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Scop : les Fralib dans l’infusion de la victoire


PASDEPARANOIA

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Membre, In girum imus nocte et consumimur igni , 52ans Posté(e)
PASDEPARANOIA Membre 27 326 messages
52ans‚ In girum imus nocte et consumimur igni ,
Posté(e)

Scop : les Fralib dans l’infusion de la victoire

Après une lutte de quatre ans contre le groupe Unilever, les ex-salariés qui feront partie de la nouvelle coopérative de thé savent que le plus dur reste à venir.

Devant leur usine de Gémenos, près de Marseille, quelques ouvriers se détendent cet après-midi-là. Ils jouent à la pétanque, avec des tee-shirts qui rappellent leurs «1 336 jours de lutte». Ils sont comme à gué, à mi-chemin entre deux bagarres. Fralib, qui fabriquait thés et infusions, a failli fermer quand son propriétaire, Unilever, a voulu délocaliser la production à Bruxelles et en Pologne. Ils se sont battus et, après bientôt quatre ans de combat, ils vont pouvoir lancer leur coopérative, reprendre l’activité (lire également dans le supplément Ecofutur l’enquête sur «Le temps des reprises»), le tout avec l’aide d’Unilever, qui versera près de 20 millions d’euros.

L’Internationale a retenti dans l’usine et des larmes ont coulé quand l’accord a été annoncé, puis signé le 26 mai. Depuis, si les ouvriers se détendent un peu, leurs représentants savent que le plus dur commence. Il faudra réussir la Société coopérative ouvrière de production de thés et infusions (Scop TI), affronter la concurrence, plonger en première ligne dans l’économie de marché. Avec pour bagage le savoir-faire, quelques leçons politiques tirées de ces quarante-quatre mois de lutte et ces aides copieuses d’Unilever.

Le groupe va verser 100 000 euros à chacun des 76 ouvriers qui restaient mobilisés (les autres avaient accepté au fur et à mesure des indemnisations moins importantes) et certains réinvestiront partiellement dans la Scop où ils devraient être 50 à 60 coopérateurs. Difficile dans un premier temps de compter plus de salariés. Ceux proches de la retraite partiront, «ils ne veulent pas être un poids salarial pour leurs camarades», déclare un syndicaliste. La coopérative travaillera sur le terrain et dans les bâtiments de Fralib, préemptés par la communauté urbaine de Marseille, Unilever cédant par ailleurs pour un euro les machines (valorisées 7 millions d’euros) et finançant la modernisation du parc, les formations, une étude de marché, la création d’une marque… Avant de laisser 1,5 million pour la trésorerie de départ.

Impasse. Les dirigeants d’Unilever refusent de s’exprimer, ils évoquent seulement un «accord équilibré». En fait, le groupe n’a pas eu le choix. Il se trouvait dans l’impasse après avoir longtemps méprisé ses employés et le droit social. En septembre 2010, il y avait encore 182 salariés dans l’usine de Gémenos quand Unilever a décidé de délocaliser après une grève pour des augmentations de salaire - alors que le groupe venait de verser de copieux dividendes à ses actionnaires.

Un premier plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) est lancé, le tribunal de commerce le casse le 4 février 2011 car le comité d’entreprise n’avait pas été assez informé. Fralib ne fait pas appel. Deuxième PSE, péchant cette fois par ses mesures de reclassement insuffisantes. Il passe en première instance avant d’être cassé en appel, où un magistrat demande à la direction si elle est sérieuse lorsqu’elle propose à ses salariés de les reclasser en Pologne pour 6 000 euros par an… Troisième plan, toujours irrégulier, mais qui passe une nouvelle fois en première instance, les syndicats découvrant plus tard que le ministère du Travail, sous Xavier Bertrand, a pesé pour que l’administration ne fasse pas obstacle, malgré les irrégularités. Le juge casse en appel pour la troisième fois et un juge de l’exécution prononce quelques mois plus tard une lourde astreinte : 3 000 euros par jour de retard pour la réintégration des 182 personnes, puis 5 000 au bout de quinze jours.

Unilever relance alors un quatrième PSE qui ne concerne plus que les seuls salariés protégés (ils sont 14). Le groupe sait que c’est perdu d’avance et, parallèlement, il se rapproche à l’automne 2013 des syndicats pour relancer les discussions, cette fois autour de leur projet de reprise. Le gouvernement s’investit alors. Michel Yahiel, conseiller de Hollande pour les affaires sociales, et Pierre-André Imbert, conseiller de Michel Sapin, alors ministre du Travail, s’immergent dans le dossier, jouent un rôle important, alors que la puissance publique était restée trop en retrait jusqu’ici, selon la CGT et la CFE-CGC.

Monopole. En 2011, l’usine avait entendu résonner de nombreuses promesses lors de la primaire socialiste. La plupart des candidats étaient venus et, à chaque fois, l’intersyndicale s’entretenait avec eux à huis clos, dans une salle au-dessus des machines, avant qu’ils viennent parler aux salariés et aux médias. Arnaud Montebourg avait été le plus enflammé. Le futur ministre du Redressement productif promettait de nationaliser la marque l’Eléphant (née en Provence), d’indemniser Unilever à hauteur de ce qu’il indemnise d’ordinaire ses ouvriers. Le futur ministre parlait de démondialisation. Un tribun. «Nous, ça nous allait bien, rigole Olivier Leberquier, délégué CGT qui a joué un rôle déterminant dans le combat. Mais, ensuite, la gauche a gagné et c’est devenu plus compliqué. On n’était pas naïfs, on savait bien qu’on ne nationalise pas comme ça quand on ne sort pas d’une guerre. Mais on pouvait au moins maintenir la menace, la pression. Au lieu de ça, le nouveau gouvernement nous a demandé de ne pas mettre trop la pression sur Unilever pour ne pas mettre en danger les 3 000 autres emplois du groupe en France.»

Dans les ministères, pas grand monde ne croyait aux chances de la coopérative. Il a fallu qu’Unilever se retrouve coincé par le droit pour que les discussions aient lieu, intensives et discrètes, le groupe ayant demandé la confidentialité. Au passage, les représentants du personnel se demandent si la justice administrative, devant laquelle l’accord national interprofessionnel a transféré en janvier 2013 les recours concernant les PSE, avait tranché de façon aussi indépendante que la cour d’appel pénale.

Pendant la bagarre juridique de quatre ans, les ouvriers ont continué d’entretenir leur usine occupée. Seul le silence des machines trahissait l’arrêt de la production. Tout était propre. Les chaînes tournaient tous les mois pour éviter que les moteurs grippent. Il fallait qu’elles soient prêtes dès que la production reprendrait. Les représentants du personnel voudraient à présent que cela démarre vite, peut-être d’ici la fin de l’année.

Après l’accord du 26 mai, ils ont basculé vers la coopérative. Il faut revoir le business-plan : le projet initial misait sur la sous-traitance de volumes pour Unilever et sur la cession de la marque l’Eléphant, ce qui offrait un débouché immédiat dans la grande distribution. Mais le groupe a refusé ces deux points. La Scop TI table sur une production de 400 à 500 tonnes annuelles dans un premier temps (contre 3 000 à la fermeture en 2010) et compte développer l’activité dans deux directions. D’abord la fourniture de thés et de tisanes pour des marques distributeurs, ce qui permettra d’assurer des volumes importants, compensant les faibles marges. Unilever est en situation de monopole sur ce créneau et a tenté d’imposer des clauses d’exclusivité à ses clients avant de se raviser. Seconde direction, le développement d’une marque plus qualitative. Des thés et tisanes bio, aromatisés naturellement, comme Fralib le faisait avant. «A l’époque, se souvient Stéphane, opérateur-mécanicien arrivé du Havre à la fin des années 90 à l’occasion d’une délocalisation, on nous sentait à un kilomètre à la ronde.»

Fierté. On perçoit chez les ouvriers de Fralib une nostalgie de cette époque d’avant l’aromatisation chimique. Une envie de retrouver un savoir-faire, une fierté. La Scop veut développer des circuits d’approvisionnement courts, relancer des filières quasi disparues pour les plantes aromatiques, pour la verveine, le tilleul, dont on produisait 400 tonnes en France en 2000, contre 10 à 15 aujourd’hui. Pour le thé, ils prospectent, ont trouvé un très beau producteur travaillant des théiers de 300 ans dans une province du Nord-Vietnam. Ils réfléchissent à leur stratégie commerciale. «Nous savons qu’avec notre victoire, nous n’avons pas mis fin au capitalisme, sourit Olivier Leberquier. Nous allons être soumis à la concurrence, nous allons devoir décider nous-mêmes de nos stratégies économiques, industrielles. La Scop aura des règles, des responsables, des clients et des fournisseurs. Mais nous voulons essayer de mettre en place des relations sur le partenariat, moins sur le mode dominant-dominé.» L’autre jour, lors d’une réunion, un ouvrier se plaignait de ne pas avoir obtenu de réponse à une question posée quelques semaines plus tôt. Les syndicalistes lui ont répondu, puis l’un d’entre eux a ajouté : «A partir de maintenant, il va falloir aussi que tu te mettes en position de chercher toi-même les réponses aux questions qui se posent pour ta propre boîte…»

Olivier BERTRAND Envoyé spécial à Gémenos (Bouches-du-Rhône)

http://www.liberation.fr/economie/2014/06/15/scop-les-fralib-dans-l-infusion-de-la-victoire_1041981

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Membre, forumeur révolutionnaire, 51ans Posté(e)
transporteur Membre 23 297 messages
51ans‚ forumeur révolutionnaire,
Posté(e)

Enfin une victoire aprés tout ce temps,pourtant ces patrons pourris font encore appel,c'est lamentable.

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Membre, 62ans Posté(e)
grandfred Membre 15 741 messages
Baby Forumeur‚ 62ans‚
Posté(e)

et n'oublions jamais que le fn local a TOUJOURS refusé de les aider !

la lutte et la solidarité paient !!!

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Membre, 114ans Posté(e)
stvi Membre 20 709 messages
Mentor‚ 114ans‚
Posté(e)

la première partie est gagnée ....reste la deuxième qui n'est pas la moins importante ...Faire repartir la fabrication et la distribution ne va pas être une sinécure ,et il faudrait pour bien faire qu'ils puissent vivre de leur travail....Ce serait un pied de nez à ceux qui pensent que les entreprises auto gérées ne fonctionnent pas ...

"il s’est créé 180 entreprises sous gestion ouvrière directe en 2 ans avec plus de 15 000 travailleurs organisés en coopératives ou sous le modèle du contrôle ouvrier. Dans 90 % des cas, les postes hiérarchiques ont été éliminés et un système égalitaire de redistribution des bénéfices a été instauré. Dans 70 % des cas, la production atteint déjà ou dépasse les niveaux antérieurs"

ça se passe en Argentine ......

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Membre, In girum imus nocte et consumimur igni , 52ans Posté(e)
PASDEPARANOIA Membre 27 326 messages
52ans‚ In girum imus nocte et consumimur igni ,
Posté(e)

C'est aussi à nous des soutenir en achetant leurs produits.

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Membre, 114ans Posté(e)
stvi Membre 20 709 messages
Mentor‚ 114ans‚
Posté(e)

Pas forcément ....c'est inutile de soutenir artificiellement un produit qui n'a pas de marché ....le privilégier ,oui.....

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Membre, In girum imus nocte et consumimur igni , 52ans Posté(e)
PASDEPARANOIA Membre 27 326 messages
52ans‚ In girum imus nocte et consumimur igni ,
Posté(e)

C'est des infusions, pas des tazers...

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Membre, 62ans Posté(e)
grandfred Membre 15 741 messages
Baby Forumeur‚ 62ans‚
Posté(e)

à nous de diffuser leur produits !!

j'ai bien acheter du café venu du chiapas alors des produits de cette scoop ..........!!!

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  • 1 an après...
Membre, In girum imus nocte et consumimur igni , 52ans Posté(e)
PASDEPARANOIA Membre 27 326 messages
52ans‚ In girum imus nocte et consumimur igni ,
Posté(e)

Félicitation camarades ! L'entreprise survie, elle prend des parts de marché.

Vive l'auto gestion !

On leur souhaite de trouver d'autres revendeurs par contre. Mais c'est un gage de productivité que d'entrer dans la grande distribution, comme quoi c'est possible.

http://www.lefigaro.fr/societes/2015/08/28/20005-20150828ARTFIG00296-le-the-des-ex-fralib-arrive-chez-auchan-carrefour-casino-intermarche-et-franprix.php

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