Jandamarra, héros aborigène

Bonjour,

Né vers 1873, Jandamarra, également surnommé "le Pigeon", était un hors-la-loi aborigène, considéré comme "infâme" par les blancs. Sa légende est connue en Australie, surtout des Aborigènes qui grandissent avec le récit de sa légende.

À la fin du XIX° siècle, les colons européens s'appropriaient de grands domaines dans le Kimberley, chassant les Aborigènes de leurs terres ou, pire, les raflant pour les contraindre à travailler dans les élevages bovins ou ovins. Les Aborigènes étaient alors privés de liberté, privés du droit de chasser pour se nourrir et subissaient durement le joug des blancs. S'ils étaient surpris en train de tuer un mouton ou un bœuf pour manger, on leur passait une chaîne au cou, on les traînait jusqu'à la ville de Derby et là, ils étaient forcés au labeur, toujours enchaînés.

Jandamarra était de la tribu des Bunubas. Il grandit et vécut dans les Ranges d'Oscar et Napier. Grâce à ses contacts avec les colons européens, il put travailler dans des fermes d'élevage. Il devint un excellent cavalier et tireur, et qui s'exprimait dans un anglais parfait. Il eut droit à la peine des chaînes pour avoir tué du bétail. Or, en raison de son incarcération à Derby, il fut coupé des règles de sa tribu : cela interrompit son éducation. Pigeon devint un coureur de jupons impénitent. Aussi, pour avoir eu des relations sexuelles avec des femmes prohibées par les Bunubas, il fut banni de leur tribu.

Désormais livré à lui-même, il se tourna vers les blancs. Il se lia d'amitié avec l'agent de police Bill Richardson, et devint traqueur pour le compte de la police.

C'est ainsi qu'au cours d'une patrouille dans la Napier Range, lui et son ami Richardson capturèrent de nombreux Bunubas. C'était des parents à lui. Le groupe fut amené au poste de police de Lillimura pour quelques jours. Mais Jandamarra fut pris de remords, se sentant traître envers les siens, envers ses racines. Pour cette raison, il tua Richardson, libéra les Bunubas, vola des armes et disparut dans la nature.

Se cachant dans les plaines et les grottes de Windjana Gorge et de Tunnel Creek, il organisa une guérilla contre les colons européens.

Le 10 novembre 1894, eut lieu la première attaque à l'arme à feu contre des Européens. Jandamarra et ses hommes prirent en embuscade un groupe de cinq colons conduisant du bétail en terre bunuba où ils comptaient établir un grand domaine d'élevage. Deux d'entre eux -Burke et Gibbs- furent tués.

Vers la fin de la même années, les Européens pensèrent avoir marqué une victoire après qu'une troupe d'une trentaine de policiers et de colons eurent attaqué Jandamarra et sa bande à Windjana Gorge. Le chef des rebelles fut sérieusement blessé, à ce point qu'on le crut mort. Puis la police continua l'opération, faisant incursion dans le camp du territoire de Fitzroy Crossing : beaucoup d'Aborigènes furent massacrés à titre de représailles, qu'ils eussent des rapports ou pas avec Jandamarra.

Or, ce dernier n'était pas mort. Soigné par sa mère et son épouse dans un lieu secret, il recouvra ses forces et, pendant trois ans encore, défendit sa terre et les Aborigènes contre l'oppresseur blanc, mettant un terme à leur invasion. Afin d'éviter des représailles contre son peuple, il changea de tactique et opta pour une guerre d'harassement consistant à détruire ou voler des stocks et autres vivres aux colons. Son habileté à apparaître de nulle part pour disparaître sans laisser de trace fit sa légende. Sa signature étant des pas dans de la farine : c'était de cette sorte qu'il signalait son passage quelque part, et, comme à chaque fois personne ne l'avait aperçu ni entendu, les policiers avaient de quoi s'arracher les cheveux.

Un jour, une patrouille de police suivit sa piste jusque dans son repaire de Tunnel Creek : la Grotte des Chauves-souris (Cave of Bats). Ils étaient certains d'être sur le point de lui mettre le grappin dessus, alors que dans le même temps, il était en train de s'introduire dans leur base : le poste de police de Lillimura !

Il était craint et respecté des Aborigènes, qui lui attribuaient des pouvoirs magiques : selon eux, il pouvait voler comme un oiseau et disparaître tel un fantôme. Cela faisait de lui un JalgangUrru, un être pouvant se transformer en oiseau et invincible contre les armes mortelles. Ils étaient donc convaincus de son immortalité, à moins qu'un autre Aborigène doté des mêmes pouvoirs magiques que lui ne le tue.

Justement, un Aborigène appelé Mingo Mick -Micki- avait ce profil : c'était un traqueur aborigène que la police avait recruté dans le Pilbara. Il avait la réputation d'avoir des pouvoirs magiques, lui aussi, et il ne craignait pas Jandamarra.

Le 1er avril 1897, avec l'aide de ce Micki, la police traqua le rebelle dans la région de Tunnel Creek. Pendant la poursuite, à un moment donné, ils crurent bien avoir eu raison de lui, car il était tombé à terre. Un policier nommé Blythe s'approcha de lui pour l'achever d'une balle dans la tête quand, brusquement, le jeune homme se retourna et fit feu sur lui, le blessant, avant de reprendre la fuite et de disparaître, une fois de plus, dans la nature.

Une fusillade s'ensuivit entre Micki et Jandamarra qui, déjà affaibli par sa cavale et ses blessures, perdit au final la vie. Sa tête fut coupée et envoyée en Angleterre, où une manufacture d'armes l'exposa comme trophée pour que les Anglais sachent ce que l'on faisait aux autochtones insoumis dans les terres conquises.

Les Bunubas furent réduits à la servitude au service des éleveurs du Kimberley. Pour les Aborigènes, le combat pour les terres et la liberté était perdu.

Source (entre autres)

Autre source

Encore une source

Ci-dessus : paysage de Windjana Gorge

Ci-dessus : la région des Ranges d'Oscar et Napier

Ci-dessous : le territoire de Kimberley en Australie

Merci pour cette interessante histoire heroique aborigene.

J'aimerais vous presenter un autre "heros indigene" : Henrique de Malacca, né vers 1495, esclave et interprete du navigateur Magellan qui est le 1er à avoir contourné la pointe sud de l'Amerique pour atteindre l'Ocean Pacifique, depuis l'Espagne.

Henrique a été acheté par Magellan à Malacca, en Malaisie.

Magellan l'emmene avec lui pour son grand voyage depuis l'Espagne jusqu'aux Philippines en traversant l'Atlantique, puis en contournant l'Amerique du Sud, puis en traversant le Pacifique, pour arriver aux Philippines (asie du sud est, proche de l'indonesie et malaisie).

Apres de nombreux mois de traversé dans les oceans, soufffrant de famine et de soif, Magellan et ses equipiers trouvent enfin terre : l’île de Guam aux Mariannes où ils se ravitaillent.

10 jours de mers plus tard, les Espagnols pénètrent enfin dans les eaux des Philippines.

Ils trouvent des paysages idylliques, les épices, les oiseaux multicolores, des indigènes qui semblent pacifiques.

Une première escale a lieu sur l'ile de Samar. Plusieurs pirogues viennent à leur rencontre. Depuis le pont, Henrique interpelle en malais les indigènes qui ne comprennent pas. Il faut employer le langage des signes.

La flotte espagnole poursuit sa route jusqu’à la fameuse île de Cebu, atteinte le 28 mars, dont les indigènes parlent le malais, comme Henrique qui sert donc d'interprete aux espagnols. Le roi Humabon se convertit au christianisme avec son peuple.

Mais le roi Lapu-Lapu du minuscule îlot de Mactan, en face de Cebu, refuse de se soumettre aux envahisseurs. Magellan mène une expédition contre lui en estimant que soixante hommes en armure dotés d’arquebuses peuvent vaincre des indigènes nus trente fois plus nombreux. Lors de cette bataille de Mactan, Magellan tombe sous les coups, avec six de ses compagnons : blessé par une flèche empoisonnée, il meurt le 27 avril 1521

La chronique d'Antonio Pigafetta apporte des précisions essentielles sur cet épisode : les guerriers de Lapu-Lapu s'étaient confectionnés des boucliers en bois extrêmement dur, résistant aux arquebuses, tout en s'armant de flèches empoisonnées dont le venin avait un effet quasi-immédiat.

D'après le témoignage de Pigafetta, Magellan avait prévu d'affranchir Henrique dans son testament. Toutefois, le nouveau commandant, Duarte Barbosa, a refusé de lui accorder la liberté. Barbosa, beau frère de l'amiral, en dépit de soupçonner Henrique, qu'il a durement traité, avait besoin de ses services comme interprète, par conséquent il l'a envoyé en mission auprès du roi Hamubon, de l'ile Cebu.

On dit qu'Henrique suggéra à Hamubon d'inviter les Espagnols à un banquet afin de se débarrasser d'eux facilement. Près de trente Espagnols s'y rendirent et furent tués, sauf Juan Serrano, que ses compagnons abandonnèrent sur la plage en dépit de ses appels à l'aide.

Affaiblis par leurs pertes, les Espagnols durent ensuite abandonner un de leurs navires pour retourner en Espagne.

Henrique est considéré comme un heros aux Philippines. Il y a une statue en son honneur dans un musée.

Cette victoire des indigenes des Philippines n'est evidemment que provisoire.

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Les Philippines deviendront une colonie espagnole avant de devenir plus tard une colonie americaine apres une guerre entre les USA et l'Espagne.

La guerre américano-philippine, également connue sous le nom d'insurrection des Philippines, est un conflit armé qui se déroula de 1899 à 1902 dans les Philippines entre les États-Unis et la Première République philippine. La guerre voit la dissolution de la Première République des Philippines en 1901 après sa prise par les États-Unis.

Le pays deviendra indépendant en 1946, dans le contexte de la décolonisation à la suite de la Seconde Guerre mondiale, qui frappa de plein fouet les Philippines.

http://fr.wikipedia....ique_de_Malacca