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Grèce éternelle...


Enchantant

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Membre, Forumeur confit, Posté(e)
Enchantant Membre 17 522 messages
Forumeur confit,
Posté(e)

LA-GRÈCE

CONTEMPORAINE

PAR EDMOND ABOUT

TROISIÈME ÉDITION

PARIS

LIBRAIRIEDE L. HACHETTE ET Cie

RUE PIERRE-SARRAZIN, N· 14

(1858)

CHAPITRE VII.

LES :FINANCES.

I.

Observations générales sur la situation financière de 1& Grèce.­

La "Grèce vit en pleine banqueroute depuis sa naissance. _

Les impôts sont payés en nature. - Les contribuables ne

payent point l'Etat, qui ne paye point ses créanciers. -Budget

d'exercice et budget de gestion. - Les ressources du pays ne

se sont pas accrues en vingt années,

Le régime financier de la Grèce est tellement

extraordinaire et ressemble si peu au nôtre, que je

crois nécessaire, avant d'entrer dans les détails du

budget, de placer-ici quelques observations généralcs.

La Grèce est le seul exemple connu d'unpays

vivant en pleine banqueroute depuis le jour de sa.

naissance. Si la France ou l'Angleterre se trouvait

seulement une année dans cette situation, on ver­

rait des catastrophes terribles: la Grèce a vécu

plus de vingt ans en paix avec la banqueroute.

Tous les budgets, depuis le premierjusqu'au

dernier, sont en déficit.

'

.

••

298

LA GRECE CONTEMPORAINE.

. Lorsque, dans un pays civilisé, le budget des

recettes ne suffit pas à couvrir le budget des dé­

penses, on y pourvoit au moyen d'un emprunt fait

à l'intérieur. C'est un moyen que le gouvernement

grec n' a jamais tenté, et qu'il aurait tentè sans succès. - .

Il a fallu .que les puissances protectrices de la

Grèce garantissent sa solvabilité pour qu'elle négo­

ciât un emprunt à l'extérieur.

Lesressources fournies parcet emprunt ont été

gaspilléespar le gouvernementsans aucun fruitpour

le pays; et, une fois l'argent dépensé, il a fallu que

les garants, par pure bienveillance, en servissent

les intérêts: la Grèce ne pouvant point les payer.

Auiourd'hui,elle renonceà l'espérancede s'ac­

quitter jamais. Dans le cas ou les trois puissances

protectricescontinueraientindèfiniment à payer

pour elle, la Grèce ne s'en trouverait pas beaucoup

mieux. Ses dépenses ne seraient pas encore cou ..

vertes par sesressources,

La Grèce est le seul pays civilisé où les impôts

soient payés en nature. L'argent est si rare dans

les campagnes qu'il a fallu descendre à ce mode

deperception. Le gouvernement a essayé d'abord

d'affermer l’impôt,mais les fermiers, après s'être

témérairement engagés) manquaient à leurs enga­

gements, et l’État, qui est sans force. n'avait aucun

moyen de les contraindre,

Depuis que l'État s'est chargélui-même de per-

LES FINA~CES.

cevoir l'impôt, les frais de perception sont plus

considérables, et les revenus sont à peine aug­

mentés, Les contribuables font ce que faisaient les

fermiers : ils ne payent pas.

Les riches propriétaires, qui sont en même

temps des personnages influents, trouvent moyen

de frustrer l'État, soit en achetant, soit en intimi­

dant les employés. Les cmployés, mal payés, sans

avenir assuré, sûrs d'être destitués au premier

changement de ministère, ne prennent point,

comme chez nous, les intérêts de l'État.' Ils ne son­

gent qu'à se faire des amis, à ménager lespuis­

sances et à gagner de l'argent.

Quant aux petits propriétaires, quidoivent payer

pour les grands, ils sont protégés contre les saisies,

soit par un ami puissant, soit par leur propre misère. ,

La loi n' est jamais, en Grèce cette personne in­

traitable que nous connaissons. Les employés écou­

tent les contribuables. Lorsqu'on se tutoie et qu'on

s'appelle frères, on trouve toujours moyen de s'en­

tendre. Tousles Grecs se connaissent beaucoup ct

s'aiment un peu : ils ne connaissent guère cet être

abstraitqu'on appellel'État, et ils ne l'aiment

point. Enfin, le percepteur est prudent : il sait

qu'il ne faut exaspérer personne, qu'il a de mau­

vais passages à traverser pour retourner chez lui,

et qu'un accident est bientôt -arrivé. I

Les contribuables nomades, lesbergers, les bü-

300

LA GRECEE CONTEMPORAINE.

cherons, les charbonniers, les pêcheurs, se font

un plaisir et presque un point d'honneur de ne

point payer d'impôt. Ces braves gens se souvien­

nent qu'ils ont été Pallicares : ils pensent, comme

du temps des Turcs, que leur ennemi c'est leur

maître, et que le plus beau droit de l'homme est

de garder son argent.

C'est pourquoi les ministres desfinances, jus­

qu' en 1846, faisaient deux budgets des recettes :

l'un, le budget ,d’ exercice, indiquait les sommes que

le gouvernement devrait recevoir dans l'année, les

droits qui lui seraient acquis; l'autre, le budget de

gestion, indiquait ce qu'il espéraitrecevoir, Et,

comme les ministres des financessont sujets à se

tromper à l'avantage de l'État dans "Ie calcul des

- ressources probables qui serontréalisées, il aurait

fallu (aire un troisième budget, indiquant les som­

mes que le gouvernement était sûr de percevoir.

Par exemple, en 1845, pour le produit des oli­

viers du domaine public, affermé régulièrement

aux particuliers, le ministre inscrivait au budget

d'exercice uue somme de 441800 drachmes. Il espé­

rait (budget de gestion) que sur cette somme, l'État

serait assez heureux pour percevoir 61500 drach­

mes. Mais cette espérance était au moins présomp­

tueuse, car l’année précédente, l'État n'avait

.perçu, pour cet article ni 441800· drachmes, ni

.... 61 500drachmes, mais 4457 drachmes 31 centimes,

LESFINANCES.

301

C’est-à-dire environ un pour cent sur ce qui lui

était dû.

En 1846, le ministre des finances ne rédigea

point de budget de gestion, et l'habitude s'en est

perdue. L'État ne veut pas prévoir, en principe qu'il

.

ne sera pas payéde ce qui lui est dû. Mais, quoi-

, que les budgets suivants soient plus réguliers dans

la forme, l'État continue à solliciter vainement' ses

débiteurs récalcitrants ou insolvables.

Une dernière observation qui m'est suggérée par

l'examen des différents budgets de 1833 à1853,

e' est que les ressources' de l'État ne se sont pas ac­

crues sensiblement dans ces vingt années.

De 1833 à 1843, la recette moyenne de chaque

année a été de 12582968 drachmes 9 lepta. La

dépense moyenne a été de 13875212 dr. 39, lepta.

Le déficitannuel de 1 292 244., dr. 30 I.

En 1846, les recettes espérées se montaient à la

somme de 14 515500 dr.

Le budget de 1847était le même que celui de 1846,

sauf une augmentation espérée de 360 725dr. 79.1.

sur les recettes.

Depuis cette époque, les revenus de I'État ont

subi une diminution considérable:

En 1850, par l'affaire Pacifico et le blocus du

Pirée, qui arrêta le commerce maritime des Grecs

pendant toute une campagne, tandis qu'un hiver

extraordinairement rigoureux tuait des 'troupeaux

,

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Membre, Obsédé textuel, 73ans Posté(e)
Gouderien Membre 38 296 messages
73ans‚ Obsédé textuel,
Posté(e)

L'important pour nos "amis" les phynanciers n'est pas que la Grèce soit pauvre, voire insolvable; l'important, c'est que l'on puisse se faire du fric sur son dos. Et pour ça on peut leur faire confiance, ils possèdent une imagination infinie!

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