Abdennour Bidar : Pour éviter les guerres identitaires

Abdennour Bidar : Pour éviter les guerres identitaires

A l'occasion de la sortie de son dernier livre Les Tisserands, réparer le tissu du monde, Abdennour Bidar appelle à un nouveau pacte social fondé sur une spiritualité laïque. A l'heure des fractures françaises, l'optimisme est pour lui une responsabilité.

Votre précédent livre paru après les attentats de janvier 2015 s'intitulait Plaidoyer pour la fraternité, votre nouveau livre s'intitule Les Tisserands, réparer le tissu déchiré du monde. Avez-vous fait profession d'optimisme?

L'optimisme n'est pas une naïveté mais une responsabilité, surtout par les temps qui courent. «Réparer le tissu déchiré du monde» est en effet, me semble-t-il, notre grande responsabilité sociale aujourd'hui face à toutes les forces centrifuges qui nous divisent et voudraient nous séparer les uns des autres: les riches des pauvres, les croyants des athées, les musulmans du reste de la société. Dans une société où les inégalités s'aggravent, où les guerres culturelles ou identitaires menacent, où grandit la tentation du «chacun chez soi», j'en appelle depuis les attentats de janvier 2016 à une grande prise de conscience collective, et à un grand engagement solidaire - qui passe par tous les engagements citoyens, par toutes les luttes associatives - au service de la réparation de tous nos liens, et d'un idéal de valeurs partagées, de prospérité partagée. Pour que nos valeurs ne restent pas une incantation, une promesse qui s'éloigne toujours plus des plus défavorisés, mais une réalité plus concrète, une justice sociale au bénéfice de tous - sans exclus.

Ce sont pourtant les fractures aussi bien économiques que culturelles qui dominent actuellement?

Oui les fractures dominent. Les forces centrifuges - de «déliaison du monde» - l'emportent en bien des endroits. Pourtant, nous aurions de quoi mettre la pauvreté au musée comme le dit le Prix Nobel d'économie Muhammed Yunus: notre capacité à produire de la richesse a muté depuis deux siècles dans des proportions inédites. Mais notre sens de la justice, notre capacité à redistribuer équitablement cette richesse, n'ont pas assez suivi ce bond en avant matériel, ce saut évolutif. Voyez, encore récemment, la façon dont les fortunes se cachent de façon éhontée dans des paradis fiscaux, ou comment les grands groupes arrivent à soustraire des sommes inouïes à l'impôt… Et pendant ce temps on fabrique des travailleurs pauvres. Comment ne pas se scandaliser de cette indécence? A quand donc par exemple un revenu de base? Qui ne ferait pas des assistés mais qui libèrerait chacun de la contrainte à ce système capitaliste ensauvagé, qui «desétranglerait» et permettrait à une multitude de créativités personnelles de s'exprimer.

De livre en livre, vous faites l'éloge d'une nouvelle spiritualité. Celle-ci n'est-elle pas également synonyme de réveil des intégrismes et des tensions identitaires?

Je parle d'une nouvelle vie spirituelle, oui, qui nous fasse passer par-delà la vieille séparation entre athées, agnostiques, croyants. N'est-il pas temps de trouver ensemble une spiritualité partageable? Qui laisse chacun libre de ses convictions tout en nous rassemblant dans des convictions communes sur l'être humain, sa dignité, ce qui donne un sens et une saveur profonde à sa vie. Par exemple la fraternité, qui nous rappelle cette évidence primordiale, fondamentale, qu'on n'est rien les uns sans les autres, rien tout seul. Qu'on se doit tout, tous, les uns aux autres. Qu'on a besoin de matrices humaines pour cultiver en chacun l'humanité. On est là dans l'éthique et l'existentiel, autrement dit pour moi dans le spirituel au sens le plus simple et universel, et le plus partageable sans frontières: la conscience du lien à l'autre, et la culture active, quotidienne, de ce lien par la solidarité, la tolérance, la charité, la compassion, la miséricorde. Autant de «spiritualisations concrètes» de la vie de tous les jours parce que cela nous élève et nous éveille à quelque chose qui dépasse notre petit ego ordinaire - je crois, j'espère que c'est là une transcendance ouverte dans laquelle les croyants, les agnostiques et les athées peuvent sans peine se rencontrer.

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http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2016/05/06/31001-20160506ARTFIG00244-abdennour-bidar-pour-eviter-les-guerres-identitaires.php

http://www.francecul...-abdenour-bidar

Série produite par Abdennour bidar

http://fcculturesdislam.radio.fr/

Il prône pour l'Islam le même chemin qu'a emprunté le christianisme ie "la sorite du religieux" selon Marcel Gauchet. Maintenant il faut être honnête il n'a pas franchement l'oreille de la communauté .

Actus de ce membre éminent de l'observatoire de la laïcité .

http://www.laicite-r...ur-bidar-+.html

http://www.ladepeche...e-pouvoirs.html

Pourquoi le débat sur la laïcité porte-t-il aujourd'hui quasi exclusivement sur les rapports entre les musulmans et la société française ?

Depuis que l'école est devenue laïque à la fin du XIXe siècle et depuis la loi de séparation des Églises et de l'État de 1905, le christianisme a été confronté à une délimitation de ses pouvoirs dans le domaine public. Les lois françaises ont été conçues afin que croyants et non croyants vivent selon les mêmes droits et devoirs, ce qui est la définition même de la laïcité. Mais la culture religieuse de l'Islam n'a pas été confrontée à ce phénomène. Or la pratique de l'Islam s'intensifie en ce moment en France dans un contexte général de réaffirmation des appartenances religieuses. L'Islam est une religion très peu habituée à ce qu'on limite ses pouvoirs, ses exigences et pour laquelle la «loi de Dieu» est trop souvent perçue comme «indiscutable» et «intouchable» par la loi des hommes.

Vous faites partie de l'Observatoire de la laïcité, qui assiste le gouvernement dans son action visant au respect du principe de laïcité. En quoi peut-elle être pertinente et efficace ?

Cette instance sera d'autant plus efficace qu'elle s'imposera comme une voix d'apaisement du débat public. Elle doit être capable de réunir autour de ses positions un consensus large, républicain, et de produire un discours sur la laïcité qui réunisse nos concitoyens de tous bords et de toutes convictions. Ce sont cette sérénité et cette unité qui manquent aujourd'hui autour de la laïcité, ainsi qu'une plus grande fermeté par rapport aux offensives du radicalisme religieux contre notre modèle français. Il faut contrer aujourd'hui de façon beaucoup plus active des discours d'extrême droite et d'extrême gauche qui sèment la confusion et le conflit.

En savoir plus sur http://www.ladepeche...mrp7e0gOLZMV.99

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Les propositions d'Abdennour Bidar mérite vraiment une oreille attentive .

Ce sont cette sérénité et cette unité qui manquent aujourd'hui autour de la laïcité, ainsi qu'une plus grande fermeté par rapport aux offensives du radicalisme religieux contre notre modèle français.

Il marque un point, l'Etat n'est pas assez ferme face aux menaces des cinglés de la religion (de tous bords) .Il laisse faire et abandonne des quartiers entiers à certains qui y font du prosélytisme .

L'Islam est une religion très peu habituée à ce qu'on limite ses pouvoirs, ses exigences et pour laquelle la «loi de Dieu» est trop souvent perçue comme «indiscutable» et «intouchable» par la loi des hommes.

En effet en France c'est la loi qui prévaut et non la religion . Cela perturbe certains excités barbus .