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Le peuple des rats - Patrick Saint-Paul


January

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Invité Petit pois
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Invité Petit pois
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...j'ignorais totalement ce monde. c'est aussi triste que passionnant. Merci.

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Modérateur, ©, 107ans Posté(e)
January Modérateur 59 931 messages
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Plaisir :) 

A un point de ma lecture du livre, je suis revenue en arrière, j'ai cherché des dates, j'ai regardé la date d'édition du livre. Oui, c'est bien 2016, et l'enquête de Patrick Saint-Paul est tout ce qu'il y a de plus récent. Vous verrez plus loin qu'il y a vraiment des choses difficiles à imaginer, à tel point qu'à un moment donné je me suis dit, "j'ai du mal lire, il parle du passé", et non :(

 

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Modérateur, ©, 107ans Posté(e)
January Modérateur 59 931 messages
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Rencontre avec Zheng, 62 ans, à la retraite depuis deux ans, il est contraint ainsi que sa femme de continuer à travailler à cause du très faible niveau des pensions (voir zéro pour certains, la corruption à l’œuvre). La Chine est confrontée à un vieillissement rapide de la population, problème amplifié par la politique de l’enfant unique. Des réformes sont prévues, mais tardent à se faire…

Zheng gagne 1800 yuans (255 euros) et il avoue que le couple aurait pu vivre – chichement certes – dans leur village de Huangang en continuant de cultiver la terre pour se nourrir et arrondir les fins de mois. Mais cela n’a pas été possible à cause de leur deux garçons, âgé de 26 et 27 ans. […] Zheng et sa femme sont venus à Pékin pour payer leur dot. Dans la tradition chinoise, le futur époux doit offrir à son épouse un appartement, des bijoux ou de l’argent, et parfois une voiture. Sans l’assurance d’un confort matériel minimum pour la promise, la mariage est inenvisageable.

« A Huangang, il faut acheter un appartement pour la mariée et lui donner 200 000 yuans (29 000 euros), peste Zheng. En Chine, on n’épouse pas une femme, on l’achète. »

[…] Leurs enfants sont confrontés à l’humiliation de ne pouvoir se marier. Mais n’éprouvent-ils pas une honte au moins équivalente de voir leurs parents s’éreinter au travail en vivant sous terre ?

« Ils nous ont rendu visite une seule fois en deux ans, parce que c’est très difficile pour eux de voir nos conditions de vie, lâche Zheng. Ils ont pitié de nous, mais ils savent que nous n’avons pas le choix. »

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January Modérateur 59 931 messages
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Chapitre 5 – Chinoises au bord de la crise de nerf

Où il est question de la soif de réussite des parents pour leurs enfants.

La soif de réussite est alimentée par les parents, dont toute l’ambition se concentre sur un seul héritier, qui doit porter haut le nom de la famille, du fait de la politique de l’enfant unique. En classe, le maître est si respecté que lui poser une question est impensable : ce serait lui signifier que son cours n’est pas parfait.

Rencontre avec une chinoise privilégiée et sa fillette de 10 ans.

« Ma fille prend des cours particuliers de mathématiques trois fois par semaine. C’est bon pour l’agilité de l’esprit, affirme fièrement sa mère. Elle prend aussi des cours d’anglais trois fois par semaine, pour s’ouvrir sur le monde. […] A 14 ans, nous l’enverrons dans un lycée à Londres pour qu’elle s’habitue et pour lui ouvrir les portes des meilleures universités anglaises.

La mère explique les concours de mathématiques, la danse, les concours d’échecs, les cours de piano, la fillette est totalement surinvestie… A proximité de l’endroit où Patrick Saint-Paul converse avec cette maman, deux femmes assises sur banc, attentives à la petite fille, qui mange une pomme. La maman est pressée, en retard, elle tire la fillette par le bras, qui laisse tomber sa pomme à peine entamée à terre. Une des deux femmes se lève précipitamment et court ramasser la pomme, l’essuie grossièrement et la dévore entièrement, y compris le trognon…

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Invité Petit pois
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Invité Petit pois
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Révélation

A te lire...je ne me lasse pas de m'étonner, atterrée. (J'ai le fils d'un ami qui habite en Chine, y travaille et est marié avec une chinoise, je me demande s'il soupçonne seulement cet univers tant il est gardé secret .)..pardon t'interrompre ton récit .

 

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January Modérateur 59 931 messages
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Commentaires ou questions sont bienvenus petit pois, comme je dois faire attention de ne pas trop "recopier", peut être qu'il arrive que ce que je rapporte manque de précision.

************

La vie sous terre expose les rats à une multitude de troubles : problèmes psychologiques, angoisses, dépressions, maladies de peau et affections respiratoires. […]

Les accidents sont fréquents dans ces logements vétustes. Mais, comme pour les morts sur les routes, les suicidés, les riches partant à l’étranger ou le nombre de dissidents et de journalistes emprisonnés, le gouvernement ne publie pas de statistiques officielles, ou alors des chiffres tronqués, sur le nombre de noyés et de victimes d’incendies dans les sous-sols de Pékin. Comme dans tous les régimes autoritaires, le pouvoir est allergique à ces chiffres sensibles, révélateurs de l’état de la société. Cependant, les médias chinois se font régulièrement l’écho des morts par noyade ou incendie dans les entrailles de Pékin. Cela n’empêche pas les locataires de cuisiner sur de petites plaques chauffantes dans les couloirs, de brancher plusieurs appareils aux fils parfois dénudés sur des multiprises surchargées et hors d’âge, de se réchauffer l’hiver grâce à des radiateurs d’appoint qui ressemblent à des bombes incendiaire à retardement. En assistant à ce spectacle, on ne peut s’empêcher de penser à ces usines qui explosent ou partent en fumée régulièrement en Chine, tuant des centaines d’ouvriers, parce que aucune norme de sécurité n’y est respectée. La vie n’a pas la même valeur en Chine qu’ailleurs.

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January Modérateur 59 931 messages
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A la surface, les résidents […] vivent dans un autre monde, séparé. Comme la plupart des citadins, ils nourrissent depuis longtemps certains préjugés envers les shuzu. Nombreux sont ceux à juger que les mingong délaissent le travail agricole et viennent dans les villes uniquement pour s’enrichir et en reniant leurs origines. […] ils ignorent, volontairement ou non, que ces travailleurs émigrés ont enduré d’immenses épreuves et ont apporté une contribution essentielle au développement des villes.

« Ce sont des paysans mal élevés », se plaint une résidente du second étage.Elle sort de son 4x4 Volkswagen, transportant ses vêtements de luxe, qu’elle vient de récupérer au pressing, emballés dans un sac plastique transparent.

[…] Ils rentrent tard et font beau coup de bruit, se désole-t-elle. L’air est irrespirable dans leurs sous-sols, alors ils envahissent les jardins et piaillent sous nos fenêtres. Les hommes boivent des bières et jettent leurs mégots de cigarettes partout en rotant et en crachant. Les frais d’entretien de la copropriété ne cessent d’augmenter à cause d’eux. Evidemment, les rats ne paient pas les charges alors ils s’en contrefichent ; ce sont des parasites. Le gouvernement doit faire quelque chose pour nous débarrasser d’eux. » […]

« Eux aussi on droit au rêve chinois ? lance-t-on.

- Mais de quoi peuvent-ils bien rêver ? Ils n’ont aucune éducation, pas d’avenir ici, rétorque-t-elle.

- Ils veulent vivre, espèrent offrir un avenir meilleur à leurs enfants. »

Cette dernière remarque ne mérite même pas de réponse. La cadre dynamique est déjà repartie vers ses appartements sans nous saluer.

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January Modérateur 59 931 messages
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 Plusieurs témoignages de femmes des sous-sols suivent dans ce chapitre. Chaque fois, les enfants sont abandonnés au village sous la garde de membres de la famille, pas le choix. Les conditions de vie dans les sous-sols sont semblables, l’humidité, les colonies de cafards, les odeurs pestilentielles, et bien sûr une promiscuité inimaginable. Le travail, pour Yifei par exemple, du ménage de 11h à 17h et de 21h à 6h du matin. Amplitude horaire « normale », ils et elles travaillent tous plus de quinze heures par jour. Yifei parle de sa fille laissée au village :

« […] Nous avons quitté la petite quand elle avait 5 ans et peu à peu le lien affectif s’est distendu. Elle nous parle à peine au téléphone. Nous n’avons plus d’autorité sur elle. Et mes beaux-parents n’en ont pas vraiment non plus. Ils sont fatigués par les années et la laissent faire tout ce qu’elle veut. La vérité, c’est que c’est une enfant gâtée. […] »

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January Modérateur 59 931 messages
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Chapitre 6 – Visite surprise

L’année scolaire est terminée et la femme et les enfants de Patrick Saint-Paul rejoignent l’Europe. Après deux semaines de solitude, le journaliste a la surprise un soir d’ouvrir sa porte à Zheng, venu lui rendre visite. Sans son assistant et interprète Duoyou, Patrick Saint-Paul a du mal à converser avec Zheng, mais il va rapidement comprendre que ce dernier lui réclame quelque chose à mettre sur sa table ce soir.

Zheng est impressionné par le confort de l’appartement « C’est très beau, très beau" , il demande à ce qu’on allume la télévision « Je n’en ai jamais vu d’aussi grande ». La télé allumée diffuse une série sur la vie de Mao. Patrick Saint-Paul questionne :

« Mao était-il un bon dirigeant ?

- C’était le seul à être intègre. Il a redonné sa fierté au pays et recherchait le bien commun. Mais il a fait trop d’erreurs et provoqué des catastrophes. Ce feuilleton ne parle pas des mauvaises choses. A quoi bon rappeler les erreurs ? Tout le monde les connaît. Mao est meilleur en film qu’en vrai et c’est pourquoi tout le monde aime bien regarder cette série. »

Patrick Saint-Paul propose à Zheng de choisir dans les placards et le frigo tout ce qui lui ferait plaisir. Zheng s’émerveille sur une entrecôte « Oh, quel gros morceau de bœuf. Jamais je ne pourrai m’en offrir un comme celui-là. »

Le journaliste fera la cuisine pour Zheng, foie gras, vin blanc, entrecôte. Zheng ne saura comment faire, manger avec les baguettes ou non, il imitera donc les geste de Patrick Saint-Paul, qui a négligé que Zheng n’a jamais goûté ces mets, et notamment la viande rouge grillée à la mode française. Le journaliste comprend que Zheng  voudrait simplement recracher les morceaux mais n’ose pas. Pendant tout ce temps, les deux hommes parviendront à se comprendre grâce à une application sur i-phone.

Le repas terminé Patrick Saint-Paul offre de l’armagnac, qui aura raison de Zheng et lui fera rendre tout son dîner. En partant, il emportera de nombreuses choses que jamais il ne pourra s’offrir, des vêtements, de la nourriture, offerts par le journaliste.

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January Modérateur 59 931 messages
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Chapitre 7 – Enfants abandonnés des villages

Dans les pays occidentaux, ce sont souvent les enfants fortunés qui étudient dans des internats. A Pékin, c’est l’inverse. Forcés de se séparer de leurs parents, les enfants des mingong repartent vers des pensionnats dans leur province d’origine, parce que leur hukou ne leur permet pas de s’inscrire à l’école publique à Pékin.[…]

Ecoutons Xiaotong :

« En théorie, il est possible d’inscrire nos enfants à l’école à Pékin » […] « En réalité, l’école publique n’est pas pour nous. On nous demande sept documents différents, dont un titre de propriété d’appartement et un contrat de travail. Ces papiers sont impossibles à obtenir pour nous. »

[…]

Pour l’année scolaire 2014-2015, certains districts de Pékin  ont encore alourdi les obligations : les deux parents doivent résider et travailler dans le quartier autour de l’école, ils demandent des attestations de paiements de sécurité sociale, des certificats de propriété. Exclus les migrants…

Des parents se sont vus déclarer que quels que soient les documents fournis, l’inscription de leur enfant serait de toute façon refusée. La Chine prive des dizaines de milliers d’enfants chinois d’éducation, alors que la loi prévoit neuf années d’éducation gratuites et obligatoires…

Pékin compte aujourd’hui 1000 écoles primaires publiques contre 1800 en l’an 2000 alors que la population a augmenté de 60 %. Alors évidemment, des établissements privés ont ouvert, mais beaucoup de ces écoles ne donnent pas la possibilité d’entrer à l’université ensuite et demandent autant de documents pénalisant les inscriptions.

Que se passe-t-il dès lors pour les enfants ?

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January Modérateur 59 931 messages
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Les  enfants qui ont pu être scolarisés dans des pensionnats du Hebei, malgré les difficultés d’adaptation et la solitude, ceux-là sont des privilégiés. Les autres enfants de mingong sont laissés au village. Une étude récente de la All-China Women’s Federation estime que 61 millions d’enfants abandonnés vivaient dans les campagnes chinoises sous la garde de leurs grands-parents ou de proches en 2013… Aujourd’hui, il y en aurait selon la même fédération entre 65 et 66 millions, et le nombre de mingong : plus de 270 millions.

Rappel : 1,3 milliard d’habitants en Chine. 270 millions de « rats »…

A Tangxi, il y a une petite école communale. Xiaohai la fréquente. Il a 9ans, il est élevé par ses grands-parents. Endurci par de longues périodes de séparation avec ses parents, il dit ne pas se soucier de quand il les reverra. Il ne sait pas où ils vivent et comment ils gagnent leur vie. Ses grands-parents sont illettrés, travaillent dans les champs. Ils assurent le toit, un lit et la nourriture au petit garçon livré à lui-même toute la journée. « Je me débrouille tout seul, c’est comme ça. »

Ses parents téléphonent parfois. Xiaohai leur envoie des lettres avec l’école, ils ne répondent pas souvent. « Cette année, ils ont oublié mon anniversaire. »

5 % des enfants sont totalement livrés à eux-mêmes. Ils vivent seuls grâce à l’argent envoyé par leurs parents. Séparés de leurs parents dès la naissance, ces liushou ertong traversent l’enfance et l’adolescence sans personne pour veiller sur leur santé physique, émotionnelle ou psychique. Ils courent et jouent le long des routes jusqu’à ce qu’ils tombent de fatigue sur place. Certains se font écraser par des voitures, d’autres se noient dans les étangs. »

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January Modérateur 59 931 messages
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En juin 2015, la mort tragique de quatre enfants a ému la Chine entière.

« Merci pour votre gentillesse. Je sais que vous vouliez bien faire pour nous. Mais il est temps pour nous de partir maintenant. J’ai fait le vœu de ne pas vivre au-delà de quinze ans. J’ai maintenant quatorze ans. Je rêve de la mort, mais ce rêve ne se réalise jamais. Aujourd’hui, il doit enfin devenir réalité. »

Cette lettre a été retrouvée auprès des corps des quatre enfants abandonnés par leurs parents migrants. Ils se sont suicidés en ingurgitant des pesticides.

Ils vivaient seuls dans la maison familiale depuis 2014. Ils se nourrissaient grâce à un champ de maïs planté par leur père parti chercher du travail comme leur mère.

« C’est le système du hukou qui a provoqué ce drame. Quels parents n’aiment pas leurs enfants ? Qui veut se séparer de ses enfants pour partir travailler ailleurs ? »

Le premier ministre, Li Keqiang, s’est saisi de l’affaire et a ordonné une enquête, jugeant que la République populaire ne peut pas « laisser une telle tragédie se reproduire »…

En 2013, cinq garçon âgés de 9 à 13 ans sont morts par asphyxie au monoxyde de carbone. Se mettant à l’abri du froid dans une benne, ils ont allumé un feu pour se réchauffer…

En 2009, deux enfants sont morts de leur chute dans un puits. Un garçon s’est tué sous la garde de son grand-père en mangeant du poison pour les rats…

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Invité Petit pois
Invités, Posté(e)
Invité Petit pois
Invité Petit pois Invités 0 message
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:mouai: ( là, j'ai pas de mot) 

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Modérateur, ©, 107ans Posté(e)
January Modérateur 59 931 messages
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C'est terrible oui... Des enfants... qui se suicident parce qu'ils savent qu'ils n'ont pas d'avenir. Les autres, qui meurent d'accidents.

*********************

 

Les ravages psychologiques engendrés par ces séparations sont rarement évoqués : 15 % des enfants abandonnés sont atteints de maladies mentales, près de 50 % d’entre eux souffrent de troubles psychologiques, essentiellement dépression et anxiété, mais aussi de troubles du comportement liés à des complexes d’infériorité et de manque de confiance en soi. […] 70 % des délinquants juvéniles sont des enfants abandonnés. 20 millions d’enfants qui arrêtent l’école sans formation. 70 % de ces enfants ne sont pas capables de comprendre les leçons en classe. Beaucoup se tournent vers la drogue, l’alcool, la délinquance.

[…]

Le petit village de Tangxi reste marqué par le drame du 6 mai 2012. Ce jour-là, cinq enfants de la famille Wang, âgés de 6 à 11 ans, sont morts en plongeant dans un étang pour échapper à la chaleur accablante. Aucun d’entre eux ne savait nager…

Li Xixiu, en charge de ses huit petits enfants, raconte :

« Je n’arrive toujours pas à croire que j’ai perdu mes petits-enfants de cette façon. […] Tous les jeunes ont quitté notre village. Quand il se produit un tel drame, il n’y a personne pour vous aider. Vous êtes seul, seul, seul. » […]

« Nous travaillions dur et nous nous occupions des repas et d’emmener les petits à l’école. Mais on ne pouvait pas les surveiller tout le temps. C’était trop pour nous. Nous étions débordés. Nous sommes simplement trop vieux pour élever des enfants. »

Elle explique encore que ses fils sont partis pour gagner leur vie et ne pas laisser leurs enfants mourir de faim. Elle explique que ses fils n’ont eu que des filles lors des premières naissances. Alors, ils ont continué de faire des enfants jusqu’à ce qu’ils aient des garçons, parce que « selon la tradition, il faut avoir des garçons ». Tout en sachant qu’ils n’auraient pas les moyens de s’en occuper.

Evidemment, avec la politique de l’enfant unique, les amendes sont tombées, astronomiques, plus d’une décennie de salaires…

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Invité pako
Invités, Posté(e)
Invité pako
Invité pako Invités 0 message
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Les chiffres donnent le vertige .

Des dizaines de milliers d'enfants ..

Je savais que ça existait , mais pas à ce niveau .

Désolé pour l'interruption et merci Jan 

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Animatrice, Fille infréquentable, 82ans Posté(e)
Kira Animatrice 27 588 messages
82ans‚ Fille infréquentable,
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Pareil, je sais que la vie en Chine, c'est pas gai mais pas aussi fort que ça. Je ne sais que dire que plus 

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Modérateur, ©, 107ans Posté(e)
January Modérateur 59 931 messages
107ans‚ ©,
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Je n'aurais pas imaginé ça moi non plus...

*********************

 

Chapitre 8 – Une jeunesse enterrée

Rencontre avec Mengying, une jeune fille qui a quitté la campagne et sa famille à 15 ans. Elle en a 18 aujourd’hui, aspirée dans la grande migration des mingongs, elle a trouvé un travail de serveuse dans un hôtel de Pékin Sud. Elle vit sous terre, à cinq minutes à pied de son travail. 700 yuans par mois (100 euros) avec l’eau et l’électricité. 60 euros de plus pour l’eau chaude et 60 encore pour la connexion wifi, histoire d’avoir un lien avec l’extérieur.

« A l’hôtel je travaille 24 heures d’affilée, de 9 heures du matin à 9 heures du matin le lendemain, un jour sur deux. Alors quand je suis chez moi, je dors tout le temps. Pour ça c’est parfait ici. Il n’y a pas de fenêtre, un vrai tombeau. Au départ, j’avais du mal à respirer normalement parce que l’air y est trop mauvais. Mais je m’y suis habituée. Il ne fait pas trop froid l’hiver. Je ne vois pas pourquoi je dépenserais plus pour vivre ailleurs. »

Deux soirs par semaine Mengying travaille aussi dans un karaoké. A Pékin, les karaokés, les saunas et même certains coiffeurs sont réputés comme étant des lieux de prostitution. Officiellement, les services tarifés de charme ne sont pas à la carte. Mais un « extra » est toujours négociable avec les jeunes employées, qui touchent un salaire de misère, pour une poignée de yuans…avec la complicité de la direction qui prend son pourcentage. Mengying avoue espérer un avenir meilleur et se livrer aux rêves les plus fous lorsqu’elle s’endort, à bout de forces.

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Modérateur, ©, 107ans Posté(e)
January Modérateur 59 931 messages
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Près d’un tiers des diplômés chinois ne trouvent pas de travail dans l’année qui suit leur fin d’études. Et être diplômé ne garantit absolument pas un meilleur niveau de salaire. 70 % de ces jeunes diplômés trouveront un travail rémunéré 2000 yuans mensuels (285 euros)… autant que celui des ouvriers migrants. Il y aurait à Pékin 150 000 « fourmis », ces jeunes diplômés à la recherche d’un emploi, ou occupant un travail sous-payé, vivant dans les galeries souterraines. Autant à Shangaï, et un million de fourmis supplémentaires dans les sous-sols des grandes villes du pays.

Tianmin et Qian, respectivement 22 et 23 ans, sont dans ce cas. Diplômée d’études coréennes pour l’une et employée dans la communication, Ingénieur pour lui et technicien informatique, ils ont du se contenter de jobs qui ne correspondent pas à leur niveau d’études, et de vivre dans les sous-sols de Pékin. Ils sont résolus à rester là pour mettre assez d’argent de côté et partir ensuite, conscients qu’ils ne pourront passer leur vie ici, sans hukou, guanxi, sans avenir correct… Ils sont ensemble depuis deux ans et pensent à se marier. En revanche, c’est très clair : ils n’auront pas d’enfants. La vie est trop chère, le pays pollué et « avec tous ces scandales alimentaires, Tianmin explique qu’elle ne souhaite pas dépenser la totalité de son salaire pour acheter du lait qui n’empoisonnera pas son bébé. »

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January Modérateur 59 931 messages
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La Chine a commencé à assouplir la politique de l’enfant unique. Aujourd’hui les couples dont au moins un membre est enfant unique pourront avoir deux enfants. Introduite il y a plus de trente ans sous Mao, cette politique de l’enfant unique visait à freiner la démographie galopante. Elle a d’abord été assouplie pour les paysans, autorisés à avoir un deuxième enfant si le premier est une fille, ainsi que pour les couples tous deux enfants uniques. Déséquilibre des sexes, violences faites aux femmes, vieillissement de la population, autant de conséquences pour abolir cette loi, mais…

L’assouplissement de la loi ne s’est pas traduite par une augmentation de la natalité. Seuls 700 000 couples sur les 11 millions éligibles ont bénéficié de la réforme et demandé l’autorisation officielle (ah oui il faut demander quand même) d’avoir un deuxième enfant.

Malgré l’affichage, les gouvernements successifs depuis Deng Xiaoping ne se sont pas signalés par leur fibre sociale. La réussite et la richesse sont devenues une telle obsession que de nombreux chinois sont prêts à tout. C’est le cas de Liu, sortis du peuple des rats récemment, ce qui lui a donné le goût de l’aventure :

« Je rêve de m’installer en Finlande ou aux Etats-Unis […] Je veux voir si la vie là-bas est meilleure qu’ici. J’ai lu beaucoup d’articles sur Internet à propos de tous les pays du monde. Mais avec la censure et les manipulations du pouvoir, on ne sait jamais si on peut se fier à ce qu’on lit sur le web. Certaines choses me paraissent totalement invraisemblables.

- Lesquelles par exemple ?

- Eh bien, c’est un peu ridicule, mais j’ai lu qu’en Australie les hommes partagent la note avec les femmes quand ils vont au restaurant. Ca me paraît impossible avec l’argent qu’ils possèdent là-bas. Je pense que c’est de la désinformation, pour salir l’image de l’Australie.

[…] Liu sera estomaqué d’apprendre qu’en Allemagne aussi, comme dans de nombreux pays, les femmes partagent la note et invitent parfois les hommes au restaurant. Et pour ce qui est de l’Allemagne, nous n’aurons pas réussi à le convaincre que la drague masculine est très mal vue et que généralement, ce sont les femmes qui prennent les devants pour séduire les hommes.

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January Modérateur 59 931 messages
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Chapitre 9 – Mingong, bâtisseurs de mégalopoles

La vitesse à laquelle le pays le plus peuplé du monde s’est transformé n’a aucun équivalent dans l’histoire. Corvéables à merci, marginalisés socialement et administrativement, les mingong ont été la cheville ouvrière de cet essor.

[…]

Ces migrants des campagnes ont fait augmenter la population urbaine de 500 millions d’habitants, avec un double effet sur l’économie. Leur niveau de salaire leur donne accès à la consommation de masse et ils contribuent ainsi fortement à doper la croissance et injectent directement de l’argent dans les villes. Leur afflux dans les zones urbaines y apportent une main-d’œuvre abondante, créant une compétition féroce sur le marché de l’emploi, qui a poussé les salaires vers le bas, permettant ainsi aux mégalopoles d’émerger et de se développer à bas coût. Résultat : à ce jour, la Chine compte plus d’une centaine de métropoles d’une population supérieure à un million d’habitants et le compteur continue de tourner.

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