdent même pas 1% de la richesse du pays.

200 millions de chinois vivent avec moins de 1,25 dollar par jour…

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January Modérateur 59 911 messages
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Au moment des Jeux Olympiques (2008) les autorités ont voulu chasser tous les rats. Mais ça a été impossible ! Il n’y avait plus personne pour balayer les rues, vendre des légumes ou construire les immeubles. Pékin serait bel et bien paralysée sans eux. En Chine les relations de travail ne sont pas  normales, le régime de distribution de la richesse n’est pas raisonnable, il n’y a pas de vrais syndicats. Comment les rats peuvent-ils gravir l’échelle sociale alors que les classes sociales sont si rigides ? Alors que les classes supérieures bénéficient de privilèges inamovibles ? Comment faire avec ce système de hukou ? Le gouvernement limite strictement leurs droits pour tenter de réguler l’urbanisation en les poussant dans les petites villes, mais il n’y a pas de travvail pour tous dans les petites villes.

La Chine doit créer un salaire minimum afin de garantir les revenus des employés, permettre la création de syndicats pour protéger leurs droits. Tôt ou tard, le gouvernement sera obligé de prendre des mesures , mais quand ?

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January Modérateur 59 911 messages
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Rencontre avec Gao, milliardaire.

Pour lui, les inégalités sont un « mal inévitable » dans un pays en développement comme la Chine. Cependant, il reconnaît la contribution « significative » de la tribu des rats. « Les rats sont indispensables à nos cités, ils sont comme des bœufs jaunes, qui labourent sans fin. Sans eux Pékin serait un désert. Ils assument tous les petits boulots, construisent la ville, conduisent les petites chariotes de livraisons. Et tout ça pour un salaire de misère. Ces gens-là se divisent en trois catégories. Ceux qui acceptent des petits boulots, mais qui ont l’ambition de devenir riches. Ceux qui n’ont  pas de rêve et qui ne pense qu’à une chose : survivre. Ceux-là ne progresseront jamais. Et ceux qui apportent leur contribution à la société sans rien attendre en échange. Ceux-là sont très rares.

[…]

« A l’ère de la Chine de Mao, les gens étaient paresseux. La raison est simple : ils n’avaient pas l’ambition de posséder des Ferrari ou des Lamborghini, ni de réussir. Maintenant, ils sont tous animés par ce moteur, qui les pousse à aller vers le haut. Heureusement, le communisme ne serait plus possible en Chine aujourd’hui.

- Et le parti communiste chinois ?! A quoi sert-il alors si le communisme est un poison ?!

- La Chine est un pays socialiste. »

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Invité Petit pois
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Invité Petit pois
Invité Petit pois Invités 0 message
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..bon, j'ai de la lecture (parce que j'ai du retard , là)....dur mais passionnant...je m'accroche et je lis  f-0-060.gif?w=550

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