Une vieille citrouille se pose des questions sur l'amitié...

Ce sont de sages conseils, je te remercie.

Effectivement, je crois qu'il est temps que je change d'amis, comme j'ai appris à me connaître, que je connaisse ceux avec qui je peux passer des moments agréables.

Si c'est mon exigence qui m'empêche de faire des rencontres, alors je vais devoir la revoir à la baisse.

Mais tu as raison, sortons de notre zone de confort et prenons des risques.

C'est à toi de faire ce choix en cohérence avec ce que tu es vraiment. Quand je dis vraiment je ne parle pas du style, du look ou de l'impression de qui ont est. Le "vraiment" c'est comme si on te demande ce que tu voudrais être et que tu réponds "rien du tout je me sens exactement à ma place".

Ça laisse rêveur mais c'est très motivant :-)

C'est un travail pas du tout évident... Métaphoriquement on retrouve ce genre de travail chez Bouddha et Jésus, issus (comme par hasard) d'une lignée royale (David pour Jésus) et finissent par se dépouiller pour s'offrir aux autres. Il est beaucoup plus simple de se dépouiller quand on a rien, mais lorsqu'on possède un royaume (une personnalité, un égo etc.) auquel on tient, s'en défaire est un véritable exploit personnel.

Effectivement.

Mais je n'ai rien d'un Jésus ou d'un Bouddha et ça n'est pas mon bonheur de vivre d'une manière volontairement minimaliste et précaire.

J'admire énormément la force des gens qui ont le courage de faire cela, mais j'avoue que ça n'est pas mon aspiration personnelle.

Me défaire de mon royaume, comme tu le dis si bien, de mon monde que j'ai mis (trop) longtemps à construire m'est impossible et serait un déchirement tellement, tellement douloureux...

Et c'est ton droit le plus strict. Après ça reste du symbolisme et il est pointé du doigt le fait que posséder entraine automatiquement la peur de perdre. Se dépouiller n'est pas là pour faire "du bien" mais pour supprimer notre peur de perdre... La plupart d'entre nous préférons encore continuer avec la peur de perdre, c'est aussi ce qui fait de nous des êtres humains, c'est aussi ça vivre sa vie.

J'en arrive forcément à la légende de Gilgamesh. Héros sumérien dans l'un des tout premiers contes de l'humanité qui a à peu près 5000 ans... Je fais vite mais la légende demande une lecture tout en détail:

Gilgamesh est un vilain héros que les dieux veulent punir... ils créés donc un bon héros, son double, pour anéantir Gilgamesh. Après des combats où personne n'arrive à avoir le dessus sur l'autre, ils se prennent d'amitié l'un pour l'autre et réalise leur complémentarité en réalisant de grandes choses... Les dieux stupéfaits décident alors de tuer son double et Gilgamesh fut atteint par une profonde tristesse.

Les dieux ont pu punir ainsi ce héros non pas en le tuant, mais en le privant de cette nouvelle et grande amitié. L'autre thème étant la mort qu'on ne peut appréhender que par la mort de l'autre, jamais la sienne...

Je connais bien, la peur de perdre. L'angoisse du matériel, ne pas savoir où se trouve tel objet si précieux et je sais combien c'est irrationnel et combien il ne me restera plus rien de tout ça dans bon nombre d'années.

Mais je suis incapable de surmonter cela, pour l'instant. J'aime être entourée de tous ces objets rassurants qui me rappellent de bons moments, qui contribuent à concrétiser le monde que j'imagine dans ma tête.

Un fait qui prouve mon immaturité c'est aussi le rapport avec la fin, avec la mort, avec la perte. Je n'y suis jamais préparée et je vis toujours cela d'une manière très douloureuse.

La croyance en la réincarnation m'a aidée, sur ce point, mais parmi mes nombreux défauts se trouve une sensibilité accrue.

Je me protège du monde extérieur, je ne regarde plus les informations, je ne cherche plus à changer le monde, mais à changer doucement le mien, de monde.

Je me suis fait entendre dire que c'était mal de se mettre des œillères. Mais je suis consciente que ce monde que je fuis existe pourtant à l'extérieur.

Sauf que j'ai égoïstement choisi mes combats...

Il parait que je vis au pays des Bisounours mais je reviens de loin, j'en ai fait caca, j'ai galéré et aujourd'hui, c'est de cette manière que j'apprends la sérénité et le calme, la douceur, le bonheur quotidien.

C'est terriblement égoïste, je le sais, mais pour la première fois depuis longtemps j'ai l'impression que mon coeur se retrouve en sécurité, au calme.

Bref, pour quelqu'un comme toi j'imagine que j’apparais comme une petite idiote incapable d'appréhender la réalité et tu as peut-être raison, mais quand tu vois à nouveau un sourire se dessiner sur le reflet du miroir, tu souffles, et t'as pas envie de sortir tout de suite de ce cocon chaleureux...

Je ne suis pas dans le jugement... Juger l'autre fausse ma façon de percevoir le monde et me fait surtout perdre beaucoup de temps. Tu serais la première des saintes ou la dernière des salopes que je ne changerais pas ma façon de te parler.

Je t'invite à faire de même parce que si je te demandais de me décrire ce qu'est "quelqu'un comme moi" je ne suis pas sur que tu arrives à toucher juste parce que tu ne sais rien de moi, je suis personne, un mec du forum comme il y en a des centaines d'autres.

(entre les deux catégories, je suis plutôt placée dans la seconde. Mhm...)

Je ferais de même, désormais :)

Merci bien pour tes messages qui, à défaut d'être délicats et subtils, font quand même bien réfléchir :)

Je laisse la délicatesse aux autres: on a jamais réussi à monter une montagne avec des caresses et des bisous.