Journal de Maurice Garçon - 1939-1945

M. Garçon ne parle pas dans son journal de la Libération de Paris ? ça m'aurait intéressé .

Il écrit le 22 juillet qu'il part pour Ligugé. Il ne sera pas présent dans la ville lors de la libération de Paris. Ses entrées au journal relatent des informations à la radio.

Le 23 août : La radio annonce qu'on se bat dans Paris, place de la République et boulevard Bonne Nouvelle. On emploierait de part et d'autre le canon avec de lourdes pertes. Les Américains encerclent Paris et descendent sur la Bourgogne.

[...]

Le facteur - radio facteur - annonce dans tout le pays que Paris est libéré depuis ce matin, midi. Ce n'est pas impossible mais j'attends la confirmation.

[...]

Radio-facteur avait raison. On se battait à Paris depuis samedi. Les parisiens ont dressé des barricades. On s'est battu boulevard Saint-Michel, dans la Cité, place Clichy, sur les boulevards, avenue des Champs-Elysées. Un armée de 500 000 hommes est sortie de terre, à laquelle se sont joints 100 000 hommes sans armes. La préfecture de Police est devenue une Bastille qui a lutté quatre jours. Le Grand Palais est en feu.Partout les Allemands ont du céder.

[...]

Quel regret de n'être pas resté à Paris ! Mais pouvait-on prévoir, quand je suis parti, une issue aussi rapide ? C'est un grand honneur pour la capitale que de s'être libérée elle-même. Les Américains ne nous rendront pas notre ville, c'est nous qui les recevrons.

14 septembre 1944

Maurice Garçon rentre à Paris.

Après la Loire traversée, j'aperçois les premiers Américains. Stupeur. Ce sont des nègres. Pas purs. Pas de lèvres proéminentes ni de cheveux frisés. Ils sont mâtinés de blanc. Assez fins, assez beaux, un peu gorilles toutefois.

Leur matériel est ahurissant. Des voitures à vingt roues, des camions gigantesques. Je commence à comprendre leur victoire. Ce sont des barbares aussi, mais qui écrasent ceux de Germanie par une effarante suprématie de matériel. Ils sont braves et rient. Tout les amuse. Ils saluent au passage et sont prêts à rire de tout - de grands enfants un peu brutes.

15 septembre 1944

Je feuillette les dossiers constitués en mon absence par mes collaborateurs. Il y a de quoi être effaré. On arrête les gens sur rien. Toutes les garanties de liberté individuelle sont abolies. Le régime nouveau est pire que celui de Pétain. La presse muselée. La liberté d'opinion pas admise. Je trouve des lettres incroyables. On arrête un femme sur un rapport de sa concierge parce qu'elle est mariée à un milicien dont elle est séparée depuis dix ans. Et tout est à l'avenant.

[...]

Les droits de la défense sont négligés. Nous partons pour un voyage dans l'arbitraire. C'est le règne de Kerensky. Que réserve demain ?

7 octobre 1944

Les journaux célèbrent chaque jour davantage la résistance. La caractéristique des écrivains et journalistes de ce temps est qu'ils savent si bien leur métier qu'ils ont l'art de transformer les choses immédiatement pour les raconter telles qu'elles devraient être.

Il est incontestable que, depuis quatre ans, le fond du pays a été résistant, c'est à dire qu'il a franchement détesté les Allemands. Il est vrai qu'obscurément des hommes ont mené un combat tortueux et dangereux, mais ceux-là ont été une faible minorité. Le jeu était trop dangereux. C'est la passivité qui était la règle, et rien de plus. Aujourd'hui, cette passivité est présentée comme une activité courageuse et héroïque.

Je viens de finir "La petite femelle" de Philippe Jaenada (biographie de Pauline Dubuisson, pour ceux qui ne connaissent pas l'affaire: https://fr.wikipedia.org/wiki/Pauline_Dubuisson

C'est marrant, j'ai retrouvé Maurice Garçon dedans. La famille Dubuisson aura du mal mais finira par le convaincre de défendre Pauline. Maurice Garçon sera révolté par l'acte d'accusation, rédigé dans le sens d'un meurtre avec préméditation. A l'époque ce genre de choses, c'était la tête à la fenêtre, même si on n'avait plus exécuté de femmes depuis quatre ans. Il refuse l'acte et se pourvoit en cassation. Mais la cassation...ne casse pas. Maurice Garçon, persuadé déjà qu'on veut la peau de Pauline Dubuisson et qu'il sera impuissant à empêcher une honteuse parodie de justice, se dessaisit de l'affaire.

(C'est P. Baudet qui la reprendra, Pauline Dubuisson sera condamnée à mort, puis sa peine commuée en travaux forcés. Elle fera 9 neuf ans d'emprisonnement, et se suicidera 4 ans après sa sortie).

Puisque nous sommes chez les avocats, à l'époque, dans la salle où se tenait le procès de la demoiselle se trouvait un jeune homme qui s'indignera tout particulièrement de ce cirque, de cette curée. Ce jeune homme a été contraint d'arrêter ses études de droit en 1942. Il va les reprendre immédiatement après avoir assisté au procès de Pauline Dubuisson. Ce jeune homme, c'est Jacques Vergès.

Jacques Vergès ...... un ancien résistant qui défend ( après guerre ) le nazi Klaus Barbie ( rien avoir avec la poupée ) ce nazi responsable ( entre autre ) de la mort de jean Moulin , se rendant aussi .coupable d' atroce torture et d'une multitude de meurtre . Oui ... un résistant qui tourne sa veste pour défendre l' ennemi ... ou est l' erreur ?

J'ai trouvé ça tout à fait logique au contraire. Le défenseur de l'indéfendable pouvait-il vraiment passer à côté du premier crime contre l'humanité jugé en France ? Il l'avait dit, il aurait défendu Hitler. Parce-que tout le monde a le droit d'être défendu, et parce-que défendre, ce n'est pas excuser. Un magnifique bretteur qui disait aussi : je ne défends pas le crime, mais celui qui l'a commis. Faut admettre quand même, que même si extrêmement nébuleux, c'était un personnage. Une dernière parce-que ça vaut le coup et après on retournera à nos moutons : "Défendre Saddam Hussein n'est pas une cause perdue, c'est défendre Georges W. Bush qui est une cause perdue".

Un personnage complètement trouble ; qui aime défendre des personnes encore plus trouble que lui ..... Pour ma part ... concernant Barbie .... je ne lui trouve aucune excuse . Il y a des gens qui n' ont pas encore compris que certaines personnes choisissent le mal en connaissance de cause ...... non pas par erreur ni par accident . Pour moi ces gens là sont absolument indéfendable .

18 janvier 1945

On manque de tout. Plus de bois, plus de charbon, plus d'électricité ni de gaz ou presque. Pour la première fois de ma vie, je souffre sérieusement du froid. J'ai dû cesser de rôder dans mon appartement. Nous sommes tous réunis dans une seule pièce devant un maigre feu.

On ne trouve plus rien à manger.

[...]

Après les jours d'euphorie de la libération du territoire, on a eu tendance à croire que nos peines étaient finies. Il n'en était rien, hélas, et tous nous avons été imprévoyants.

1er avril 1945

Les prisonniers affluent, la résistance se fait chaque jour plus faible. On peut envisager la fin pour très proche.

Une question bien grave va se poser, capable de bouleverser profondément le pays : celle de Pétain.

Quelque jour, les Américains vont le cueillir et nous le remettre. Que ferons-nous ? Ce Vieux qui nous a fait tant de mal va nous en faire encore plus. Que ne meurt-il ? Il a bien l'âge de disparaître sans nous causer encore de souci.

Depuis six mois, on condamne à des peines exemplaires et souvent à mort des hommes dont l'unique défense est de se réfugier derrière les ordres du Maréchal. Aucune de ces condamnation ne se justifie s'il n'est pas, lui, le principal coupable, condamné à mort et exécuté. Pourtant, une grande partie de la France n'admettra pas cette solution.

28 avril 1945

Si j'avais à défendre Pétain, ce dont Dieu me garde, je voudrais commencer ma plaidoirie par ces mots :

- Messieurs. Le Maréchal se présente devant vous avec une confiance entière. Il ne peut pas oublier que vous avez prêté serment de fidélité à sa personne. C'est ce serment solennel qu'il entend vous rappeler aujourd'hui pour exiger de vous la reconnaissance de son innocence et votre attachement à la politique...

Je présume que les magistrats feraient une drôle de gueule.

2 mai 1945

Hitler est mort. Du moins la Téhessef Allemande l'a annoncé cette nuit entre deux morceaux du Crépuscule des Dieux. Comme je l'avais prévu, il part mystérieusement en héros de légende. L'amiral qui le remplace, et qui a pris aussitôt le titre de Führer, a encouragé le peuple à continuer la lutte. L'Allemagne va s'ensevelir sous les décombres.

Il y a une indéniable grandeur dans cette fin. Qu'elle ne fasse pas perdre de vue les horreurs. L'Allemagne termine cette guerre horrible et impitoyable en épopée. Les Allemands trouveront là une raison de s'enorgueillir. Ils en ont le droit mais qu'on ne leur permette pas d'y découvrir un moyen de se refaire trop vite.

Parler de "grandeur" à propos de la fin de Hitler, fallait être encore sous l'effet de la propagande nazie !

8 mai 1945

Je suis fourbu. J'ai voulu assister à l'annonce de la fin des hostilités dans l'avenue des Champs-Elysées. Une foule énorme. Un vaste quatorze juillet. Les haut-parleurs, à trois heures, ont diffusé un discours de de Gaulle. Sa voix est trop désagréable. Depuis quatre ans que je l'entends, je ne puis m'y habituer. Le ton est prétentieux. Il paraît que l'homme ne correspond pas à la voix. [...]

On rit, on crie, il n'y a pas de vrai enthousiasme ou, plutôt, l'enthousiasme est divers. On est content, mais pas très content. La guerre est finie mais tout le monde a le sentiment que les embêtements vont continuer.

Voilà, c'est le dernier extrait que je vous fais partager.

J'ai vu que cette "formule" d'extraits avaient plu à plusieurs d'entre vous. J'ai essayé une nouvelle façon d'aborder l'Histoire, par la littérature. Peut être pourrions-nous procéder de même avec d'autres ouvrages ?

Parler de "grandeur" à propos de la fin de Hitler, fallait être encore sous l'effet de la propagande nazie !

Je ne sais pas de quelle façon il entend "grandeur". Et je ne crois pas qu'il parle là de la fin de Hitler, mais plutôt de la fin de tout, de la guerre. Il dira le 7 mai : "L'Allemagne se désagrège de partout. Mais ces gens sont forcenés, ils continuent à combattre contre l'espoir." Il est plutôt stupéfait j'ai l'impression qu'ils continuent de se battre, qu'ils persistent, "jusqu'au bout". Ceci dit, on pourrait y voir une certaine forme d'admiration.

. J'ai essayé une nouvelle façon d'aborder l'Histoire, par la littérature. Peut être pourrions-nous procéder de même avec d'autres ouvrages ?

La fin d' Hitler .... : Une fin Wagnérienne ....

Comme une apothéose .... le summun d' une symphonie immonde .

Lors d'un voyage en Russie du général de Gaulle en URSS en décembre 1944, relaté par Jean Laloy qui fut son interprète, dan la revue des études slaves n°54 de 1982, p. 14O :

"A Mozdok, nous descendons sur le quai. Murs calcinés, débris de tanks et d'avions le long des voies déblayées : « N'oublions jamais que les Allemands sont venus jusqu'ici. — Et voyez comme ils se battent maintenant. C'est un grand peuple, un très grand peuple(...) "

Merci encore à toi January pour ce magnifique partage...

Personne ( de censé ) ne peut nier la supériorité de l' armée allemande en 1939...

La France à été vaincu rapidement ... du 10 mai au 22 juin 1940 ... c'était rectifié .

Si ( l' Angleterre avait baissé les bras )... ont était tous cuit .

A plus forte raison ( si les Américains n' était pas venus ) .. on était recuit . Et même les Russes ont participés ...... mais s'ils nous avait fait faux bond ( malgré l' aide des Américains .... ça l' aurais pas fait ) .

Et malgré que les Russes ont participés à la chute du reich ..... la victoire à été très difficile .

Heureusement qu' Hitler était un gros taré imbu de lui même ( comme tout bon taré qui se respecte ) ... et qu'il a pris beaucoup de mauvaise décision ... qui se sont révélés fatale pour l' armée allemande . Malgré la désapprobation de son état major ... qui lui ... était parfaitement compétent ..... Hitler , n' en a fait qu' à sa tête .

De là .... à ce que certain se laisse séduire par la force de ce régime nazis .... prouve que les faibles d' esprits et les lâches sont facilement manipulable .