Aller au contenu

Minés par le terrain, les reporters de guerre ont le blues


January

Messages recommandés

Modérateur, ©, 108ans Posté(e)
January Modérateur 62 007 messages
108ans‚ ©,
Posté(e)

Les reporters de guerre risquent leur vie, dans des conditions qui ne cessent de se durcir. Pourtant, rares sont ceux prêts à jeter l'éponge. A Bayeux, plongée dans cette communauté de passionnés.

mines-par-le-terrain-les-reporters-ont-le-blues,M176188.jpg

Attention ! » Il est 2 heures du matin. On vient de shooter machinalement dans un sac en papier quand l'injonction de notre compagnon de route tombe. C'est vrai, on n'y a pas pensé, là, spontanément, dans cette ruelle normande de Bayeux : un sac peut cacher un piège. Un coup de pied ­dedans et, paf, on pourrait exploser. C'est à ce type de détails qu'on voit qu'on n'est pas reporter de guerre. Et aussi au fait d'écrire « de guerre ». Ils détestent être appelés comme ça.

« De guerre » ou pas, on est venu, en cette mi-octobre, as­sister à leur migration annuelle. Ces quelques jours où les reporters abandonnent les bombardements pour affluer en masse à Bayeux, ville de débarquement, mais aussi organisatrice du prix des correspondants de guerre. Là, ils se retrouvent en famille, hors des terrains minés. Pour discuter (beaucoup), boire (encore plus), dormir (en option). « Vous allez nous ressortir les clichés habituels du reporter alcoolique/machiste/fasciné par les militaires ! » a soupiré Adrien Jaulmes, du Figaro, quand on a évoqué notre projet d'article. Soyons justes : Bayeux n'est pas (qu')un concentré d'aventuriers ­testostéronés, grandes gueules cassées, esprits brûlés. Ni, contrairement à ce que nous a soufflé l'un d'eux, une « réunion d'alcooliques qui ont un problème de journalisme ». C'est aussi un rassemblement de journalistes passionnés, éventuellement courageux. Et particulièrement malmenés ces temps-ci, entre une presse qui ne paie plus, une opinion publique plus attirée par la grossesse de Kate Middleton que par l'énième massacre en Syrie, une concurrence internationale qui a explosé avec le Web, et des conflits où on les prend pour cibles.

Sur une pelouse de la ville, à quelques encablures des cimetières américains, des stèles rappellent le lourd tribut de la profession : sur celle consacrée à avril 2013-août 2014, on peut lire les noms de James Foley, décapité par l'Etat islamique, Camille Lepage, assassinée en Centrafrique, et de quelque cent quinze (!) journalistes tués dans l'exercice de leurs fonctions. La plupart des reporters évitent ce lieu. Ils préfèrent boire avec les survivants au Lion d'or. Dans cet hôtel aux airs de club anglais, la déco a son importance : John Wayne, dans Le Jour le plus long, trône sur la cheminée. Sur les murs, les photos de stars dédicacées côtoient celles des héros de la Seconde Guerre mondiale.

A chaque reporter sa guerre

Ici, jusqu'au bout d'une nuit qui ne s'arrête pas, les générations Sarajevo, Bagdad, Printemps arabe, Syrie échangent leurs expériences, projets, bons plans, fixeurs (1)... A chaque reporter sa guerre. La très virile « bande à Bosnie », surnommée aussi « le gang du 61 » (leur QG à Paris) par certains esprits moqueurs, fait particulièrement briller les yeux des filles. Parmi eux, Rémy Ourdan, du Monde, haute silhouette au crâne chauve, veste et tee-shirt noirs immuables. Il avait 23 ans en 1992, à Sara­jevo. Il en est né un enfant et une fondation (2). Le photographe Patrick Chauvel, 65 ans, conducteur de Mustang, marié multi­récidiviste et d'une drôlerie irrésistible quand il raconte comment, à Panamá, un trou béant au ventre, il a « essayé d'avoir une pensée grandiose, avant de mourir... mais rien... C'est d'un con, la mort ! ».

Suite http://www.telerama.fr/monde/mines-par-le-terrain-les-reporters-ont-le-blues,118766.php

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Annonces
Maintenant
Membre, Forumeur confit, Posté(e)
Enchantant Membre 17 432 messages
Forumeur confit,
Posté(e)

Bonjour January,

Toutes les professions, y compris les reporters de guerre mais pas seulement, sont soumises à de profond changement et des évolutions brutales.

Déstabilisant en profondeur,les sociétés tout entières, les individus dans leurs métiers, les modes de pensées et de représentations mentales.

La réaction normale et naturelle des professionnelles soumis à ces transformations inédites est souvent de se retrancher dans la nostalgie d’un passé recomposé, sous entendu, celui d’un âge d’or perdu.

Hier, les reporters de guerre étaient des journalistes connus, reconnus et bien rémunérés par leurs employeurs de la presse-papier.

Aujourd’hui, toute la presse papier est ébranlée et transformée par la diffusion numérique, et en concurrence accrue des télévisions et d’internet.

Mode de diffusion papier qui ne tient plus économiquement que par les subventions de l’état, dont la forme visible, disparaît peu à peu de notre paysage.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Archivé

Ce sujet est désormais archivé et ne peut plus recevoir de nouvelles réponses.

×